JANVIER 2025 : «LES QUATRES EVANGILES EN UN SEUL» CARTOGRAPHIÉ !
Carte et chronologie interactive
Sur les pas de Jésus-Christ
selon la tradition catholique compilée dans LES QUATRES ÉVANGILES EN UN SEUL du chanoine Weber.
Carte et chronologie interactive Sur les pas de Jésus-Christ
« les quatre Évangiles
en un seul »
Chanoine Alfred Weber, 1908
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Découvrez tout au long de cet Évangile synoptique, les témoins évangéliques qui deviendront les premiers apôtres des Gaules au 1er siècle, en cliquant sur leurs dessins.
les quatre ÉVANGILES EN UN SEUL
Chanoine Alfred Weber, 1908
incarnation, enfance, VIE CACHÉE
PRÉFACE DE L’ÉVANGILE SELON SAINT LUC
Plusieurs ont déjà entrepris de rédiger le récit des choses accomplies au milieu de nous, d’après le témoignage de ceux qui les ont vues dès le principe, et qui furent ensuite les ministres de la Parole.
A mon tour, excellent Théophile, après avoir soigneusement tout examiné depuis l’origine, j’ai cru bon de vous en écrire, avec ordre, toute la suite, afin que vous soyez convaincu de la vérité des enseignements que vous avez reçus.
DIEU AVEC NOUS
Au commencement était le Verbe, et le Verbe était en Dieu, et le Verbe était Dieu. Au commencement Il était Dieu. Par Lui toutes choses ont été faites; et rien n’a été fait sans lui. Ce qui a été fait était Vie en Lui; et la Vie était la Lumière des hommes. Et la Lumière luit parmi les ténèbres, et les ténèbres ne L’ont point comprise. Un homme, ont le nom était Jean, fut envoyé de Dieu. Il vint pour être témoin, pour rendre témoignage à la Lumière, afin que tous crussent par Lui. Il n’était pas la Lumière, mais il devait rendre témoignage à la Lumière. Le Verbe était la véritable Lumière qui éclaire tout homme venant en ce monde. Il était dans le monde, et le monde a été fait par Lui, et le monde ne l’a pas connu. Il vint dans Son propre domaine, et les siens ne L’ont point reçu.
Mais, à tous ceux qui L’ont reçu, Il a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu. Ce pouvoir, Il l’a donné à tous ceux qui croient en Son Nom, qui ne sont pas nés du sang, ni de la volonté de la chaire, ni de la volonté d’un homme, mais de Dieu même. Et le Verbe S’est fait chair, et Il a habité parmi nous. Et nous avons vu Sa gloire, Sa gloire comme Fils unique du Père; nous L’avons vu plein de grâce et de vérité.
* * *
Jean Lui a rendu témoignage. Il a jeté ce cri: «C’est de Celui-là que je disais: Celui qui doit venir après moi est antérieur à moi, parce qu’Il est au-dessus de moi.
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Et tous, nous avons reçu de Sa plénitude: grâce sur grâce. Car si la Loi nous fut donnée par Moïse, la grâce et la vérité nous sont venues par Jésus-Christ.
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Nul n’a jamais vu Dieu. Mais le Fils unique qui est dans le sein du Père, Lui, nous L’a fait connaître.
VISION DE ZACHARIE
Aux jours d’Hérode, roi de Judée, vivait un prêtre nommé Zacharie, et appartenant à la classe d’Abia. Sa femme, appelée Élisabeth, était comme lui de la descendance d’Aaron. Tous deux étaient justes devant Dieu, et si fidèles à marcher dans tous les commandements et observances du Seigneur, qu’il n’y avait rien à reprendre dans leur vie. Ils n’avaient point de fils, car Élisabeth était stérile; et tous deux étaient avancés en âge. Or, tandis que Zacharie, appelé par le tour de sa classe, remplissait devant Dieu les fonctions du sacerdoce, il fut désigné par le sort, selon la coutume observée entre les prêtres, pour entrer dans le Temple du Seigneur et y offrir l’encens. A l’heure de l’encens, toute la multitude du peuple se tenait au dehors et priait. Et voici qu’un Ange du Seigneur apparut à Zacharie, debout à droite de l’autel où fumait l’encens. A cette vue, Zacharie fut bouleversé et saisi d’épouvante. «Ne crains point, Zacharie, lui dit l’Ange, car ta prière a été exaucée. Ta femme Élisabeth te donnera un fils que tu appelleras du nom de Jean. Il sera ta joie et ton allégresse, et sa nativité sera pour beaucoup un sujet de réjouissance; car il sera grand devant Dieu. Il ne boira ni vin, ni liqueur enivrante. Rempli de l’Esprit-Saint, dès le sein de sa mère, il convertira un grand nombre d’enfants d’Israël au Seigneur, leur Dieu. Il précédera le Seigneur dans l’esprit et la vertu d’Élie, afin de faire revivre dans les enfants les sentiments des aïeux, de ramener les incrédules à la sagesse des justes et de préparer au Seigneur un peuple parfait.
- Comment connaîtrai-je la vérité de ce que vous m’annoncez, répondit Zacharie, car je suis un vieillard, et ma femme elle-même est avancée en âge? L’Ange reprit: - Je suis Gabriel, qui me tiens devant Dieu. J’ai été envoyé pour te parler et t’annoncer cette heureuse nouvelle. Mais, parce que tu n’as point eu foi en mes paroles, qui s’accompliront en leur temps, voici que tu seras muet et ne pourras parler, jusqu’au jour où ces choses arriveront.» Cependant le peuple attendait Zacharie, et il s’étonnait qu’il s’attardât si longtemps dans le Temple. Il sortit enfin. Mais il ne pouvait parler. Le peuple comprit qu’il avait eu une vision dans le Temple: lui-même le donnait à entendre par signes. Et il resta muet. Quand les jours de son ministère furent accomplis, il retourna en sa demeure; et, dans les jours qui suivirent, sa femme Élisabeth conçut. Durant cinq mois, elle se tint cachée à tous les regards, se disant en elle-même: «Telle est donc la faveur que le Seigneur m’a faite, aux jours où il a daigné lever l’opprobre qui pesait sur moi aux yeux des hommes!»
Annonciation à Marie
Six mois après, Dieu envoya l’Ange Gabriel dans une ville de Galilée, appelée Nazareth, vers une Vierge, fiancée à un homme de la maison de David, qui s’appelait Joseph. Le nom de la Vierge était Marie. L’Ange, étant entré dans Sa demeure, Lui dit: «Je Vous salue, pleine de grâce, le Seigneur est avec Vous, Vous êtes bénie entre les femmes.» Marie, à ces paroles, fut troublée; Elle Se demandait, pensive, ce que pouvait être une telle salutation. «Ne craignez pas, Marie, reprit l’Ange, car Vous avez trouvé grâce devant Dieu. Voici que Vous concevrez dans Votre sein, et Vous enfanterez un Fils, et Vous Lui donnerez le nom de JÉSUS. Il sera grand, on L’appellera le Fils du Très-Haut; le Seigneur Dieu Lui donnera le trône de David, Son père; Il règnera éternellement sur la maison de Jacob. Et Son règne sera sans fin. - Mais, dit Marie, puisque J’ai résolu de rester Vierge, comment cela s’accomplira-t-il? - L’Esprit-Saint surviendra en Vous; la Vertu du Très-Haut Vous couvrira de Son ombre! C’est pourquoi l’Être saint qui naîtra de Vous, sera appelé le Fils de Dieu. Et voilà que Votre parente Élisabeth, elle aussi, a conçu un fils dans sa vieillesse: et celle qu’on appelait stérile en est à son sixième mois. Rien n’est impossible à Dieu.
Alors Marie répondit: - Voici la servante du Seigneur; qu’il Me soit fait selon votre parole!» Et l’Ange s’éloigna.
Visitation à Élisabeth
En ces mêmes jours, Marie Se mit en chemin, et S’en alla en toute hâte au pays des montagnes, vers une ville de Juda. En entrant dans la maison de Zacharie, Elle salua Élisabeth. Dès qu’Élisabeth eut entendu la salutation de Marie, l’enfant qu’elle portait tressaillit; elle-même fut remplie de l’Esprit-Saint et, poussant une vive exclamation, elle s’écria: «Vous êtes bénie entre les femmes, et le Fruit de Vos entrailles est béni!... Et d’où me vient que la Mère de mon Seigneur daigne venir jusqu’à moi? Sitôt que la voix de Votre salutation est arrivée à mon oreille, l’enfant a tressailli de joie dans mon sein. Ah! Vous êtes bienheureuse, Vous qui avez cru, car tout ce que le Seigneur Vous a dit s’accomplira! Marie dit alors:
«Mon âme glorifie le Seigneur. Et mon esprit tressaille de joie en Dieu Mon Sauveur, Parce qu’Il a regardé l’humilité de Sa servante. Et voici que désormais toutes les générations me proclameront bienheureuse: Car Celui qui est Puissant a fait en moi de grandes choses: Et Son Nom est saint. Et Sa Miséricorde s’étend, d’âge en âge, sur tous ceux qui Le craignent. Il a déployé la puissance de Son bras. Il a dispersé les superbes qui s’exaltaient dans l’orgueil de leurs pensées. Il a renversé les puissants de leur trône, et relevé les humbles. Il a comblé de biens les affamés; et les riches, il Les a renvoyés, les mains vides. Il a relevé Israël, Son serviteur, Se souvenant aux siècles des siècles, comme il l’avait promis à nos pères, de sa Miséricorde envers Abraham et sa postérité.»
Or Marie demeura environ trois mois avec Élisabeth,
NATIVITÉ DU PRÉCURSEUR
Le temps était venu pour Élisabeth d’enfanter; elle mit au monde un fils. Ses voisins et ses parents, ayant appris que Dieu avait déployé Ses miséricordes envers elle, l’en félicitaient. Au huitième jour, ils se réunirent pour la circoncision de l’enfant, et ils le nommaient Zacharie, du nom de son père. Alors la mère prenant la parole: «Non pas, dit-elle, il s’appellera Jean. - Mais, lui fit-on observer, personne, dans votre famille, ne s’appelle ainsi.»
Et l’on s’adressa au père, par signes, pour savoir comment il voulait le nommer. Il se fit apporter des tablettes: «Jean est son nom,» écrivit-il. Tout le monde en fut dans l’étonnement. À l’instant même les lèvres de Zacharie s’ouvrirent, sa langue se délia, et il parlait, bénissant Dieu. La crainte se répandit par tout le voisinage. Dans les montagnes de Judée, il ne fut bruit que de ces prodiges, et ceux qui en entendaient le récit, le recueillaient dans leur coeur et disaient: «Que pensez-vous que sera cet enfant? car la main du Seigneur est sur lui.»
Quant à Zacharie, son père, il fut rempli de l’Esprit-Saint, et il prophétisa, disant: «Béni soit le Seigneur, Dieu d’Israël, parce qu’Il a visité Son peuple et opéré sa rédemption. Il nous a suscité un Sauveur puissant, dans la maison de David, Son serviteur, selon qu’Il l’avait annoncé par la bouche de Ses saints Prophètes, aux siècles écoulés. Il nous sauvera de nos ennemis et des mains de tous ceux qui nous haïssent, Pour accomplir Sa miséricorde envers nos pères, pour montrer qu’Il Se souvient de Son alliance sainte, du serment qu’Il a juré à Abraham notre père, de nous accorder cette faveur: Que, délivrés des mains de nos ennemis, nous Le servions sans crainte, marchant devant Lui dans la sainteté et la justice, tous les jours de notre vie. Et toi, enfant, tu seras appelé le Prophète du Très-Haut; car tu iras devant la face du Seigneur, pour Lui préparer les voies, pour apprendre à Son peuple la science du salut, dans la rémission des ses péchés, par les entrailles de la miséricorde de notre Dieu. Par elles, un Astre se levant d’en Haut, nous a visités: Afin d’illuminer ceux qui sont assis dans les ténèbres et les ombres de la mort, et de diriger nos pas dans la voie de la paix.»
Or, l’enfant croissait et se fortifiait en esprit; et il demeura dans les déserts, jusqu’au jour de sa manifestation devant Israël.
GÉNÉALOGIE DE NOTRE-SEIGNEUR
Table généalogique de Jésus-Christ, Fils de David, fils d’Abraham Abraham engendra Isaac; Isaac engendra Jacob; Jacob engendra Juda et ses frères; Juda engendra, de Thamar, Pharès et Zara; Pharès engendra Esron; Esron engendra Aram; Aram engendra Aminadab, Aminadab engendra Naasson; Naasson engendra Salmon; Salmon, de Rahab, engendra Booz; Booz, de Ruth, engendra Obed; Obed engendra Jessé; Jessé engendra le roi David. Le roi David engendra Salomon, de celle qui fut la femme d’Urie; Salomon engendra Roboam; Roboam engendra Abias; Abias engendra Asa; Asa engendra Josaphat; Josaphat engendra Joram; Joram engendra Ozias; Ozias engendra Joathan; Joathan engendra Achaz; Achaz engendra Ézéchias; Ézéchias engendra Manassé; Manassé engendra Amon; Amon engendra Josias; Josias engendra Jéchonias et ses frères, au temps de la transmigration de Babylone. Après la transmigration de Babylone, Jéchonias engendra Salathiel; Salathiel engendra Zorobabel; Zorobabel engendra Abiud; Abiud engendra Éliacim; Éliacim engendra Azor; Azor engendra Sadoc; Sadoc engendra Achim; Achim engendra Éliud; Éliud engendra Éléazar; Éléazar engendra Mathan; Mathan engendra Jacob; Jacob engendra Joseph, l’Époux de Marie, de Laquelle est né Jésus qu’on appelle le Christ. Il y a donc en tout: Depuis Abraham jusqu’à David, quatorze générations. Depuis David jusqu’à la transmigration de Babylone, quatorze générations. Depuis la transmigration de Babylone jusqu’au Christ, quatorze générations.
ÉPREUVE ET CONSOLATION
Or, telle fut la génération du Christ: Après la circoncision du Précurseur, Marie était revenue à Nazareth. Précédemment fiancée à Joseph, il fut sensible, avant leur union, qu’elle portait dans Son sein le fruit du Saint-Esprit. Joseph, l’époux de Marie, était juste. Ne voulant point La dénoncer, il résolut de La renvoyer en secret. Ces pensées s’agitaient en son coeur, lorsque l’Ange du Seigneur lui apparut en songe et lui dit: «Joseph, fils de David, ne crains pas de recevoir Marie pour ton épouse, car ce qui est née en Elle vient du Saint-Esprit. Elle enfantera un Fils, et tu Lui donneras le nom de JÉSUS. C’est Lui, en effet, qui sauvera Son peuple de ses péchés.» Tout ceci n’était que la réalisation de ce que le Seigneur avait dit par Son Prophète: «Voici que la Vierge concevra dans Son sein et enfantera un Fils; et Il sera appelé EMMANUEL, c’est-à-dire: Dieu avec nous.» Joseph, s’étant levé, accomplit les ordres de l’Ange et reçut Marie pour épouse; mais il respecta Sa virginité. Et quand Marie enfanta Son Fils premier-né, il Lui imposa le nom de Jésus.
Nativité du Sauveur
Adoration des bergers
En ces jours-là, parut un édit de César-Auguste, ordonnant le dénombrement universel des peuples. Ce premier dénombrement fut exécuté, en Palestine, par Cyrinus, gouverneur de Syrie. Et tous allaient se faire inscrire, chacun dans son lieu d’origine. Joseph, qui était de la maison et de la famille de David, partit donc de Nazareth, ville de la Galilée, et monta vers le pays de Judée, dans la cité de David, appelée Bethléem, afin de s’y faire inscrire avec Marie, son épouse, qui allait être mère.
Or, pendant qu’ils étaient là, arriva le terme auquel Marie devait enfanter. Et Elle mit au monde Son Fils premier-né. Elle L’enveloppa de langes et Le coucha dans une crèche, parce que, pour eux, il n’y avait pas de place dans l’hôtellerie.
Aux environs, des bergers passaient la nuit dans les champs, veillant tour à tour à la garde de leur troupeau. Soudain un Ange du Seigneur s’arrêta près d’eux; la gloire de Dieu les environna de Sa lumière, et ils furent saisis d’une grande frayeur. « Ne craignez point, leur dit l’Ange, car voici que je vous annonce la bonne Nouvelle d’une grand joie, pour vous et pour tout le peuple. Aujourd’hui, dans la cité de David, vous est né un Sauveur: c’est le Christ, le Seigneur! Et voici le signe que je vous donne pour Le reconnaître: Vous trouverez un Enfant, enveloppé de langes et couché dans une crèche. »
Au même instant, se joignit à l’Ange une troupe de la milice céleste. Ils louaient Dieu et disaient: « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et, sur la terre, Paix aux hommes de bonne volonté! » Et lorsque les Anges, remontant au ciel, les eurent quittés, les bergers se disaient l’un à l’autre: « Allons jusqu’à Bethléem, et voyons ce prodige qui vient d’arriver, et que le Seigneur nous a fait connaître. » Ils partirent en toute hâte et trouvèrent Marie et Joseph, et l’Enfant. Et tous ceux qui l’apprirent en furent émerveillés, ainsi que des récits que faisaient les bergers. Quant à Marie, Elle recueillait toutes ces choses et les repassait dans Son coeur.
Les bergers s’en retournèrent, glorifiant et louant Dieu de tout ce qu’ils avaient entendu et vu, selon ce qui leur avait été annoncé.
Huit jours après, lorsque l’Enfant dut être circoncis, on L’appela JÉSUS, nom que l’Ange Lui avait donné, avant même qu’Il fût conçu dans le sein de Sa Mère.
Présentation au Temple
Quand fut révolu le nombre des jours prescrits par la Loi de Moïse, pour la Purification de Marie, on porta l’Enfant à Jérusalem, pour Le présenter au Seigneur. Il fallait accomplir ce précepte de la Loi divine: « Tout enfant mâle, premier-né de sa mère, sera consacré au Seigneur. » En exécution de même précepte, on devait offrir en sacrifice un couple de tourterelles ou deux jeunes colombes. Or, il y avait à Jérusalem un homme juste et craignant Dieu, nommé Siméon, qui vivait dans l’attente de la consolation d’Israël. L’esprit-Saint était en lui, et il lui avait révélé qu’il ne mourrait point sans avoir vu le Christ du Seigneur. Conduit par l’Esprit, il monta au Temple, et, lorsque l’Enfant Jésus y fut apporté par Ses Parents, afin d’accomplir pour Lui ce qu’ordonnait la Loi, il Le prit entre ses bras et bénit Dieu en disant: « Maintenant, Seigneur, Vous laissez, selon Votre parole, Votre serviteur s’en aller en paix! « Puisque mes yeux ont vu le Sauveur qui vient de vous: « Ce Sauveur que Vous avez préparé pour être, à la face de tous les peuples, « La Lumière qui éclairera les nations, et la gloire d’Israël Votre peuple. » Le Père et la Mère de l’Enfant étaient dans l’admiration des choses qu’on disait de Lui. Siméon les bénit; puis il dit à Marie, Sa Mère: « Cet Enfant est né pour la ruine et la résurrection d’un grand nombre en Israël. Il sera un signe auquel s’attachera la contradiction. « Pour Vous, un glaive transpercera Votre âme. Ainsi seront dévoilées les pensées que beaucoup dissimulent au fond de leurs coeurs. » Il y avait là également une prophétesse, Anne, fille de Phanuel, de la tribu d’Azer. Elle était fort avancée en âge.
Engagée dans le mariage dès sa jeunesse, elle y avait vécu sept ans; puis elle était restée veuve jusqu’à l’âge de quatre-vingt- quatre ans. Elle ne quittait point le Temple, servant Dieu, nuit et jour, dans les jeûnes et les oraisons. Survenant en cette même heure, elle aussi bénissait Dieu, et parlait de cet Enfant à tous ceux qui attendaient la Rédemption d’Israël. Après avoir satisfit aux prescriptions de la Loi du Seigneur, ils étaient retournés en Galilée, dans leur ville de Nazareth. Mais ils ne tardèrent pas à revenir à Bethléem.
Adoration des Mages
Après la naissance de Jésus à Bethléem de Juda, sous le règne d’Hérode, voici que des Mages, venus de l’Orient, arrivèrent à Jérusalem. « Où donc se trouve, deman-daient-ils, ce Roi des Juifs qui vient de naître? Nous avons vu Son étoile en Orient, et nous sommes venus pour L’adorer. » A cette ques-tion, le roi Hérode fut bouleversé, et, avec lui, toute la ville de Jérusalem. Il fit assembler tous les Princes des prêtres et les Scribes du peuple, et il les pressa de lui dire en quel lieu devait naître le Christ. « C’est, répondirent-ils, à Bethléem de Juda. Voici, en effet, ce qui a été écrit par le Prophète: « Et toi Bethléem, terre de Juda, tu n’est pas assurément la moindre, parmi les principales cités de Juda, car c’est de toi que sortira le Chef qui doit régir Israël, Mon peuple. » Hérode fit venir alors les Mages en secret, s’enquit d’eux, avec soin, de l’époque où l’étoile leur était apparue et les envoya à Bethléem: « Allez, leur dit-il, informez-vous exactement de l’Enfant, et, quand vous L’aurez trouvé, revenez me rendre compte, afin que moi aussi j’aille l’adorer. » Sur ces paroles du roi, ils partirent. Et voici que l’étoile, qu’ils avaient vue en Orient, allait devant eux, jusqu’à ce qu’étant arrivée au-dessus du lieu où était l’Enfant, elle s’y arrêta. En revoyant l’étoile, ils furent transportés d’une joie extrême. Ils entrent dans la maison, ils y trouvent l’Enfant avec Marie, Sa Mère, et, aussitôt, ils se prosternent et l’adorent. Ouvrant ensuite leurs trésors, ils Lui offrent en présents: de l’or, de l’encens et de la myrrhe. Puis, ayant été avertis en songe de ne point revenir vers Hérode, ils retournèrent dans leur pays par un autre chemin.
Fuite en Egypte,
massacre des Saints Innocents,
Lorsque les Mages furent partis, l’Ange du Seigneur apparut à Joseph, durant son sommeil: « Lève-toi, lui dit-il, prends l’Enfant et Sa Mère, et fuis enÉgypte. Tu y resteras jusqu’à ce que je t’avertisse, car Hérode va chercher l’Enfant pour Le faire périr. » Joseph se leva, prit l’Enfant et Sa Mère, et, cette nuit même, alla chercher un refuge en Égypte. Il y resta jusqu’à la mort d’Hérode. Ainsi fut accomplie la parole que le Seigneur avait dite par la bouche du Prophète: « J’ai rappelé Mon Fils de l’Égypte. »
Hérode entra en fureur, quand il se vit déjoué par les Mages. Se rappelant les indications de temps qu’il en avait recueillies, il ordonna d’égorger tous les enfants de Bethléem et des environs, qui n’avaient pas plus de deux ans. En ce jour fut réalisée cette parole du prophète Jérémie: « Une voix s’est fait entendre dans Rama; partout ce n’était que larmes et sanglots: Rachel pleure ses enfants et ne veut point être consolée, parce qu’ils ne sont plus. »
Après la mort d’Hérode, l’Ange du Seigneur apparut en songe à Joseph, en Égypte: « Lève-toi, lui dit-il, prends l’Enfant et Sa Mère, et retourne dans la terre d’Israël, car ils sont morts, ceux qui en voulaient à la vie de l’Enfant. » Joseph s’étant levé, prit l’Enfant et Sa Mère et revint aupays d’Israël. Là, il apprit qu’Archélaüs régnait en Judée, à la place d’Hérode, son père. Il n’osa y aller, et, averti en songe, il se retira dans le pays de Galilée. Ils se fixèrent dans leur ville de Nazareth, afin que fût accomplie cette parole des Prophètes: « On L’appellera le Nazaréen. »
Recouvrement au Temple
Cependant l’Enfant croissait et Se fortifiait. Il était plein de sagesse et la grâce de Dieu était en Lui. Ses Parents allaient chaque année à Jérusalem, pour lessolennités de la Pâque. Toute la famille s’y rendit, selon la coutume de cette fête, lorsque Jésus eut atteint Sa douzième année. Les jours saints étant passés, ils prirent le chemin du retour. Or l’Enfant Jésus était resté à Jérusalem, sans que ses parents s’en fussent aperçus. Supposant qu’Il était dans l’une ou l’autre compagnie, ils firent une journée de voyage. Alors ils Le cherchèrent anxieusement parmi ceux de leur parenté et parmi leurs connaissances. Ne L’ayant point trouvé, ils retournèrent à Jérusalem, Le cherchant toujours. Après trois jours, ils Le découvrirent dans le Temple. Il était assis au milieu des Docteurs, les écoutant et les interrogeant. Tous ceux qui L’entendaient étaient stupéfaits de Sa sagesse et de Ses réponses. En Le voyant ainsi, Ses Parents furent eux-mêmes très surpris. « Mon Fils, Lui dit Sa Mère, pourquoi donc avez-Vous agi de la sorte à notre égard? Voilà que Votre Père et Moi, nous Vous cherchions dans la plus douloureuse angoisse. » - « Pourquoi Me cherchiez-vous? répondit-Il. Ne saviez- vous pas qu’il faut que Je sois aux affaires de Mon Père? » Mais ils ne comprirent pas cette parole qu’Il leur disait. Descendant avec eux, Il retourna à Nazareth; et Il leur était soumis. Pour Sa Mère, Elle conservait toutes ces choses dans Son Coeur. Et Jésus avançait en sagesse, en âge et en grâce devant Dieu et devant les hommes.
1 ÈRE ANNÉE DE VIE PUBLIQUE
Prédication de Jean-Baptiste
L’an quinzième de l’empire de Tibère-César: - Ponce Pilate étant Gouverneur de la Judée; - Hérode, Tétrarque de la Galilée; - Philippe, son frère, Tétrarque de l’Iturée et du pays de Trachonite; - Lysanias, Tétrarque de l’Abilène; - sous le Souverain Pontificat d’Anne et de Caïphe, la voix de Dieu se fit entendre à Jean, fils de Zacharie, dans le désert. Et Jean s’en alla dans le désert de Judée et dans toute la région du Jourdain, prêchant un baptême de pénitence pour la rémission des péchés. Il disait: « Faites pénitence! car le Royaume des cieux approche. » C’est lui dont le Prophète Isaïe avait écrit: « Voici que j’envoie mon Ange devant ta face pour te préparer le chemin. Sa voix criera dans le désert: « Préparez le chemin du Seigneur, redressez devant Lui les sentiers. Que toute vallée soit comblée; que toute montagne et que toute colline soient abaissées. Que les voies tortueuses deviennent droites, que les raboteuses soient aplanies: Alors tout homme verra le salut qui vient de Dieu. » Or Jean avait un vêtement en poils de chameau, et, autour des reins, une ceinture de cuir. Des sauterelles, du miel des bois, étaient sa nourriture. Tout le pays de Judée, tous les habitants de Jérusalem et toutes les contrées voisines du Jourdain venaient à lui, confessant leurs péchés; et il les baptisait dans le fleuve. Ayant remarqué parmi ceux qui réclamaient son baptême, un grand nombre de Pharisiens et de Saducéens: « Engeance de vipères, s’écria-t-il, qui vous a fait comprendre que vous aviez à fuir devant la colère qui vient?… Faites donc de dignes fruits de pénitence!... Et ne vous rassurez pas en vous-mêmes, disant: « Nous avons Abraham pour père. » Je vous le déclare: de ces pierres mêmes, Dieu peut susciter des enfants à Abraham... Déjà la cognée est à la racine des arbres: Tout arbre qui ne porte pas de bon fruit sera coupé et jeté au feu. » Il prêchait de même aux multitudes qui venaient de toutes parts solliciter son baptême. Et les multitudes lui demandaient: « Que faut-il que nous fassions? » Il répondait: « Que celui qui possède deux tuniques en donne une à celui qui n’en a point; et que celui qui est pourvu d’aliments fasse de même. » Des Publicains se présentèrent à son baptême, et l’interrogèrent, eux aussi: « Maître, qu’avons-nous à faire? - « N’exigez rien de plus que ce qui vous est prescrit par les ordonnances. » Des soldats lui posèrent la même question: « Et nous, que ferons-nous? » - « Abstenez-vous de toute violence et de toute fraude; contentez-vous de votre solde. » Or, le peuple flottait en ses pensées, au sujet de Jean, et tous se demandaient s’il ne serait pas le Christ. Répondant à ces doutes, Jean dit à la multitude: « Je ne vous donne, moi, que le baptême d’eau pour la pénitence. Mais Celui qui doit venir après moi est plus puissant que moi. Je ne suis pas digne de porter ses sandales, ni même, me prosternant à Ses pieds, d’en délie la courroie. Celui-là, c’est dans l’Esprit-Saint et dans le feu, qu’Il vous baptisera. Il a le van dans la main et Il nettoiera Son aire. Il rassemblera le froment dans Son grenier, et brûlera la paille dans le feu qui ne s’éteint jamais. » C’est par ces discours et par beaucoup d’autres semblables qu’il exhortait le peuple et lui annonçait la Bonne Nouvelle.
Baptême de Jésus
Alors Jésus, quittant la ville de Nazareth en Galilée, vint au Jourdain, vers Jean, pour recevoir Son baptême. Jean s’y refusait en disant: « Mais, c’est moi qui ai besoin d’être baptisé par Vous;… et c’est Vous qui venez à moi! » - « Souffre-le, pour l’heure présente, lui répondit Jésus, c’est ainsi qu’il convient que nous accomplissions toute justice. » Sur cette parole, Jean n’hésita plus; et Jésus fut baptisé par lui dans le Jourdain. Dès qu’Il fut baptisé, Jésus sortit du fleuve. Tandis que la foule se faisait baptiser et que Jésus priait sur la rive, soudain les cieux s’ouvrirent et l’Esprit-Saint descendit visiblement, sous la forme d’une colombe, et Se reposa sur Lui. En même temps, une voix du ciel fit entendre ces paroles: « Celui-ci est Mon Fils bien-aimé; en Lui J’ai mis toutes Mes complaisances. » Jésus avait environ trente ans quand Il commença Son ministère. Il passait pour le Fils de Joseph.
Or, Joseph était fils d’Héli, qui le fut de Mathat, qui le fut de Lévi, qui le fut de Melchi, qui le fut de Janné, qui le fut de Joseph, qui le fut de Mathathias, qui le fut d’Amos, qui le fut de Nahum, qui le fut de Hesli, qui le fut de Naggé, qui le fut de Mahath, qui le fut de Mathathias, qui le fut de Séméï, qui le fut de Joseph, qui le fut de Juda, qui le fut de Joanna, qui le fut de Résa, qui le fut de Zorobabel, qui le fut de Salathiel, qui le fut de Néri, qui le fut de Melchi, qui le fut d’Addi, qui le fut de Cosan, qui le fut d’Elmadan, qui le fut de Her, qui le fut de Jésus, qui le fut d’Eliézer, qui le fut de Jorim, qui le fut de Mathat, qui le fut de Lévi, qui le fut de Siméon, qui le fut de Juda, qui le fut de Joseph, qui le fut de Jona, qui le fut d’Eliakim, qui le fut de Méléa, qui le fut de Menna, qui le fut de Mathatha, qui le fut de Nathan, qui le fut de David. David le fut de Jessé, qui le fut d’Obed, qui le fut de Booz, qui le fut de Salmon, qui le fut de Naasson, qui le fut d’Aminadab, qui le fut d’Aram, qui le fut d’Esron, qui le fut de Pharès, qui le fut de Juda, qui le fut de Jacob, qui le fut d’Isaac, qui le fut d’Abraham, qui le fut de Tharé, qui le fut de Nachor, qui le fut de Sarug, qui le fut de Raguaü, qui le fut de Phaleg, qui le fut d’Héber, qui le fut de Salé, qui le fut de Caïnan, qui le fut d’Arphaxad, qui le fut de Sem, qui le fut de Noë. Noë le fut de Lamech, qui le fut de Mathusalé, qui le fut d’Henoch, qui le fut de Jared, qui le fut de Malaléel, qui le fut de Caïnan, qui le fut d’Enos, qui le fut de Seth, qui le fut d’Adam, qui le fut de DIEU.
Jeûne et tentations au désert
Jésus, plein de l’Esprit de Dieu, quitta le Jourdain et fut conduit par l’impulsion du même Esprit dans un désert, pour y être tenté par Satan. Durant quarante jours et quarante nuits, Il S’abstint de toute nourriture et demeura parmi les animaux du désert. Après ce temps écoulé, Il eut faim. Le tentateur s’approcha et Lui dit: « Si Tu es le Fils de Dieu, commande à ces pierres de se changer en pain. » Jésus lui répondit: « Il est écrit: « L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. » Alors le démon Le transporta dans la cité sainte de Jérusalem, et Le plaça sur le faîte du Temple. « Si Tu es le Fils de Dieu, reprit-il, jette-Toi en bas; car il est écrit: « Dieu a ordonné à Ses anges de Te prendre en leurs mains, afin que Ton pied ne heurte pas contre la pierre. » - « Il est écrit également, dit Jésus: « Tu ne tenteras point le Seigneur ton Dieu. » De nouveau le démon L’enleva et Le transporta sur une très haute montagne. De là, il Lui fit envisager en un instant tous les royaumes du monde avec leur splendeur. « Cette gloire, cette puissance sont à moi! lui assura-t-il; elles m’ont été livrées, et je les donne à qui je veux. Eh bien! tout cela T’appartiendra; je Te le donnerai, si, tombant à mes genoux, Tu m’adores! » - « Arrière, Satan! car il est écrit: « Tu adoreras le Seigneur ton Dieu, et tu le serviras Lui seul. » Ayant épuisé tous ses moyens de tentation, le démon quitta Jésus, pour un temps. Et voilà que les anges s’approchèrent, et ils Le servaient.
TÉMOIGNAGE DE JEAN-BAPTISTE
Voici quel fut le témoignage de Jean, quand les Juifs de Jérusalem lui envoyèrent des prêtres et des lévites pour lui poser cette question: « Qui êtes-vous? » Il s’expliqua sans détour, et il déclara ouvertement: « Je ne suis point le Christ. » - « Qui donc êtes-vous? reprirent-ils, êtes-vous Élie? » - « Je ne le suis point. » - « Etes-vous le Prophète? » - « Non! » - « Mais enfin, qui êtes-vous? - Il faut que nous portionsune réponse à ceux qui nous ont envoyés. Que dites-vous de vous-même? » - « Moi, je suis la voix de celui qui crie dans le désert: « Rendez droit le chemin du Seigneur », comme l’a dit le Prophète Isaïe. » Or, ceux qui avaient été envoyés appartenaient à la secte des Pharisiens. Ils poursuivirent leurs questions: « Pourquoi donc baptisez-vous, si vous n’êtes ni le Christ, ni Élie, ni le Prophète? » Jean répondit: « Moi, je baptise dans l’eau. Mais, au milieu de vous, il en est un que vous ne connaissez point. C’est Lui qui doit venir après moi, bien qu’Il existe avant moi; et je ne suis pas digne de délier la courroie de Sa chaussure. » Ceci se passait à Béthanie, de l’autre côté du Jourdain, où Jean baptisait.
