Notre-Dame de Pontmain sur le champ de bataille

2ème apparition de Pontmain

Notre-Dame de Pontmain, Générale en chef des Armées

Or la Sainte Vierge, car c’était Elle ! ne venait pas directement du Ciel : elle ne se contenta pas de venir annoncer la fin de la guerre : elle opéra un retournement de situation spectaculaire, tel que seule la conversion de Clovis à Tolbiac ou l’épopée de Jeanne à Orléans peut nous en donner une idée. Notre-Dame de Pontmain descendit en personne sur le champ de bataille, réalisant une fois de plus la sainte liturgie selon laquelle l’Immaculée est « plus terrible qu’une armée rangée en bataille ». Les troupes allemandes qui étaient aux portes de Laval furent repoussées net, et refluèrent si vite, qu’au témoignage du générale Chanzy, ils parcoururent pas moins de 30 km en une heure et demie !

Malheureusement la critique historique moderne étant passée par là, notamment depuis l’étude de René Laurentin dans les années 50, cette extraordinaire intervention de Notre-Dame est reléguée au rang des belles légendes pour faire rêver les pèlerins, les enfants, et les naïfs… et on n’en trouve presque plus trace à Pontmain même ! Cet esprit rationaliste est une plaie qui tue la dévotion. Il est temps de réagir, de retrouver la vieille foi de nos Pères, et de la chanter à nouveau avec ferveur, comme les pèlerins de jadis. Si la Vierge a effectivement repoussé les Prussiens, comme notre espérance aujourd’hui s’en retrouvera gonflée à bloc : « Mais priez mes enfants, Dieu vous exaucera en peu de temps. » Parole inscrite en lettre d’or dans le ciel de Pontmain… on ne peut plus actuel !

La France en grande pitié…

Le soir du 17 janvier 1871, l’avant-garde de l’armée prussienne, forte de sa victoire sur le Mans les jours précédents, campait sur les hauteurs de Laval. Le général von Schmidt, commandant la 14e brigade de cavalerie du 10e corps allemand, avait reçu l’ordre de s’emparer dès le lendemain de cette ville, par ailleurs réputée riche et qui avait été taxée d’avance d’une contribution de 3 millions. Quant au général von Voigts-Rhetz, chef du 10e corps allemand, en attendant ce jour de gloire facile il s’était établi à l’évêché du Mans, et il fanfaronnait auprès de l’évêque de la ville Mgr Fillion : « Ce soir, mes troupes sont à Laval ». Pendant ce temps, se préparaient à Versailles les festivités en l’honneur de la proclamation, le lendemain du 18 janvier, de l’empire allemand et du titre d’empereur que recevrait le roi sous le nom de Guillaume Ier. La cérémonie allait avoir lieu dans la Galerie des Glaces à Versailles, châtiment mérité par l’impiété de Napoléon III. La situation se présentait donc au mieux pour l’ennemi. Quant aux troupes françaises, c’est un recul continuel depuis la défaite de Sedan le 2 septembre. Le moral est au plus bas et il gèle à pierre fendre. Le général Chanzy écrit dans son rapport à la date du 17 janvier, à 8 heures du matin : « Mes troupes sont restreintes, épuisées, et nous manquons de munitions. Notre but : retarder l’invasion de la Bretagne. » Il est donc résigné à l’invasion inéluctable de la Bretagne et par elle de la capitulation certaine du pays, puisqu’il se contente de retarder, au lieu de renvoyer l’ennemi d’où il est venu.

L’arrêt brutal des prussiens

« 18 heures – Le général complète son rapport : La sentinelle qui vient d’être relevée m’annonce le départ tumultueux et précipité des Allemands. Il semble qu’ils se retirent, que vont-ils faire, et comment vont-ils nous attaquer ? Je donne ordre de les suivre. Il neige à nouveau. Il fait très froid. Dans le camp allemand toujours un vent de panique, pourquoi ? »

« 22 heures – Les Allemands sont en bivouac à Vaiges me rapportent mes éclaireurs. Ils ont, avec leur barda, fait 30 km en 1h1/2. Je n’y comprends rien. Nous veillons. »

L’intervention de l’Immaculée

Que s’était-il donc passé ? Une délégation allemande le lui apprendra deux jours plus tard : « Elle portait une robe bleu nuit semée d’étoiles d’or, un voile noir sur la tête cachant ses cheveux, un cône d’or renversé avec, au demi, un liseré rouge. Elle se dressa entre vous et nous, et nous repoussa avec la paume de ses mains. C’est alors que nous nous sentîmes un feu brûlant qui précipita notre départ. Cette Dame vous protège et Elle a poursuivi nos troupes qui ont dû courir. »

Le général incrédule écrit alors : « 18h30 – Ils sont partis, mais je crains que le froid et la neige n’aient dérangé leur cerveau. » Non mon général ! Ce n’est pas un grand homme qui a sauvé la ville de Laval, et par elle la France ; et ce n’est pas tant à vous qu’à Notre-Dame, qu’il faudrait consacrer nos belles avenues de Laval !