« Voici l'Agneau de Dieu ! »
Le lendemain, Jean aperçut Jésus qui venait vers lui: « Voici l’Agneau de Dieu! s’écria-t-il, voici Celui qui efface le péché du monde! C’est de Lui que j’ai dit: « Après moi vient un Homme qui a été mis au-dessus de moi, parce qu’Il était avant que je sois. » Je ne Le connaissais point; mais c’est pour qu’Il soit manifesté en Israël que je suis venu baptiser dans l’eau. » Jean rendit encore ce témoignage: « J’ai vu l’Esprit descendre du ciel sous la forme d’une colombe et se reposer sur Lui. Je ne Le connaissais point. Mais Celui qui m’a envoyé pour baptiser dans l’eau m’avait dit: « L’Homme sur lequel tu verras l’Esprit descendre et Se reposer, c’est Celui-là qui baptise dans l’Esprit-Saint. » Or je L’ai vu, et je témoigne qu’Il est le Fils de Dieu. »
Bords du Jourdain. - 17 Février.
Le jour suivant, Jean était encore là, avec deux de ses Disciples. Voyant passer Jésus, il dit:
« Voici L’Agneau de Dieu! » Les deux Disciples, l’entendaient parler ainsi, se mirent à suivre Jésus. Alors Jésus S’étant retourné, et les voyant à Sa suite: « Que cherchez-vous? » leur demanda-t-Il. - « Rabbi, (ce mot veut dire Maître) où demeurez-vous? » - « Venez et voyez, » répondit Jésus. Ils allèrent donc et virent où Il demeurait. Et ils restèrent avec Lui ce jour-là. Or, Il était environ la dixième heure. André, frère de Simon-Pierre, était l’un des deux qui, sur le témoignage de Jean, s’étaient mis à suivre Jésus. Le premier qu’il rencontra fut son frère Simon. Il lui dit: « Nous avons trouvé le Messie! » c’est-à-dire le Christ. Et il l’amena à Jésus. Ayant fixé sur lui Son regard: « Tu es Simon, fils de Jona, lui dit Jésus. Désormais tu t’appelleras Céphas, » c’est-à-dire Pierre.
Route de la Galilée. - 18 Février.
Le lendemain, Jésus, qui avait résolu de retourner en Galilée, rencontra Philippe et lui dit:
« Suis-Moi! » Philippe était de Bethsaïde, de la même ville qu’André et Pierre. Philippe rencontra Nathanaël: « Nous L’avons trouvé, lui dit-il, Celui dont parle Moïse dans la Loi et qu’annoncent les Prophètes: C’est Jésus, le fils de Joseph, de Nazareth! » - « De Nazareth! répondit Nathanaël, que peut-il en sortir de bon? » - « Viens, et vois! » reprit Philippe. Regardant Nathanaël qui arrivait, Jésus dit de lui: « Voici vraiment un Israélite, il n’y a en lui aucune duplicité. » - « Avant que Philippe t’appelât, répondit Jésus, lorsque tu étais sous le figuier, Je t’ai vu. » - « Rabbi, s’écria Nathanaël, Vous êtes le Fils de Dieu! Vous êtes le Roi d’Israël! » Jésus reprit: « Parce que Je t’ai dit que Je t’avais vu sous le figuier, tu crois. Tu verras de plus grandes choses encore. Puis Il ajouta. « En vérité, en vérité, Je vous le dis: Vous verrez le ciel ouvert et les Anges de Dieu montant et descendant au-dessus du Fils de l’Homme. »
Trois jours après qu’ils eurent quitté les rives du Jourdain, on célébrait des noces à Cana en Galilée. La Mère de Jésus y était; Jésus y fut également convié avec Ses Disciples. Le vin étant venu à manquer, la Mère de Jésus Lui dit: « Ils n’ont plus de vin. » - « O Femme, Lui répondit-Il, que voulez-vous de Moi? Mon heure n’est pas encore venue. » Sa Mère dit à ceux qui servaient: « Faites tout ce qu’Il vous dira. » Or il y avait là six urnes de pierre, disposées pour les purifications en usage parmi les Juifs, et contenant chacune deux ou trois métrètes. « Emplissez d’eau ces urnes », dit Jésus. Ils les remplirent jusqu’au bord. « Puisez maintenant, reprit Jésus, et portez à l’ordonnateur du festin. » Ils le firent. A peine eut-il goûté l’eau changée en vin que, ne sachant d’où venait ce vin (ce que savaient bien les serviteurs qui avaient puisé l’eau), l’ordonnateur du festin appela l’époux. « Tout le monde, lui dit-il, sert d’abord le bon vin, et, quand les convives sont déjà en ébriété, on fait passer la qualité inférieure. Vous, au contraire, vous avez gardé le bon vin jusqu’à ce moment. » Ce fut là le premier des miracles de Jésus. Il l’opéra à Cana en Galilée. Par là Il manifesta Sa gloire, et Ses Disciples crurent en Lui.
Noces de Cana
1ère Pâque publique
Expulsion des marchands
Jésus descendit ensuite à Capharnaüm avec Sa Mère, Ses proches et Ses Disciples; mais ils n’y restèrent que peu de jours. La Pâque des Juifs, en effet, n’étant pas éloignée, Jésus monta vers Jérusalem. Il trouva dans le Temple des vendeurs de boeufs, de brebis et de colombes et des changeurs assis à leurs tables. Se faisant aussitôt avec des cordes une sorte de fouet, Il, les chassa tous du Temple, ainsi que les brebis et les boeufs, répandit à terre l’argent des changeurs et renversa leurs tables. Puis Il dit à ceux qui vendaient des colombes: « Enlevez tout cela d’ici, et ne faites pas de la Maison de Mon Père une maison de trafic. » Les disciples se ressouvinrent alors qu’il est écrit: « Le zèle de Votre Maison me dévore. » Les Juifs intervinrent bientôt: « Quel signe as-Tu à nous montrer, Lui dirent-ils, pour agir de la sorte? » - « Détruisez ce Temple, répliqua Jésus, et, en trois jours, Je le relèverai. » - « On a mis quarante-six ans à le bâtir, et Toi, Tu le relèveras en trois jours? » dirent les Juifs. Mais Jésus parlait du Temple de Son propre corps. Plus tard, lorsqu’Il fut ressuscité d’entre les morts, les Disciples se rappelèrent ce qu’Il avait dit, et ils crurent à l’Écriture et à la parole que Jésus venait de faire entendre. Or, pendant que Jésus était à Jérusalem pour les fêtes de la Pâque, un grand nombre, à la vue des miracles qu’Il opérait, eurent foi en Son nom. Mais Jésus ne Se fiait pas à eux, parce qu’Il les connaissait tous. Il n’avait pas besoin que personne vînt Le renseigner sur qui que ce soit, Il savait par Lui-même ce qu’il y a dans l’homme.
Entretien secret avec Nicodème
Parmi les Pharisiens, il y avait un homme du nom de Nicodème, l’un des premiers d’entre les Juifs. Il vint à Jésus durant la nuit: « Rabbi, Lui dit-il, nous savons que Vous êtes venu de Dieu pour nous instruire comme un Maître, car nul ne pourrait faire les prodiges que Vous opérez, si Dieu n’était avec lui. » Jésus lui répondit: « En vérité, en vérité Je te le déclare: personne ne peut voir le Royaume de Dieu, à moins d’être né de nouveau. » - « Comment donc un homme peut-il naître, lorsqu’il est vieux? demanda Nicodème. Peut-il retourner dans le sein de sa mère et naître une seconde fois? » - « En vérité, en vérité, Je te le dis, reprit Jésus: à moins de renaître de l’eau et de l’Esprit-Saint, personne ne peut entrer dans le Royaume de Dieu. Ce qui est né de la chair est chair, et ce qui est né de l’Esprit est esprit. Ne sois donc point surpris que Je t’aie dit: il faut que vous naissiez de nouveau. Le vent souffle où il veut. Tu entends sa voix, mais tu ne sais d’où il vient ni où il va. Ainsi en est-il de tout homme qui est né de l’Esprit. » - « Comment cela peut-il se faire? » dit Nicodème. - « Tu es Maître en Israël, répondit Jésus, et tu ignores ces choses?... En vérité, en vérité, Je te le déclare: ce que Nous attestons, Nous l’avons vu. Mais vous ne recevez point Notre
témoignage. Si, quand Je vous parle des choses de la terre, vous ne croyez point, comment croirez-vous, lorsque Je vous parlerai des choses du ciel. Or, nul n’a été au ciel, sinon Celui qui en est
descendu, le Fils de l’Homme, qui est en même temps au ciel. Et de même que Moïse éleva dans le désert le serpent d’airain, ainsi faut-il que soit élevé le Fils de l’Homme, afin que tous ceux qui croient en Lui ne périssent point, mais obtiennent la vie éternelle. Oui, Dieu a tellement aimé le monde qu’Il lui a donné Son Fils unique, pour que tous ceux qui croient en Lui ne périssent point, mais obtiennent la vie éternelle. Car ce n’est pas pour condamner le monde que Dieu a envoyé Son Fils dans le monde, mais pour que le monde soit sauvé par Lui. Celui qui croit en Lui n’est point condamné; mais celui qui n’y croit pas est déjà condamné, parce qu’il ne croit pas au Nom du Fils unique de Dieu. Et voici le motif de cette condamnation: C’est que la Lumière est venue dans le monde, et que les hommes ont mieux aimé les ténèbres que la Lumière parce que leurs œuvres étaient mauvaises. En effet, quiconque fait le mal hait la lumière et fuit la lumière, de crainte que ses oeuvres ne soient flétries. Mais celui qui fait le bien vient à la lumière, afin que ses œuvres soient connues, parce que c’est en Dieu qu’elles sont faites. »
Après cela, Jésus Se rendit avec Ses Disciples dans la terre de Judée. Il y demeurait avec eux et baptisait. Or, Jean, de son côté, baptisait à Ennon, près de Salim: il y avait là beaucoup d’eau et on y allait recevoir le baptême. Une discussion s’éleva entre les disciples de Jean et les habitants de la Judée au sujet du baptême. Les premiers vinrent à Jean et lui dirent: « Maître, Celui qui était avec vous au delà du Jourdain, et à qui vous avez rendu témoignage, voilà qu’Il baptise, et tous vont à Lui. - « Nul ne peut rien s’attribuer qu’il ne l’ait reçu du ciel, répondit Jean. Vous me rendez vous-même témoignage que j’ai dit: « Je ne suis point le Christ, mais j’ai été envoyé devant Lui. » L’Époux, c’est celui à qui appartient l’Épouse; mais l’ami de l’Époux se tient là debout et l’écoute, et il est ravi de joie quand il entend la voix de l’Époux. Cette joie est la mienne, et je la goûte dans sa plénitude. A Lui maintenant de croître; à moi de diminuer. Celui qui vient d’En-Haut est au-dessus de tous. Celui qui vient de la terre est terrestre, et ses paroles aussi. Celui qui vient du ciel est au-dessus de tous. Ce qu’Il affirme, Il l’a vu et Il l’a entendu; et nul ne reçoit Son témoignage. Celui qui reçoit Son témoignage, reconnaît que Dieu est vrai; car Celui que Dieu a envoyé parle le langage de Dieu. C’est sans mesure que Dieu Lui a donné Son Esprit. Le Père aime le Fils et Il a tout remis entre Ses mains. Celui qui croit au Fils a la vie éternelle; celui qui ne croit point au Fils ne verra point la vie; mais sur lui demeure la colère de Dieu. »
MISSION DE NOTRE-SEIGNEUR EN JUDÉE SUPREME TÉMOIGNAGE DU PRÉCURSEUR
La Samaritaine au puits de Jacob
A la nouvelle de l’emprisonnement du Précurseur, sachant d’ailleurs que les Pharisiens s’inquiétaient de voir qu’il faisait plus de Disciples et qu’il baptisait plus que Jean, (bien qu’Il ne conférât pas le baptême de Ses propres mains, mais par celles de Ses Disciples), Jésus quitta la Judée, et, sous l’impulsion de l’Esprit, Il retourna en Galilée. Or, Il lui fallait traverser la Samarie. Il arriva dans une ville de ce pays, nommée Sichar, près de l’héritage que donna Jacob à son fils Joseph.
Là se trouvait le Puits de Jacob. Jésus, fatigué du voyage, S’était assis simplement sur le bord du Puits. Il était environ la sixième heure. Survint une femme de la Samarie pour puiser de l’eau. « Donne-Moi à boire! » lui dit Jésus. (Alors Ses Disciples étaient allés jusqu’à la ville pour acheter des provisions.) La Samaritaine répondit: « Comment, Vous qui êtes Juif, me demandez-vous à boire, à moi qui suis une femme de la Samarie? Les Juifs n’ont aucun rapport avec les Samaritains. » - « Si tu savais le Don de Dieu! reprit Jésus, si tu savais qui est Celui qui te dit: « Donne-Moi à boire! » tu Lui aurais peut-être adressé la même demande, et Il t’aurait donné d’une eau vive. » - « Mais Seigneur, dit la femme, Vous n’avez rien pour en puiser, et le Puits est profond. D’où pouvez-Vous donc avoir de l’eau vive? Etes-Vous plus grand que notre Père Jacob qui nous a donné ce Puits, et qui en a bu lui-même, aussi bien que ses enfants et ses troupeaux? » Jésus lui répondit: « Quiconque boit de cette eau aura encore soif; mais celui qui boira de l’eau que Je lui donnerai n’aura jamais soif. Car, l’eau que Je lui donnerai, deviendra en lui une source jaillissante pour la vie éternelle. » - « Seigneur, repartit la femme, donnez-moi de cette eau, afin que je n’aie plus soif, et que je ne vienne plus ici pour puiser. » - « Va, lui dit Jésus, appelle ton mari, et reviens ici. » - « Je n’ai pas de mari », répondit-elle. - « Tu as raison de dire: « Je n’ai pas de mari. » Tu en a eu cinq, et celui avec lequel tu vis maintenant n’est pas ton mari. En cela tu as dit vrai. » - « Seigneur, s’écria le femme, je vois que Vous êtes un Prophète. Nos pères ont adoré sur cette montagne, et Vous, Vous dites que c’est à Jérusalem qu’il faut adorer. » - « Femme, crois-Moi! L’heure est proche où ce ne sera ni sur cette montagne, ni à Jérusalem que vous adorerez le Père. Vous adorez, vous, ce que vous ne connaissez point; nous, nous adorons ce que nous connaissons, car le Salut vient des Juifs. Mais l’heure arrive, et déjà elle est venue, où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité; et ce sont de tels adorateurs que veut le Père. Dieu est esprit, et ceux qui L’adorent, doivent L’adorer en esprit et en vérité. » - « Je sais, repartit la femme, que le Messie, qu’on appelle Christ, doit venir. Lorsqu’Il sera venu, Il nous instruira de toutes choses. » - « Le Messie, c’est Moi! Moi qui te parle. » En ce moment Ses Disciples arrivèrent. Et ils s’étonnaient de ce que Jésus S’entretînt avec une femme. Néanmoins, aucun ne Lui dit: « Que lui demandez-Vous? » ou: « Pourquoi parlez-Vous avec elle? » Quant à la femme, laissant là son urne, elle courut à la ville, et, à tous ceux qu’elle rencontrait: « Venez, disait-elle, venez voir un homme qui m’a dit tout ce que j’ai fait. Ne serait-Il point le Christ? » Ils sortirent donc de la ville et vinrent à Jésus. Cependant les Disciples Le pressaient: « Maître, disaient-ils, mangez donc! » Il leur répondit: « J’ai à Me nourrir d’un aliment que vous ne connaissez pas. » Et les Disciples se demandaient l’un à l’autre: « Quelqu’un Lui aurait-il apporté à manger? » - « Ma nourriture, reprit Jésus, c’est de faire la volonté de Celui qui M’a envoyé, et d’accomplir Son oeuvre. Ne dites- vous pas: « Encore quatre mois, et la moisson viendra? » Moi, Je vous dis: Levez les yeux, et voyez les campagnes: elles blanchissent déjà pour la moisson. Celui qui moissonne reçoit sa récompense et recueille le fruit pour la vie éternelle. Mais celui qui sème a autant de raison de se réjouir que celui qui moissonne. Ainsi se justifie l’adage: « Autre est le semeur et autre le moissonneur. » Je vous ai envoyés moissonner où vous n’aviez point travaillé. D’autres ont travaillé, et vous, vous êtes entrés dans leurs travaux. » Or, beaucoup de Samaritains de cette ville crurent en Lui,
sur le témoignage de cette femme qui leur avait dit: « Il m’a raconté tout ce que j’ai fait. » Ils vinrent donc Le prier de demeurer chez eux. Il S’y arrêta deux jours. Et il y en eut un bien plus grand nombre pour croire en Lui, après avoir entendu Sa parole. Ce n’est plus seulement sur ton récit que nous croyons, disaient-ils à la femme. Nous aussi nous L’avons entendu, et nous savons qu’Il est vraiment le Sauveur du monde. »
ARRIVÉE EN GALILÉE
GUÉRISON A DISTANCE
DU FILS D'UN OFFICIER ROYAL
Deux jours après, Jésus continua Sa route vers la Galilée. Mais Il évita Nazareth: « Car, disait-Il, dans sa patrie un Prophète est sans gloire. » Jésus étant arrivé en Galilée, les habitants Lui firent bon accueil, car ils étaient allés à Jérusalem pour la Pâque et avaient été témoins de toutes les choses qu’Il avait faites. Il commença dès lors à prêcher l’Évangile du Royaume de Dieu; Il disait: « Les temps sont accomplis, le Royaume de Dieu arrive! Faites pénitence et croyez à l’Évangile. » Il enseignait dans les synagogues, et tous célébraient Ses louanges. Sa renommée s’étendait dans tout le pays. Ainsi s’accomplissait l’oracle du Prophète Isaïe: « La terre de Zabulon et de Nephtali, la voie de la mer au delà du Jourdain, la Galilée des gentils, le peuple qui était assis dans les ténèbres, a vu une grande lumière; le jour s’est levé sur ceux qui habitaient à l’ombre de la mort. » Il vint pour la seconde fois à Cana, en Galilée, où Il avait changé l’eau en vin. Or, il y avait un Officier royal, dont le fils était malade à Capharnaüm. Cet homme ayant appris que Jésus, venant de Judée, était rentré en Galilée, alla Le trouver et Le supplia de descendre jusqu’à la ville de Capharnaüm, pour guérir son fils qui se mourait. « Si vous ne voyez des signes et des prodiges, dit Jésus, vous ne croyez pas! » - « Seigneur, insista l’Officier, descendez avant que mon pauvre enfant ne meure! - « Va, reprit Jésus, la vie en rendue à ton fils. » Cet homme crut à la parole de Jésus, et il s’en alla. Comme il était encore en chemin, ses serviteurs, venant à sa rencontre, lui annoncèrent que son fils était plein de vie. Il leur demanda à quelle heure il s’était trouvé mieux. « Hier, répondirent-ils, à la septième heure, la fièvre l’a quitté. » Et le père reconnut que c’était à cette heure même que Jésus lui avait dit: « La vie est rendue à ton fils. » Il crut, lui et toute sa maison. Jésus fit ce second miracle, lors de Son retour de Judée en Galilée.
PREMIÈRE PÊCHE MIRACULEUSE
VOCATION DÉFINITIVE DE PIERRE ET D'ANDRÉ, DE JACQUES ET DE JEAN
Un jour, la foule se pressait autour de Jésus pour entendre la parole de Dieu; Il longeait les bords du Lac, aux environs de Bethsaïde. Il aperçut alors Simon, surnommé Pierre, et André son frère qui jetaient leurs filets dans les flots, car ils étaient pêcheurs. Ceux-ci n’ayant pas tardé d’amarrer, deux barques stationnaient sur la rive. Les pêcheurs en étaient descendus et lavaient leurs filets. Or Jésus, pressé par la foule, monta dans une des barques, qui était celle de Simon et pria celui-ci de s’éloigner un peu du rivage. Puis Il S’assit, et de là Il enseignait le peuple. Quand Il eut cessé de parler, Il dit à Simon: « Avance en pleine eau, et jetez les filets pour pêcher. »- « Maître, répondit Simon, nous avons travaillé toute la nuit sans rien prendre. Mais, sur Votre parole, je jetterai le filet. »Ils le jetèrent, et ils prirent une si grande quantité de poissons que le filet se rompait. Alors ils firent signe à leurs compagnons qui étaient dans l’autre barque de venir les aider. Ceux-ci vinrent, et ils remplirent les deux barques, au point qu’elles étaient près de couler. A cette vue, Simon-Pierre tomba aux genoux de Jésus, en s’écriant:« Seigneur! éloignez-Vous de moi, car je suis un homme pécheur! » Une telle pêche l’avait jeté dans la stupeur, lui et ses compagnons de l’autre barque, Jacques et Jean, fils de Zébédée. Mais Jésus dit à Simon: « Ne crains point! désormais tu seras pêcheur d’hommes. » Ils ramenèrent leurs barques au rivage. En arrivant, Simon et André s’étaient mis à laver leurs filets. « Suivez-Moi, leur dit Jésus, Je vous ferai devenir pêcheurs d’hommes. » Aussitôt, laissant leurs filets et tout ce qu’ils avaient, ils Le suivirent. S’avançant un peu plus loin, Jésus vit les deux autres frères, Jacques et Jean, qui réparaient leurs filets dans leur barque. Il les appela. Abandonnant sans retard leurs filets, dans la barque, et Zébédée, leur père, avec les mercenaires, ils Le suivirent.
Prédications et guérisons
Jésus alla demeurer à Capharnaüm, sur les bords du Lac, aux confins de Nephtali et de Zabulon. Les jours de sabbat Il entrait dans les synagogues et ne négligeait aucune occasion d’instruire le peuple. Tous étaient muets d’admiration devant Son enseignement, car Il parlait comme ayant autorité, et non comme les Scribes. Or, il se trouva, dans la synagogue de Capharnaüm, un homme possédé d’un esprit immonde. Tout à coup il s’écria d’une voix forte: « Que nous veux-Tu donc, Jésus de Nazareth? Laisse- nous! Viens-Tu nous perdre? Je sais qui Tu es: le Saint de Dieu! » Jésus lui dit d’un ton menaçant: « Tais-toi, et sors de cet homme! » Alors l’esprit immonde agita le possédé avec violence, le jeta brusquement à terre au milieu de l’assemblée, et sortit en poussant un grand cri, mais sans lui avoir fait aucun mal. La stupeur fut universelle: tous se demandaient: « Qu’est-ce que ceci? Quelle est cette Doctrine nouvelle? Il commande avec autorité et puissance, même aux esprits immondes, et ils Lui obéissent et s’éloignent. » Le bruit de ce prodige se répandit dans tout le pays de Galilée. Jésus sortit de la synagogue et vint dans la maison de Pierre et d’André, avec Jacques et Jean. La belle-mère de Simon-Pierre était au lit, malade d’une forte fièvre. Les Disciples intercédèrent pour elle près de Jésus. Il S’approcha, et, debout près d’elle, Il commanda à la fièvre, puis, la prenant par la main, Il la souleva. Sur-le-champ la fièvre disparut; alors elle se leva et se mit aussitôt à les servir. Le soir venu, après le coucher du soleil, tous ceux qui avaient des malades ou des possédés les Lui amenèrent. La ville entière était assemblée devant la porte. Jésus chassa les démons d’un seul mot. Ceux-ci criaient: « Tu es le Fils de Dieu! » Mais Il leur défendit avec menace de parler; car ils savaient bien qu’Il était le Christ. Quant aux malades, Il imposa les mains sur chacun d’eux et guérit ainsi une foule de personnes atteintes de différentes infirmités. Il réalisait cet oracle d’Isaïe: « Il a pris sur Lui nos infirmités, Il S’est chargé Lui-même de nos souffrances. »
Première mission en Galilée
Le lendemain, se levant dès l’aurore, Il sortit de Capharnaüm et Se retira dans un lieu désert. Là, Il Se mit à prier. Simon et ceux de Sa compagnie L’avaient suivi. Dès qu’ils L’eurent rejoint: « Tout le monde Vous cherche! » Lui dirent-ils. - « Allons dans les bourgades et les villes voisines, reprit Jésus, afin que Je prêche là aussi, car c’est pour cela que Je suis venu. » La foule survint alors et L’entoura pour L’empêcher de S’éloigner. « Il faut, dit Jésus, que J’aille aussi dans les autres villes annoncer l’Évangile du Royaume de Dieu; car c’est pour cela que Je suis envoyé. » Et Il parcourut toute la Galilée, enseignant dans les synagogues, prêchant l’Évangile du Royaume, chassant les démons et guérissant toute langueur et toute infirmité. Sa renommée alla jusqu’en Syrie. On Lui amenait des infirmes de tout genre: des possédés, des épileptiques, des paralytiques, et Il les guérissait. Les foules accouraient à Lui de la Galilée, de la Décapole, de Jérusalem, de la Judée et des pays au delà du Jourdain. « Maître, Lui dit un Scribe, en s’avançant vers Lui, je Vous suivrai partout où Vous irez. » - « Les renards ont leurs tanières, lui repartit Jésus, et les oiseaux du ciel ont leurs nids. Quant au Fils de l’Homme, Il n’a pas où reposer Sa tête. » Il dit à un autre qui était de Ses disciples: « Suis-Moi! - « Seigneur, répondit le disciple, permettez-moi d’aller d’abord ensevelir mon père. » - « Laisse les morts ensevelir leurs morts, dit Jésus. Pour toi, va annoncer le Royaume de Dieu.
- « Maître, je Vous suivrai, dit un troisième; mais donnez- moi le temps de régler les affaires de ma maison. » - « Quiconque, lui répondit Jésus, regarde en arrière, en posant la main sur la charrue, n’est pas apte au Royaume de
Dieu. »
Jésus apaise la tempête
Délivrance des possédés de Gérasa
Ce jour-là, Jésus Se voyant assailli de foules innombrables, ordonna que l’on se rendît de l’autre côté du Lac. Le soir venu, Ses disciples Le rejoignirent, et, après avoir congédié la foule, ils montèrent avec Lui dans une barque. D’autres bateaux Le suivirent. Tandis qu’ils ramaient, un terrible coup de vent s’abattit sur le Lac et souleva une violente tempête. Le vent poussait les vagues dans la barque et elle s’emplissait. Le danger étaitgrand. Cependant Jésus, couché à la poupe, la tête sur un coussin, S’était endormi. Les Disciples L’éveillèrent en criant: « Maître, nous périssons! N’en avez-Vous point de souci? Sauvez-nous! » - « Que craignez-vous? dit Jésus, où donc est votre foi? » Puis Il Se lève, gourmande le vent et commande à la mer: « Cesse de gronder, tais-toi! » Aussitôt le vent s’arrêta, et il se fit un grand calme. « Pourquoi vous épouvanter, dit-Il alors à Ses Disciples. N’avez-vous pas encore la foi? » Et tous, saisis d’admiration et d’effroi, se disaient l’un à l’autre: « Quel est Celui-ci? Il commande aux vents et à la mer, et ils obéissent! » Ils abordèrent au pays des Géraséniens, qui est en face de la Galilée. En descendant à terre, Jésus vit accourir vers Lui deux hommes, possédés depuis longtemps de l’esprit immonde. Incapables de se tenir dans une maison, ils habitaient les sépulcres; souvent liés de chaînes et les fers aux pieds, ils avaient brisé les fers et les chaînes. Ils ne pouvaient même souffrir aucun vêtement. Personne n’était parvenu à les dompter. Sans cesse agités le jour et la nuit, ils erraient dans la montagne déserte, criant, se meurtrissant le corps avec des pierres, objets de si grande épouvante que nul n’osait plus passer par là. Du plus loin que les possédés avaient vu Jésus venir, ils étaient accourus à Lui, et, tombant à Ses pieds, ils poussaient de grands cris et disaient: « Que veux-Tu réclamer de nous, Jésus, Fils du Dieu Très-Haut. Nous T’adjurons par Dieu, ne nous tourmente pas avant le temps! » « Quel est ton nom? » lui demanda-t-Il. - « Légion est mon nom, car nous sommes nombreux. » Et la multitude des démons suppliaient Jésus de ne pas les chasser hors du pays, ni de les précipiter dans l’abîme. Or il y avait, non loin de là, sur la montagne, un grand troupeau de porcs qui paissaient: « Si Tu nous chasses, dirent les démons, envoie-nous dans ces pourceaux. » - « Allez! » commanda Jésus. Sur-le-champ, ils sortirent des possédés et entrèrent dans les pourceaux; et le troupeau, d’environ deux mille, prenant une course impétueuse, se précipita dans la mer et s’y noya.
A cette vue, les gardiens du troupeau s’enfuirent et racontèrent, dans la ville, dans les métairies et dans la campagne, ce qui venait d’arriver. Alors toute la ville, et de nombreux habitants de la campagne vinrent à Jésus, et trouvèrent les possédés assis à Ses pieds. Au comble de l’épouvante, toute la multitude des Géraséniens supplia le Seigneur de S’éloigner. Comme Jésus remontait dans la barque, l’un des possédés qui avaient été guéris Le supplia de l’admettre avec Lui. Jésus S’y refusa et le renvoya en disant: « Retourne en ta maison, et raconte aux tiens ce que Dieu a fait, et comme Il t’a pris en pitié. » Cet homme s’en alla, et publia dans la Décapole le grand prodige que Dieu avait fait pour lui. Et tous étaient saisis d’admiration.
GUÉRISON D’UN PARALYTIQUE
Sur la rive opposée, une foule immense attendait Jésus. Dès qu’Il fut de retour, elle L’entoura et continua de Le suivre le long du Lac. Quelques jours après, Il revint en Sa ville de Capharnaüm. Dès qu’on l’apprit, la multitude accourut, si nombreuse, que ni la maison, ni l’espace qui se trouvait devant la porte ne pouvaient la contenir. Jésus était assis et enseignait. Des Pharisiens et des Docteurs de la Loi occupaient des sièges près de Lui; ils étaient venus de Jérusalem et de toutes les bourgades de la Galilée et de la Judée. La vertu du Seigneur était là pour guérir. Voilà que, sur ces entrefaites, arrivent quatre hommes portant un paralytique couché sur un grabat. Ils cherchent d’abord à entrer, pour le déposer devant Jésus; mais ne pouvant point y réussir à cause de la foule, ils montent sur le toit, le découvrent, au-dessus de l’endroit où Il se trouvait, et, par l’ouverture qu’ils avaient faite, ils descendent le paralytique couché sur son grabat et le déposent aux pieds de Jésus. Voyant leur foi, Jésus dit au paralytique: « Aie confiance, Mon fils! tes péchés te sont remis. » Or les Scribes et les Pharisiens pensaient en eux-mêmes: « Quel est Celui-ci?... que dit-Il?... Il blasphème!... qui donc peut remettre les péchés, sinon Dieu seul? » Jésus pénétra leurs pensées: « Pourquoi, leur dit-Il, pensez-vous ainsi le mal au fond de votre coeur! Lequel est plus facile de dire à un paralytique: « Tes péchés te sont remis », ou de lui dire: « Lève-toi, prends ton grabat et marche? » Eh bien! pour que vous sachiez que le Fils de l’Homme a le pouvoir ici-bas de remettre les péchés S’adressant alors au paralytique: « Je te l’ordonne, lève-toi, prends ton grabat et retourne en ta maison! » Aussitôt, le malade se leva, prit le grabat où il était couché, et, sous les yeux de tous, il s’en alla chez lui, glorifiant Dieu. Saisie de crainte et d’admiration, la multitude louait Dieu d’avoir donné aux hommes une telle puissance; et chacun répétait avec étonnement: « Aujourd’hui, nous avons été témoins de merveilles. Jamais on n’a rien vu de semblable! »
VOCATION DE MATTHIEU
RÉPONSE DE JÉSUS AUX PHARISIENS ET AUX DISCIPLES DE JEAN
Jésus sortit et S’en alla de nouveau sur le bord du Lac. Tout le peuple accourait à Lui, et Il l’enseignait. En passant, Il vit, assis à son bureau de péage, un publicain, nommé Matthieu ou Lévi, fils d’Alphée. Il lui dit: « Suis-Moi! » Matthieu, abandonnant tout, se leva et Le suivit. Quelques jours après, il donna au Seigneur et à Ses Disciples un grand repas dans sa maison. Jésus, accompagné de Ses Disciples, Se trouva entouré d’un nombre considérable de convives, parmi lesquels beaucoup de publicains et de pécheurs. Déjà plusieurs d’entre eux s’étaient attachés à Lui. Voyant cela, les Scribes et les Pharisiens murmurèrent et, après le repas, ils dirent aux Disciples qui se trouvaient avec Jésus au bord du Lac: « Pourquoi votre Maître et vous-mêmes mangez-vous et buvez-vous avec les publicains et les pécheurs? Jésus entendit ce reproche et répondit: « Le médecin n’est point pour les bien portants, mais pour les malades. Allez, et apprenez ce que signifie cette parole: « Je veux la miséricorde, et non le sacrifie. » Je ne suis pas venu appeler les justes à la conversion, mais les pécheurs. » Il y avait là aussi des Disciples de Jean, adonnés au jeûne. A leur tour ils s’approchèrent: « Nous et les Pharisiens, dirent-ils, nous jeûnons souvent et multiplions les prières. Pourquoi Vos Disciples ne jeûnent-ils point, mais mangent et boivent? » - « Les fils et les amis de l’Époux, répondit Jésus, peuvent-ils jeûner au banquet nuptial, et pleurer quand l’Époux est avec eux? Non! Tant que l’Époux est avec eux, ils ne le peuvent pas. Viendront des jours où l’Époux leur sera enlevé: Alors ce sera pour eux le moment de jeûner. » Il recourut encore à cette comparaison: « Nul ne va prendre une pièce à un vêtement neuf, pour la coudre à un vêtement vieux. Ce serait à la fois déchirer le vêtement neuf et faire une plus grande déchirure au vêtement vieux, qui serait emporté par le drap neuf. - On ne met pas non plus le vin nouveau dans de vieilles outres, sinon le vin les fait éclater, il se répand, et les outres sont perdues. Mais on met le vin nouveau dans des outres neuves et tous deux se conservent. Personne, venant de boire du vin vieux, n’en veut aussitôt du nouveau; mais il dit: « Le vieux est meilleur. »
L'HÉMORROÏSSE, LA FILLE DE JAÏRE,
PLUSIEURS GUÉRISONS
Jésus parlait encore, lorsqu’un chef de la synagogue, nommé Jaïre, vint se jeter à Ses pieds et L’adorant, il Lui adressa la plus instante prière: « Ma fille se meurt, disait-il, peut-être même est-elle déjà morte; mais venez, étendez Votre main sur elle, et elle sera guérie, ou même si elle est morte, elle vivra! » Jésus Se leva et le suivit, accompagné de Ses Disciples. Une foule immense se pressait sur Ses pas, Le serrant de tous côtés. Or, dans cette foule se trouvait une femme, affligée depuis douze années d’un flux de sang. Elle avait beaucoup souffert des traitements d’un grand nombre de médecins et avait ainsi dépensé toute sa fortune, sans obtenir ni guérison, ni soulagement. Sa maladie, au contraire, n’avait fait qu’empirer. Ayant appris que Jésus passait, elle s’était mêlée à la foule et marchait derrière Lui. Elle se disait: « Si je puis seulement toucher Son vêtement, je serai sauvée. » Elle toucha la frange de Son vêtement, et aussitôt le sang s’arrêta, la source en fut desséchée et elle sentit en elle-même qu’elle était guérie de son infirmité. Au même instant, Jésus connaissant qu’une vertu était sortie de Lui, Se retourna vers la foule: « Qui a touché Mes vêtements? dit-Il. Qui M’a touché? » Comme tous s’en défendaient, Pierre et ses compagnons Lui dirent: « Maître, Vous le voyez bien, la foule Vous presse et Vous accable; et Vous dites: « Qui M’a touché? » Et Il regardait tout autour de Lui, puis fixait les yeux sur cette femme.
Ne pouvant plus se dérober, et toute saisie de ce qui venait de se produire en elle, elle se jette confuse et tremblante aux pieds de Jésus, et, sans nul détour, elle déclare devant tout le monde pourquoi elle L’a touché, et comment, à l’instant même, elle a été guérie. « Aie confiance! Ma fille, lui dit Jésus, ta foi t’a sauvée. Va en paix, et sois guérie à jamais de ton infirmité. » Il venait de prononcer ces paroles, quand on vint dire au chef de la synagogue: « Votre fille est morte! pourquoi importuner encore le Maître? » Jésus, ayant entendu cette parole, dit au père: « Ne crains pas! crois seulement, et elle sera sauvée. » Arrivé à la maison, Il ne permit à personne de Le suivre sinon à Pierre, à Jacques et à Jean, frère de Jacques. Or il y avait là une troupe bruyante et confuse de joueurs d’instruments et de gens qui pleuraient et poussaient de grands cris. « Pourquoi tout ce trouble et ces pleurs? dit-Il. Ne vous affligez plus et retirez-vous. Cette jeune fille n’est pas morte, mais elle dort. » Mais Jésus fit sortir tout le monde et garda seulement avec lui le père et la mère de l’enfant, ainsi que Ses trois Disciples; puis Il entra dans la chambre où la jeune fille était gisante. La prenant par la main, Il dit d’une voix forte: « Talitha cumi! »
Ce qui signifie: « Jeune fille! Je te l’ordonne, lève-toi! » Et soudain la vie revint en elle, elle se leva et marcha, et Jésus voulut qu’on lui servît à manger. Le père et la mère de la jeune fille étaient au comble de la joie et de l’étonnement. C’était leur fille unique; elle n’avait que douze ans. Il leur défendit expressément de raconter à personne ce qui s’était passé. Mais le bruit s’en répandit dans toute la contrée. Jésus étant sorti, deux aveugles s’attachèrent à Ses pas en criant: « Fils de David, ayez pitié de nous! »
Jésus poursuivit Son chemin jusqu’à Sa demeure: « Coyez-vous que Je puisse le faire? » - « Oui, Seigneur! » s’écrièrent-ils. Il toucha leurs yeux, disant:
« Qu’il vous soit fait selon votre foi! » Et leurs yeux s’ouvrirent. « Prenez garde que personne ne le sache, » leur dit-Il avec menace. Mais dès qu’ils furent sortis, ils publièrent partout ce qui venait de leur arriver. A peine s’étaient-ils éloignés, qu’on Lui présenta un homme muet, possédé du démon. Il chassa le démon, et le muet parla. Le peuple s’écriait enthousiasmé: « Jamais rien de semblable ne s’est vu dans Israël? » Mais les Pharisiens disaient: « C’est par le prince des démons, qu’Il chasse les démons. »
2 èmE ANNÉE DE VIE PUBLIQUE
Guérison du paralytique de la piscine Jésus affirme sa divinité
La fête des Juifs était proche. Jésus monta à Jérusalem. Dans cette ville se trouvait la Piscine probatique, appelée en hébreu: Bethsaïda. Elle était entourée de cinq portiques, sous lesquels gisait une foule pressée d’infirmes, d’aveugles, de boiteux, de paralytiques, attendant tous le mouvement de l’eau.
A certains moments, l’Ange du Seigneur descendait dans la piscine et l’eau s’agitait. Celui qui le premier y entrait, après le mouvement de l’eau, était guéri de son infirmité, quellequ’elle fût. Or, il y avait là un homme qui était infirme depuis trente-huit ans. L’ayant aperçu gisant sur son lit, et sachant qu’il
souffrait depuis si longtemps, Jésus lui demanda: « Veux-tu être guéri? » - « Seigneur, lui répondit le malade, quand l’eau s’agite, je n’ai point d’homme qui me jette dans la Piscine. Tandis que j’y vais, un autre y descend avant moi. - « Lève-toi, lui dit Jésus, prends ton lit, et marche! » A l’instant cet homme fut guéri; il prit son lit et se mit à marcher. Mais, comme c’était un jour de sabbat, les Juifs lui dirent: « C’est le sabbat; il ne t’est point permis d’emporter ton lit. »
Il répondit: « Celui qui m’a guéri m’a dit: « Emporte ton lit, et marche! » - « Quel homme a pu te dire: « Emporte ton lit, et marche? » lui demandèrent-ils. Mais le malade qui venait d’être guéri ne le savait pas, car Jésus s’était retiré de la foule assemblée en ce lieu. Peu après, Jésus le rencontra dans le Temple et lui dit: « Voilà que tu es guéri. Désormais ne pèche plus, de peur qu’il ne t’arrive quelque chose de pire. » Cet homme sortit, et annonça aux Juifs que c’était Jésus qui l’avait guéri.
Les Juifs entreprirent de persécuter Jésus, parce qu’Il avait agi de la sorte le jour du sabbat. Il leur dit: « Mon Père ne cesse d’agir, J’agis de même! » Là-dessus, ils n’en cherchèrent que davantage à Le faire mourir, non seulement parce qu’Il violait le sabbat, mais surtout parce qu’Il affirmait que Dieu était Son Père, Se faisant ainsi l’égal de Dieu. C’est pourquoi Jésus poursuivit: « En vérité, en vérité, Je vous le dis: le Fils, de Lui-même, ne peut rien faire qu’Il ne l’ait vu faire par le Père. Tout ce que le Père fait, le Fils le fait pareillement. Car le Père aime le Fils et Lui montre tout ce qu’Il fait. Et Il Lui montrera des œuvres encore plus grandes, en sorte que vous serez dans l’admiration. Ainsi que le Père ressuscite les morts et leur donne la vie; de même le Fils donne la vie à qui Il veut. Pourtant le Père ne juge personne; mais Il a remis tout jugement au Fils, afin que tous honorent le Fils, comme ils honorent le Père. Et celui qui n’honore point le Fils, n’honore point le Père, qui L’a envoyé. En vérité, en vérité, Je vous le dis, qui écoute Ma parole et croit en Celui qui M’a envoyé, possède la vie éternelle. Pour lui, il n’y a point de jugement: il est déjà passé de la mort à la vie. « En vérité, en vérité, Je vous le dis, l’heure arrive, et déjà même elle est venue, où les morts entendront la voix du Fils de Dieu, et ceux qui l’auront entendue, vivront. « Comme le Père a la vie en Lui-même, ainsi Il a donné au Fils d’avoir la vie en Lui-même. Et Il Lui a donné la puissance de juger, parce qu’Il est le Fils de l’Homme. Ne vous en étonnez pas, car l’heure vient où tous ceux qui sont dans les sépulcres, entendront la voix du Fils de Dieu. Et ceux qui auront fait le bien, en sortiront pour ressusciter à la vie; ceux, au contraire, qui auront fait le mal, ressusciteront pour la damnation. Toutefois, de Moi-même, Je ne puis rien faire. Selon que J’entends, Je juge: et Mon jugement est juste, parce que Je ne cherche point Ma volonté, mais la volonté de Celui qui M’a envoyé. S’il n’y avait que Moi pour rendre témoignage de Moi- même, Mon témoignage ne serait pas irrécusable. Mais il en est un autre qui rend témoignage de Moi, et Je sais que Son témoignage est vrai. Vous avez envoyé vers Jean, et il a rendu témoignage à la vérité. Pour Moi, Je n’ai pas besoin du témoignage d’un homme. Si Je vous en ai parlé, c’est afin de vous sauver. Jean était une lampe ardente et brillante, et un moment, vous avez voulu tressaillir à sa clarté. Quant à Moi, J’ai un témoignage supérieur à celui de Jean. Ce sont les œuvres que le Père M’a donné d’accomplir. Ces œuvres, que Je fais, témoignent que le Père M’a envoyé. Le Père Lui-même, qui M’a envoyé, rend témoignage de Moi. Vous n’avez jamais entendu Sa voix, ni contemplé Sa gloire. Sa parole ne demeure pas en vous, puisque vous ne croyez pas à Celui qu’Il a envoyé. Scrutez les Écritures, où vous pensez trouver la vie éternelle. Elles aussi rendent témoignage de Moi. Et vous ne voulez pas venir à Moi, pour avoir la vie! Ce n’est point des hommes, que Je reçois Ma gloire. Mais Je vous connais, et Je sais que vous n’avez point l’amour de Dieu en vous. Je suis venu au Nom de Mon Père, et vous Me rejetez! Qu’un autre vienne en son propre nom, vous le recevrez. Comment pourriez-vous croire, vous qui tirez votre gloire les uns des autres et ne cherchez point la gloire qui vient de Dieu seul? Ne pensez pas que ce soit Moi qui vous accuserai auprès du Père. Votre accusateur sera Moïse lui-même, en qui vous espérez. Si vous croyiez à Moïse, peut-être aussi croiriez-vous en Moi, car il a écrit de Moi. Mais si vous ne croyez point à ses écrits, comment croirez-vous à Mes paroles. »
LES ÉPIS FROISSÉS.
LA MAIN DESSÉCHÉE
NOMBREUX MIRACLES
Le jour du sabbat, qui suivit la Pâque, Jésus traversait des champs de blé. Pressés par la faim, Ses Disciples entrèrent dans les moissons, cueillirent des épis, les froissèrent dans leurs mains et en mangèrent. Des Pharisiens l’ayant remarqué: « Pourquoi, leur dirent-ils, faites-vous ce qu’il n’est point permis de faire les jours de sabbat? » Et s’adressant à Jésus: « Voilà que Vos Disciples violent le sabbat? » Il leur répondit: « N’avez-vous jamais lu ce que fit David, lorsqu’il était dans le besoin et qu’il avait faim, lui et ceux qui l’accompagnaient? Il entra dans la Maison de Dieu, sous le Grand-Prêtre Abiathar, et prit les pains de proposition que les prêtres seuls ont le droit de manger. Il en mangea et en donna à ceux de sa suite. N’avez-vous pas lu encore, dans la Loi, que les jours de sabbat, les prêtres enfreignent le repos sacré dans le Temple, et ne pèchent point? « Or, Je vous le déclare, il y a, ici, quelqu’un de plus grand que le Temple. « Si vous compreniez seulement ces paroles: « Je veux la miséricorde et non le sacrifice », vous n’auriez jamais condamné des innocents. » Il ajouta: « Le sabbat a été fait pour l’homme, et non l’homme pour le sabbat. Et d’ailleurs, le Fils de l’Homme est le Maître, même du sabbat. »
Il quitta ce lieu et, à l’un des sabbats suivants, Il entra dans une synagogue, pour y enseigner. Là, se trouvait un homme, dont la main droite était desséchée. Des Scribes et des Pharisiens, avides de trouver un prétexte pour accuser Jésus, étaient en observation pour voir s’Il guérirait cet homme. Jésus, pénétrant leurs pensées, dit à l’infirme: « Lève-toi, et tiens-toi là, debout. » Il se leva et se tint debout au milieu de l’assemblée. Les Pharisiens se récrièrent: « Est-ce qu’il est permis de guérir un jour de sabbat? » - « Et Moi, répliqua Jésus, Je vous demande s’il est permis, au jour du sabbat, de faire le bien ou le mal? de sauver la vie ou de la perdre? » Il poursuivit: « Qui d’entre vous, ayant une brebis tombée dans un fossé, le jour du sabbat, n’ira la prendre pour la retirer? Combien pourtant un homme l’emporte sur une brebis! Donc il est permis de faire du bien le jour du sabbat. » Et, comme ils se taisaient, Jésus promena sur eux un regard indigné; il avait l’âme navrée d’un tel aveuglement de coeur. Puis S’adressant à l’infirme: « Étends la main! » lui dit-Il. Il l’étendit, et sa main redevint aussi saine que l’autre. Outrés de dépit, les Pharisiens se demandaient les uns aux autres, comment ils en finiraient avec Jésus. Sortis de là, ils allèrent se concerter avec les Hérodiens sur les moyens de Le perdre. Mais Jésus, connaissant leurs desseins, S’éloigna de cette contrée et Se retira sur les bords du Lac avec Ses Disciples.
Il guérissait tous les malades; tous ceux qui souffraient de quelque infirmité se précipitaient sur Lui pour Le toucher. Dès qu’ils Le voyaient, les esprits immondes tombaient à Ses pieds, jetant de grands cris et disant: « Vous êtes le Fils de Dieu! » Et Il leur défendait avec grandes menaces de Le découvrir, de même qu’Il imposait le silence à tous les malades qu’Il avait guéris.
Il était entouré d’une grande multitude de peuple, venue de Galilée et de Judée, de Jérusalem, de l’Idumée, des pays au delà du Jourdain. Des troupes nombreuses étaient même accourues des provinces de Tyr et de Sidon, au bruit des merveilles qu’Il opérait. Aussi demanda-t-Il à Ses disciples de mettre une barque à Sa disposition, pour ne pas être écrasé par la foule. Ainsi s’accomplissait l’oracle du Prophète Isaïe: « Voici Mon Enfant, Celui que J’ai choisi, Mon Bien-aimé, en qui Mon âme S’est complue. Sur Lui, Je mettrai Mon Esprit, et Il annoncera la justice aux nations. Il ne disputera point, ne criera point, et personne n’entendra Sa voix sur les places publiques. Il n’achèvera point de rompre le roseau à demi brisé, et n’éteindra point la mèche encore fumante, jusqu’à ce qu’Il ait fait triompher la justice. Et les peuples espéreront en Son Nom. »
Élection des apôtres
Se dérobant à la foule, Jésus Se retira sur une montagne pour prier. Il passa toute la nuit à S’entretenir avec Dieu. Quand il fut jour, Il appela Ses Disciples, et choisit parmi eux ceux que Lui-même voulut, et ils vinrent à Lui. Il en prit douze pour les garder près de Lui et pour les envoyer prêcher. Il les nomma Apôtres et leur donna le pouvoir de guérir les malades et de chasser les démons. Voici les noms des Douze: Le premier, Simon, que Jésus appela Pierre, et André son frère; Jacques et Jean, fils de Zébédée, qu’Il surnomma Boarnergès, c’est-à-dire les fils du tonnerre. Philippe et Barthélemy; Matthieu et Thomas; Les fils d’Alphée, Jacques et Jude, appelé aussi Thaddée; Simon de Cana, qu’on nomme le Zélé; Et Judas Iscariote, celui qui Le trahit.
SERMON SUR LA MONTAGNE
Jésus descendit avec Ses Apôtres du sommet de la montagne, et S’arrêta sur un plateau inférieur et champêtre; Il était entouré de Ses Disciples et de multitudes innombrables, avides de L’entendre et de trouver auprès de Lui la guérison de leurs infirmités. Ces foules immenses étaient accourues de toute la Judée, de Jérusalem, des bords de la mer et même de Tyr et de Sidon. Et tous cherchaient à Le toucher, parce qu’une vertu sortait de Lui. Il les guérissait tous; ceux qui étaient tourmentés d’esprits immondes étaient délivrés. Remontant ensuite vers le haut de la montagne, Il S’assit, ayant autour de Lui Ses Disciples, et, levant les yeux sur eux, Il ouvrit la bouche pour les instruire et parla ainsi:
I. – LES BÉATITUDES
(Saint Matthieu, V, 3-12; Saint Luc, VI, 20-23, 40.)«Bienheureux ceux qui ont l’esprit de pauvreté parce que le Royaume des cieux est à eux!
« Bienheureux ceux qui sont doux, car ils posséderont la terre!
Bienheureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés!
Bienheureux ceux qui ont faim et soif de la Justice, parce qu’ils seront rassasiés!
Oui, vous qui pleurez maintenant, vous êtes bienheureux, car vous serez dans la joie; et vous qui maintenant êtes affamés, vous êtes bienheureux, car vous serez rassasiés.
Bienheureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde!
Bienheureux les coeurs purs, car ils verront Dieu!
Bienheureux les pacifiques, car ils seront appelés enfants de Dieu!
Bienheureux ceux qui souffrent persécution pour la Justice, parce que le Royaume des cieux est à eux!
Vous serez heureux lorsque les hommes vous haïront, vous maudiront et vous persécuteront, lorsqu’ils vous sépareront de leur société, et qu’ils vous chargeront d’opprobres, lorsqu’ils proscriront votre nom comme funeste à cause du Fils de l’Homme, et qu’ils diront mensongèrement toute sorte de mal contre vous à cause de Moi. Réjouissez-vous, en ce jour, et tressaillez de joie! Car votre récompense sera grande dans les cieux. C’est ainsi que leurs pères ont persécuté les Prophètes qui furent avant vous. Le Disciple n’est pas au-dessus du Maître. Quiconque ressemblera au Maître sera parfait. »
II. – LES MALÉDICTIONS
«Malheur à vous, riches, parce que vous avez dès maintenant votre consolation!
«Malheur à vous, qui êtes rassasiés, car vous aurez faim!
«Malheur à vous, qui riez maintenant, parce que vous gémirez et vous pleurerez un jour!
«Malheur à vous, quand les hommes vous loueront, car autrefois leurs pères traitaient ainsi les faux prophètes!
III. – LES APÔTRES, SEL DE LA TERRE, LUMIÈRE DU MONDE
«Vous êtes le Sel de la terre. Si le sel s’affadit, avec quoi lui rendra-t-on sa saveur? Il n’est plus bon à rien, sinon à être jeté dehors, et foulé aux pieds des passants.
«Vous êtes la Lumière du monde. La ville bâtie sur le sommet d’une montagne ne peut être cachée. Et l’on n’allume point la lampe pour la mettre sous un boisseau, ou sous un lit, ou dans un endroit caché, mais on la met sur le chandelier, afin qu’elle éclaire tous ceux qui sont dans la maison et qu’elle soit aperçue de ceux qui entrent.
«C’est ainsi que votre lumière doit briller devant les hommes, afin qu’ils voient vos bonnes œuvres, et qu’ils glorifient votre Père qui est dans les cieux.
«Un aveugle peut-il conduire un autre aveugle! Ne tomberont-ils pas l’un et l’autre dans le fossé?
IV. – COMMENT IL FAUT ACCOMPLIR LA LOI
«Ne pensez pas que Je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes. Je ne suis point venu abolir, mais compléter. «Oui! Je vous le déclare en vérité: Jusqu’à ce que passent le ciel et la terre, toute la Loi sera accomplie, sans en omettre un seul iota ni un seul point. «Celui donc qui transgressera l’un de ces moindres commandements et enseignera aux hommes à faire comme lui, sera le dernier dans le Royaume des cieux. Celui, au contraire, qui accomplira la Loi et l’enseignera sera grand dans le Royaume des cieux. «Gardez-vous pourtant de donner aux chiens ce qui est saint, et de jeter vos perles devant les pourceaux, de peur qu’ils ne les foulent aux pieds, et que, se tournant contre vous, ils ne vous déchirent.
V QU’IL FAUT ÉVITER LA COLÈRE ET LA RANCUNE ET PRATIQUER LA CHARITÉ DANS SON COEUR, DANS SES PAROLES, DANS SES ACTES ET DANS SES JUGEMENTS
(Saint Matthieu, V, 20-26; Saint Luc, XII, 58-59.)
«Je vous le dis en vérité: Si votre justice ne l’emporte sur celle des Scribes et des Pharisiens, vous n’entrerez pas dans le Royaume des cieux. «Vous avez appris qu’il a été dit aux anciens: «Tu ne tueras point; celui qui tuera sera traduit devant le tribunal du Jugement.» - Et Moi Je vous dis: Quiconque s’irrite contre son frère, sera déféré au Tribunal du Jugement; quiconque traitera son frère de RACA, comparaîtra devant le Conseil; et celui qui l’appellera FOU, méritera la Géhenne du feu. «Si donc vous présentez votre offrande à l’autel, et que là, vous vous souveniez que votre frère a quelque grief contre vous, laissez votre offrande devant l’autel, et allez d’abord vous réconcilier avec votre frère. Alors seulement vous pourrez venir présenter votre offrande. «Ne tardez nullement à vous accorder avec votre adversaire, tandis que vous cheminez avec lui, de peur que votre adversaire ne vous livre au juge, que le juge ne vous livre à l’exécuteur et que vous ne soyez jeté en prison. Je vous le déclare en vérité, vous n’en sortirez point que vous n’ayez payé jusqu’à la dernière obole.
(Saint Matthieu, V, 38-48; VII, 12; Saint Luc, VI, 29-36.)
«Vous avez appris qu’il a été dit: «Oeil pour oeil et dent pour dent.» - Et Moi Je vous dis: Ne résistez pas au méchant. Si quelqu’un vous frappe sur la joue droite, présentez-lui encore la gauche. Si quelqu’un prétend vous citer en justice pour vous enlever votre tunique, abandonnez-lui encore votre manteau. Si quelqu’un veut vous contraindre à faire avec lui mille pas, faites-en deux autre mille. «Donnez à quiconque vous demande, et ne vous détournez pas de celui qui veut vous emprunter. Ce qu’on vous ravit ne le réclamez point. «Ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le pour eux pareillement. «Vous avez appris qu’il a été dit: «Vous aimerez votre prochain, et vous haïrez votre ennemi.» - Et Moi Je vous dis: Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent, bénissez ceux qui vous accablent de malédictions, et priez pour ceux qui vous persécutent et vous calomnient. «Si vous aimez ceux qui vous aiment, quel est votre mérite, et quelle peut être votre récompense? Est-ce que les Publicains et les pécheurs n’aiment pas aussi ceux qui les aiment? «Et si vous ne faites du bien qu’à ceux qui vous en font, que vous doit-on pour cela? Est-ce que les pécheurs n’en font pas autant? «Et si vous ne saluez que vos frères, que faites-vous de plus que les autres? Est-ce que les païens ne le font pas? «Et si vous ne prêtez qu’à ceux de qui vous espérez recevoir, quel mérite avez-vous? Les pécheurs aussi prêtent, afin qu’on leur prête également. «Ainsi donc, aimez vos ennemis, faites du bien et prêtez sans en rien espérer, et votre récompense sera grande, et vous serez les fils du Très-Haut qui est bon, même pour les ingrats et les méchants, qui fait lever Son soleil et descendre la pluie sur tous, sur les bons et sur les méchants, sur les justes et sur lesinjustes. «Soyez donc miséricordieux, comme votre Père est miséricordieux!
«Soyez donc parfaits, comme votre Père est parfait!
(Saint Matthieu, VII, 1-5, 12; Saint Luc, VI, 37-38, 41-42.)
«Ne jugez point, et vous ne serez point jugés. Ne condamnez point, et vous ne serez point condamnés. Pardonnez et il vous sera pardonné. Vous serez jugés comme vous aurez jugé. On se servira pour vous de la mesure dont vous vous serez servis pour les autres. «Pourquoi voyez-vous une paille dans l’oeil de votre frère, et ne voyez-vous pas la poutre qui est dans votre oeil? Pourquoi dites-vous à votre frère: «Laisse-moi enlever la paille qui est dans ton oeil,» tandis que vous avez une poutre dans le vôtre? Hypocrite! enlève d’abord la poutre de ton oeil, et ensuite tu penseras à ôter la paille qui est dans l’oeil de ton frère. «Tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le pour eux. C’est la Loi et les Prophètes.
VI. – CHASTETÉ, FUITE DES OCCASIONS INDISSOLUBILITÉ DU MARIAGE
(S. Matthieu, V, 27-32; S. Luc, XVI, 18)
«Vous avez appris qu’il a été dit aux anciens: «Vous ne commettrez point d’adultère.» Et Moi Je vous dis: Quiconque regarde une femme avec concupiscence a déjà commis l’adultère dans son coeur. «Si donc votre oeil droit vous est une occasion de chute, arrachez-le et jetez-le loin de vous! car il vaut mieux, pour vous, perdre l’un de vos membres, qu’être jeté tout entier dans la Géhenne. Et si votre main droite vous est une occasion de chute, coupez-la et jetez-la loin de vous! Il vaut mieux, pour vous, qu’un de vos membres périsse, que de voir votre corps tout entier dans la Géhenne. Il a été dit: «Si quelqu’un renvoie sa femme, il lui donnera un écrit de répudiation.» - Et Moi Je vous dis: Quiconque se sépare de sa femme, hors le cas d’infidélité, la rend adultère; et, même en ce cas, il est adultère s’il en épouse une autre; et quiconque épouse la femme renvoyée, commet un adultère.
VII. – PARJURE
(Saint Matthieu, V, 33-37.)
«Vous avez encore appris qu’il a été dit aux anciens: «Vous ne parjurerez point, mais vous accomplirez vos serments faits devant Dieu.» - Et Moi Je vous dis: Ne faites point de serment; ni par le ciel, car c’est le trône de Dieu; ni par la terre, car c’est l’escabeau de Ses pieds, ni par Jérusalem, car c’est la ville du Grand Roi. Vous ne jurerez point non plus par votre tête, car vous ne pouvez rendre un de vos cheveux blanc ou noir. Dites simplement: «Cela est, - cela n’est pas.» Tout ce que l’on ajoute vient du Mauvais.
VIII. – AUMÔNE
(Saint Matthieu, VI, 1-4; Saint Luc, VI, 38.)
«Prenez garde de faire vos bonnes œuvres devant les hommes, pour en être remarqués; autrement vous ne recevrez pas de récompense de votre Père qui est dans les cieux. «Lors donc que vous faites l’aumône, ne sonnez pas de la trompette devant vous, comme font les hypocrites, dans les synagogues et dans les rues, afin d’être honorés des hommes. En vérité, Je vous le déclare: ils ont reçu leur récompense. «Pour vous, quand vous faites l’aumône, que votre main gauche ignore ce que fait votre droite, afin que votre aumône reste dans le secret. Et votre Père qui voit dans le secret vous le rendra. «Donnez et l’on vous donnera: on versera dans votre sein une bonne mesure, pressée et entassée et se répandant par- dessus les bords.
IX. – PRIÈRE
(Saint Matthieu, VI, 5-15; VII, 7-11; Saint Luc, XI, 9-13.)
«De même, lorsque vous prierez, ne ressemblez point à ces hypocrites, qui aiment à prier debout dans les synagogues et dans les angles des places publiques, afin d’être remarqués de tout le monde. En vérité, Je vous le déclare: ils ont reçus leur récompense. «Pour vous, quand vous voudrez prier, entrez dans votre chambre, fermez la porte et priez votre Père en secret; et votre Père, qui voit dans le secret, vous le rendra. «En priant, ne multipliez pas les paroles comme le font les païens, qui s’imaginent être exaucés à force de paroles. Ne leur ressemblez point, car votre Père sait ce dont vous avez besoin, avant même que vous ne L’imploriez. «Demandez, et il vous sera donné. Cherchez, et vous trouverez. Frappez, et il vous sera ouvert. Qui demande, reçoit; qui cherche, trouve; et on ouvre à celui qui frappe. «Si un enfant demande du pain à son père, qui d’entre vous lui donnera une pierre? ou s’il demande un poisson, qui lui donnera un serpent? ou s’il demande un oeuf, qui lui donnera un scorpion? «Si donc vous, bien que mauvais, vous savez donner à vos enfants des choses bonnes, combien plus votre Père, qui est dans les cieux, vous donnera-t-Il ce qui est bon, et surtout le bon esprit, quand vous le Lui demanderez. «Or, vous prierez ainsi: « Notre Père, qui êtes aux cieux, que Votre Nom soit sanctifié! Que Votre règne arrive! Que Votre volonté soit faite sur la terre comme au ciel! Donnez-nous aujourd’hui notre pain quotidien! Pardonnez-nous nos offenses, comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés! Et ne nous laissez pas succomber à la tentation! Mais délivrez-nous du mal! Ainsi soit-il. «Car si vous remettez aux autres leurs offenses, votre Père céleste, à Son tour, vous remettra vos péchés. Mais si vous ne pardonnez pas aux autres, votre Père non plus, ne vous pardonnera pas vos péchés
X. – JEÛNE
(Saint Matthieu, VI, 16-18.)
«Quand vous jeûnez, ne vous rendez point tristes comme les hypocrites: ils exténuent leur visage pour que les hommes voient bien qu’ils jeûnent. En vérité, Je vous le dis: ils ont reçu leur récompense. «Pour vous, quand vous jeûnez, parfumez votre tête et lavez votre visage, afin que votre jeûne ne paraisse pas aux yeux des hommes, mais à ceux de votre Père pour qui rien n’est secret; et votre Père, qui voit dans le secret, vous le rendra.
XI. – LES VRAIS TRÉSORS
(Saint Matthieu, VI, 19-21; Saint Luc, XII, 33-34.)
«Ne vous amassez pas de trésors sur la terre, où la rouille et les vers les rongent, où les voleurs fouillent et dérobent. Vendez ce que vous avez et faites l’aumône. Préparez-vous des trésors dans le ciel, où la rouille et les vers ne rongent point, où les voleurs ne fouillent ni ne dérobent. «Car où se trouve votre trésor, là aussi sera votre cœur.
XII. – DROITURE D’INTENTION
(Saint Matthieu, VI, 22-23; Saint Luc, XI, 34-36.)
«L’œil est la lampe du corps. Si votre œil est pur, tout votre corps sera dans la lumière; si votre œil est vicié, tout votre corps sera dans les ténèbres. Mais si la lumière qui est en vous est ténèbres, combien profondes seront les ténèbres elles- mêmes! «Prenez donc bien garde que la lumière qui est en vous ne soit ténèbres. Si votre corps est entièrement dans la lumière, sans aucun mélange d’obscurité, tout sera lumineux en vous; vous serez éclairés comme par une lampe très brillante.
XIII. — UN SEUL MAÎTRE
(Saint Matthieu, VI, 24; Saint Luc, XVI, 13.)
«Nul ne peut servir deux maîtres: ou il aimera l’un et haïra l’autre; ou il sera docile à l’un et méprisera l’autre. Vous ne pouvez servir Dieu et Mammon.
XIV. — VAINE SOLLICITUDE
(Saint Matthieu, VI, 25-34; Saint Luc XII, 22-32.)
«Aussi Je vous le dis: Ne vous inquiétez point pour votre vie, si vous aurez de quoi manger; ni pour votre corps, comment vous vous vêtirez. La vie n’est-elle pas plus que la nourriture et le corps plus que le vêtement? «Regardez les oiseaux du ciel, ils ne sèment ni ne moissonnent, ni n’amassent dans les greniers; et votre Père céleste les nourrit. Ne valez-vous pas bien plus qu’eux? Qui de vous d’ailleurs, pourrait, avec tout le travail de son esprit, ajouter à sa taille une seule coudée? Si donc les moindres choses sont au-dessus de votre pouvoir, pourquoi vous tourmenter de tout le reste? «Et quant au vêtement, pourquoi vous en inquiéter? Considérez les lis des champs, comme ils croissent; ils ne travaillent ni ne filent. Or, Je vous le dis, Salomon, dans toute sa gloire, n’était pas vêtu comme l’un d’eux. Si donc l’herbe des champs qui est aujourd’hui, et qui demain sera jetée au four, est ainsi vêtue par Dieu, combien plus n’aura-t-il pas soin de vous, hommes de peu de foi? «Écartez donc toute inquiétude, et ne dites point: «Que mangerons-nous? Que boirons-nous? Avec quoi nous vêtirons- nous?» Les païens se préoccupent de toutes ces choses; mais pour vous, votre Père céleste sait que vous en avez besoin. «Cherchez donc, avant tout, le Royaume de Dieu et Sa Justice, et tout cela vous arrivera par surcroît. N’ayez pas souci du lendemain. Le lendemain aura souci de lui-même. A chaque jour suffit sa peine. «Petit troupeau, ne craignez point! c’est un Royaume qu’il a plu à votre Père de vous donner.
XV.— VOIE ÉTROITE
(Saint Matthieu, VII, 13-14.)
«Entrez par la porte étroite; parce que la porte large avec la voie spacieuse, est celle qui conduit à la perdition. Et ils sont nombreux, ceux qui passent par là. «Qu’elle est étroite la porte, et resserrée la voie qui conduit à la vie! Et qu’ils sont rares ceux qui la trouvent.
XVI. — FAUX PROPHÈTES, BONS PROPHÈTES
(S. Matthieu, VII, 15-20; S. Luc, VI, 43-45.)
«Gardez-vous des faux prophètes! Ils viennent à vous sous le vêtement de la brebis, et, au dedans, ce sont des loups ravisseurs. «Vous les connaîtrez à leurs fruits, comme c’est à son fruit que l’on connaît un arbre. Cueille-t-on du raisin sur des épines, ou des figues sur des ronces? Le bon arbre porte de bons fruits; le mauvais arbre, de mauvais fruits. Un bon arbre ne peut porter de mauvais fruits, ni un mauvais arbre de bons fruits. Or, tout arbre qui ne produit pas de bons fruits, sera coupé et jeté au feu. «Donc, c’est à leurs fruits que vous les connaîtrez. «Du bon trésor de son coeur, l’homme bon tire le bien; de son mauvais trésor, l’homme mauvais tire le mal. Car la bouche parle de l’abondance du coeur.
XVII. — LES OEUVRES D’ACCORD AVEC LA FOI
(S. Matthieu, VII, 21-29; S. Luc, VI, 46-49.)