Non, nos Pères ne nous ont pas trompés !

Les pèlerins d’autrefois chantaient cette victoire. Nous en avons perdu la mélodie, mais non les paroles : « Marie avec amour veille sur le bas Maine. Elle a dit au teuton : tu n’iras pas plus loin. À cette voix maîtresse, au sein de la victoire, le germain a pâli, il fuit comme un voleur. Son cœur n’a rien compris (…) Mais la Vierge a vaincu ! »

Les vrais historiens de Pontmain le racontait simplement, sans doute possible : « Prophéties et célestes coïncidences, tout rayonna autour de l’événement. Rien ne manqua, pas même le témoignage du vainqueur, à cette incomparable soirée de la France. À la pointe du jour qui suivit, le général von Schmidt, sentant que tout avait changé de face, que le sol lui manquait en quelque sorte sous les pieds, s’écriait avec étonnement : C’est fini, nous n’irons pas plus loin ! Là-bas, du côté de la Bretagne, une Madone invisible nous barre le chemin. »[1]

Ce fut la dernière opération militaire dans l’Ouest. La signature d’un armistice, soudainement décidé alors qu’il n’était jusque-là envisagé ni par les Français ni par les Allemands, ne fut pas moins miraculeuse. Onze jours après, le 28 janvier en la fête de saint Charlemagne, fut signé une paix à laquelle plus personne ne croyait. La France n’avait pas gagné la guerre mais elle n’avait pas capitulé ; la Bretagne était sauvée, et par elle l’espérance de reconquérir le Royaume de France. Le 8 septembre 1914, notre Reine reviendra à la Marne, chasser de la même manière les fils des teutons !

Laissons Mgr Richaud, évêque de Laval (1938-1950), conclure ce chapitre :

» La corrélation est évidente entre la cessation de l’invasion ennemie, à sa pointe la plus avancée et l’événement de Pontmain ! Une corrélation non moins claire est indiquée par la très Sainte Vierge entre l’intervention de la Providence et la supplication nationale. Mais l’on peut bien dire que Marie, à qui Louis XIII avait autrefois consacré officiellement son royaume, a, d’une manière manifeste, pris en charge à Pontmain le salut de la France et a voulu marquer, en ce lieu béni de notre chère Mayenne, de quelle façon elle encourageait toutes nos supplications patriotiques. Son message est aussi bien un message d’espérance, de prière et de sacrifice, et il vaut pour toutes les situations personnelles et familiales qu’on vient lui confier. Mais il intéresse, directement et au premier chef, la Patrie. Notre-Dame de Pontmain, si toutes les Madones ont leur spécialité, c’est la Madone de la France en péril, celle qui, d’un geste vainqueur, mit l’ennemi en déroute – « Elle nous poursuivait et nous avons dû fuir» – et lui interdit le chemin de la Bretagne : Une Madone nous barre la route. »

Vive Notre-Dame de Pontmain !… et revenez à notre secours, ô Marie !

Source principale : Notre-Dame de Pontmain et les maillons de la chaîne d’or, par Elise Humbert, Chiré, 2021.

[1] Louis Colin, en 1894, Notre-Dame de Pontmain, son message, p.224

Tous les pèlerins de Pontmain connaissent bien la célèbre apparition, si touchante, si familiale et si paroissiale qui se déroula durant près de trois heures devant la pauvre grange des Barbedette. L’Apparition débuta quelques minutes avant six heures du soir, pour le plus grand bonheur d’Eugène, qui jouit seul de la Belle Dame, immobile et silencieuse, qui le regardait en souriant… Notre-Dame venait récompenser la prière persévérante de l’un des plus petits villages de France, mené par le saint curé Michel Guérin. Tout cela fut bien enregistré par de nombreux témoins, attesté par l’autorité de la Sainte Église, en la personne de de Mgr Wicart, dans son mandement du 2 février 1872.