Ils n’entreront pas tous dans le Royaume de cieux, ceux qui Me disent: «Seigneur! Seigneur!» Mais celui qui fait la volonté de Mon Père qui est au ciel, voilà celui qui entrera dans le Royaume des cieux. «Pourquoi donc M’appelez-vous: «Seigneur! Seigneur!» et ne faites-vous pas ce que Je dis? «Beaucoup Me diront, en ce jour-là: «Seigneur! Seigneur! n’avons-nous pas prophétisé en Votre Nom, chassé les démons en Votre Nom, accompli toutes sortes de merveilles en Votre Nom?» «Et Je leur répondrai, en présence de tous: «Jamais Je ne vous ai connus! Retirez-vous de Moi, ouvriers d’iniquité!» «Quiconque vient à Moi, écoute Mes paroles et les met en pratique, Je le compare à l’homme sage qui creuse des fondations profondes et bâtit sa maison sur le roc; la pluie tombe, les torrents débordent, les vents soufflent avec fureur sur cette maison: elle n’est pas ébranlée, parce que ses fondations reposent sur le roc. «Quiconque écoute Mes paroles et ne les met pas en pratique, Je le compare à un insensé qui bâtit sa maison sur le sable, sans fondations; la pluie tombe, les torrents débordent, les vents soufflent avec fureur et se déchaînent sur cette maison: elle s’écroule, ce n’est plus qu’un énorme monceau de ruines.» Quand Jésus eut achevé de parler, les foules étaient émerveillées de Sa Doctrine, parce qu’Il instruisait comme ayant l’autorité, et non à la manière des Scribes et des Pharisiens.
GUÉRISON DU LÉPREUX
ET DU SERVITEUR DU CENTURION
Ensuite Jésus descendit de la montagne, et Il fut suivi d’une multitude immense. Et voilà que près d’une ville, un homme tout couvert de lèpre vint à Lui, fléchit les genoux, et L’adorant, le front dans la poussière: « Seigneur, dit-il, si Vous le voulez, Vous pouvez me purifier! » Étendant la main, Jésus le toucha: « Je le veux, sois purifié! » A l’instant, il fut guéri de sa lèpre et purifié. « Garde-toi, lui dit Jésus, d’en rien dira à personne. Mais va, montre-toi au prêtre et présente ton offrande, selon la prescription de Moïse. Que ce leur soit un témoignage! » Mais, à peine eut-il quitté le Seigneur, qu’il se mit à proclamer le prodige. La renommée de Jésus grandit à ce point, qu’Il ne pouvait plus paraître dans la ville. On venait de tous côtés pour L’entendre et Lui présenter des malades à guérir. De temps en temps, Jésus Se dérobait dans les campagnes désertes, et Il priait. Après avoir nourri le peuple de toutes Ses paroles Il rentra dans Capharnaüm. Or un Centurion avait un serviteur infirme auquel il tenait beaucoup, et qui allait mourir. Ayant entendu parler de Jésus, il Lui envoya quelques anciens d’entre les Juifs, pour Le prier de venir et de guérir son serviteur, les chargeant de Lui dire de sa part: « Seigneur, mon serviteur, frappé de paralysie, est gisant dans ma maison, et il souffre de violentes douleurs. » Les envoyés sollicitaient Jésus avec de grandes instances: « Il mérite bien, disaient-ils, que Vous lui accordiez cette faveur, car il aime notre nation et nous a même bâti une synagogue! » - « J’irai, et Je guérirai le malade », répondit Jésus. Et Il les suivit. Comme Il approchait de la maison, le centurion Lui envoya dire par ses amis: « Seigneur! ne prenez pas tant de peine! Je ne suis pas digne que Vous entriez sous mon toit. » Lui-même se présenta enfin et dit à Jésus: « Seigneur! je ne suis pas digne que Vous entriez sous mon toit! C’est pour cette raison, c’est parce que je ne me trouvais pas digne, que je ne me suis pas d’abord présenté moi-même à Vous. Mais dites seulement une parole, et mon serviteur sera guéri! « Car moi, bien que je ne sois qu’un homme, et encore un subalterne, j’ai des soldats sous mes ordres, et quand je dis à l’un: « Va! » il va; à un autre: « Viens! » il vient; et à mon serviteur: « Fais cela! » il le fait. » Ces paroles remplirent Jésus d’admiration. Se tournant vers ceux qui Le suivaient: « Je vous le déclare en vérité, S’écria-t-Il, Je n’ai pas trouvé tant de foi, même en Israël! C’est pourquoi Je vous dis que beaucoup viendront de l’Orient et de l’Occident et prendront place avec Abraham, Isaac et Jacob au festin du Royaume des cieux, tandis que les fils du Royaume seront rejetés dans les ténèbres extérieures. Là seront des pleurs et des grincements de dents. »Puis Il dit au Centurion:
« Va, et qu’il te soit fait selon que tu as cru! » A l’heure même, le serviteur fut guéri. Et, quand ceux qui avaient été envoyés revinrent à la maison, ils trouvèrent le malade en bonne santé.
Résurrection du fils unique
Quelque temps après, Jésus allait vers une ville appelée Naïm. Il était suivi de Ses Disciples et d’une foule nombreuse. Comme Il approchait d’une porte de la ville, on portait au tombeau un fils unique, et sa mère était veuve. Un grand nombre d’habitants l’accompagnaient. Dès que le Seigneur eut aperçu cette mère, Il fut ému de compassion sur elle: « Ne pleure plus! » lui dit-Il. Puis, S’approchant, Il toucha le cercueil. Les porteurs s’arrêtèrent. Alors Jésus éleva la voix: « Jeune homme, Je te le commande, lève-toi! » Le mort se redressa et se mit à parler. Et Jésus le rendit à sa mère. Tous furent saisis de crainte, et ils rendirent gloire à Dieu: « Un grand Prophète, s’écriaient-ils, s’est levé parmi nous; le Seigneur a visité Son peuple. » Le bruit de ce miracle se répandit dans toute la Judée et dans les pays d’alentour.
MESSAGE DE JEAN-BAPTISTE
Du fond de son cachot, Jean avait entendu parler des œuvres du Christ. Ses disciples le tenaient au courant de toutes ces choses. Il en choisit deux, et les envoya à Jésus avec ce message: « Êtes-Vous Celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre? » A l’heure même où les envoyés arrivèrent, Jésus guérissait de nombreux malades de leurs infirmités et de leurs plaies, Il délivrait les possédés et rendait la vue à beaucoup d’aveugles. S’approchant alors, ils Lui dirent: « Jean-Baptiste nous envoie vers Vous avec ce message: « Êtes-Vous Celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre? » Pour toute réponse: « Allez, dit Jésus, et rapportez à Jean ce que vous avez vu et entendu: les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent, les pauvres sont évangélisés. Et bienheureux celui qui ne sera point scandalisé de Moi. » Après le départ des envoyés, Jésus Se mit à parler de Jean à la multitude: « Qu’êtes-vous allés voir au désert? Un roseau agité du vent? Qu’êtes-vous encore allés voir? Un homme vêtu avec mollesse? Ceux qui se couvrent de vêtements somptueux et vivent dans les délices, habitent les palais des rois. Qu’êtes-vous donc allés voir? Un prophète? Oui, Je vous le dis, et plus qu’un Prophète! « C’est de lui qu’il est écrit: « Voilà que j’envoie Mon Ange devant ta face pour préparer le chemin devant toi. » Je vous le déclare en vérité: Parmi ceux qui sont nés de la femme, il n’est point de Prophète plus grand que Jean-Baptiste. Et toutefois, le moindre dans le Royaume des cieux est encore plus grand que lui. « Depuis les jours de Jean jusqu’aujourd’hui, le Royaume des cieux souffre violence, et les violents le ravissent. « C’est jusqu’à lui que les Prophètes et la Loi ont annoncé le Messie attendu. « Et si vous voulez recevoir Mon témoignage: Lui-même est Élie qui doit venir. Que celui-là entende, qui a des oreilles pour entendre. » A ces paroles, tout le peuple et les Publicains, qui avaient reçu le baptême de Jean, rendirent gloire à Dieu. Mais les Pharisiens et les Docteurs de la Loi, qui n’avaient point reçu ce baptême, méprisèrent les desseins de Dieu sur eux. C’est pourquoi le Seigneur reprit: « A qui donc comparerai-Je les hommes de cette génération? A qui ressemblent-ils? « Ils ressemblent aux enfants assis sur la place publique qui crient à leurs compagnons et se disent les uns aux autres: « Nous vous avons joué de la flûte, et vous n’avez pas dansé; nous avons fait entendre des chants lugubres, et vous n’avez pas pleuré. » « Jean-Baptiste est venu, ne mangeant pas de pain, et ne buvant pas de vin, et vous dites: « Il est possédé du démon. » « Le FIls de l’Homme est venu, mangeant et buvant et vous dites: « C’est un homme de bonne chère, qui aime le vin et qui est l’ami des Publicains et des pécheurs. » Mais la Sagesse a été justifiée par Ses enfants. »
LA PÉCHERESSE AUX PIEDS DE JÉSUS
En ce même temps, un Pharisien pria Jésus de venir chez lui prendre son repas. Jésus entra dans la maison de ce Pharisien et Se mit à table. Et voilà qu’une femme, connue dans la ville pour une pécheresse, ayant su que Jésus était à table chez le Pharisien, apporta un vase d’albâtre, rempli de parfum. Se tenant en arrière du Seigneur, à Ses pieds, elle se mit à les arroser de ses larmes, à les essuyer, avec ses cheveux, à les baiser et à les embaumer de parfum. Voyant cela, le Pharisien, qui avait invité Jésus, se disait en lui-même: « Si cet homme était un Prophète, Il saurait certainement quelle est cette femme qui Le touche, et ce qu’elle vaut; Il saurait que c’est une pécheresse. » Jésus alors, répondant à sa pensée: « Simon, J’ai quelque chose à te dire. » - « Parlez, Maître! » - « Un créancier avait deux débiteurs: l’un devait cinq cents deniers et l’autre cinquante. Comme ils n’avaient ni l’un ni l’autre de quoi s’acquitter, le créancier remit à tous deux ce qu’ils devaient. Lequel l’aime davantage? » - « Je pense, répondit Simon, que c’est celui qui a reçu la plus large remise. » - « Tu as bien jugé », répondit Jésus. Et, Se tournant vers la femme: « Tu vois cette femme? dit-Il à Simon. Je suis entré chez toi, et tu ne M’as pas versé d’eau sur les pieds; elle, au contraire, les a baignés de ses larmes et essuyés avec ses cheveux. Tu ne m’as point donné le baiser de l’hospitalité; mais elle, depuis qu’elle est entrée, ne cesse de Me baiser les pieds. Tu ne m’as pas versé d’huile parfumée sur la tête; mais elle, c’est sur Mes pieds qu’elle a répandu son parfum. « C’est pourquoi Je te le déclare: Beaucoup de péchés lui sont remis; aussi a-t-elle beaucoup aimé. Mais celui auquel on pardonne moins, aime moins. » Et Il dit à la femme: « Tes péchés te sont remis. » Or les convives se disaient entre eux: « Quel est donc Celui-ci qui va jusqu’à remettre les péchés? » Cependant Jésus dit à la femme: « Ta foi t’a sauvée. Va en paix! »
GUÉRISON D’UN POSSÉDÉ
AVEUGLE ET MUET
I.— LE MIRACLE
Jésus revint avec Ses Disciples à Capharnaüm. Il était à peine rentré dans Sa demeure, que la multitude L’entoura de nouveau, si nombreuse, qu’Il ne leur fut même pas possible de prendre quelque nourriture. Alors on Lui présenta un possédé aveugle et muet. Jésus chassa le démon et guérit cet homme, de sorte qu’il parlait et voyait. Saisie d’admiration la foule s’écriait: « N’est-ce point là le fils de David? »
II.—BLASPHÈMES DES PHARISIENS. RÉPLIQUE DE JÉSUS
Mais des Pharisiens et des Scribes, qui étaient venus de Jérusalem, disaient: « Il est Lui-même possédé de Béelzébub, et c’est par la puissance de ce prince des démons qu’Il chasse les démons. » Jésus, pénétrant leur pensée, leur dit de s’approcher, et, recourant à des comparaisons, Il leur répondit: « Tout royaume divisé contre lui-même sera détruit; et toute ville ou toute maison divisée contre elle-même tombera. « Comment Satan peut-il chasser Satan? Si Satan expulse Satan, (puisque, selon vous, c’est par Béelzébub que Je chasse les démons), il est divisé contre lui-même. S’il est divisé contre lui-même, comment son royaume subsistera-t-il? Il ne peut plus durer; il est à sa fin. « Et encore, si c’est par Béelzébub que Je chasse les démons, vos fils, par qui les chassent-ils? Aussi seront-ils eux-mêmes vos juges. « Mais si Je chasse les démons par l’Esprit et par la force de Dieu, c’est donc que le Royaume de Dieu est venu au milieu de vous! « Lorsque, les armes à la main, un homme fort garde l’entrée de sa maison, ce qu’il possède est en sûreté. Mais si un plus fort que lui survient, le dompte et le charge de chaînes, celui-là lui arrache les armes dans lesquelles il se confiait, brise tout ce qui lui appartient, disperse ses dépouilles et livre sa maison au pillage.
« Qui n’est pas pour Moi, est contre Moi; et qui ne recueille pas avec Moi, dissipe. »
Cependant, à la nouvelle de ce conflit, les Siens, voulant Le soustraire à la haine de Ses ennemis, étaient venus dans l’intention de L’emmener: « Il est hors de Lui », disaient-ils, pour L’excuser.
Sermon sur le péché contre
le Saint Esprit et signe de Jonas
Les Pharisiens avaient accusé Jésus d’être possédé d’un esprit immonde: « Je vous le déclare en vérité, répliqua-t-Il, tous les péchés et tous les blasphèmes, dont les enfants des hommes se seront rendus coupables, leur seront pardonnés. Et quiconque aura outragé le Fils de l’Homme obtiendra miséricorde. Mais pour qui aura blasphémé l’Esprit-Saint, il n’y aura jamais de rémission, ni en ce siècle, ni dans le siècle futur. Il restera coupable d’un crime éternel. « Ou reconnaissez que l’arbre est bon, puisque son fruit est bon; ou déclarez que l’arbre est mauvais, et son fruit pareillement. Car l’arbre se reconnaît à ses fruits. Engeance de vipères, comment pourriez-vous dire de bonnes choses, mauvais comme vous l’êtes! C’est en effet de l’abondance du coeur que parle la bouche. L’homme bon tire le bien du bon trésor de son coeur; mais l’homme mauvais ne tire de son mauvais trésor que le mal. « Je vous en avertis: au jour du jugement, les hommes rendront compte de toute parole oiseuse qu’ils auront prononcée. Par vos paroles, vous serez justifiés, et par vos paroles, vous serez condamnés. »
.LE SIGNE DE JONAS
Tandis que les foules accouraient, quelques-uns des Scribes et des Pharisiens vinrent Lui dire: « Maître, nous voulons de Vous un signe que nous voyions. »
- « Cette génération, répondit Jésus, est mauvaise et adultère. Elle demande un signe; mais il ne lui sera pas donné d’autre signe que celui du Prophète Jonas. De même que Jonas fut un signe pour les Ninivites, ainsi le Fils de l’Homme sera un signe pour cette génération: Jonas a été trois jours et trois nuits dans le ventre d’un poisson, ainsi le Fils de l’Homme sera trois jours et trois nuits dans le sein de la terre. « Au jugement, les Ninivites se lèveront contre cette génération et la condamneront; eux, du moins, ils ont fait pénitence à la voix de Jonas. Et il y a ici, plus que Jonas. « Au jugement, la Reine du Midi se lèvera contre les hommes de cette race et les condamnera; car elle vint des extrémités du monde, pour écouter la sagesse de Salomon. Et il y a, ici, plus que Salomon.
V.—DÉPART ET RETOUR DE L’ESPRIT IMMONDE
« Lorsque l’esprit immonde est sorti d’un homme, il erre par les lieux arides, cherchant le repos; mais il ne le trouve point. Il dit alors: « Je retournerai dans ma demeure d’où je suis sorti. » Et revenant, il la trouve inhabitée, purifiée de ce qui la souillait et ornée. Il va prendre alors sept autres esprits plus pervers que lui. Ils entrent tous ensemble dans la demeure et s’y établissent, et le dernier état de cet homme devient pire que le premier. Ainsi en sera-t-il de cette race détestable. »
LA MÈRE DE JÉSUS ET SES PROCHES
La Mère de Jésus et Ses proches, étant sortis de leur maison, venaient d’arriver, quand le Seigneur faisait entendre ces vérités au peuple; mais il y avait une si grande foule assise autour de Lui, qu’ils ne pouvaient L’approcher. Ils se tinrent quelque temps dehors, cherchant à Lui parler; enfin, ils Le firent appeler. Alors, du milieu de la foule, une femme jeta cette exclamation: « Bienheureuses les entrailles qui Vous portèrent; bienheureux le sein qui Vous allaita! » - « Dites plutôt, reprit Jésus: « Bienheureux ceux qui écoutent la parole de Dieu et qui l’observent! » Quelqu’un Lui dit à ce moment: « Votre Mère et Vos proches sont là dehors; ils demandent à Vous voir. » Qui est Ma mère et qui sont Mes proches? Poursuivit Jésus. Ce sont toux ceux qui écoutent la parole de Dieu et l’accomplissent. » Puis, étendant la mais sur Ses Disciples, et promenant Son regard sur ceux qui étaient assis autour de Lui, Il ajouta: « Voici Ma mère et Mes frères! Écouter la parole et faire la volonté de Mon Père qui est aux cieux, c’est être Mon frère, c’est être Ma sœur, c’est être Ma mère. »
Seconde mission en Galilée
Après cela, Jésus alla de ville en ville, de village en village, prêchant et évangélisant le Royaume de Dieu. Il était accompagné des Douze et de plusieurs femmes, qu’Il avait délivrées de mauvais esprits ou guéries de leurs infirmités. A Sa suite étaient: Marie, surnommée Madeleine, de laquelle étaient sortis sept démons, Jeanne, épouse de Chusa, intendant d’Hérode, Suzanne, et d’autres encore qui L’assistaient de leurs biens. Les multitudes se pressaient autour de Lui, elles accouraient de toutes les cités. Un jour, étant sorti de Sa demeure, à Capharnaüm, Il alla S’asseoir sur les bords du Lac pour enseigner. La foule devint bientôt si nombreuse qu’Il dut monter dans une barque; Il S’y assit et continua de parler au peuple, qui se pressait sur le rivage. Alors Il dit beaucoup de choses en paraboles.
I.—LE SEMEUR
« Écoutez! Dit-Il. « Un semeur sortit pour semer son grain. Tandis qu’il semait, une partie de la semence tomba sur le chemin. Elle fut foulée aux pieds; et les oiseaux du ciel vinrent et la mangèrent.—Une autre partie tomba sur un terrain pierreux, recouvert d’une légère couche de terre, elle leva bientôt, parce que le sol n’était pas profond; mais, quand le soleil monta, comme elle n’avait point de racines pour puiser l’humidité, elle fut brûlée et desséchée. - Une autre enfin tomba au milieu des épines, et les épines, croissant avec elles, l’étouffèrent; elle ne donna pas de fruit.—Une autre enfin tomba en bonne terre et poussa son fruit qui crût et se développa; les graines rendirent trente, soixante et même cent pour un. » Puis élevant la voix, Jésus ajouta: « Qu’il entende, celui qui a des oreilles pour entendre! » Quand ils furent seuls, les Douze qui L’accompagnaient s’approchèrent et Lui dirent: « Que signifie donc cette parabole? et pourquoi leur parlez-Vous ainsi en paraboles? » - « A vous, répondit Jésus, il est donné de connaître les mystères du Royaume de Dieu; à ceux du dehors, il n’en est pas de même. Avec eux tout se traite en paraboles. Car on donnera à celui qui possède, et il sera dans l’abondance; quant à celui qui n’a pas, on lui enlèvera même ce qu’il a.
« Et voici la raison pour laquelle Je leur parle en paraboles: c’est parce qu’ils voient sans voir, qu’ils entendent sans entendre et sans comprendre. Ainsi se réalise en eux l’oracle d’Isaïe: « Vous entendrez de vos oreilles et vous ne comprendrez point, vous regarderez de vos yeux et vous ne verrez point; car le coeur de ce peuple s’est appesanti, les oreilles de ces hommes se sont endurcies et ils ont fermé les yeux, dans la crainte de voir avec leurs yeux, d’entendre avec leurs oreilles, de comprendre dans leur coeur et qu’ils ne viennent ainsi à se convertir et que Je ne les guérisse. »
« Pour vous, continua le Seigneur, heureux vos yeux, parce qu’ils voient, et vos oreilles, parce qu’elles entendent. En vérité, Je vous le dis, beaucoup de Prophètes, de Justes et de rois ont souhaité de voir ce que vous voyez, et ne l’ont pas vu, d’entendre ce que vous entendez, et ne l’ont pas entendu. « Vous ne comprenez pas cette parabole? Comment alors pourrez-vous comprendre toutes les autres? « Écoutez donc ce que signifie la parabole du Semeur: « La semence, c’est la parole de Dieu. Le Semeur est celui qui répand cette parole. « Il en est chez qui la parole du Royaume tombe le long du chemin: ce sont ceux qui l’entendent, mais qui ne s’en pénètrent pas. Bientôt accourt Satan, le Mauvais, et il enlève cette parole semée dans leur coeur, de peur qu’ils ne croient et ne soient sauvés.
« Il en est d’autres chez qui la parole tombe sur un terrain pierreux: ce sont ceux qui l’ayant entendue, la reçoivent tout d’abord avec joie. Mais elle ne s’enracine pas en eux: natures inconstantes, ils ne croient que pour un temps. Et lorsque l’épreuve et la persécution surviennent, à cause de la parole, ils se scandalisent et s’éloignent. « Il en est encore qui reçoivent la semence parmi les épines: ce sont ceux qui ont accueilli la parole; mais elle est stérilisée par les soucis et les inquiétudes du siècle, par la séduction des richesses, par les plaisirs du monde et par toutes les convoitises qui l’étouffent dans leur funeste croissance. « Il en est enfin qui ont reçu cette semence dans une bonne terre: ce sont ceux qui écoutent la parole avec un coeur bon et excellent, la comprennent, la gardent et la font fructifier en toute patience, ceux-ci donnant trente, ceux-là soixante, d’autres cent pour un. »
II.—LA SEMENCE
Jésus disait encore: « Il se produit, pour le Royaume des cieux, ce qui arrive quand un homme jette en terre la semence. Qu’il dorme ou qu’il veille, de jour et de nuit, la semence germe et croît à son insu. Car, d’elle-même, la terre produit d’abord de l’herbe, puis un épi, et enfin l’épi s’emplit de froment. Et quand elle a donné son fruit, on y met la faux, parce que c’est le temps de la moisson. »
III – LE BON GRAIN ET L’IVRAIE
Jésus proposa au peuple une autre parabole: « Le royaume des cieux est semblable à un homme qui avait semé du bon grain dans son champ. Pendant que ses serviteurs dormaient, son ennemi vint, sema de l’ivraie au milieu du froment, et s’en alla. Quand l’herbe eut poussé et fut montée en épis, on aperçut l’ivraie. Alors les serviteurs s’approchaient du père de famille: - « Maître, lui dirent-ils, n’est-ce pas un bon grain que vous avez semé dans votre champ? D’où vient donc l’ivraie? » - « C’est l’ennemi qui a fait cela, » répondit-il.- « Voulez-vous que nous allions l’arracher? » - « Non, reprit le maître, de peur qu’avec l’ivraie vous n’arrachiez aussi le froment. Laissez croître l’un et l’autre jusqu’à la moisson. Et alors, je dirai aux moissonneurs: Ramassez d’abord l’ivraie, et liez-la en gerbes pour la brûler. Vous recueillerez ensuite le froment et le mettrez dans mon grenier. » « Expliquez-nous la parabole de l’ivraie dans le champ », Lui demandèrent plus tard Ses Disciples. - « Celui qui sème le bon grain, dit Jésus, c’est le Fils de l’Homme. Le champ, c’est le monde. Le bon grain, ce sont les enfants du Royaume. L’ivraie, les fils d’iniquité. L’ennemi qui l’a semée, c’est le démon. La moisson, la fin du monde; et les moissonneurs, les Anges. « Comme on cueille l’ivraie et qu’elle devient la proie du feu, ainsi en sera-t-il à la fin des temps. Le Fils de l’Homme enverra Ses Anges; ils enlèveront de Son Royaume les hommes de scandale, les ouvriers d’iniquité, et ils les jetteront dans la fournaise du feu. Là seront des pleurs et des grincements de dents. « Alors les Justes resplendiront dans le Royaume de leur Père comme le soleil. « Que celui-là entende, qui a des oreilles pour entendre! »
IV. — LE FILET REMPLI DE POISSONS
« Le Royaume des cieux peut encore être comparé à un filet jeté dans la mer, et qui prend des poissons de toute sorte. Lorsqu’il est plein, les pêcheurs le retirent; puis, assis sur le rivage, ils choisissent les bons, les mettent dans des paniers, et jettent dehors les mauvais. Ainsi en sera-t-il à la fin des siècles: les Anges viendront et sépareront les méchants du milieu des justes, et les jetteront dans la fournaise du feu. Là seront des pleurs et des grincements de dents. »
V. — LE GRAIN DE SÉNEVÉ
Jésus dit encore: « A quoi comparerons-nous le Royaume des cieux? A quoi l’assimilerons-nous? Au grain de sénevé, qu’un homme a pris pour le semer dans son champ. C’est la plus petite des semences qu’on jette en terre. Mais dès qu’il a crû, il domine toutes les plantes légumineuses: c’est un arbre. Il étend si loin ses rameaux que les oiseaux du ciel viennent y percher, et se reposer à son ombre.
VI.—LE LEVAIN
« A quoi comparerons-nous encore le Royaume de Dieu? « Le Royaume des cieux est semblable au levain qu’une femme prend et met dans trois mesures de farine, jusqu’à ce que tout soit fermenté.
VII.—LE TRÉSOR CACHÉ ET LA PERLE PRÉCIEUSE
« Le Royaume des cieux, c’est un Trésor enfoui dans un champ. L’homme qui le trouve, le cache, et, tout heureux de sa trouvaille, il s’en va, vend tout ce qu’il possède, et achète ce champ. On peut encore le comparer à un marchant qui cherche des perles précieuses. Ayant trouvé une perle de grand prix, il s’en va, vend tout ce qu’il possède et l’achète. » « Avez-vous compris toutes ces choses? » demanda le Seigneur à Ses Disciples. - « Oui! » répondirent-ils. - « Aussi bien, ajouta Jésus, tout Docteur qui a la science du Royaume des cieux, est semblable au père de famille qui tire de son trésor des choses nouvelles et des choses anciennes. » Et le Seigneur leur proposa encore beaucoup de paraboles semblables, appropriant Son langage à la portée de leur intelligence. C’est ainsi qu’Il enseignait la Doctrine au peuple. Il ne lui parlait plus qu’en paraboles. En particulier, Il les expliquait à Ses Disciples. Alors se réalisait cet oracle du Prophète: « Ma bouche s’ouvrira pour parler en paraboles. Et Je révélerai des choses qui ont été ignorées dès le commencement du monde. » Jésus, après avoir exposé ces paraboles, S’éloigna de ces lieux.
Jésus est chassé de Nazareth
Ensuite Jésus Se rendit à Nazareth Sa patrie, où Il avait été élevé. Selon Sa coutume, Il entra dans la synagogue, le jour du sabbat. Comme Il Se levait pour faire la lecture, on Lui présenta le livre du Prophète Isaïe. Il l’ouvrit et tomba sur ce passage: « L’esprit du Seigneur est sur Moi. C’est pour quoi Il M’a marqué de Son onction; Il M’a envoyé évangéliser les pauvres, guérir ceux qui ont le coeur brisé, annoncer la délivrance aux captifs, rendre la vue aux aveugles, affranchir les opprimés et publier l’année de miséricorde du Seigneur et le jour de la rétribution. » Il replia le volume, le remit au ministre de la synagogue et S’assit. Les yeux de toute l’assistance étaient fixés sur Lui. Il commença à leur développer ce thème: « Le passage de l’Écriture que vous venez d’entendre se réalise aujourd’hui. » Tous rendaient hommage à Sa Doctrine et admiraient les paroles de grâce qui tombaient de Ses lèvres: « D’où viennent, à celui-ci, disaient-ils, toutes ces connaissances? Quelle est cette sagesse qui Lui a été donnée? D’où Lui vient-elle? Que penser de ces étonnants prodiges qui s’accomplissent par Ses mains? » « N’est-ce point là le charpentier, Fils du charpentier Joseph? Sa Mère ne S’appelle-t-Elle point Marie? Ses frères ne sont-ils pas Jacques, Joseph, Simon et Jude? Et Ses sœurs ne demeurent-elles pas toutes parmi nous? »
Ainsi, de l’admiration, ils passaient insensiblement au scandale. Alors Il leur dit: « Sans doute, vous M’appliquerez ce proverbe: « Médecin, guéris-toi toi-même! » Et vous Me direz: « Fais donc ici, dans Ta patrie, ce que nous avons appris des merveilles que Tu as accomplies à Capharnaüm. » « Je vous le déclare en vérité: Aucun Prophète n’est accueilli dans sa patrie; il n’est sans honneur que dans son pays, dans sa famille et parmi ceux de sa connaissance. Oui, Je vous le dis en vérité. Au temps d’Élie, lorsque durant trois ans et six mois, le ciel fut fermé, et la terre en proie à une grande famine, il y avait beaucoup de veuves en Israël; cependant Élie ne fut envoyé à aucune d’elles, mais à une veuve de Sarepta, au pays de Sidon. Au temps du Prophète Élisée, il y avait beaucoup de lépreux en Israël; il n’en guérit aucun, mais seulement Naaman le Syrien. » A ces paroles, tous les assistants de la synagogue furent exaspérés. Ils se levèrent et Le chassèrent de la cité. Ils Le poussèrent même jusqu’au faîte de la montagne sur laquelle leur ville est bâtie et ils voulaient Le précipiter en bas. Mais Lui, passant au milieu d’eux, S’en alla. A raison même de l’incrédulité des Nazaréens qui Le navrait, Il n’avait pu faire de miracles au milieu d’eux. Il guérit seulement un petit nombre d’infirmes, en leur imposant les mains.
TROISIEME MISSION EN GALILÉE
Après cela, Jésus parcourut toutes les villes et tous les villages d’alentour, enseignant dans leurs synagogues, prêchant l’Évangile du Royaume, et guérissant toute maladie et toute infirmité. Or, en voyant ces multitudes, Il en eut compassion, car elles souffraient, et gisaient comme des brebis sans pasteur. « La moisson est grande, dit-Il à Ses Disciples; mais les ouvriers sont peu nombreux. Priez donc le Maître de la moisson d’envoyer des travailleurs dans Sa moisson! »
JÉSUS PRÉPARE SES APÔTRES
À LEUR MINISTÈRE
I.—CHAMP D’ACTION DE LEUR APOSTOLAT
Jésus réunit autour de Lui les Douze, et, avant de les envoyer prêcher, Il leur dit: « N’allez point vers les Gentils, n’entrez point dans les villes des Samaritains. Allez d’abord aux brebis perdues de la Maison d’Israël. Allez, enseignez-les! Dites-leur: « Le Royaume de Dieu est proche! »
II. — CONDITIONS DU SUCCÈS
« Guérissez les malades, ressuscitez les morts, purifiez les lépreux, chassez les démons. Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement. Ne portez rien en chemin, ni or, ni argent, ni aucune
monnaie dans vos ceintures, ni pain, ni sac de provisions par la route, ni deux tuniques, ni chaussures, mais de simples sandales; ne prenez pas de bâton de défense, mais seulement le bâton secourable à la fatigue.
III. — CONDUITE À TENIR SELON L’ACCUEIL QUI LEUR EST FAIT
En quelque ville ou village que vous entriez, informez- vous du plus digne, et demeurez chez lui, jusqu’à votre départ. A l’ouvrier est due la nourriture. Dès votre entrée dans la maison, saluez-la en disant: « Que la paix soit dans cette maison! » Si la maison le mérite, votre paix ira se reposer sur elle; sinon, elle reviendra sur vous. Quand on ne vous recevra point et qu’on n’écoutera point votre parole, retirez-vous; et, une fois sortis de cette maison ou de cette ville, secouez jusqu’à la poussière de vos pieds, pour témoignage contre elle. Je vous le dis en vérité: au jour du jugement, il y aura moins de rigueur pour la terre de Sodome et de Gomorrhe que pour cette ville.
IV. — LES DIFFICULTÉS ET LES PERSÉCUTIONS
« Voici que Je vous envoie, comme des brebis au milieu des loups. Soyez donc prudents, comme des serpents, et simples comme des colombes. Tenez-vous en garde contre les hommes: ils vous traduiront devant leurs tribunaux, et vous flagelleront dans leurs synagogues. A cause de Moi, ils vous feront comparaître devant les gouverneurs et les rois, afin que vous Me rendiez témoignage devant eux et devant les nations. Quand ils vous livreront, ne vous inquiétez, à l’avance , ni de ce que vous direz, ni de quelle manière vous le direz. Ce que vous devrez dire, vous sera donné à l’heure même. Car ce n’est pas vous qui parlerez, mais c’est l’Esprit de votre Père, qui parlera en vous. Le frère livrera son frère à la mort; et le père, son fils; et les enfants s’élèveront contre leurs parents, et les feront mourir. Et vous serez en haine à tous, à cause de Mon Nom. Mais celui qui persévérera jusqu’à la fin, celui-là sera sauvé. Si dans une ville, on vous persécute, fuyez dans une autre. Je vous le dis, en vérité: Vous n’aurez pas évangélisé toutes les villes d’Israël, avant que vienne le Fils de l’Homme. Le Disciple n’est pas au-dessus de son Maître, ni le serviteur au-dessus de son Seigneur. Il suffit au Disciple d’être traité comme son Maître, et au serviteur, comme son Seigneur. S’ils ont appelé Béelzébub le Père de famille, à quelles injures ne doivent pas s’attendre Ses serviteurs.
V. — CONFIANCE EN DIEU
Ne les craignez point!... Il n’y a rien de caché qui ne doive être révélé, et rien de secret, qui ne doive être connu. Ce que Je vous enseigne dans les ténèbres, dites-le en pleine lumière, et ce
que Je vous dis à l’oreille, publiez-le sur les toits. Et ce que vous aurez dit vous-mêmes dans les ténèbres, sera prêché en pleine lumière; ce que vous aurez enseigné à l’oreille, dans le
secret des maisons, sera publié sur les toits. Je vous le répète, Mes amis, ne vous laissez pas effrayer
par ceux qui tuent le corps, et qui, ensuite, ne peuvent plus rien contre vous, car votre âme est à l’abri de leurs coups. Celui que vous devez craindre, Je vais vous le dire: craignez celui qui peut, après nous avoir frappé de mort, jeter le corps et l’âme en enfer. Oui, Je vous le dis encore, craignez
celui-là! Deux passereaux ne se vendent-ils pas une obole, et n’en livre-t-on pas cinq pour deux oboles? Or, pas un n’est en oubli devant Dieu, pas un ne tombe à terre, sans que votre Père le permette. Les cheveux mêmes de votre tête sont comptés. Ne craignez point! Vous valez mieux que beaucoup de passereaux. Quiconque Me reconnaîtra devant les hommes, Je le reconnaîtrai, Moi, devant Mon Père qui est dans les cieux e devant Ses Anges. Et quiconque M’aura renié devant les hommes, Moi aussi, Je le renierai devant Mon Père qui est dans les cieux et devant Ses Anges.
VI. — NÉCESSITÉ DE LA LUTTE ET DU RENONCEMENT
« Ne vous imaginez pas que Je sois venu apporter la paix sur la terre. Non, Je vous le dis, Je ne suis point venu apporter la paix, mais le glaive. Je suis venu séparer: séparer le fils de son père, la fille de sa mère, la bru de sa belle-mère; et l’homme aura pour ennemis ceux de sa propre maison. Désormais, cinq personnes étant dans une seule maison seront partagées: trois contre deux et deux contre trois. Qui aime son père ou sa mère plus que Moi, n’est pas digne de Moi! Qui aime son fils ou sa fille plus que Moi, n’est pas digne de Moi! Et celui qui, pour venir à Moi, ne sait pas rompre avec son père, ou sa mère, ou sa femme; avec ses enfants, ou ses frères ou ses soeurs, voire même avec sa propre vie, ne peut être Mon Disciple. Qui n’accepte pas sa croix et ne la porte pas à Ma suite, n’est pas digne de Moi! Qui veut conserver sa vie, la perdra; et qui perdra sa vie pour Moi, la trouvera.
VII. — RÉCOMPENSE PROMISE A CEUX QUI ÉCOUTENT ET REÇOIVENT LES APÔTRES
Qui vous écoute M’écoute; qui vous méprise, Me méprise; et qui Me méprise, méprise Celui qui M’a envoyé. Qui vous reçoit, Me reçoit; et qui Me reçoit, reçoit Celui qui M’a envoyé. Celui qui reçoit un Prophète, en qualité de Prophète, aura la récompense du Prophète. Celui qui reçoit un Juste, en qualité de Juste, aura la récompense du Juste. Et celui qui donnera, ne fût-ce qu’un verre d’eau fraîche à l’un de ces petits, parce qu’il est Mon Disciple, Je vous le dis en vérité, il ne perdra pas sa récompense. »
MISSION DES APÔTRES
Après avoir donné Ses instructions aux Douze, Jésus les envoya, deux à deux, prêcher le Royaume de Dieu, leur conférant l’autorité sur les esprits immondes, avec le pouvoir de les chasser et de guérir toute langueur et toute infirmité. Et les Apôtres partirent. Ils allaient de village en village, prêchant partout la Bonne Nouvelle, exhortant à la pénitence, chassant les mauvais esprits en grand nombre, faisant des onctions d’huile sur beaucoup de malades et les guérissant. Jésus Lui-même alla plus loin pour enseigner et prêcher en différents cités.
Martyre de Jean-Baptiste
Depuis que Jean-Baptiste était en prison, Hérodiade, résolue à sa perte, cherchait les moyens de le faire mourir. Elle n’y réussissait point, car Hérode redoutait de soulever le peuple, qui le considérait comme un Prophète: en outre, il craignait Jean, qu’il savait être un homme juste et saint. Il est vrai qu’il le gardait toujours en prison; mais il ne se décidait, en beaucoup de choses, qu’après avoir pris son avis, et il l’écoutait volontiers. Hérodiade rencontra enfin une occasion propice. Ce fut au jour anniversaire de la naissance d’Hérode. Le Tétrarque avait offert un festin aux grands de sa cour, aux tribuns militaires et aux principaux de la Galilée. La fille même d’Hérodiade étant entrée dans la salle, se mit à danser. Hérode en fut charmé ainsi que tous ses convives: « Tout ce que tu voudras, dit le roi à la jeune fille, demande-le-moi, et je te le donnerai! » Il lui en fit même le serment: « Oui, quelle que soit ta demande, s’écria-t-il, je te l’octroierai, fût-ce la moitié de mon royaume! »
La jeune fille sortit et alla consulter sa mère: « Que demanderai-je? » - « La tête de Jean-Baptiste! » répondit la mère. En toute hâte, elle retourne vers le roi, et, docile à la leçon de sa mère: « Donnez-moi, dit-elle, ici même, dans un plat, la tête de Jean-Baptiste. Je veux que, sur-le-champ, vous me la donniez comme je vous le demande. » Le roi fut affligé; mais à cause de son serment, et en présence des convives, il ne voulut pas lui déplaire. Il appela un de ses gardes, et lui intima l’ordre d’apporter la tête de Jean dans un bassin.
Le garde décapita Jean-Baptiste dans la prison; il apporta sa tête dans un bassin, et la remit à la jeune fille. Celle-ci en fit don à sa mère. A cette nouvelle, les Disciples du Précurseur vinrent enlever son corps et, après l’avoir enseveli, ils le déposèrent dans un tombeau. Puis ils allèrent raconter à Jésus ce qui s’était passé.
Or, le bruit des prodiges que Jésus opérait, était parvenu aux oreilles du tétrarque Hérode: car tout était plein du Nom du Seigneur. « C’est Jean-Baptiste, dit-il à ses courtisans; il est ressuscité d’entre les morts; et c’est pour cela qu’il fait des miracles. » - « C’est Élie, » répondaient les uns. - « C’est un Prophète, reprenaient les autres, un Prophète de ceux d’autrefois, qui est ressuscité. » - « C’est Jean que j’ai décapité, insistait le roi. C’est Jean, ressuscité d’entre les morts! » Et pourtant, il hésitait: « J’ai fait trancher la tête à Jean, disait-il. Quel est donc cet homme qui opère de si grandes choses? » Et il cherchait à voir Jésus. Mais Jésus, à la nouvelle du martyre de Jean, S’était embarqué pour un lieu écarté et désert.
Première multiplication des pains
Les Apôtres, au retour de leur mission, s’étaient réunis près de Jésus et Lui avaient rendu compte de tout ce qu’ils avaient fait, et de tout ce qu’ils avaient enseigné. Jésus leur dit: « Venez à l’écart, dans un lieu solitaire, pour vous reposer un peu. » Car, si grande était la foule des allants et des venants, que Jésus et Ses Disciples n’avaient pas même le loisir de manger. Ils montèrent donc dans une barque, et, traversant le lac, ils abordèrent en un lieu écarté, non loin de Bethsaïde-Julias. Le départ de Jésus fut bientôt connu, car plusieurs
L’avaient vu S’embarquer avec Ses Disciples. Une foule immense accourut à pied des cités voisines, et, longeant le lac, arriva même avant Lui, au lieu ou Il voulait Se réfugier. Tous étaient avides de voir encore Ses miraculeuses guérisons. En sortant de la barque, Jésus fut ému de compassion, à la vue de ces multitudes, parce qu’elles étaient comme des brebis sans pasteur. Il leur fit bon accueil, gravit la colline, et là, S’assit avec Ses Disciples. Puis Il parla longuement du Royaume de Dieu à tout ce peuple, et guérit les malades.
Or, ceci se passait quelques jours avant la Pâque, qui était la grande fête des Juifs. Les heures s’étaient écoulées, et déjà le jour baissait. Les Douze s’approchèrent de Jésus et Lui dirent: « Ce lieu est désert, et l’heure est avancée. Renvoyez-les, afin qu’ils aillent, dans les villages et les hameaux d’alentour, chercher un abri et acheter des vivres. » - « Cela n’est pas nécessaire, répondit Jésus; donnez-leur vous-mêmes à manger. » - « Mais, reprirent-ils, allons-nous acheter pour deux cents deniers de pain, afin de nourrir toute cette multitude? » Jésus leva les yeux, et, voyant combien la foule était grande, Il dit à Philippe: « Où trouverons-nous assez de pain pour nourrir tout ce monde? » Il disait cela pour éprouver la foi de l’Apôtre, car Lui savait bien ce qu’Il allait faire. « Deux cents deniers de pain, repartit Philippe, cela ne suffirait pas pour que chacun en eût un peu. » - « Combien avez-vous de pains? leur demanda Jésus. Allez et voyez! » Lorsqu’ils s’en furent assurés, l’un d’eux, André, frère de Simon-Pierre, vint Lui dire: « Il y a, ici, un jeune homme qui a cinq pains d’orge et deux poissons. Mais, qu’est-ce que cela pour tant de monde? » - « Nous n’avons rien de plus, reprirent les autres Disciples, à moins d’aller acheter des provisions pour toute cette foule. » - « Apportez-Moi ici ce que vous avez, dit Jésus, et faites asseoir le peuple par groupes sur le gazon. » En ce lieu, l’herbe était abondante. Les Disciples firent asseoir le peuple sur le gazon verdoyant par groupes de cent et de cinquante. Il y avait là environ cinq mille hommes, sans compter les femmes et les enfants. Alors Jésus prit les cinq pains et les deux poissons; Il leva les yeux au ciel, et, après avoir rendu grâces, Il bénit les pains, les rompit et les donna à Ses Disciples, pour les distribuer à la foule. Il partagea également les poissons et en fit donner à tous autant qu’ils en voulaient. Tous mangèrent, et furent rassasiés. Il dit ensuite à Ses Disciples: « Pour que rien ne se perde, recueillez les débris qui sont restés. » Ils ramassèrent ce qui restait des cinq pains d’orge et des poissons, et en remplirent douze corbeilles. En présence d’un pareil prodige, que Jésus venait d’opérer, tous ces hommes disaient: « Oui, c’est là vraiment le Prophète qui doit venir en ce monde! »
Jésus marche sur les flots
Jésus, sachant que la foule allait venir pour L’enlever de force et Le proclamer roi, pressa Ses Disciples de s’embarquer le soir même, et de Le précéder de l’autre côté du lac, tandis que Lui-même renverrait le peuple. Quand la barque se fut éloignée avec les Disciples, Jésus congédia le peuple, et, la nuit venue, seul Il Se réfugia sur la colline pour prier. Les Disciples étaient en pleines eaux et se dirigeaient vers Capharnaüm. La nuit était profonde, un vent contraire soufflait en tempête, les vagues se soulevaient et déferlaient sur la barque avec fureur. Les Disciples se fatiguaient à ramer. Ils n’avaient fait que vingt-cinq ou trente stades, quand, à la quatrième veille, Jésus voyant leur détresse, S’avança sur les flots, et passa près de la barque, comme S’Il voulait les dépasser. En L’apercevant, debout sur les eaux et S’approchant de la barque, ils furent tous saisis d’une grande terreur: « C’est un fantôme! » dirent-ils. Et ils poussaient des cris d’effroi. - « Rassurez-vous! leur dit aussitôt Jésus. C’est Moi! Ne craignez point! » - « Seigneur, repartit Pierre, si c’est Vous, ordonnez que
j’aille à Vous sur les flots. » - « Viens! » dit Jésus. Pierre descend de la barque et s’avance sur les eaux pour aller à Jésus. Mais voyant la violence du vent, il eut peur; et, comme il commençait à enfoncer: « Seigneur, s’écria-t-il, sauvez-moi! » A l’instant, Jésus étendit la main et le saisit: « Homme de peu de foi! lui dit-Il, pourquoi as-tu douté? » Alors les autres Disciples voulurent Le recevoir dans la barque. Dès que Jésus y fut monté, le vent cessa, et ils se trouvèrent immédiatement à l’endroit où ils allaient. La stupeur des Disciples n’avait fait que grandir, car déjà ils n’avaient rien compris au miracle des pains: leur coeur était aveuglé. A peine les Disciples avaient-ils touché la terre de Génézareth, qu’ils débarquèrent, et s’étant approchés de Jésus, ils se prosternèrent à Ses pieds en disant: « Vous êtes vraiment le Fils de Dieu! » Aussitôt que les habitants eurent reconnu le Seigneur, ils envoyèrent répandre la nouvelle de Son retour, et, parcourant eux-mêmes toute la contrée, ils Lui apportaient les malades sur des grabats, là où ils apprenaient qu’Il Se trouvait. Partout, en effet, où Jésus arrivait, dans les bourgades, les villages ou les villes, on déposait les infirmes au milieu des places publiques, Le conjurant de leur permettre de toucher au moins le bord de Sa robe, et toux ceux qui Le touchaient étaient guéris.
Promesse de la Sainte Eucharistie
La foule qui s’était portée de l’autre côté du Lac, y était restée jusqu’au lendemain; car elle avait observé qu’il n’y avait eu là qu’une seule barque et que Jésus n’y était point monté avec Ses Disciples, lesquels étaient partis sans Lui. Mais d’autres barques arrivèrent de Tibériade, et abordèrent près de l’endroit où, le Seigneur ayant rendu grâces, on avait mangé le pain. S’étant donc assurés, le lendemain, que Jésus n’était plus là, non plus que Ses Disciples, tous montèrent dans ces barques et allèrent Le chercher à Capharnaüm. Ils Le trouvèrent en effet sur le rivage opposé. « Maître, Lui demandèrent-ils, quand donc êtes-Vous venu ici? » Jésus leur fit cette réponse: « En vérité, en vérité, Je vous le dis: Vous Me cherchez, non parce que vous avez vu des prodiges, mais parce que vous avez mangé des pains et que vous avez été rassasiés… Travaillez, non pour la nourriture périssable, mais pour celle qui demeure jusqu’à la vie éternelle. Celle-là, le Fils de l’Homme vous la donnera, car c’est Lui que Dieu le Père a marqué de Son sceau. » - « Qu’avons-nous donc à faire, demandèrent-ils, pour travailler aux oeuvres de Dieu? » - « L’oeuvre de Dieu, dit Jésus, c’est de croire en Celui qu’Il a envoyé. » - « Mais, répliquèrent-ils, quel signe faites-Vous, pour que Sa vue nous détermine à croire en Vous?... Car si Vous avez multiplié les pains, nos pères aussi ont mangé la manne dans le désert, selon ce qui est écrit: « Il leur a donné à manger un pain du ciel. » - « En vérité, en vérité, Je vous le dis: Non! Moïse ne vous a point donné le pain du ciel. Le vrai Pain du ciel, c’est Mon Père qui vous le présente, car le Pain de Dieu est Celui qui descend du ciel et qui donne la vie au monde. Alors ils Lui dirent:
« Seigneur, donnez-nous toujours ce pain! »
* * *
« C’est Moi, le Pain de vie! reprit Jésus. Celui qui vient à Moi n’aura plus faim; et celui qui croit en Moi n’aura jamais soif. Mais Je vous l’ai dit: voilà que vous M’avez vu, et vous ne croyez point! Tout ce que le Père Me donne, viendra à Moi; et celui quivient à Moi, Je ne le repousserai point dehors. Car Je suis descendu du ciel pour faire, non Ma volonté, mais la volonté de
Celui qui M’a envoyé. Or, la volonté du Père qui M’a envoyé, c’est que Je ne perde rien de tout ce qu’Il M’a donné, mais que Je le ressuscite au dernier jour. La volonté de Mon Père qui M’a envoyé, c’est que quiconque voit le Fils et croit en Lui, ait la vie éternelle; et Moi, Je le ressusciterai au dernier jour. » Alors les Juifs murmuraient contre Lui, parce qu’Il avait dit: « C’est Moi qui suis le Pain vivant, descendu du ciel. » - « Est-ce que ce n’est pas là Jésus, le fils de Joseph?
disaient-ils. Est-ce que nous ne connaissons pas Son père et Sa Mère? Comment donc peut-Il nous dire: « Je suis descendu du ciel? » - « Ne murmurez point entre vous, répondit Jésus. Nul ne peut venir à Moi, si Mon Père, qui M’a envoyé ne l’attire. Et Moi, Je le ressusciterai au dernier jour. Il est écrit dans les Prophètes: « Tous recevront l’enseignement de Dieu. » Quiconque a entendu l’enseignement du Père et l’a compris, vient à Moi. Non que quelqu’un ait vu le Père: Celui-là seul qui est de Dieu, a vu le Père. En vérité, en vérité, Je vous le déclare: Celui qui croit en Moi, a la vie éternelle. C’est Moi le Pain de vie!
* * *
Vos Pères ont mangé la manne dans le désert, et ils sont morts. Mais voici le Pain qui descend du ciel, et si quelqu’un en mange, il ne mourra point. C’est Moi le Pain vivant descendu du ciel. Celui qui mangera de ce Pain, vivra éternellement. « Or, le Pain que Je donnerai, c’est Ma Chair que Je livrerai pour la vie du monde. » Les Juifs alors se livrèrent entre eux à une violente discussion: « Comment, disaient-ils, Celui-ci peut-Il nous donner Sa chair à manger? » Jésus reprit: « En vérité, en vérité, Je vous le déclare: Si vous ne mangez la Chair du Fils de l’Homme, et si vous ne buvez Son Sang, vous n’aurez pas la vie en vous. Celui qui mange Ma Chair et qui boit Mon Sang, a la vie éternelle, et Je le ressusciterai au dernier jour. Car Ma Chair est véritablement une nourriture; Mon Sang est véritablement un breuvage. Celui qui mange Ma Chair et qui boit Mon Sang demeure en Moi, et Moi en lui. Ce même que Moi, envoyé de Mon Père, qui est vivant, Je vis par Mon Père, ainsi celui qui Me mange, vivra lui-même par Moi. Le voici, le Pain qui est descendu du ciel. Ce n’est pas comme la manne que vos pères ont mangée, et qui ne les a pas empêchés de mourir. Celui qui mange ce Pain vivra éternellement. » Jésus dit ces choses, enseignant dans une synagogue de Capharnaüm.
* * *
Beaucoup de Ses Disciples, après avoir entendu ces paroles, se dirent les uns aux autres: « Ce langage est intolérable! et qui peut l’entendre? » Sachant en Lui-même les murmures des Ses Disciples: « Cela vous révolte? leur dit-Il. Oh! quand vous aurez vu le Fils de l’Homme monter où Il était auparavant!... C’est l’esprit qui donne la vie, la chair ne sert de rien. Les paroles que Je vous ai dites sont esprit et vie. Mais il en est, parmi vous, un certain nombre qui ne croient
point! » Jésus savait, en effet, dès le commencement, quels étaient ceux qui ne croyaient point, et quel était celui qui Le trahirait. Il ajouta: « C’est pourquoi Je vous ai dit que nul ne peut venir à Moi, s’il ne lui est donné par Mon Père. » A partir de ce moment, bon nombre de Disciples se retirèrent, et cessèrent d’aller avec Lui. Sur cela, Jésus dit aux Douze: « Et vous, voulez-vous aussi Me quitter? » - « A qui donc irions-nous, Seigneur, repartit Simon-Pierre. Vous avez les paroles de la vie éternelle. Pour nous, nous avons cru et nous avons reconnu que Vous êtes le Christ, Fils de Dieu. » - « Ne vous ai-Je point choisis tous les Douze? dit Jésus, et pourtant l’un de vous est un démon! » Il parlait de Judas Iscariote, fils de Simon: C’est celui-là qui devait en effet Le trahir, bien qu’il fût l’un des Douze.
JÉSUS DÉMASQUE L'HYPOCRISIE
DES PHARISIENS
Jésus parcourut ensuite la Galilée. Il ne voulait point Se rendre en Judée pour les fêtes de la Pâque, car les Juifs cherchaient à Le faire mourir, et Son heure n’était pas encore venue. Alors des Scribes et des Pharisiens, venus de Jérusalem, ayant observé que quelques-uns de Ses Disciples mangeaient avec des mains profanes, c’est-à-dire non lavées, ils les en blâmèrent. Les Pharisiens, en effet, et tous les Juifs, suivant la tradition des anciens, ne prennent jamais de nourriture, sans s’être lavé plusieurs fois les mains; lorsqu’ils reviennent de la place publique, ils ne mangent point sans une ablution générale. Ils ont encore beaucoup d’autres usages traditionnels, tels que la purification des coupes, des aiguières, des vases d’airain et des lits. Ils s’approchèrent de Jésus, et Lui dirent: « Pourquoi Vos Disciples n’observent-ils pas la tradition des anciens, et mangent-ils leur pain avant de s’être lavé les mains? » - « Et vous, répondit Jésus, pourquoi transgressez-vous le commandement de Dieu pour suivre votre tradition?... Dieu a dit par Moïse: « Honore ton père et ta mère! Quiconque outragera dans ses paroles son père ou sa mère, sera puni de mort! » Mais selon vous, pour qu’un homme soit dispensé d’honorer son père ou sa mère il suffit qu’il leur dise: « Tout ce que j’ai, qui pourrait vous être utile, je l’ai voué à Dieu. » Et vous n’autorisez pas même cet homme à rien faire de plus pour son père ou pour sa mère. Ainsi, vous abolissez le commandement de Dieu pour une tradition que vous-mêmes avez établie. Et vous faites beaucoup d’autres choses semblables. Hypocrites! c’est bien de vous qu’Isaïe a prophétisé lorsqu’il a dit: « Ce peuple M’honore des lèvres, mais son coeur est loin de Moi. Vain est le culte qu’ils Me rendent parce
qu’ils n’enseignent que des doctrines et des maximes humaines. » Oui, vous abandonnez le commandement de Dieu, et vous vous attachez à la tradition des hommes, à l’ablution des vases et des coupes et à beaucoup d’autres pratiques du même genre. » Puis, appelant plus près de Lui le peuple qui était là: « Vous tous, écoutez, dit-Il, et comprenez: Ce n’est point ce qui entre dans la bouche qui souille l’homme, mais bien ce qui sort de la bouche. Qu’il entende, celui qui a des oreilles pour entendre. » Quand la foule se fut éloignée et qu’ils furent seuls dans la maison, Pierre, prenant la parole au nom des Disciples, Lui dit: « Savez-vous que les Pharisiens, en entendant ce que Vousavez dit, se sont scandalisés? » Jésus répondit: « Toute plante que Mon Père céleste n’a point plantée, sera arrachée. Laissez-les! Ces sont des aveugles et des conducteurs d’aveugles. Or, si un aveugle conduit un aveugle, tous deux tomberont dans le fossé. » - « Expliquez-nous cette parabole », reprit Pierre. - « Quoi! dit Jésus. Et vous non plus, vous ne comprenez pas encore? Vous ne comprenez point qu’une chose extérieure, entrant dans l’homme, ne saurait le souiller? Cela en effet ne va point dans le coeur, mais dans les entrailles, lesquelles rejettent ensuite ce qu’il y a d’impur dans les aliments. Mais ce qui sort de la bouche vient du cœur, et c’est là ce qui souille l’homme. C’est du cœur que viennent les mauvaises pensées, les homicides, les adultères, les fornications, les vols les faux témoignages, l’avarice, les méchancetés, la fraude, les impudicités, l’envie, le blasphème, l’orgueil et toutes les extravagances. Voilà ce qui souille l’homme, et non point de manger sans se laver les mains. »
3 èmE ANNÉE DE VIE PUBLIQUE
Guérison de la Chananéenne
Jésus partit de là et Se réfugia dans le pays de Tyr et de Sidon. Il reçut l’hospitalité dans une maison, désirant que Sa présence ne fût connue de personne; mais Il ne peut demeurer caché.
Une femme chananéenne, païenne et syrophénicienne d’origine, dont la fille était possédée d’un esprit immonde, eut à peine entendu parler de Lui, qu’elle accourut de ces parages, entra dans la maison, et tombant aux pieds de Jésus, elle Le supplia à grands cris: « Seigneur, Fils de David, ayez pitié de moi! Ma fille est cruellement tourmentée du démon. » Il ne répondit pas un seul mot. Ses Disciples s’approchant, intercédaient pour elle: « Accordez-lui ce qu’elle demande et renvoyez-la, disaient-ils, car elle nous poursuit de ses cris. » Il leur dit: « Je ne suis envoyé que pour les brebis de la maison d’Israël qui se sont perdues. » S’approchant alors de Jésus, et se prosternant dans l’adoration: « Seigneur! s’écria-t-elle, secourez-moi! » - « Laisse d’abord les enfants se rassasier, repartit Jésus. Il ne convient pas de prendre le pain des enfants et de le jeter aux chiens. » - « C’est vrai, Seigneur! dit-elle; mais les petits chiens, sous la table de leurs maîtres, mangent les miettes que les enfants laissent tomber. » - « O femme, ta foi est grande! répondit Jésus. Va, et qu’il te soit fait comme tu le veux. Grâce à la parole que tu viens de dire, le démon est sorti de ta fille. » A l’heure même, sa fille fut guérie; de retour à sa maison, elle la trouva délivrée de l’esprit immonde et reposant sur son lit.
Guérison du sourd-muet de la décapole
Jésus quitta les environs de Tyr, Se rapprocha de Sidon, et, de là, Se dirigea vers le Lac de Galilée, en traversant le milieu de la Décapole. On Lui amena un sourd-muet, Le priant de lui imposer les mains. Jésus le conduisit hors de la foule, à l’écart, mit les doigt dans ses oreilles et toucha sa langue avec de la salive. Puis, levant les yeux au ciel, Il fit entendre un gémissement et dit: « Ephpheta.—Ouvrez-vous! » Aussitôt, les oreilles du sourd s’ouvrirent, sa langue se délia et il parlait distinctement. Jésus défendit aux témoins du miracle d’en rien dire à personne. Mais plus Il le leur défendait, plus ceux-ci le publiaient. Saisis d’une admiration de plus en plus vive, ils s’écriaient: « Il a bien fait toutes choses! Il a fait entendre les sourds et parler les muets. »
2ème multiplication des pains
Jésus gravit ensuite une montagne et S’y assit. De grandes foules de peuple L’y suivirent, amenant avec elles des muets, des aveugles, des boiteux, des infirmes et beaucoup d’autres malades. On les déposa à Ses pieds, et Il les guérit. Toute la multitude était dans l’admiration de voir les muets parler, les boiteux marcher, les aveugles recouvrer la vue, et tous glorifiaient le Dieu d’Israël. Et comme, ce jour-là, la multitude était considérable, et qu’elle n’avait pas de quoi manger, Jésus appela Ses Disciples et leur dit: « J’ai compassion de cette foule, car voici trois jours qu’ils persévèrent à rester près de Moi, et ils n’ont rien à manger. Je ne veux pas les renvoyer à jeun; si Je les laissais retourner ainsi chez eux, ils tomberaient de défaillance en route, car plusieurs d’entre eux sont venus de loin. » - « Mais, reprirent les Disciples, où trouver, dans ce désert, assez de pains pour rassasier une si grande foule? » - « Combien avez-vous de pains? » leur demanda Jésus.
- « Sept, et quelques petits poissons. » Jésus fit asseoir le peuple à terre, prit les pains et, après avoir rendu grâces, Il les rompit et les donna à Ses Disciples, et les Disciples, les distribuèrent au peuple. Il bénit aussi les quelques petits poissons et les fit servir. Tous mangèrent et furent rassasiés. Des morceaux qui furent laissés, on emporta sept corbeilles pleines. Or, ceux qui avaient mangé étaient environ quatre mille, sans compter les femmes et les enfants.
LA DEMANDE D’UN PRODIGE DANS LE CIEL
LE LEVAIN DES PHARISIENS ET DES SADUCÉENS
Après avoir congédié le peuple, Jésus monta aussitôt dans une barque, accompagné de Ses Disciples, et Se rendit au pays de Dalmanutha, non loin de Magdala. Des Pharisiens et des Saducéen vinrent Le trouver, et commencèrent à disputer avec Lui. Pour Le mettre à l’épreuve, ils Lui demandèrent de leur faire voir un signe dans le ciel. Jésus leur répondit: « Le soir venu, vous dites: « Il fera beau demain, car le ciel est rouge. » Et le matin: « Aujourd’hui, tempête, car le ciel brille d’une rougeur sinistre. » Quand vous voyez monter un nuage de l’Occident, vous dites aussitôt: « C’est la pluie qui vient »; et elle vient en effet. Quand, au contraire, le vent souffle du Midi, vous dites: « Il fera chaud »; et c’est ce qui arrive. Hypocrites! si habiles à conjecturer ce que présage l’aspect du ciel et de la terre, vous feignez de ne pouvoir reconnaître les signes des temps! Mais comment n’appréciez- vous pas ce temps-ci, et comment ne portez-vous pas un juste jugement sur tant de prodiges! » Puis, gémissant dans Son coeur: « Pourquoi, S’écria-t-Il, cette race-là demande-t-elle un signe? En vérité, Je vous le déclare, à cette race mauvaise et adultère, il n’en sera pas donné d’autre que celui du Prophète Jonas. » Puis, les laissant là, Il remonta dans la barque et retourna de l’autre côté du Lac. Or, les Disciples, avant la traversée, avaient oublié de s’approvisionner de pains. Il n’en restait qu’un seul dans la barque. « Observez-vous, leur recommandait Jésus, soyez bien vigilants, et préservez-vous du levain des Pharisiens, des Saducéens, et de celui d’Hérode. » A ces paroles, les Apôtres pensaient en eux-mêmes et se disaient l’un à l’autre: « C’est parce que nous avons oublié les pains. » Jésus, surprenant cette réflexion: « Hommes de peu de foi! leur dit-Il, qu’allez-vous vous préoccuper de ce que vous n’avez pas de pains?... N’avez-vous donc encore ni sens, ni intelligence? Votre coeur est-il toujours aveugle?... Vous avez donc des yeux pour ne pas voir, des oreilles pour ne pas entendre?... Manquez-vous même de mémoire? Lorsque J’ai partagé cinq pains, entre cinq mille hommes, combien avez-vous emporté de corbeilles, pleines de morceaux qui restaient? »
- « Douze », répondirent-ils. - « Et quand J’ai partagé sept pains, entre quatre mille hommes, combien avez-vous emporté de paniers de ce qui restait? » - « Sept. » - « Comment! vous ne comprenez pas encore? Ajouta Jésus. Quoi! vous ne comprenez pas qu’il ne s’agissait nullement de pains, quand Je vous disais: « Préservez-vous du levain des Pharisiens et des Saducéens? » Les Disciples comprirent alors qu’il fallait se garder, non du levain qu’on met dans le pain, mais de la doctrine des Pharisiens et des Saducéens.
Guérison d'un aveugle
Ils arrivèrent à Bethsaïde-Julias. Là, on Lui présenta un aveugle et on Le pria de le toucher. Prenant cet homme par la main, Il le conduisit hors de la bourgade. Il lui mouilla ensuite les yeux de Sa salive, et lui imposa les mains; puis, Il lui demanda s’il voyait quelque chose. L’aveugle regarda: « Je vis, dit-il, des hommes semblables à des arbres qui marcheraient. »De nouveau, Jésus étendit les mains sur les yeux de l’aveugle, lequel alors commença de voir et fut guéri si bien, qu’il distinguait clairement toutes choses. Alors Jésus lui dit en le renvoyant chez lui: « Retourne en ta maison; et, si tu entres dans la bourgade, ne parle à personne de ce qui vient de t’arriver. »
AUX ENVIRONS DE CÉSARÉE
I.—LA PROFESSION DE FOI DE PIERRE
Jésus, accompagné de Ses Disciples, Se dirigea vers les bourgades des environs de Césarée de Philippe. Durant la route, Il avait prié seul. Après quoi, Il adressa cette question à Ses Disciples: « Que disent les hommes du Fils de l’Homme? Et les foules, qui disent-elles que Je suis? » Ils répondirent: « Les uns prétendent que Vous êtes Jean-Baptiste; lesautres, que Vous êtes Élie; d’autres enfin, que Vous êtes Jérémie ou l’un des anciens Prophètes, sorti du tombeau. » - « Mais vous, reprit Jésus, qui dites-vous que Je suis? » Prenant la parole, Simon-Pierre répondit: « Vous êtes le Christ! le Fils du Dieu vivant! »
II.—LA PRIMAUTÉ DE PIERRE
« Tu es bienheureux, Simon, fils de Jona, repartit Jésus, parce que ce n’est ni la chair ni le sang qui te l’ont révélé, mais bien Mon Père qui est dans les cieux. Et Moi Je te déclare que tu es Pierre, que sur cette pierre Je bâtirai Mon Église, et que les Portes de l’enfer ne prévaudront pas contre elle. A toi Je donnerai les clefs du Royaume des cieux; et tout ce que tu lieras sur la terre, sera lié aussi dans le ciel; et tout ce que tu délieras sur la terre sera délié aussi dans le ciel. » Puis Il défendit très expressément à Ses Disciples de dire que Lui Jésus, était le Christ.Alors, pour la première fois, Jésus découvrit à Ses Disciples qu’il Lui fallait aller à Jérusalem, et que là, Il aurait beaucoup à souffrir de la part des Anciens, des Scribes et des Princes des Prêtres; qu’Il serait rejeté et mis à mort, et qu’Il ressusciterait le troisième jour. Et Il leur parlait ouvertement. Mais Pierre, prenant Jésus à part, essaya de protester: « Seigneur! s’écria-t-il avec véhémence, à Dieu ne plaise! Non, cela ne Vous arrivera pas! » Jésus Se tournant vers lui, devant les Disciples: « Arrière de Moi, Satan! lui dit-Il. Tu M’es un scandale! car tu n’as pas le sens des choses de Dieu, mais des choses de l’homme. »
III.—PRÉDICTION DE LA PASSSION ET DE LA RÉSURRECTION
Alors, pour la première fois, Jésus découvrit à Ses Disciples qu’il Lui fallait aller à Jérusalem, et que là, Il aurait beaucoup à souffrir de la part des Anciens, des Scribes et des Princes des Prêtres; qu’Il serait rejeté et mis à mort, et qu’Il ressusciterait le troisième jour. Et Il leur parlait ouvertement. Mais Pierre, prenant Jésus à part, essaya de protester: « Seigneur! s’écria-t-il avec véhémence, à Dieu ne plaise! Non, cela ne Vous arrivera pas! » Jésus Se tournant vers lui, devant les Disciples: « Arrière de Moi, Satan! lui dit-Il. Tu M’es un scandale! car tu n’as pas le sens des choses de Dieu, mais des choses de l’homme. »
IV. — DOCTRINE DE LA CROIX
Appelant ensuite près de Lui la foule avec Ses Disciples, Il dit: « Si quelqu’un veut venir après Moi, qu’il se renonce soi-même, qu’il porte sa croix chaque jour, et qu’il Me suive! Quiconque voudra sauver sa vie, la perdra; quiconque la perdra pour Moi et pour l’Évangile, la sauvera. Que sert à l’homme de gagner l’univers entier, s’il vient à perdre son âme? Qu’est-ce que l’homme donnera en échange de son âme? Car le Fils de l’Homme viendra dans Sa Majesté, rayonnant dans la gloire du Père, et environné des saints Anges; et alors Il rendra à chacun selon ses oeuvres. Celui qui aura rougi de Moi et de Mes paroles, en présence de cette race adultère et pécheresse, le Fils de l’Homme, à Son tour, rougira de lui et le confondra. En vérité, Je vous le déclare: il y en a ici qui ne sentiront point l’atteinte de la mort, avant d’avoir vu la manifestation de la Puissance royale du Fils de l’Homme. »
la Transfiguration
Environ huit jours après, Jésus prit avec Lui Pierre, Jacques et Jean, et Il les conduisit seuls, à l’écart, sur une haute montagne. Il Se rendait là pour prier. Pendant qu’Il priait, Il fut transfiguré devant eux. Son visage resplendit comme le soleil; Ses vêtements devinrent éblouissants comme la neige, lorsqu’elle réfléchit une vive lumière: ils étaient d’une blancheur extrême, et que nul foulon sur la terre ne pourrait obtenir. Or Pierre et ses deux compagnons étaient appesantis par le sommeil. En se réveillant, ils virent Jésus rayonnant de gloire, et, avec Lui, deux personnages d’une imposante majesté. C’étaient Moïse et Élie. Ils s’entretenaient avec Jésus et parlaient de Sa sortie de ce monde, qui devait s’accomplir à Jérusalem. Comme ceux-ci allaient disparaître. Pierre dit à Jésus: « Maître, il nous est bon d’être ici. Si Vous le voulez, dressons-y trois tentes, une pour Vous, une pour Moïse et une pour Élie. » Il parlait encore, ne sachant ce qu’il disait, tant la crainte
les mettait hors d’eux-mêmes, lorsqu’une nuée lumineuse enveloppa Jésus et les Prophètes. En voyant cette nuée les dérober à leurs yeux, les Apôtres furent saisis d’un grand effroi. Du milieu de la nuée une voix se fit entendre: « Celui-ci est Mon Fils bien-aimé, en qui J’ai mis toutes Mes complaisances. Écoutez-Le! » Les Disciples, entendant cette voix, tombèrent la face contre terre, frappés de terreur. Mais Jésus S’approcha, les toucha et leur dit: « Levez-vous! Ne craignez point! » Ils regardèrent, et ne virent plus que Jésus; Il était seul. Le jour suivant, comme ils descendaient de la montagne, Il leur dit: « Ne parlez de cette vision à personne jusqu’à ce que le Fils de l’Homme soit ressuscité d’entre les morts. » Les Disciples gardèrent le silence, et ne dirent, en ce moment, à personne rien de ce qu’ils avaient vu. Mais ils se demandèrent les uns aux autres ce que signifiait cette parole: « Jusqu’à ce qu’Il soit ressuscité d’entre les morts. » Ils posèrent cette question à Jésus: « Que disent donc les Pharisiens et les Scribes, prétendant qu’il faut qu’Élie vienne d’abord? » - « Certainement, répondit-Il, Élie doit venir, et il rétablira d’abord toutes choses. Et, de même que cela est prophétisé du Fils de l’Homme, Il aura, Lui aussi, beaucoup à souffrir, et Il sera rejeté avec mépris. Sachez pourtant qu’Élie est déjà venu; mais ils n’ont su le connaître, et, selon ce qui est écrit de lui, ils l’ont traité comme ils ont voulu. Ainsi feront-ils souffrir le Fils de l’Homme. » Les Disciples comprirent alors qu’Il parlait de Jean-Baptiste,
LE LUNATIQUE
Au pied de la montagne, Jésus trouva les autres Apôtres environnés d’une foule nombreuse. Des Scribes discutaient avec eux. A la vue soudaine de Jésus, la multitude fut saisie de stupeur et d’effroi. Elle accourut à Lui et Le salua. « Quel est le sujet de vos contestations? » demanda-t-Il. Un de ceux qui étaient dans la foule se présenta devant Jésus, et, tombant à genoux, il s’écria: « Maître, je Vous en supplie, jetez les yeux sur mon fils, mon unique enfant, et prenez-le en pitié! Il est lunatique, il est possédé d’un démon muet et souffre cruellement. Partout où l’esprit s’empare de lui, il le jette à terre. Alors l’enfant pousse des cris, il écume, il grince des dents et il se raidit. A peine si le démon le laisse un instant, sans le torturer, et il ne l’abandonne qu’après l’avoir brisé. J’ai conjuré Vos Disciples de le délivrer, et ils ne l’on pu. » - « O race incrédule et perverse! S’écria Jésus, jusque à quand serai-Je avec vous? jusque à quand devrai-Je vous subir?... Amenez-Moi l’enfant. » On fit approcher l’enfant. Dès qu’il fut en présence de Jésus, le démon le tortura et le précipita par terre; le pauvre malade s’y roulait en écumant. « Depuis combien de temps cela lui arrive-t-il? » demanda Jésus au père. - « Depuis son enfance, répondit-il, et fréquemment l’esprit l’a jeté dans l’eau et dans le feu, pour le faire périr. Mais, si Vous y pouvez quelque chose, ayez pitié de nous! Secourez-nous! » - « Si tu peux croire! reprit Jésus. Tout est possible à celui qui croit! » Aussitôt le père, fondant en larmes: « Je crois, Seigneur! mais aidez à l’insuffisance de ma foi. » Alors Jésus voyant le peuple accourir en foule, dit à l’esprit immonde, d’un ton de menace: « Esprit sourd et muet, sors de cet enfant, Je te l’ordonne, et n’y rentre plus jamais! » Le démon poussa un grand cri, agita l’enfant avec une extrême violence, et sortit de lui le laissant comme mort. « Il est mort! » disaient-ils presque tous. Mais Jésus le prit par la main, le souleva, et il se leva guéri. ET Jésus le rendit à son père. Tous les assistants étaient émerveillés de la puissance de Dieu.
* * *
Jésus étant entré dans une maison, Ses Disciples Le prirent à l’écart: « Pourquoi donc, Lui dirent-ils, n’avons-nous pu chasser ce démon? » - « A cause de votre manque de foi, répondit Jésus. Envérité, Je vous le dis: Si vous aviez de la foi, comme un grain de sénevé, vous diriez à cette montagne: « Transporte-toi d’ici, là », et elle s’y transporterait. Vous diriez à ce mûrier: « Déracine-toi et va te planter dans la mer », il vous obéirait aussitôt, et rien ne vous serait impossible. » - « Seigneur, augmentez notre foi! » s’écrièrent les Disciples. - « Oui, mais de plus, il faut le jeûne et la prière pour chasser cette sorte de démons. »
LA PASSION PRÉDITE.
LE DIDRACHME DU TEMPLE.
Ils partirent de là et traversèrent la Galilée par des chemins détournés, et sans se faire connaître à personne. C’était la volonté de Jésus. Chemin faisant, Il instruisait Ses Disciples; et, comme la foule était dans l’enthousiasme des prodiges qu’Il venait d’accomplir, Il leur disait: « Pour vous, gravez bien ceci dans votre coeur: Le Fils de L’Homme sera livré entre les mains des hommes. Ils Le feront mourir, et, le troisième jour après Sa mort, Il ressuscitera. Mais les Disciples ne comprenaient pas ces paroles qui les attristaient beaucoup. Elles leur étaient voilées, en sorte qu’ils n’en saisissaient pas la portée. Et ils n’osaient pas Lui en demander l’explication.
Dès qu’ils furent arrivés à Capharnaüm, ceux qui prélevaient l’impôt du didrachme s’approchèrent de Pierre, et lui dirent: « Ton maître ne paie-t-il pas le didrachme? » - « Il le paie », répondit-il. Il rentra ensuite dans la maison; mais Jésus le prévenant: « Que t’en semble, Simon? lui demanda-t-Il: De qui les rois de la terre perçoivent-ils le tribut ou le cens? De leurs enfants ou de ceux qui leur sont étrangers? » - « De ceux qui leur sont étrangers », répondit Pierre. - « Donc, reprit Jésu, les fils du roi en sont exempts. Toutefois, pour ne point les scandaliser, descend au lac et jette l’hameçon. Le premier poisson que tu tireras, ouvre-lui la bouche; tu y trouveras un statère. Prends-le, et donne-le pour toi et pour Moi. »
DIVERSES LEÇONS À SES APÔTRES
I. — L’HUMILITÉ
Quand les Disciples furent réunis à la maison, Jésus leur demanda: - « De quoi vous entreteniez-vous en chemin? » Ils se turent, car, durant le voyage, ils avaient disputé entre eux sur celui qui serait le plus grand. Mais, sentant bien que Jésus voyait ces pensées dans le fond de leurs coeurs, ils s’enhardirent, et s’étant approchés, ils Lui demandèrent: - « Maître, qui, selon Vous, doit être le plus grand dans le Royaume des cieux? » Jésus S’assit, réunit autour de Lui les Douze et leur dit: « Si quelqu’un veut être le premier, qu’il soit le dernier de tous, et le serviteur de tous! »
II. — RESSEMBLER AUX ENFANTS
Appelant ensuite un petit enfant, Il le plaça, tout près de Lui, au milieu d’eux, puis, l’enveloppant dans Ses bras, Il leur dit: « En vérité, Je vous le déclare: si vous ne changez pas et ne devenez comme de petits enfants, vous n’entrerez point dans le Royaume des cieux. Celui qui se fera petit, comme cet enfant, c’est celui-là qui sera le premier dans le Royaume des cieux. Oui, le plus petit, parmi vous, c’est celui-là qui est le plus grand.
III.— AIMER LES ENFANTS
Et celui qui reçoit, en Mon Nom, un petit enfant comme celui-ci, Me reçoit Moi-même, et celui qui Me reçoit, ne Me reçoit pas seulement Moi-même, mais aussi Celui qui M’a envoyé.
IV. — NE PAS SCANDALISER LES PETITS, LES RESPECTER
Si quelqu’un scandalisait un de ces petits, qui croient en Moi, mieux vaudrait qu’on lui suspendît au cou une meule de moulin, et qu’on le précipitât dans les profondeurs de la mer. Craignez de mépriser un seul de ces petits; car, Je vous le dis, leurs Anges contemplent la face de Mon Père qui est dans les cieux. Le Fils de l’Homme est venu sauver ce qui était perdu. Que vous en semble, en effet? Si quelqu’un a cent brebis et que l’une d’elles s’égare, ne laisse-t-il pas les quatre-vingt- dix-neuf autres dans les montagnes, pour aller chercher celle qui s’est perdue? Et, s’il parvient à la retrouver, en vérité, Je vous le dis: il aura plus de joie au sujet de celle-là, qu’au sujet des quatre-vingt-dix-neuf autres qui ne se sont point égarées. Ainsi votre Père, qui est dans les cieux, ne veut point qu’un seul de ces petits périsse.
V. — SCANDALE DU MONDE
Malheur au monde, à cause des scandales! Il n’est pas possible qu’il n’y en ait point, il est nécessaire qu’ils arrivent mais malheur à l’homme par qui vient le scandale!
VI. — FUIR L’OCCASION DU PÉCHÉ
Si votre main vous scandalise, coupez-la et jetez-la loin de vous! Il vaut mieux, pour vous, entrer dans la vie, avec une seule main, que d’être précipité, avec vos deux mains, dans la Géhenne du feu inextinguible, où le ver qui ronge ne meurt point, où la flamme ne s’éteint jamais. Si votre pied vous scandalise, coupez-le et jetez-le loin de vous! Il vaut mieux, pour vous, entrer, avec un seul pied, dans la vie éternelle, que d’être précipité, avec vos deux pieds, dans la Géhenne du feu inextinguible, où le ver qui ronge ne meurt point, où la flamme ne s’éteint jamais. Si votre oeil vous scandalise, arrachez-le et jetez-le loin de vous! Il vaut mieux, pour vous, entrer, avec un seul oeil, dans le Royaume de Dieu, que d’être précipité, avec vos deux yeux, dans la Géhenne du feu, où le ver qui ronge ne meurt point, où la flamme ne s’éteint jamais. Tous y seront salés par le feu, comme toute victime par le sel. Le sel est bon, mais si le sel devient insipide, avec quoi lui rendrez-vous sa saveur? En vous-mêmes ayez le sel, et que la paix soit entre vous! »
VII. — NE PAS JALOUSER LES AUTRES OUVRIERS DE DIEU
Alors Jean, prenant la parole, dit à Jésus: « Maître, nous avons vu quelqu’un exorciser les démons en Votre Nom; mais, comme il ne Vous suit pas avec nous, nous l’en avons empêché. » - « Ne l’en empêchez point, reprit Jésus, car nul ne peut en même temps opérer un miracle en Mon Nom, et parler mal de Moi. Qui n’est pas contre vous, est pour vous. Je vous le dis en vérité, quiconque, en Mon Nom, et parce que vous êtes au Christ, vous donnera un verre d’eau, ne perdra point sa récompense.
VIII. — CORRECTION FRATERNELLE
Quand votre frère aura péché contre vous, allez le trouver, et reprenez-le seul à seul. S’il vous écoute, et s’il témoigne du regret, vous aurez gagné votre frère, pardonnez-lui. Et s’il vous offense sept fois dans un jour, et que sept fois il revienne à vous, en disant: « Je m’en repens », pardonnez-lui. Si, au contraire, il refuse de vous écouter, prenez avec vous une ou deux personnes, afin que toute parole puisse être certifiée par deux ou trois témoins. Puis, s’il ne vous écoute pas, dénoncez-le à l’Église. Et, s’il n’écoute pas l’Église, qu’il soit pour vous comme un païen et un publicain. Je vous le dis en vérité: Tout ce que vous lierez sur la terre, sera lié aussi dans le ciel; et tout ce que vous délierez sur la terre, sera délié aussi dans le ciel. »
IX. — PARDON DES INJURES – PARABOLE
- « Seigneur, dit Pierre en s’approchant de Jésus, si mon frère pèche contre moi, combien de fois lui pardonnerai-je? sera-ce donc jusqu’à sept fois? » - « Je ne dis point jusqu’à sept fois, lui repartit Jésus, mais jusqu’à soixante-dix fois sept fois. Aussi, le Royaume des cieux est semblable à un roi qui voulut régler ses comptes avec ses serviteurs. Comme il commençait, on lui présenta un qui lui devait dix mille talents. Ce serviteur n’ayant pas de quoi les rendre, le roi ordonna qu’on le vendît, lui, sa femme, ses enfants, et tout ce qu’il possédait, afin de payer sa dette. Le serviteur, se jetant à ses pieds, l’implorait et disait: - « Patientez avec moi, et je vous rendrai tout! » Le roi en eut pitié, il le renvoya libre et lui remit sa dette. Il était à peine sorti, qu’il rencontra un de ses compagnons, lequel lui devait cent deniers. Aussitôt, il le saisit à la gorge, et il l’étouffait en criant: - « Paie-moi ce que tu me dois! » L’autre, se jetant à ses pieds, lui fit cette prière: - « Patientez avec moi, et je vous rendrai tout! » Il n’y consentit pas; mais il s’éloigna et fit jeter son débiteur en prison, jusqu’à ce qu’il eut payé toute sa dette. Les autres serviteurs, voyant cela, en furent indignés, et ils allèrent raconter à leur maître ce qui se passait. Le roi fit appeler son serviteur et lui dit: - « Méchant serviteur! sur ta prière, je t’ai remis toute ta dette. Ne devais-tu pas, toi aussi avoir pitié de ton compagnon, comme j’ai eu pitié de toi! » Et, dans son indignation, le roi livra cet homme aux exécuteurs, jusqu’à ce qu’il eût payé toute sa dette. C’est ainsi que vous traitera Mon Père céleste, si chacun de vous ne pardonne à son frère, du fond du coeur.
X.—PRIÈRE EN COMMUN DANS LA CHARITÉ
Je vous le répète: Si deux d’entre vous sont d’accord ici-bas, tout ce qu’ils demanderont, ils l’obtiendront de Mon Père céleste. Partout, en effet, où deux ou trois sont réunis en Mon Nom, Je suis au milieu d’eux.
XI.—PAUVRES SERVITEURS
Quand votre serviteur rentre des champs, après le labour ou le soin du troupeau, quel est celui d’entre vous qui lui dirait: - « Va tout de suite te mettre à table? » Ne lui dites-vous pas, au contraire: -« Prépare mon repas, ceins ton tablier, et sers-moi, tant que je mangerai et boirai. Ensuite tu mangeras toi-même et tu boiras. » Est-ce que le maître est tenu à rendre grâce à son serviteur, parce qu’il a fait tout ce qui lui était commandé? Je ne le pense point. De même, lorsque vous aurez accompli tous les préceptes qui vous sont imposés, dites: « Nous ne sommes que de pauvres serviteurs; ce que nous avons fait, nous étions obligés de le faire. »
DE CAPHARNAÜM À JÉRUSALEM
.I- LES PROCHES DE JÉSUS LE PRESSENT D’ALLER À JÉRUSALEM
Jésus S’était borné à parcourir la Galilée, ne voulant point aller en Judée, parce que les Juifs cherchaient à Le faire mourir. Or, la fête des Tabernacles, jour solennel parmi les Juifs, n’était plus éloignée; et Ses proches Lui disaient: « Quitte ce pays et va en Judée, afin que les Disciples que Tu comptes en cette contrée, soient témoins de toutes les oeuvres que Tu accomplis. Ce n’est point dans le secret qu’il faut agir, quand on prétend se faire connaître. Puisque Tu fais de telles choses, manifeste-Toi au monde. » Ses proches eux-mêmes, en effet, ne croyaient pas en Lui! « Ce n’est pas encore, pour Moi, le temps de partir, leur répondit-Il. Le monde n’a aucun sujet de vous haïr, vous, et l’heure que vous choisissez est toujours bonne. Mais il Me hait, Moi, parce que Je témoigne contre lui de la perversité de ses oeuvres. Allez donc, vous autres, à cette solennité, pour Moi Je ne monte pas pour le jour même de la fête. Mon temps n’est pas accompli. »
II.—ANATHÈMES SUR LES CITÉS DES BORDS DU LAC
Après cela, Il demeura quelques jours encore en Galilée. Reprochant alors leur endurcissement aux villes, dans lesquelles avaient tant de fois éclaté les signes de Sa puissance et de Sa miséricorde, et qui ne devaient plus entendre Sa parole, Il S’écria: « Malheur à toi, Corozaïn! Malheur à toi, Bethsaïde! parce que, si les miracles qui ont été faits au milieu de vous, eussent été accomplis dans Tyr et Sidon, il y a longtemps que ces villes eussent fait pénitence, dans le cilice et la cendre. Je vous le déclare donc: au jour du jugement, il y aura plus de rémission pour Tyr et pour Sidon que pour vous!
Et toi Capharnaüm, n’as-tu pas été élevée jusqu’au ciel? Tu seras rabaissée jusqu’à l’enfer! parce que, si dans Sodome eussent été produits les miracles qui se sont opérés chez toi, Sodome serait encore debout aujourd’hui. Aussi, Je le déclare, au jour du jugement, il ya aura plus de rémission pour le pays de Sodome, que pour toi! »
III.—INHOSPITALITÉ DES SAMARITAINS
Lorsque tous Ses proches furent partis, Jésus affermit Son visage et Se dirigea vers Jérusalem pour la fête, en traversant la Galilée et la Samarie; or le temps où Il devait être enlevé de ce monde n’était plus éloigné. Il faisait ce voyage, non ouvertement mais comme en secret. Ayant envoyé en avant quelques-uns de Ses Disciples, ceux-ci entrèrent dans une ville de la Samarie, afin de tout disposer pour Lui. On Lui refusa l’hospitalité, parce qu’Il laissait voir qu’Il Se dirigeait vers Jérusalem. Devant ce refus, Ses Disciples Jacques et Jean s’écrièrent: « Voulez-vous, Seigneur, que nous commandions au feu du ciel de descendre et de consumer ces gens-là? » Jésus Se retournant leur fit cette réprimande: « Vous ne savez de quel esprit vous êtes. Le Fils de l’Homme n’est point venu pour perdre les âmes, mais pour les sauver. » Et ils s’en allèrent dans une autre bourgade.
IV.—LES DIX LÉPREUX
Durant ce même voyage, comme Il arrivait, un jour, à l’entrée d’une bourgade, dix lépreux accoururent vers Lui, et, s’arrêtant assez loin, ils s’écrièrent: « O Jésus! O Maître! Ayez pitié de nous! » Dès qu’Il les vit, Il leur dit: « Allez, montrez-vous aux prêtres. » Ils s’en allèrent; et voilà qu’en chemin, tous furent délivrés de la lèpre. L’un d’eux, se voyant guéri, revint aussitôt sur ses
pas, célébrant à haute voix la grandeur de Dieu; il se prosterna aux pieds de Jésus, la face contre terre, et Lui témoigna toute sa reconnaissance. Or, c’était un Samaritain. « Est-ce que tous les dix n’ont pas été guéris? Demanda Jésus; où sont donc les neuf autres?... Ainsi, aucun ne s’est rencontré qui soit revenu pour rendre gloire à Dieu, si ce n’est cet étranger! »
Alors Il lui dit: « Lève-toi! poursuis ton chemin. Ta foi t’a sauvé. »
Jésus enseigne duranT
la Fête des Tabernacles
I.—DIVINITÉ DE SA DOCTRINE
Dès le commencement de la fête, les Juifs cherchaient Jésus et demandaient: « Où donc est-Il? » Il y avait à Son sujet grande rumeur dans la foule: « Il est bon », disaient les uns. - « Nullement, répliquaient les autres, c’est un séducteur du peuple. » Mais personne, par crainte des Juifs, n’osait en parler librement. Vers le milieu de la fête, Jésus monta au Temple, et fit entendre Ses enseignements. Les Juifs s’en étonnaient, et ils disaient: « Comment sait-Il les Écritures, Lui qui ne les a pas étudiées? » - « Ma Doctrine n’est pas de Moi, dit Jésus; c’est la Doctrine de Celui qui M’a envoyé. Si quelqu’un veut accomplir Sa volonté, il reconnaîtra si Ma Doctrine vient de Dieu, ou si Je parle de Moi-même. L’homme qui parle de son chef n’a en vue que sa propre gloire. Mais l’homme qui cherche la gloire de celui qui l’envoie, celui-là est digne de foi, et la droiture est en lui.
II.—JÉSUS RÉPOND AU REPROCHE DE PROFANATION DU SABBAT
Moïse ne vous a-t-il pas donné la Loi?... Or personne ne l’accomplit. Il a dit: « Tu ne tueras point. » Pourquoi donc, malgré ce commandement formel, cherchez-vous à Me tuer? » - « Le démon T’égare, répondit la foule. Qui cherche à Te faire mourir? » - « Le jour du sabbat, J’ai fait un miracle, poursuivit Jésus, et tous vous en êtes hors de vous-mêmes. Pourtant, vous aussi, le jour du sabbat, vous opérez la circoncision dont Moïse vous a donné le précepte (bien qu’elle ne vienne pas de lui, mais des Patriarches). Si donc on circoncit un homme le jour du sabbat, sans violer la loi de Moïse, pourquoi vous indigner contre Moi, parce que J’ai rendu à un homme une santé complète, ce même jour du sabbat? N’allez donc pas juger sur de simples apparences, mais jugez selon la justice. »
III.—DIVINITÉ DE SA MISSION
Quelques habitants de Jérusalem disaient: « N’est-ce pas là celui qu’ils cherchent à mettre à mort?
Le voilà qui parle en public, et ils ne Lui disent rien. Les Princes des prêtres auraient-ils reconnu qu’Il est vraiment le Christ?... Et pourtant, Celui-ci, nous savons d’où Il est, tandis que le Christ, lorsqu’Il viendra, nul ne saura d’où Il est. » Jésus alors, d’une voix puissante, fit entendre cet enseignement au milieu du Temple: « Vous Me connaissez, vous savez d’où Je suis. Donc vous devez savoir aussi que Je ne suis pas venu de Moi-même. C’est Celui qui est vrai qui M’a envoyé. Mais vous ne Le connaissez pas! Moi, Je Le connais, parce que Je suis par Lui et qu’Il M’a envoyé. » Là-dessus, les Juifs cherchèrent à se saisir de Sa personne. Nul cependant ne mit la main sur Lui: Son heure n’était pas encore venue. Dans la foule, beaucoup croyaient en Lui et disaient: « Quand le Christ viendra, fera-t-Il plus de miracles que n’en opère cet homme? » Ces propos de la multitude parvinrent aux oreilles des Pharisiens; aussi, de concert avec les Princes des prêtres, ils envoyèrent des gardes pour L’arrêter.
IV.—LA PROCHAINE DISPARITION DE JÉSUS EN CE MONDE
Jésus leur dit: « Je suis encore avec vous pour un peu de temps; puis Je retournerai à Celui qui M’a envoyé. Alors vous Me chercherez, et vous ne Me trouverez point; car, où Je suis, vous ne pouvez venir. » Les Juifs se demandaient entre eux: « Où doit-Il aller, pour que nous ne Le trouvions pas? Ira-t-Il vers la dispersion des Gentils, va-t-Il prêcher aux nations? Que veut-Il dire par là: « Vous Me chercherez et ne Me trouverez point, car, où Je suis, vous ne pouvez venir? »
V.—JÉSUS, SOURCE DE VIE
Le dernier jour de la Fête, qui en est le plus solennel, Jésus, debout dans le Temple, S’écriait: « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à Moi, et qu’il boive! Qui croit en Moi, comme dit l’Écriture, de son sein jailliront des fleuves d’eau vive. » En disant cela, Il parlait de l’Esprit que devaient recevoir ceux qui croiraient en Lui. L’Esprit n’était pas encore donné, parce que Jsus n’était pas encore glorifié.
VI.—SENTIMENTS DE LA FOULE
Dans la foule qui venait d’entendre ces paroles, les uns disaient: « C’est vraiment le Prophète! » - « C’est le Christ! » ajoutaient les autres. - « Est-ce que le Christ vient de Galilée? Répliquaient certains. L’Écriture ne dit-elle pas que le Christ sera de la famille de David, ou qu’Il sortira de la petite ville de Bethléem, où naquit David! » Les esprit étaient donc partagés à Son sujet. Quelques-uns même eussent bien voulu L’arrêter; mais nul ne mit la main sur Lui.
VII.—AU CONSEIL DU SANHÉDRIN
Les gardes, chargés d’arrêter Jésus, retournèrent vers les Pontifes et les Pharisiens: « Pourquoi ne L’avez-vous pas amené? » demandèrent ceux-ci. Les gardes répondirent: « Jamais homme n’a parlé comme cet homme! » - « Est-ce que, vous aussi, vous vous êtes laissé séduire? s’écrièrent les Pharisiens. Parmi les Princes des prêtres et les Pharisiens, en est-il un seul pour croire en Lui’ Il n’y a que cette populace qui n’entend rien à la Loi: ce son des maudits! » Alors l’un d’entre eux, Nicodème, celui-là qui était venu trouver Jésus pendans la nuit, prenant la parole: « Notre Loi, dit-il, condamne-t-elle un homme, sans qu’il soit entendu, et sans qu’on ait contrôlé ses actes? » - « Quoi donc! Et vous aussi, vous devenez Galiléen? Lui répliquèrent-ils. Scrutez les Écritures, et vous verrez que jamais un Prophète ne sort de Galilée. » Après cela, chacun retourna dans sa maison.
Pour Jésus, Il Se dirigea vers la montagne des Oliviers.
VIII.—LA FEMME ADULTÈRE
Le lendemain, dès la première aube, Jésus revint au Temple. Le peuple, en foule, L’entoura aussitôt. S’étant assis, Il Se mit à l’enseigner. Sur ces entrefaites, les Scribes et les Pharisiens Lui amenèrent une femme, surprise en adultère, et, l’ayant placée debout au milieu de l’assistance: « Maître, dirent-ils à Jésus, voici une femme qu’on vient de surprendre en adultère. Or, dans la Loi, Moïse nous ordonne de lapider ces sortes de coupables. Et Vous, quel est votre avis? » En posant cette question à Jésus, ils voulaient Lui tendre un piège, ils cherchaient un prétexte pour L’accuser. Jésus S’inclina, et Se mit à écrire avec le doigt sur la terre. Comme ils insistaient, Jésus Se redressa et leur répondit: « Que celui d’entre vous qui est sans péché, lui jette la première pierre! » Et, Se baissant de nouveau, Il continua d’écrire sur le sol. En entendant cette réponse, ils se retirèrent, un à un, à commencer par les plus vieux. Et Jésus demeura seul, avec la femme, qui était là debout devant Lui. Alors Il Se leva et lui dit: « Femme, où sont donc ceux qui t’accusaient? Personne ne t’a condamnée? » - « Personne, Seigneur », répondit-elle. - « Eh bien! ni Moi non plus, Je ne te condamnerai point, reprit Jésus. Va! et à l’avenir, ne pèche plus! »
IX.—JÉSUS, LUMIÈRE DU MONDE
Jésus avait repris Son enseignement au peuple. Il disait: « Je suis la Lumière du monde. Celui qui Me suit ne marche pas dans les ténèbres; mais il aura la lumière de la vie. »
X. — VALEUR DE SON TÉMOIGNAGE. LE TÉMOIGNAGE DU PÈRE.
- « Tu Te rends témoignage à Toi-même, reprirent les Pharisiens. Un pareil témoignage est sans valeur. » - « Bien que Je témoigne de Moi-même, dit Jésus, ce témoignage est vrai. Je sais, en effet, d’où Je viens et où Je vais. Mais vous, vous ne savez d’où Je viens, ni où Je vais; car vous jugez selon la chair. Pour Moi, Je ne juge personne. Et si Je juge, Mon jugement est valable, parce que Je ne suis pas seul: Il y a Moi et le Père qui M’a envoyé. Il est écrit, dans votre Loi, que l’attestation de deux témoins est tenue comme vraie. Or, pour rendre témoignage de Moi, nous sommes deux: Moi, et le Père qui M’a envoyé. » - « Ton Père! dirent les Juifs, où donc est-Il? » - « Vous ne connaissez ni Moi, ni Mon Père, continua Jésus. Si vous Me connaissiez, vous conaîtriez aussi Mon Père. » Ainsi parla Jésus au Temple, dans la salle du Trésor. Personne cependant ne mit la main sur Lui; car Son heure n’était pas encore venue.
XI.—JÉSUS ANNONCE SON RETOUR VERS SON PÈRE
Il leur dit encore: « Je M’en vais!... Vous Me chercherez, et vous mourrez dans votre péché. Où Je vais, vous ne pouvez venir. » - « Va-t-Il Se tuer! se demandaient les Juifs, puisqu’Il dit: « Où Je vais, vous ne pouvez venir. » Jésus reprit: « Vous, vous êtes d’en bas; Moi Je suis d’en Haut. Vous, vous êtes de ce monde; Moi, Je ne suis point de ce monde. Aussi, vous ai-Je déclaré que vous mourrez dans vos péchés. Oui, vous mourrez dans votre péché, si vous ne croyez pas qui Je suis. » - « Qui donc êtes-Vous? » demandèrent-ils. - « Je suis le Principe, Moi qui vous parle! J’ai beaucoup à reprendre et à condamner en vous. Qu’il Me suffise de vous dire que Celui qui M’a envoyé ne trompe point: ce qu’Il M’a appris, Je le dis au monde. » Ils ne comprirent point, cette fois, que le Père dont Jésus parlait, était Dieu Lui-même. Il poursuivit: « Quand vous aurez élevé le Fils de l’Homme, alors vous reconnaîtrez qui Je suis. Vous saurez que Je ne fais rien de Moi-même, mais que Je parle comme le Père M’a enseigné. Vous saurez que Celui qui M’a envoyé est avec Moi, et qu’Il ne Me laisse point seul, parce que toujours Je fais ce qui Lui plaît. » En entendant ces discours, beaucoup crurent en Lui.
XII.—LA VRAIE LIBERTÉ
A ces Juifs qui crurent en Lui, Jésus fit entendre ces paroles: « Vous serez vraiment Mes Disciples, si vous demeurez dans Ma Doctrine; vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous rendra libres. » - « Nous sommes de la race d’Abraham, répliquèrent les Juifs, et nous n’avons jamais été les esclaves de personne. Comment nous dites-vous: « Vous serez libres? » - « En vérité, en vérité, Je vous le déclare, dit Jésus: celui qui fait le péché est esclave du péché. Or l’esclave ne demeure pas toujours dans la maison; mais le Fils y est à jamais. Si donc le Fils vous délivre, vous serez vraiment libres. Je sais que vous êtes de la race d’Abraham; mais vous cherchez à Me faire mourir, parce que Ma parole n’a pas de prise sur vous. Moi, ce que J’ai vu en Mon Père, Je le dis; et vous, ce que vous avez vu en votre père, vous le faites. » - « Notre père à nous, c’est Abraham! » s’écrièrent-ils. - « Si vous êtes les fils d’Abraham, reprit Jésus, faites donc les oeuvres d’Abraham. Mais, en ce moment même, vous cherchez à Me mettre à mort, Moi, un Homme qui vous ai fait connaître la vérité que J’ai entendue de Dieu. Ce n’est point là ce que faisait Abraham. Pour vous, vous faites les oeuvres de votre père. » - « Nous ne sommes point des enfants de fornication, répliquèrent-ils; nous n’avons qu’un seul Père: Dieu! »
XIII.—SATAN HOMICIDE ET MENTEUR
- « Si Dieu était votre Père, dit Jésus, certainement vous M’aimeriez, Moi! Car c’est de Dieu que Je suis sorti et que Je viens. Non, encore une fois, Je ne suis pas venu de Moi-même, c’est Lui qui M’a envoyé. Pourquoi don ne Me reconnaissez- vous pas à Mon langage? C’est parce que vous ne pouvez pas même entendre Ma parole. Votre père, à vous, c’est le démon! et ce sont les instincts de votre père que vous voulez assouvir. Dès l’origine, celui-là fut homicide, et il ne s’est pas tenu dans la vérité; c’est pourquoi la vérité n’est plus en lui. Quand il dit le mensonge, il parle de son propre fond; car il est le Menteur, et le père du mensonge. Et Moi, lorsque Je vous dis la vérité, vous ne Me croyez point! Qui de vous pourtant Me convaincra de péché? Pourquoi donc ne Me croyez-vous pas, lorsque Je vous dis la vérité? Ah! celui qui est de Dieu, écoute les paroles de Dieu; et, si vous ne les écoutez point, c’est parce que vous n’êtes pas de Dieu! » Les Juifs s’écrièrent: « N’avons-nous pas raison de dire que Tu n’es qu’un Samaritain, et un possédé du démon? » - « Je ne suis point un possédé du démon, répondit Jésus. Mais J’honore Mon Père, et vous, vous M’outragez. Du reste, pour Moi Je ne cherche pas Ma gloire, il en est un autre qui la cherchera et qui fera justice. En vérité, en vérité, Je vous l’affirme: Quiconque gardera Ma parole, ne connaîtra jamais la mort. »
XIV.—DIVINITÉ DE JÉSUS
- « Maintenant, dirent les Juifs, nous voilà bien convaincus que le démon Te possède. Abraham est mort, les Prophètes sont morts, et Tu dis: « Quiconque gardera Ma parole, ne connaîtra jamais la mort. » Es-Tu plus grand que notre père Abraham, qui est mort? que les Prophètes, qui sont morts? Qui donc prétends-Tu être? » - « Si Je Me glorifie Moi-même, reprit Jésus, Ma gloire n’est rien. Mais c’est Mon Père qui Me glorifie, Mon Père que vous appelez votre Dieu, et que vous ne connaissez pas. Moi, Je Le connais. Si Je disais que Je ne Le connais pas, Je serais comme vous, menteur. Mais Je Le connais, et Je garde Sa parole. Abraham, que vous appelez votre père, a tressailli du désir de voir Mon jour. Il l’a vu, et son coeur s’est dilaté de joie. » - « Tu n’as pas encore cinquante ans, et Tu as vu Abraham? » repartirent les Juifs. - « En vérité, en vérité, Je vous le déclare, dit Jésus, avant qu’Abraham fût créé, Moi, Je suis! » Là-dessus ils ramassèrent des pierres pour Le lapider, mais Jésus Se déroba et sortit du Temple.
Guérison de l'aveugle-né
I.—LE MIRACLE
Comme Jésus quittait le Temple, Il vit, sur Son passage, un homme aveugle de naissance. « Maître, Lui demandèrent Ses Disciples, qui donc a péché, de cet homme ou de ses parents, pour qu’il soit né aveugle? » - « Ce n’est ni par sa faute, ni par celle de ses parents, répondit Jésus; mais afin que les oeuvres de Dieu se manifestent en lui. Il faut, en effet, tandis qu’il est jour, que J’accomplisse les oeuvres de Celui qui M’a envoyé. La nuit vient, où nul ne peut agir. Or, tant que Je suis dans ce monde, Je suis la Lumière du monde ». A ces mots, Il mouilla la terre de Sa salive et fit de la boue dont Il oignit les yeux de l’aveugle. Puis Il dit: « Va maintenant, et lave-toi dans la Piscine de Siloë. » (Ce mot de Siloë signifie l’Envoyé.) L’aveugle alla donc se laver, et, quand il revint, il voyait. Les voisins et ceux qui l’avaient vu auparavant demander l’aumône, disaient: « N’est-ce point là l’homme qui était assis et mendiait? » - « C’est lui », répondaient les uns. - « Point du tout, répliquaient les autres; mais c’en est un qui lui ressemble. » - « C’est bien moi! » affirmait-il lui-même. - « Comment donc tes yeux se sont-ils ouverts? » - « C’est homme qu’on appelle Jésus, a fait de la boue, Il l’a étendue sur mes yeux; puis Il m’a dit: « Va maintenant, et lave-toi dans la Piscine de Siloë. » J’y suis allé, je me suis lavé, et je vois! » - « Et cet homme, où est-il? » - « Je n’en sais rien. »
II.—ENQUÊTE DES PHARISIENS
Alors on conduisit aux Pharisiens celui qui avait été aveugle. Or, c’était un jour de sabbat que Jésus avait fait de la boue et ouvert les yeux de cet homme. A leur tour, les Pharisiens lui demandèrent comment il avait recouvré la vue. Il leur dit: « Il m’a mis de la boue sur les yeux, je me suis lavé, et je vois! » Sur cette déclaration, quelques Pharisiens conclurent: « Cet homme ne vient pas de Dieu, puisqu’il ne garde pas le sabbat. » - « Cependant, reprenaient les autres, comment un pécheur pourrait-il opérer de pareils prodiges? » Et les avis étaient partagés. De nouveau, ils s’adressent à l’aveugle: « Et toi, que dis-tu de celui qui t’a ouvert les yeux? » - « C’est un Prophète! » répondit-il. Les Juifs se refusaient toujours à croire que cet homme eût été aveugle et qu’il eût recouvré la vue. Ils firent venir ses parents et les interrogèrent: « Est-ce bien là votre fils, que vous dites né aveugle? Comment donc voit-il maintenant? » - « Nous savons que c’est notre fils et qu’il est né aveugle. Comment voit-il maintenant? nous ne le savons pas; qui lui a ouvert les yeux? nous l’ignorons. Interrogez-le! il est assez âgé; qu’il parle lui-même de ce qui le regarde. » Ils tinrent ce langage, par crainte des Juifs. Ceux-ci, en effet, avaient résolu de chasser de la synagogue quiconque reconnaîtrait que Jésus était le Christ. C’est pour cela que les parents répondirent: « Il est assez âgé, interrogez-le. » Les Pharisiens appelèrent une seconde fois l’homme qui avait été aveugle. « Rends gloire à Dieu! lui dirent-ils. Nous sommes certains, nous, que cet homme est un pécheur. » - « Que ce soit un pécheur, je l’ignore. Je ne sais qu’une chose: j’étais aveugle; et maintenant je vois! » - « Que t’a-t-Il fait? Comment S’y est-Il pris pour t’ouvrir les yeux? » - « Je vous l’ai déjà dit, et vous l’avez entendu. Pourquoi voulez-vous l’entendre encore? Est-ce que, vous aussi, vous voulez devenir Ses disciples? » - « Sois toi-même Son disciple! s’écrièrent-ils, en le chargeant d’anathèmes. Nous sommes, nous, les disciples de Moïse; car nous savons que Dieu a parlé par Moïse. Quant à celui-ci, nous ne savons d’où il est. » - « C’est surprenant! répliqua l’aveugle guéri, vous ne savez d’où Il est? Et pourtant Il m’a ouvert les yeux. Nous savons que Dieu n’écoute pas les pécheurs; mais celui qui L’honore et fait Sa volonté, Il l’exauce. Or, il est inouï que quelqu’un ait jamais ouvert les yeux d’un aveugle-né. Si cet homme n’était pas de Dieu, Il n’aurait pas cette puissance. » - « Comment! s’exclamèrent les Pharisiens, tu es né tout entier dans le péché, et tu prétends nous donner des leçons! » Et ils le jetèrent dehors.
III.—EFFETS DU MIRACLE
Jésus apprit qu’ils l’avaient expulsé. L’ayant rencontré, Il lui dit:
« Crois-tu au Fils de Dieu? » - « Qui est-il, Seigneur, pour que je croie en Lui? » - « Tu l’as vu, répondit Jésus, et c’est Lui-même qui te parle! » - « Je crois, Seigneur! » s’écria cet homme. Et, se prosternant, il L’adora. Jésus dit alors:« Je suis venu en ce monde pour porter cette sentence:
ceux qui ne voient pas, verront; et ceux qui voient deviendront aveugles. » Près de Lui se tenaient quelques Pharisiens. L’ayant entendu, ils Lui dirent: « Est-ce que, nous aussi, nous sommes aveugles? » - « Si vous étiez aveugles, repartit Jésus, vous n’auriez pas de péché. Mais puisque vous dites maintenant: « Nous voyons », votre péché demeure. »
« Je suis le Bon Pasteur ! »
« En vérité, en vérité, Je vous le dis: celui qui n’entre point dans la bergerie par la porte, mais y monte par ailleurs, celui-là est un voleur et un brigand. Celui qui entre par la porte, c’est le Pasteur des brebis. Le portier lui ouvre et les brebis entendent sa voix. Ces brebis, qui sont à lui, il les appelle par leur nom, et il les fait sortir. Et, quand il fait sortir ces brebis, qui sont à lui, il marche devant elles, et les brebis le suivent, parce qu’elles connaissent sa voix. Quant à l’étranger, elles ne le suivent pas; elles le fuient, au contraire, parce qu’elle ne connaissent point la voix des étrangers. » Telle fut la comparaison que leur fit Jésus; mais ils ne comprirent pas ce qu’Il voulait dire. Il reprit: « En vérité, en vérité, Je vous le déclare; Je suis la Porte des brebis. Tous ceux qui sont venus, sans passer par Moi, sont des voleurs et des brigands, et les brebis ne les ont pas écoutés. Je suis la Porte. Quiconque entre par Moi sera sauvé. Il pourra entrer et sortir, et il trouvera des pâturages. Le voleur, lui, ne vient que pour dérober, égorger et détruire. Moi, Je suis venu pour que les brebis aient la vie, et qu’elle l’aient surabondante. Je suis le Bon Pasteur! Le Bon Pasteur donne sa vie pour ses brebis. Quant au mercenaire, quant à celui qui n’est point le pasteur et à qui n’appartiennent pas les brebis, dès qu’il voit venir le loup, il abandonne les brebis et s’enfuit. Et le loup les ravit et les disperse. Le mercenaire s’enfuit, parce qu’il est mercenaire, et qu’il n’a nul souci des brebis. Moi, Je suis le bon Pasteur! Je connais les miennes et les miennes Me connaissent, comme Mon Père Me connaît et que Je connais Mon Père. Je donne Ma vie pour Mes brebis.J’ai encore d’autre brebis qui ne sont point de ce bercail. Il faut que Je les amène! Elles entendront Ma voix, et il n’y aura plus qu’un seul Bercail et un seul Pasteur. Si le Père M’aime, c’est parce que Je donne Ma vie; mais Je la reprendrai à nouveau. Personne ne Me l’enlève, Je la dépose de Moi-même, ayant également le pouvoir de la déposer et le pouvoir de la reprendre: J’ai reçu cette mission de Mon Père. » Sur ces paroles, de nouvelles discussions s’élevèrent parmi les Juifs. La plupart disaient: « Il est possédé du démon; Il délire. A quoi bon L’écouter? » - « Ce ne sont pas là les propos d’un possédé, répliquaient les autres. D’ailleurs, le démon peut-il ouvrir les yeux aux aveugles? »
LES SOIXANTE-DOUZE DISCIPLES
DEUXIÈME MISSION EN JUDÉE
I.—INSTRUCTION AUX DISCIPLES, LEUR MISSION
Ensuite le Seigneur, faisant une nouvelle élection, désigna soixante-douze Disciples, et les envoya devant Lui, deux par deux, dans toute ville, dans tout endroit, où Lui-même devait Se rendre. Il leur dit: « La moisson est grande, et les ouvriers sont en petit nombre. Priez donc le Maître de la moisson d’envoyer des ouvriers dans cette moisson qui est à Lui! Allez! voici que Je vous envoie comme des agneaux parmi les loups. Ne portez ni bourse, ni sac, ni souliers. En chemin, ne vous arrêtez à saluer personne. En quelque maison que vous entriez, dites d’abord: « Paix à cette maison! » S’il s’y trouve un enfant de la paix, votre paix reposera sur lui, sinon elle reviendra sur vous. Demeurez dans la même maison, mangeant et buvant ce qui s’y trouvera, car l’ouvrier mérite son salaire. Ne passez point d’une maison dans une autre. Dans toute ville où vous entrerez et où vous serez accueillis, mangez ce qui vous sera offert. Guérissez les malades qui s’y trouveront, et dites: « Le Royaume des cieux s’est approché de vous! » Dans toute ville, au contraire, où vous entrerez et où vous ne serez pas accueillis, allez sur les places publiques et dites: « La poussière même de votre ville qui s’est attachée à nos pieds, nous la secouons contre vous; sachez pourtant que le Royaume de Dieu est arrivé! » Je vous déclare qu’au grand jour, il y aura plus de rémission pour Sodome que pour cette ville. Qui vous écoute, M’écoute; qui vous méprise, Me méprise. Et quiconque Me méprise, méprise Celui qui M’a envoyé. »
II.—RETOUR DES DISCIPLES
Les Soixante Douze revinrent pleins de joie. « Seigneur, disaient-ils, les démons mêmes nous sont soumis en Votre Nom! » - « Je voyais Satan qui tombait du ciel, comme la foudre! leur répondit Jésus. C’est Moi qui vous ai donné le pouvoir de marcher sur les serpents, sur les scorpions et sur toute force de l’ennemi. Rien ne saurait vous nuire! Cependant ne vous réjouissez pas outre mesure, de ce que les démons vous sont soumis; mais réjouissez-vous de ce que vos noms sont écrits dans les cieux. »
III.—LA JOIE DU SACRÉ-COEUR
En ce moment, dans un tressaillement de joie venu de l’Esprit-Saint, Jésus S’écria: « O Père, Seigneur du ciel et de la terre, Je Vous bénis d’avoir caché ces choses aux sages et aux prudents, et de les avoir révélées aux petits! Oui, Père, qu’il en soit ainsi, puisque Vous l’avez trouvé bon! Toutes choses M’ont été données par Mon Père. Et nul ne connaît le Fils, si ce n’est le Père, et nul ne connaît le Père, si ce n’est le Fils, et celui à qui il aura plu au Fils de le révéler. » Se tournant alors vers Ses Disciples: « Heureux, dit-Il, les yeux qui voient ce que vous voyez! Je vous le déclare: Beaucoup de Prophètes et de rois ont désiré voir ce que vous voyez, et ne l’ont point vu, entendre ce que vous entendez et ne l’ont point entendu. »
IV.—L’INVITATION DU SACRÉ-COEUR
« Venez donc à Moi, vous tous qui travaillez et qui ployez sous le fardeau, et Je vous ranimerai! Portez Mon joug sur vous! Et devenez Mes disciples, car Je suis doux et humble de cœur! Et vous trouverez le repos de vos âmes! Car Mon joug est suave, et Mon fardeau léger! »
LE BON SAMARITAIN
Alors un Docteur de la Loi, cherchant à Lui tendre un piège, s’approcha et Lui dit: « Maître! Que dois-je faire pour acquérir la vie éternelle? » - « Qu’est-il écrit dans la loi? répondit Jésus. Qu’y lis-tu? » - « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu, de tout ton coeur, de toute ton âme, de toutes tes forces, de tout ton esprit; et ton prochain, comme toi-même. » - « C’est bien répondu! reprit Jésus. Fais cela, et tu vivras! » Mais le Docteur, voulant se justifier, poursuivit: « Mon prochain, quel est-il? » - « Un homme, dit alors Jésus, descendait de Jérusalem à Jéricho. Il tomba entre les mains des voleurs, lesquels, après l’avoir dépouillé, s’enfuirent, le laissant couvert de plaies et à demi mort. Or, un prêtre suivait le même chemin. Il vit cet homme, et passa outre. Après lui, un lévite, étant venu près du blessé, le regarda, et passa de même. Mais un Samaritain, qui voyageait également, arriva près de cet homme. En le voyant, il fut touché de compassion. Il s’approcha, banda ses plaies, après y avoir versé de l’huile et du vin. Puis il le plaça sur son cheval, le transporta dans une hôtellerie et lui donna tous ses soins. Le lendemain, il tira deux deniers, les remit à l’hôtelier et lui dit: « Soignez bien cet homme, et tout ce que vous dépenserez en plus, je vous le rendrai à mon retour. » Lequel de ces trois te semble avoir été le prochain de l’homme qui tomba entre les mains des voleurs? » - « C’est, répondit le Docteur, celui qui a exercé la miséricorde envers lui. » - « Va, lui dit Jésus, et toi aussi fais de même! »
Instruction du Notre Père
. — FORMULE DOMINICALE
Un jour, Jésus priait en un certain endroit. Lorsqu’Il eut fini, l’un de Ses Disciples Lui adressa cette demande: « Seigneur, apprenez-nous à prier comme Jean l’a enseigné à ses Disciples. » - « Lorsque vous priez, répondit Jésus, dites: « Père, que Votre Nom soit sanctifié! Que Votre Règne arrive! Donnez-nous aujourd’hui notre pain quotidien! Pardonnez-nous nos offenses, puisque nous-mêmes nous pardonnons à quiconque nous a offensés! Et ne nous induisez point en tentation. »
II.—PARABOLE DE L’AMI
Il ajouta: « Que l’un de vous ait un ami, et qu’au milieu de la nuit, il aille le trouver et lui dise: « Mon ami, prête-moi trois pains, car un ami m’arrive de voyage, et je n’ai rien à lui offrir. » Si l’autre lui répond de l’intérieur: « Ne m’importune point! Ma porte est fermée et mes enfants sont couchés près de moi; je ne saurais me lever ni te donner quoi que ce soit. » Eh bien! si le premier continue à frapper, Je vous déclare que l’autre, alors même qu’il refuserait de se lever et de lui rien donner, à titre d’ami, se lèvera néanmoins, à cause de son importunité, et lui donnera tous les pains dont il a besoin. »
III. — PARABOLE DU JUGE INIQUE ET DE LA VEUVE
Voici encore une parabole qu’Il raconta à Ses Disciples, pour leur montrer qu’il faut prier toujours, et sans jamais se lasser: « En une certaine ville, se trouvait un juge qui ne craignait ni Dieu, ni les hommes. Dans la même ville, il y avait une veuve qui vint à lui et lui dit: « Fais-moi justice de mon adversaire! » Longtemps le juge résista. À la fin, il se dit en lui-même: « Bien que je ne craigne ni Dieu, ni les hommes, cette veuve pourtant m’importune. Je vais donc lui faire rendre justice, de peur qu’elle n’en arrive à des actes de violence. » Avez-vous entendu la réflexion que fit ce juge d’iniquité? Et Dieu ne ferait point justice à Ses élus qui crient vers Lui, nuit et jour! Et Il tarderait de les secourir!... Je vous l’assure, Il leur fera prompte justice. Et cependant, le Fils de l’Homme, quand Il viendra, trouvera-t-Il encore de la foi sur la terre? »
IV. — PARABOLE DU PHARISIEN ET DU PUBLICAIN
A quelques-uns qui, se prenant pour des justes, mettaient en eux-mêmes toute leur confiance et couvraient les autres de mépris, Il dit encore cette parabole: « Deux hommes montèrent au Temple pour prier, un Pharisien et un Publicain. Le Pharisien, debout, priait ainsi en lui-même: « Mon Dieu, je Vous rends de ce que je ne suis pas comme les autres hommes, qui sont voleurs, injustes et adultères, ni comme ce Publicain! Je jeûne deux fois la semaine, je donne la dîme de tout ce que je possède. » Le Publicain, se tenant éloigné, n’osait pas même lever lesyeux au ciel; mais il se frappait la poitrine, et disait: « Mon Dieu, ayez pitié de moi, qui suis un pécheur! » Je vous le déclare, celui-ci s’en retourna justifié dans sa maison; mais pas l’autre. Ainsi, quiconque s’élève, sera abaissé, et quiconque s’abaisse sera élevé. »
Chez Marthe et Marie-Madeleine
Au cours du voyage, Jésus entra dans une bourgade, et une femme, nommée Marthe, Le reçut en sa maison. Elle avait une soeur, appelée Marie. Celle-ci, assise aux pieds du Seigneur, écoutait Sa parole. Marthe, cependant, s’agitait beaucoup, et s’empressait aux divers soins du service. S’arrêtant devant Jésus, elle Lui dit: « Seigneur! ne remarquez-Vous pas que ma soeur me laisse seule, chargée de tout le service? Dites-lui donc dem’aider! » - « Marthe! Marthe! répondit le Seigneur, tu t’inquiètes et tu te troubles de beaucoup de choses. Or, une seule est nécessaire. Marie a choisi la meilleure part, et elle ne lui sera point enlevée. »
Première mission en Pérée
I. — IMPRÉCATIONS CONTRE LES PHARISIENS
Jésus S’en alla sur les confins de la Judée, au delà du Jourdain, dans la province de Pérée. De grandes foules de peuple Le suivirent et recommencèrent à L’entourer. Il guérit leurs malades, et Il continua, selon Sa coutume, de les instruire. Tandis qu’Il parlait, un Pharisien vint Le prier d’accepter un repas chez lui. Jésus entra donc et prit place à table. Or le Pharisien se demandait pourquoi Il n’avait pratiqué aucune purification, avant le repas. Le Seigneur alors lui dit: « Maintenant encore, vous autres Pharisiens, vous nettoyez le dehors de la coupe et du plat, tandis que le dedans de vous-mêmes est plein de rapines et d’injustices. Insensés! Celui qui a fait le dehors, n’a-t-il pas fait aussi le dedans? Donnez donc en aumônes votre superflu, et tout sera purifié pour vous. Malheur à vous! parce que vous ressemblez à des sépulcres, qui ne paraissent point aux regards, et sur lesquels les hommes marchent sans le savoir. » Là-dessus, un Docteur de la loi, prenant la parole, Lui dit: « Maître, en tenant ce langage, Vous nous offensez, nous aussi. » - « Et à vous aussi, Docteurs de la loi, malheur! Reprit Jésus, parce que vous accablez les hommes de fardeaux qu’ils ne peuvent porter, alors que vous-mêmes ne touchez pas du doigt les plus petites charges. Malheur à vous, Docteurs de la loi! Vous avez pris la clef de la science et n’y êtes point entrés; et ceux qui voulaient entrer, vous les avez empêchés. » Quand Il leur ainsi parlé, les Docteurs de la loi entreprirent de Le harceler à outrance, de Lui fermer la bouche par tous les moyens, et de Lui tendre des embûches, afin de Lui arracher quelque parole qui pût servir de prétexte pour L’accuser. Jésus, étant sorti de la maison du Pharisien, fut entouré d’une foule énorme, au point qu’ils marchaient les uns sur les autres. Se tournant alors vers Ses Disciples, Il leur dit: « Gardez-vous du levain des Pharisiens, qui est l’hypocrisie.
II.—PARABOLE DU RICHE
« Maître, dit à Jésus un homme de la foule, ordonnez à mon frère de partager avec moi notre patrimoine. » - « Mon ami, lui répondit Jésus, qui M’a constitué juge entre vous, ou faiseur de partages? » Puis, S’adressant à la multitude: « Surveillez-vous, dit-Il, et gardez-vous de toute avarice; car, quelle que soit la richesse d’un homme, la vie ne lui vient point des choses qu’il possède. » Et Il leur proposa cette parabole: « Le champ d’un homme riche avait produit des fruits en abondance. Et cet homme songeait en lui-même: « Que ferai-je? car je n’ai pas où recueillir mes récoltes... Voici, dit-il, ce que je ferai: je déruirai mes greniers, j’en construirai de plus grands, et j’y amasserai tous mes produits et tous mes biens. Alors je dirai à mon âme: Tu as là, mon âme, de grands biens, pour bon nombre d’années; repose-toi, mange, bois, fais bonne chère! » Mais Dieu lui dit: « Insensé! Cette nuit même, on va te redemander ton âme. Et les richesses que tu as amassées, à qui seront-elles? » Ainsi en est-il de celui qui thésaurise pour soi, et qui ne s’amasse point de richesses entre les mains de Dieu!
III.—PARABOLE DES SERVITEURS VIGILANTS
Veillez donc! car vous ne savez à quelle heure le Seigneur doit venir. Ayez la ceinture aux reins, et, dans vos mains, des flambeaux allumés; semblables à des hommes qui attendent leur maître revenant des noces, et qui se tiennent prêts à lui ouvrir dès qu’il arrivera et frappera à la porte. Heureux les serviteurs que le maître, à son retour, trouvera veillant ainsi! Lui-même, Je vous l’assure, se ceindra, les fera asseoir à sa table, et, allant de l’un à l’autre, il les servira. Et s’il rentre à la seconde ou à la troisième veille, heureux ces serviteurs, s’il les trouve veillant de la sorte!
IV.—PARABOLE DU PÈRE DE FAMILLE VIGILANT
Or, comprenez bien que si le chef de famille était informé de l’heure où le voleur doit venir, il veillerait certainement, et ne laisserait pas faire de brèche à sa maison. Et vous aussi, soyez prêts! car, à l’heure où vous n’y songerez point, viendra le Fils de l’Homme. »
V. — PARABOLE DU FIDÈLE ADMINISTRATEUR
« Seigneur, lui demanda Pierre, est-ce pour nous, ou pour tout le monde, que Vous dites cette parabole? » - « Quel est, à ton avis, lui répondit Jésus, l’administrateur fidèle et prudent, que le maître a préposé à sa maison, pour donner à chacun, à l’heure convenable sa mesure de froment? N’est-ce pas cet heureux serviteur que le maître, à son arrivée, trouvera se comportant comme Je viens de le dire? Celui-là, Je vous le dis en vérité, il l’établira sur tout ce qu’il possède. Mais si le serviteur se dit: « Mon maître tarde à venir », et qu’il se mette à battre les serviteurs et les servantes, à manger, à boire et à s’enivrer; le maître surviendra au jour où ce serviteur ne l’attend point et à l’heure qu’il ignore. Alors il le chassera de sa maison et le reléguera parmi les hypocrites et ceux qui lui sont infidèles. Là, il y aura des pleurs et des grincements de dents. Oui, le serviteur qui connaissait la volonté de son maître, et n’a rien préparé ni rien fait de ce qui lui était ordonné, recevra un grand châtiment. Celui, au contraire, qui, sans connaître cette volonté, aura commis des actes répréhensibles, sera moins sévèrement puni. Car on exigera beaucoup de celui qui aura beaucoup reçu. On lui demandera d’autant plus, qu’on lui aura donné davantage.
VI. — LE FEU DIVIN, LE BAPTÊME DE LA PASSION
Je suis venu répandre le feu sur la terre; et, quelle est Ma volonté, sinon qu’il s’allume? Il est un Baptême dont Je dois être baptisé, et quel n’est pas mon tourment, jusqu’à ce qu’il s’accomplisse? »
VII.—NÉCESSITÉ DE LA PÉNITENCE
En ce même temps, quelques-uns vinrent Lui parler des Galiléens dont Pilate avait mêlé le sang à celui de leurs sacrifices. Pensez-vous, leur dit Jésus, que ces Galiléens qui viennent de subir de tels supplices, fussent plus coupables que les autres Galiléens? Non, Je vous l’affirme! Mais, si vous ne faites pénitence, vous périrez tous également. Et ces dix-huit hommes, sur lesquels s’abîma la tour de Siloë et qui furent écrasés, pensez-vous qu’ils fussent plus redevables à la justice de Dieu que les autres habitants de Jérusalem? Non, Je vous l’affirme! Mais si vous ne faites pénitence, vous périrez tous également. »
VIII.—PARABOLE DU FIGUIER STÉRILE
Jésus ajouta cette parabole: « Un homme avait un figuier planté dans sa vigne. Il vint y chercher du fruit et n’en trouva pas. Il dit alors à son vigneron: « Voilà trois ans que je viens chercher du fruit sur ce figuier, et je n’en trouve point. Coupe-le donc! A quoi bon embarrasse-t- il la terre? »—« Seigneur, lui répondit le vigneron, laissez-le encore cette année! Je bêcherai tout autour, j’y mettrai des engrais, et peut-être portera-t-il du fruit. Sinon, vous le couperez plus tard. »
IX.—GUÉRISON DE LA FEMME COURBÉE
Jésus enseignait dans une synagogue un jour de sabbat. Là, Se trouvait une femme qu’un esprit d’infirmité tenait courbée depuis dix-huit ans. Elle ne pouvait absolument regarder en haut. Jésus, la voyant, l’appela près de Lui et lui dit: « Femme, tu es délivrée de ton infirmité. » Il lui imposa les mains, et aussitôt elle redevint droite, et rendit grâce à Dieu. Alors le chef de la synagogue, indigné de voir que Jésus avait opéré une guérison le jour du sabbat, prit la parole et dit à l’assemblée: « Il y a six jours pour le travail; venez ces jours-là vous faire guérir, et non pas le jour du sabbat. » - « Hypocrites! repartit le Seigneur, est-ce que chacun de vous, le jour du sabbat, ne délie pas de la crèche son boeuf et son âne, pour les mener à l’abreuvoir? Et cette fille d’Abraham que Satan tenait liée depuis dix-huit ans, ne fallait-il pas la délivrer ses liens, même un jour de sabbat? » Par cette réponse, Il fit rougir tous Ses adversaires, tandis que la foule du peuple était toute à la joie des choses que Jésus accomplissait avec tant de gloire.
X.—LA PORTE ÉTROITE
Ainsi Jésus allait enseignant par les villes et les villages, et Il avançait vers Jérusalem. « Seigneur, lui demanda quelqu’un, sera-ce le petit nombre seulement qui sera sauvé? » S’adressant à la foule, Jésus répondit: « Faites effort pour entrer par la porte étroite; car beaucoup, Je vous le déclare, chercheront à entrer et ne le pourront pas. Quand le Père de famille sera entré et aura fermé la porte, si vous êtes dehors, et que vous vous mettiez à frapper en disant: « Seigneur, ouvrez-nous! » il vous répondra: « Je ne sais d’où vous êtes! » Vainement essayerez-vous de lui dire: « Nous avons mangé et bu avec vous, et vous avez enseigné sur nos places publiques. » Il vous répondra: « Je ne sais d’où vous êtes! Retirez-vous de moi, vous tous, ouvriers d’iniquité! » Là, il y aura des pleurs et des grincements de dents, lorsque vous verrez, dans le royaume de Dieu, Abraham, Isaac, Jacob et tous les Prophètes, tandis que vous-mêmes, vous serez repoussés au dehors. Il en viendra de l’Orient, de l’Occident, de l’Aquilon et du Midi qui prendront place au festin dans le Royaume de Dieu. Oui, il y a maintenant des derniers qui seront les premiers; et il y a des premiers qui seront les derniers. »
XI.—DISPOSITIONS HOSTILES D’HÉRODE
Ce même jour, quelques Pharisiens vinrent Lui dire: « Fuyez, partez d’ici! car Hérode veut Vous mettre à mort. » - « Allez, répondit Jésus, et dites à ce renard: « Voilà que Je chasse les démons et guéris les malades aujourd’hui, et, demain, et, le troisième jour, Mon sacrifice se consomme. Mais aujourd’hui et demain, et encore le jour d’après, il faut que Je marche. Car il ne convient pas qu’un Prophète périsse hors de Jérusalem. »
XII.—GUÉRISON D’UN HYDROPIQUE
Jésus était entré dans la maison d’un des principaux Pharisiens, et Il y prenait Son repas. C’était un jour de sabbat: or, il y avait là, devant Lui, un homme hydropique. Tous étaient occupés à L’épier. S’adressant aux Docteurs de la loi et aux Pharisiens: « Est-il permis, leur demanda-t-Il, de guérir un homme, le jour du sabbat? » Ils gardèrent le silence. Prenant alors cet homme par la main, Jésus le guérit et le congédia. Puis Il leur dit: « Lequel d’entre vous, si son âne ou son boeuf tombait dans un puits, ne l’en retirerait aussitôt, fût-ce même le jour du sabbat? » Et à cela non plus ils ne purent répondre.
XIII.—CHOISIR LA DERNIÈRE PLACE
Ayant remarqué l’empressement des convives à choisir les premières places, Jésus leur proposa cette parabole: « Quand tu seras convié à des noces, ne va pas t’asseoir à la première place, de peur qu’un autre, plus considérable que toi, ne soit aussi du festin, et que celui qui vous a invités l’un et l’autre, ne vienne te dire: « Cède-lui la place. » Alors, la rougeur au front, il faudrait aller t’asseoir au dernier rang. Au contraire, lorsque tu seras invité, va t’asseoir à la dernière place. Et, quand viendra celui qui t’a convié, il te dira: « Mon ami, monte plus haut. » Alors ce sera pour toi un honneur devant tous les convives. Car quiconque s’élève sera abaissé, et quiconque s’abaisse sera élevé. »
XIV.—PRÉFÉRER LA SOCIÉTÉ DES PAUVRES À CELLE DES RICHES
Il dit aussi à celui qui L’avait invité: « Lorsque tu donneras à dîner ou à souper n’invite ni tes amis, ni tes frères, ni tes parents, ni tes riches voisins, de peur qu’à leur tour ils ne t’invitent et ne te rendent ce qu’ils auront reçu de toi. Au contraire, lorsque tu donneras un festin, appelle les pauvres, les infirmes, les boiteux, les aveugles; et tu seras heureux de ce qu’ils n’ont rien à te rendre. C’est à la résurrection des justes qu’on te le rendra. »
XV.—PARABOLE DES CONVIÉS QUI S’EXCUSENT
Sur les dernières paroles de Jésus, un des convives s’écria: « Bienheureux celui qui mangera le pain dans le Royaume de Dieu! » Jésus reprit: « Un homme prépara un grand festin et y convia beaucoup de monde. Lorsque l’heure fut venue, il envoya son serviteur prier les invités de venir, parce que tout était prêt. Et tous, comme de concert, se mirent à s’excuser: - « J’ai acheté une maison de campagne, dit l’un, et il est nécessaire que j’aille la voir. Je vous en prie, excusez-moi. » - « Je viens d’acheter cinq paires de bœufs, dit l’autre; je vais les essayer. Excusez-moi, je vous prie. » - « Je viens de me marier, répond un troisième, donc, je ne puis y aller. » De retour, le serviteur fit part à son maître de toutes ces défaites. Alors, le père de famille, indigné, lui dit: - « A l’instant même, va, parcours les places publiques et les rues de la ville, et amène ici les pauvres, et les infirmes, et les aveugles et les boiteux. » Après avoir accompli cet ordre: - « Seigneur, lui dit le serviteur, j’ai fait ce que vous m’avez commandé, et il y a encore de la place. » - « Alors, répondit le maître, va dans les chemins et le long des haies, et presse les gens d’entrer, de sorte que ma maison soit remplie. Mais, je vous le déclare, aucun de ceux qui avaient été invités ne goûtera de mon festin. »
XVI.—LE DÉTACHEMENT ET LA MORTIFICATION
Un jour que de grandes multitudes suivaient le Seigneur, Il Se tourna vers elles et leur dit: « Si quelqu’un, venant à Moi, ne hait pas son père et sa mère, sa femme et ses enfants, ses frères et ses sœurs et même sa propre vie, il ne peut être Mon Disciple. Et celui qui ne porte point sa croix et ne Me suit pas, ne peut être Mon Disciple.
XVII.—PARABOLES DE LA TOUR ET DU ROI GUERRIER
Quel est celui d’entre vous qui, voulant bâtir une tour, ne s’assied pas d’abord, pour supputer la dépense nécessaire, et voir s’il a de quoi terminer l’entreprise? Il doit craindre, en effet, qu’après avoir jeté les fondements, il ne puisse conduire l’ouvrage à sa fin, et qu’alors tous ceux qui le verront ne se mettent à le railler en disant: « Celui-ci a commencé un édifice et n’a pu l’achever. » Quel est le roi qui, voulant déclarer la guerre à un autre roi, ne s’assied d’abord, pour se demander s’il peut, avec dix mille hommes, tenir tête à un ennemi qui se présente avec vingt mille? S’il n’en est pas capable, tandis que l’ennemi est encore loin, il lui envoie des ambassadeurs pour lui demander la paix. Ainsi donc, celui d’entre vous qui ne renonce pas à tout ce qu’il possède, ne peut être Mon Disciple. Le sel est bon; mais si le sel s’affadit, avec quoi lui rendra-t-on sa saveur? Inutile et pour la terre et pour le fumier, on le jettera dehors. Qu’il entende, celui qui a des oreilles pour entendre! »
Fête de la Dédicace
On célébrait à Jérusalem la fête de la Dédicace; et c’était l’hiver. Jésus Se promenait dans le Temple, sous le portique de Salomon; les Juifs L’entourèrent et Lui dirent: « Jusques à quand nous tiendras-Tu l’esprit en suspens? Si Tu es le Christ, déclare-le sans détour! » - « Je vous le dis, et vous ne Me croyez point! Repartit Jésus. Les œuvres que J’accomplis, au nom de Mon Père, elles aussi rendent témoignage de Moi. Mais vous ne croyez point, parce que vous n’êtes pas de Mes brebis. Mes brebis écoutent Ma voix; Je les connais, et elles Me suivent. Je leur donne la vie éternelle; elles ne périront jamais, et nul ne les arrachera de Ma main. Ce que Mon Père M’a donné est plus grand que tout; et personne ne peut ravir ce qui est dans la main de Mon Père. Or, Mon Père et Moi, Nous sommes un. » Alors les Juifs prirent des pierres pour Le lapider. « Par la puissance de Mon Père, leur dit Jésus, J’ai accompli devant vous beaucoup d’oeuvres bonnes. Pour laquelle de ces oeuvres Me lapidez-vous? » - « Ce n’est pour aucune oeuvre bonne que nous Te lapidons, s’écrièrent-ils, mais pour Ton blasphème; parce que, n’étant qu’un homme, Tu Te fais passer pour Dieu. » Jésus leur répondit: « N’est-il pas écrit dans votre Loi: « Je l’ai dit: vous êtes des dieux? » Si donc la Loi appelle dieux, ceux auxquels s’est fait entendre la parole du Seigneur, et si, d’autre part, l’Écriture ne peut être révoquée en doute, comment pouvez-vous dire à Celui que le Père a sanctifié et envoyé dans le monde: « Tu blasphèmes! » parce que J’ai dit: « Je suis le Fils de Dieu? » Si Je ne fais pas les oeuvres de Mon Père, ne Me croyez point. Mais si Je les fais, lors même que vous refuseriez de croire à Mes paroles, croyez du moins à Mes oeuvres; ainsi vous reconnaîtrez et vous croirez que le Père est en Moi, et que Moi Je suis dans le Père. » Et les Juifs cherchaient à se saisir de Lui, mais Il S’échappa de leurs mains.
Seconde mission en Pérée
Jésus Se retira de nouveau de l’autre côté du Jourdain, à l’endroit où Jean avait commencé de baptiser, et Il y séjourna. On venait à Lui en grand nombre, et l’on disait: « Jean, à la vérité, n’a fait aucun miracle; mais tout ce qu’il a dit de Celui-ci, était bien vrai. », Et beaucoup crurent en Jésus.
I.- PARABOLES DE LA BREBIS ET DE LA DRACHME PERDUES
Comme les Publicains et les pécheurs s’approchaient de Lui pour L’entendre, les Pharisiens et les Scribes en murmuraient: « Cet homme, disaient-ils, accueille les pécheurs et mange avec eux. » Jésus leur répondit par cette parabole: « Si l’un de vous a cent brebis et qu’il vienne à en perdre une seule, ne laissera-t-il pas, dans le désert, les quatre-vingt- dix-neuf autres, et n’ira-t-il pas à la recherche de celle qui s’est perdue, jusqu’à ce qu’il la retrouve? Et lorsqu’il l’a retrouvée, tout joyeux il la met sur ses épaules, puis, rentré à la maison, il appelle ses amis et ses voisins: « Réjouissez-vous avec moi, leur dit-il, parce que j’ai retrouvé ma brebis qui était perdue! » Ainsi, Je vous l’assure, il y aura plus de joie dans le ciel pour un pécheur qui fait pénitence, que pour quatre-vingt-dix-neuf justes, qui n’ont pas besoin de pénitence. Ou bien encore, si une femme a dix drachmes et qu’elle vienne à en perdre une seule, ne s’empresse-t-elle pas d’allumer sa lampe, de balayer sa maison, et de chercher partout avec soin, jusqu’à ce qu’elle la retrouve? Et quand elle l’a retrouvée, elle appelle ses amies et ses voisines: « Réjouissez-vous avec moi, leur dit-elle, parce que j’ai retrouvé la drachme que j’avais perdue! » Ainsi, Je vous le déclare, les Anges de Dieu seront dans la joie, pour un seul pécheur faisant pénitence. »
II.—PARABOLE DE L’ENFANT PRODIGUE
Jésus dit encore: « Un homme avait deux fils. Le plus jeune dit à son père: - « Mon père! donnez-moi la portion de bien qui doit me revenir. » Et le père fit la part de chacun d’eux. Peu de jours après, le plus jeune fils, ayant réuni tout ce qu’il avait, partit pour une région lointaine; et il y dissipa toute sa fortune en vivant dans la débauche. Après qu’il eut tout dépensé, survint dans cette région une grande famine, et lui-même commença à connaître l’indigence. Il alla se mettre au service d’un habitant de ce pays, lequel l’envoya à sa ferme, pour garder les pourceaux. Là, il convoitait, pour assouvir sa faim, les rebuts que mangeaient les pourceaux; et personne ne lui en donnait. Rentrant alors en lui-même, il dit: - « Combien de mercenaires, dans la maison de mon père, ont du pain en abondance! Et moi, ici, je meurs de faim!... Je me lèverai, et j’irai vers mon père, et je lui dirai: Mon père, j’ai péché contre le ciel et contre vous! Je ne suis plus digne d’être appelé votre fils! Recevez-moi comme l’un de vos mercenaires! » Il se lèva et retourna vers son père. Comme il était encore loin, son père le vit, et, touché de compassion, il accourut, se jeta à son cou, et le couvrit de baisers: - « O mon père! s’écria le fils, j’ai péché contre le ciel et contre vous: je ne suis plus digne d’être appelé votre fils!... » Mais le père dit à ses serviteurs: - « Apportez vite sa robe première et l’en revêtez. Mettez- lui au doigt un anneau, et des chaussures aux pieds; amenez le veau gras, tuez-le, mangeons et réjouissons-nous! Car mon fils que voilà était mort, et il revit; il était perdu, et il est retrouvé! » Et ils commencèrent à se réjouir. Or, le fils aîné était dans les champs. Comme il revenait et approchait de la maison, il entendit le bruit de la musique et de la danse. Appelant un des serviteurs, il lui demanda ce que c’était: - « Votre frère est revenu, lui dit le serviteur, et votre père a tué le veau gras, parce qu’il a retrouvé son fils sain et sauf. » L’aîné fut saisi d’indignation, et refusa d’entrer. Alors le père sortit et se mit à le prier. - « Comment! répliqua-t-il voilà nombre d’années que je vous sers: jamais je n’ai transgressé vos ordres, et jamais vous ne m’avez donné un chevreau pour me réjouir avec mes amis! Mais dès que vous arrive cet autre fils, qui a mangé son bien avec des courtisanes, pour lui, vous tuez le veau gras! » - « Mon fils, lui dit le père, tu es toujours avec moi! et tout ce que j’ai, est à toi. Mais il fallait faire un festin et se réjouir, car ton frère était mort, et il revit; il était perdu, et le voilà retrouvé. »
III.—PARABOLE DE L’ÉCONOME INFIDÈLE. APPLICATIONS
S’adressant à Ses Disciples, Jésus ajouta: « Un homme riche avait un économe qui lui fut dénoncé comme ayant dilapidé ses biens. Il le fit venir: - « Que m’apprend-on de toi, lui dit-il. Rends-moi compte de ton administration; car désormais tu ne pourras plus gérer mes biens. » Alors l’économe se dit en lui-même: - « Que faire? puisque mon maître me retire l’administration de ses biens... Travailler la terre? j’en suis incapable; mendier? j’en aurais honte... Je sais ce que je ferai, pour trouver, au sortir de ma charge, des gens qui me reçoivent en leurs maisons. » Il convoqua, l’un après l’autre, les débiteurs de son maître: - « Combien dois-tu à mon maître? » demanda-t-il au premier. - « Cent barils d’huile. » - « Reprends ta créance, dit l’économe, assieds-toi vite et écris-en une de cinquante. » - « Et toi, demanda-t-il à un autre, combien dois-tu? » - « Cent mesures de froment. » - « Voici ton billet; écris: quatre-vingts. « Et le maître loua cet économe sans probité d’avoir agi en homme prévoyant. Car les enfants de ce siècle sont plus avisés, en ce qui les concerne, que ne le sont les enfants de lumière. Et Moi aussi Je vous le dis: Employez les richesses d’iniquité à vous faire des amis qui, à l’heure où vous aurez disparu de ce monde, vous recevront dans les tabernacles éternels. Celui qui est fidèle dans les petites choses, est fidèle aussi dans les grandes; et celui qui est infidèle dans les petites choses, est infidèle aussi dans les grandes. Si donc vous n’avez pas été fidèles dans les richesses trompeuses, qui vous confiera les véritables biens? Et si vous n’avez pas été fidèles dans la gestion d’une fortune étrangère, qui vous remettra celle de votre fortune personnelle. Nul serviteur ne peut servir deux maîtres: car, ou il haïra l’un et aimera l’autre, ou il s’attachera à l’un et méprisera l’autre. Vous ne pouvez servir à la fois Dieu et Mammon. » En entendant ces paroles, les Pharisiens, qui étaient avares, se moquaient de Jésus: « Pour vous, leur dit-Il, vous posez comme justes devant les hommes, mais Dieu connaît vos coeurs, et ce qui semble grand devant les hommes est en abomination devant Dieu. »
IV.—PARABOLE DE LAZARE ET DU MAUVAIS RICHE
« Il y avait un homme riche, vêtu de pourpre et de fin lin, qui faisait tous les jours des festins splendides. Un certain mendiant, nommé Lazare, gisait à sa porte, tout couvert d’ulcères. Il convoitait, pour assouvir sa faim, les miettes qui tombaient de la table du riche, et personne ne lui en donnait; mais les chiens seuls venaient à lui et léchaient ses ulcères. Or il arriva que le mendiant mourut, et il fut porté par les anges dans le sein d’Abraham. Le riche mourut à son tour, et fut enseveli dans l’enfer. Du milieu de ses tourments, il leva les yeux, et vit de loin Abraham, et, dans son sein, Lazare. Il cria:
- « Abraham, mon Père, ayez pitié de moi! Envoyez Lazare; qu’il trempe l’extrémité de son doigt dans l’eau pour rafraîchir ma langue, car je souffre une horrible torture dans cette flamme. »
- « Souviens-toi, mon fils, lui répondit Abraham, que durant la vie, tu as reçu les biens, et Lazare les maux; maintenant Lazare est dans la joie, et toi dans les tourments. En outre, un abîme immense est creusé entre nous et vous, en sorte qu’il est impossible de passer d’ici à vous, ou de venir ici du lieu où vous êtes. »
- « Père, continua le riche, je vous en prie! Envoyez-le dans la maison paternelle où j’ai cinq frères, pour leur attester ces choses, afin qu’ils ne viennent pas, eux aussi, dans ce lieu de tourments. »
- « Ils ont Moïse et les Prophètes, dit Abraham, qu’ils les écoutent! »
- « Non, Père Abraham, reprit le riche; mais si quelqu’un des morts se présente à eux, ils feront pénitence. » Abraham répondit:
- « S’ils n’écoutent point Moïse et les Prophètes, quelqu’un d’entre les morts reviendrait, qu’ils ne le croiraient pas davantage. »
V.—LE RÈGNE INTÉRIEUR DE DIEU ET L’AVÈNEMENT DE SON RÈGNE ÉTERNEL
Des Pharisiens interrogèrent Jésus sur le moment où le Règne de Dieu arriverait: « Le Règne de Dieu, répondit-Il, n’arrive point d’une manière qui frappe les regards. Il n’y a pas à dire: « Il est ici » ou « Il est là », car le Règne de Dieu, le voici au dedans de vous. » Puis Il dit à Ses Disciples: « Viendra un temps où vous désirerez voir un seul jour du Fils de l’Homme, et vous ne le verrez point. On vous dira: « Il est ici » ou « Il est là »; gardez-vous d’y aller et de les suivre. Comme l’éclair qui jaillit dans les nuages illumine tout ce qui est sous le ciel, ainsi paraîtra le Fils de l’Homme en Son jour. Mais il faut auparavant qu’Il souffre beaucoup, et qu’Il soit rejeté par cette génération. »
VI.—INDISSOLUBILITÉ DU MARIAGE
Sur ces entrefaites, des Pharisiens s’approchèrent de Jésus pour Lui tendre des pièges; ils Lui demandèrent: « Est-il permis à un homme de renvoyer sa femme pour quelque motif que ce soit? » - « Que vous a ordonné Moïse? » répondit Jésus. - « Moïse, dirent-ils, a permis d’écrire un acte de répudiation, et de renvoyer sa femme. » - « N’avez-vous pas lu, reprit Jésus, qu’à l’origine, Celui qui fit la race humaine créa un seul homme et une seule femme, et qu’Il dit ensuite: « A cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère, pour s’attacher à son épouse; et ils seront deux dans une même chair? » Ainsi, désormais, ils ne sont plus deux, mais une seule chair. Que l’homme donc ne sépare point ce que Dieu a uni! » Ils insistèrent: « Alors, comment se fait-il que Moïse ait commandé de donner le libelle de répudiation à la femme dont on ne veut plus, et de la renvoyer? » - « C’est à cause de la dureté de votre coeur, dit Jésus, que Moïse vous a, non pas commandé, mais permis de répudier vos femmes; au commencement, il n’en fut pas ainsi. Et Moi, Je vous déclare que quiconque renvoie sa femme, si ce n’est pour adultère, et en épouse une autre, est lui-même adultère; et celui qui épouse la femme renvoyée, commet un adultère. De même la femme qui se sépare de son époux et s’allie à un autre est adultère. »
VII.—LA VIRGINITÉ
Rentrés à la maison, les Disciples revinrent sur ce sujet: « Si telle est, dirent-ils, la condition de l’homme à l’égard de la femme, il est bon alors de ne pas se marier! » - « Tous n’entendent pas cette parole, répondit Jésus, mais seulement ceux à qui cela a été donné. Il y en a pour qui le mariage est impossible, par le fait de leur naissance; d’autres, par l’action des hommes. Il en est, enfin, qui s’éloignent du mariage à cause du Royaume des cieux. Qu’il saisisse celui qui peut saisir! »
VIII.—LES PETITS ENFANTS
Alors on amena à Jésus des petits enfants afin qu’Il les touchât, leur imposât les mains et priât sur eux. Et comme les Disciples traitaient avec dureté et repoussaient ceux qui les présentaient, Jésus fut saisi d’indignation: « Laissez donc venir à Moi les petits enfants, dit-Il, et ne les empêchez pas! car le Royaume des cieux appartient à ceux qui leur ressemblent. En vérité, Je vous le déclare: Quiconque ne recevra point le Royaume de Dieu, comme un petit enfant, n’y entrera pas. » Ensuite Il les embrassa, imposa sur eux les mains et les bénit. Puis Il S’éloigna.
IX.—LE JEUNE HOMME RICHE APPELÉ A LA PERFECTION
Et voici qu’un jeune prince accourut à Lui, et, fléchissant le genou: « Bon Maître, Lui demanda-t-il, quel bien devrai-je faire pour acquérir la vie éternelle? » - « Pourquoi M’appelles-tu bon? reprit Jésus. Nul n’est bon, si ce n’est Dieu seul!... Si tu veux entrer dans la vie, observe les commandements. » - « Lesquels? » dit le jeune homme. Jésus reprit: « Tu les connais: « Tu ne tueras point; tu ne commettras point d’adultère; tu ne déroberas point; tu ne rendras point de faux témoignage; honore ton père et ta mère; aime ton prochain comme toi-même. » - « Tout ceci, Maître, je l’ai observé dès mon plus jeune âge. Que me manque-t-il encore? » A ces mots, Jésus le ragarda, et Il l’aima. Puis Il lui dit: « Si tu veux être parfait, il ne manque plus qu’une seule chose: Va! ce que tu possèdes, vend-le sans réserve et donne tout aux pauvres. Tu auras alors un trésor dans le ciel. Viens après cela, et suis-Moi! » Le jeune homme fut consterné de cette parole. Il s’éloigna, plein de tristesse, car il était très riche et possédait de nombreuses propriétés. Jésus, promenant alors Son regard sur Ses Disciples: « Oh! S’écria-t-Il, qu’il est difficile à ceux qui possèdent des richesses, d’entrer dans le Royaume des cieux! »
X.—LES RICHES ET LE ROYAUME DES CIEUX
Comme les Disciples étaient étonnés de ces paroles: « Mes petits enfants, insista Jésus, combien il est difficile à ceux qui se confient dans les richesses d’entrer dans le Royaume des cieux! Il est plus aisé à un chameau de passer par la porte appelée le Trou de l’aiguille, qu’à un riche d’entrer dans le Royaume du ciel. » De plus en plus surpris, les Disciples se demandaient l’un à l’autre: « Qui donc pourra se sauver? » Le regard de Jésus s’arrêta sur eux: « Ce qui est impossible à l’homme, dit-Il, ne l’est pas à Dieu. Tout est possible à Dieu. »
XI.—LES RICHESSES DE LA PAUVRETÉ ÉVANGÉLIQUE
« Mais nous, s’écria Pierre, voici que nous avons tout quitté pour Vous suivre. Quel sort nous est donc réservé? » - « En vérité, Je vous le dis, reprit Jésus, lorsqu’au jour de la régénération, le Fils de l’Homme siégera sur le trône de Sa gloire, vous tous, qui M’avez suivi, vous siégerez sur douze trônes, et vous jugerez les douze tribus d’Israël. Nul ne quittera sa maison, ou ses frères, ou ses soeurs, ou son père, ou sa mère, ou sa femme, ou ses fils, ou ses champs à cause de Moi et à cause de l’Évangile, qu’il ne reçoive au centuple, dès cette vie même, des maisons, des frères, des soeurs, des mères et des enfants et des terres... avec des persécutions; et, dans le siècle à venir, il possédera la vie éternelle. C’est alors que beaucoup de ceux qui avaient été les premiers seront les derniers; et ceux qui avaient été les derniers, seront les premiers.
XII.—PARABOLE DES OUVRIERS DE LA VIGNE
Le Royaume des cieux est semblable à un père de famille, qui sortit, à la première heure du jour, afin de louer des ouvriers pour sa vigne. Il convint avec eux d’un denier par jour, et les envoya à sa vigne. Il sortit de nouveau, vers la troisième heure, et en vit d’autres qui étaient sur la place à ne rien faire: - « Vous aussi, leur dit-il, allez à ma vigne, et, ce qui sera juste, je vous le donnerai. » Et ils y allèrent. Il sortit encore, vers la sixième et la neuvième heure, et fit de même. Étant enfin sorti vers la onzième heure, il en trouva qui se tenaient là, dans l’oisiveté, et il leur dit: - « Pourquoi restez-vous ainsi toute la journée à ne rien faire? » - « Parce que personne ne nous a loués. » - « Eh bien! vous aussi, allez à ma vigne », leur répondit-il. Le soir venu, le maître de la vigne dit à son intendant: - « Appelez les ouvriers, et payez-les, en commençant par les derniers, jusqu’aux premiers. » Ceux qui étaient venus vers la onzième heure s’approchèrent donc, et reçurent chacun un denier. Les premiers vinrent ensuite, espérant recevoir davantage; mais eux aussi reçurent chacun un denier. Et, en le prenant, ils murmuraient contre le père de famille: - « Ces derniers, disaient-ils, n’ont travaillé qu’une heure, et vous les avez traités comme nous, qui avons porté le poids du jour et de la chaleur. » Répondant à l’un d’eux: - « Mon ami, observa le père de famille, je ne te fais aucun tort. N’es-tu pas convenu avec moi d’un denier? Prend ce qui t’appartient, et retire-toi: il me plaît de donner à ce dernier venu autant qu’à toi. Ne m’est-il pas permis de faire ce que je veux, ou bien verrais-tu d’un mauvais oeil que je sois bon? » Ainsi les derniers seront les premiers; et les premiers seront les derniers. Car beaucoup sont appelés, mais peu sont élus. »
LAZARE, L'AMI DU SAUVEUR
I.—MALADIE DE LAZARE
Il y avait un malade, nommé Lazare, dans la bourgade de Béthanie, où demeuraient Marie, et Marthe sa soeur. Marie était cette femme qui répandit des parfums sur le Seigneur, et Lui essuya les pieds avec ses cheveux. Le malade était son frère. Les soeurs envoyèrent dire à Jésus: « Seigneur, celui que Vous aimez est malade! » A cette nouvelle, Jésus répondit aux envoyés: « Cette maladie n’est pas pour la mort, mais pour la gloire de Dieu, afin que le Fils de Dieu soit glorifié par elle. » Or Jésus aimait Marthe, et sa soeur Marie, et Lazare. Toutefois, malgré la nouvelle de cette maladie, Il demeura encore deux jours au lieu où Il était. Ensuite, Il dit à Ses Disciples: « Retournons en Judée. » - « Maître, répondirent-ils, naguère encore les Juifs cherchaient à Vous lapider, et Vous voulez retourner au milieu d’eux? » - « N’y a-t-il pas douze heures dans le jour? reprit Jésus. Si quelqu’un marche pendant le jour, il ne se heurte point, parce qu’il voit la lumière de ce monde; mais s’il marche pendant la nuit, il risque de tomber, parce que la lumière n’est pas avec lui. »
II.—MORT DE LAZARE
Jésus ajouta: « Lazare, notre ami, dort. Mais Je pars, afin de le réveiller de son sommeil. » - « Seigneur, dirent les Disciples, s’il dort, il est sauvé. » Jésus parlait de la mort de Lazare; mais ils pensaient, eux, qu’il parlait d’un sommeil ordinaire. Il leur dit alors clairement: « Lazare est mort! A cause de vous, et pour l’affermissement de votre foi, Je suis heureux de n’avoir pas été là. Mais allons à lui. » Thomas, appelé Didyme, s’adressant aux autres Disciples: « Allons-y nous-mêmes, s’écria-t-il, et mourons avec Lui! » Lorsque Jésus arriva, on Lui dit que Lazare était dans letombeau depuis quatre jours. Béthanie n’étant éloignée de Jérusalem que d’environ quinze stades, beaucoup de Juifs s’étaient rendus près de Marthe et de Marie pour les consoler de la mort de leur frère.
III.—JÉSUS CONSOLE LES SOEURS DE LAZARE
Marthe, cependant, ayant appris que Jésus arrivait, alla au-devant de Lui. Marie resta assise à la maison. « Seigneur, dit Marthe à Jésus, si Vous eussiez été ici, mon frère ne serait pas mort. Mais je sais que, maintenant encore, tout ce que Vous demanderez à Dieu, Dieu Vous l’accordera. » Jésus lui répondit: « Ton frère ressuscitera. » - « Je le sais: il ressuscitera, quand tous ressusciteront au dernier jour. » - « Je suis, Moi, la Résurrection et la Vie, dit alors Jésus. Celui qui croit en Moi, fût-il mort, vivra. Et celui qui vit et croit en Moi, ne mourra point pour toujours. Le crois-tu? » - « Oui, Seigneur, s’écria Marthe, je crois que Vous êtes le Christ, le Fils du Dieu vivant, qui êtes venu en ce monde! » Après ces paroles, elle s’éloigna, et vint dire tout bas à sa soeur: « Le Maître est là, et Il t’appelle. » A ces mots, Marie se leva aussitôt et alla vers Jésus; car Il n’était pas encore entré dans la bourgade; Il était resté au lieu où Marthe L’avait rencontré. Les Juifs, qui étaient avec Marie dans la maison, pour la consoler, l’ayant vue se lever ainsi et s’éloigner en tout hâte, la suivirent: « Elle va sans doute pleurer au tombeau », disaient-ils. Arrivée à l’endroit où Se tenait Jésus, dès qu’elle Le vit, elle se jeta à Ses pieds: « Seigneur, dit-elle, si Vous eussiez été ici, mon frère ne serait pas mort! » En la voyant pleurer, en voyant les Juifs qui l’accompagnaient, pleurer avec elle, Jésus frémit en Son esprit et Se troubla Lui-même: « Où l’avez-vous mis? » demanda-t-Il. - « Seigneur, venez et voyez », Lui répondit-on. Et Jésus pleura. « Voyez, comme Il l’aimait! » dirent alors les Juifs. - « Mais, reprenaient certains, ne pouvait-Il pas empêcher qu’il mourût, Lui qui a ouvert les yeux de l’aveugle-né? »
Résurrection de Lazare
Frémissant de nouveau en Lui-même, Jésus alla jusqu’au sépulcre. C’était une grotte dont l’entrée était fermée par une pierre. « Ôtez la pierre », dit-Il. Marthe, la soeur du défunt, s’écria: « Seigneur, il sent déjà! Voilà quatre jours qu’il est mort. » - « Ne t’ai-Je pas assurée, reprit Jésus, que si tu crois, tu verras la gloire de Dieu? » Ils ôtèrent donc la pierre. Alors Jésus, levant les yeux au ciel:
« Mon Père! Je Vous rends grâces de ce que Vous M’avez exaucé. Pour Moi, Je savais bien que Vous M’exaucez toujours. Si Je parle ainsi, c’est à cause de ce peuple qui M’entoure, afin qu’il croie que c’est Vous-même qui M’avez envoyé. » Après ces paroles, Il cria d’une voix forte: « Lazare, viens dehors! » Et aussitôt, cet homme qui avait été mort sortit, les pieds et les mains liés de bandelettes, et le visage enveloppé du suaire. « Déliez-le et laissez-le aller », dit Jésus.
Beaucoup de ces Juifs qui étaient venus visiter Marthe et Marie, et qui avaient été les témoins du miracle de Jésus, crurent en Lui. Quelques autres, au contraire, se rendirent près des Pharisiens et leur dénoncèrent ce qu’Il avait fait. Les Pontifes et les Pharisiens assemblèrent le conseil: « Qu’allons-nous faire? se demandaient-ils. Cet homme accompli une multitude de miracles. Si nous Le laissons ainsi, tous croiront en Lui. Et les Romains viendront et ruineront notre ville et notre nation. » L’un d’entre eux, nommé Caïphe, qui était le Grand-Prêtre pour cette année, prit la parole: « Vous n’y entendez rien! dit-il, et il ne vous vient pas à la pensée qu’il faut qu’un homme meure pour le peuple, afin que toute la nation soit sauvée. » Ce n’est pas de lui-même qu’il parla ainsi. Mais, comme il était le Grand-Prêtre de cette année, il prophétisa que Jésus devait mourir pour la nation, et non seulement pour la nation, mais aussi pour rassembler dans l’unité des enfants de Dieu qui étaient dispersés. Donc, à partir de ce jour, ils ne pensèrent plus qu’à faire mourir Jésus.
V.—SUITES DU MIRACLE, LA MORT DE JÉSUS EST DÉFINITIVEMENT ARRÊTÉE
Beaucoup de ces Juifs qui étaient venus visiter Marthe et Marie, et qui avaient été les témoins du miracle de Jésus, crurent en Lui. Quelques autres, au contraire, se rendirent près des Pharisiens et leur dénoncèrent ce qu’Il avait fait. Les Pontifes et les Pharisiens assemblèrent le conseil: « Qu’allons-nous faire? se demandaient-ils. Cet homme accompli une multitude de miracles. Si nous Le laissons ainsi, tous croiront en Lui. Et les Romains viendront et ruineront notre ville et notre nation. » L’un d’entre eux, nommé Caïphe, qui était le Grand-Prêtre pour cette année, prit la parole: « Vous n’y entendez rien! dit-il, et il ne vous vient pas à la pensée qu’il faut qu’un homme meure pour le peuple, afin que toute la nation soit sauvée. » Ce n’est pas de lui-même qu’il parla ainsi. Mais, comme il était le Grand-Prêtre de cette année, il prophétisa que Jésus devait mourir pour la nation, et non seulement pour la nation, mais aussi pour rassembler dans l’unité des enfants de Dieu qui étaient dispersés. Donc, à partir de ce jour, ils ne pensèrent plus qu’à faire mourir Jésus.
D’EPHREM À BÉTHANIE
I.—JÉSUS À EPHREM
Dès lors, Jésus ne paraissait plus ouvertement parmi les Juifs. Il S’en alla même en une contrée voisine du désert, à Ephrem, où Il demeura quelque temps avec Ses Disciples. Or la Pâque des Juifs était proche, et, de toute la région, beaucoup se rendaient à Jérusalem, avant la fête, afin de se purifier. Ils cherchaient Jésus et, dans le Temple, ils se disaient entre eux: « Pensez-vous qu’Il ne vienne pas à la fête? » Les Pontifes et les Pharisiens avaient en effet donné l’ordre, si quelqu’un savait où était Jésus, de Le dénoncer, afin qu’ils Le fissent arrêter.
II.—DÉPART POUR JÉRUSALEM. JÉSUS PROPHÉTISE SA PASSION
Or Jésus monta vers Jérusalem, accompagné des Douze. Il marchait en avant. Les Apôtres étaient dans la consternation, et c’est tout tremblants de crainte qu’ils Le suivaient. De nouveau, Il les groupa autour de Lui, et leur annonça secrètement ce qui allait Lui arriver: « Voici, leur dit-Il, que nous montons à Jérusalem. Tout ce que les Prophètes ont écrit du Fils de l’Homme va s’accomplir. Il sera livré aux Princes des Prêtres, aux Scribes et aux Anciens, qui Le condamneront à mort. Puis ils Le livreront aux Gentils, qui se joueront de Lui, Lui cracheront au visage, Le flagelleront et Le feront mourir sur une croix. Mais Il ressuscitera le troisième jour. » Les Apôtres ne comprirent rien à ce langage. C’était pour eux come un impénétrable mystère. Ils ne saisissaient aucunement le sens des paroles que Jésus leur faisait entendre.
III.—REQUÊTE AMBITIEUSE DES FILS DE ZÉBÉDÉE
Ce fut alors que la mère des fils de Zébédée s’approcha de Jésus avec ses enfants. Elle se prosterna devant Lui, pour Lui adresser une supplique: « Que veux-tu? » lui dit-Il. - « Ordonnez, répondit-elle, que dans Votre Royaume et dans Votre gloire, mes deux fils que voici siègent, l’un à Votre droite, l’autre à Votre gauche. » Jacques et Jean, s’approchant à leur tour, ajoutèrent: « Maître, nous voulons que Vous fassiez pour nous tout ce que nous Vous demandons. » - « Que voulez-vous donc que Je fasse pour vous? » demanda Jésus. - « Que l’un de nous soit assis à Votre droite et l’autre à
Votre gauche, dans Votre gloire. » - « Vous ne savez ce que vous demandez! leur repartit Jésus. Pouvez-vous boire le calice que Moi-même Je dois boire, et recevoir le baptême qui M’est réservé? » - « Nous le pouvons! » dirent-ils. - « Oui, vous boirez Mon calice, et vous serez baptisés de Mon baptême. Quant à vous faire asseoir à Ma droite ou à Ma gauche, ce n’est point à Moi de vous l’accorder. Ces places seront le partage de ceux à qui Mon Père les a destinées. » Les dix autres étaient indignés contre les deux frères de ce qu’ils venaient d’entendre. Jésus les fit venir auprès de Lui: « Vous le savez, leur dit-Il, ceux qui paraissent régner sur les nations dominent sur elles, et les grands commandent impérieusement au peuple. Il n’en sera pas ainsi parmi vous. Qu’il vous serve, au contraire, celui qui voudra être le plus grand au milieu de vous! Qu’il devienne l’esclave de tous, celui qui voudra être le premier! Ainsi a fait le Fils de l’Homme. Il n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner Sa vie pour la rédemption de tous. »
IV.—L’AVEUGLE À L’ENTRÉE DE JÉRICHO
Comme Jésus approchait de Jéricho, un aveugle, assis au bord du chemin, mendiait. Entendant passer une grande foule, il demanda ce que c’était. « C’est, lui répondit-on, Jésus le Nazaréen qui arrive. » Aussitôt cet homme se mit à crier: « Jésus, Fils de David, ayez pitié de moi! »
Ceux qui marchaient en avant, le menaçaient pour lui imposer silence; mais il n’en criait que plus fort: « Jésus, Fils de David, ayez pitié de moi! » Jésus S’étant arrêté, demanda qu’on le Lui amenât; et, quand l’aveugle se fut approché: « Que veux-tu que Je fasse pour? » lui dit-Il. - « Que je voie! Seigneur. » - « Vois, lui dit Jésus, ta foi t’a sauvé! » Aussitôt il vit; et il suivait Jésus en glorifiant Dieu. Et tout le peuple, témoin du prodige, s’unit à lui dans la louange de Dieu.
Zachée sur l'arbre
Jésus était entré à Jéricho, et Il traversait la ville. Or un homme, nommé Zachée, chef des publicains et fort riche, cherchait à voir Jésus pour Le connaître. Mais comme il était de petite taille, il ne le pouvait, à cause de la foule. Il courut donc en avant et monta sur un sycomore, afin de bien Le considérer, car Jésus devait passer par là. Arrivé en cet endroit, Jésus leva les yeux, et l’ayant vu: « Zachée, lui dit-Il, descend vite: c’est dans ta maison que Je dois M’arrêter aujourd’hui. » Il descendit à la hâte, et, plein de joie, il reçut le Seigneur. Ce que voyant, tous se répandirent en murmures contre Jésus, parce qu’Il S’arrêtait chez un pécheur. Cepandant Zachée, debout devant le Seigneur, Lui disait: « Seigneur, voici que je donne aux pauvres la moitié de mes biens. Et si j’ai fait tort à quelqu’un en quoi que ce soit, je lui en rends quatre fois autant. » Alors Jésus arrêtant sur lui Son regard: « Aujourd’hui, dit-Il, le salut est entré dans cette maison. Cet homme est vraiment, lui aussi, un fils d’Abraham. Or le Fils de l’Homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu. »
PARABOLE DES MINES
La foule avait entendu les dernières paroles du Seigneur. Comme Il Se rendait à Jérusalem, tous s’imaginaient que le Royaume de Dieu allait bientôt paraître. C’est pourquoi Il leur proposa cette nouvelle parabole: « Un homme de grande naissance s’en alla en un pays lointain, pour entrer en possession d’un royaume, et revenir ensuite. Il appela dix de ses serviteurs, leur donna dix mines et leur dit: - « Faites-les valoir jusqu’à ce que je revienne. » Or, ses concitoyens le haïssaient. Après son départ, ils lui envoyèrent une députation, chargée de lui dire:- « Nous ne voulons pas que celui-ci règne sur nous! » Il revint pourtant, après avoir pris possession de son royaume. Alors il fit appeler les serviteurs auxquels il avait remis de l’argent, afin de constater dans quelle mesure chacun avait su le faire valoir. Le premier se présenta et dit: - « Seigneur, votre mine en a produit dix autres. » - « Courage, bon serviteur, répondit le roi; puisque tu as été fidèle en peu de chose, tu auras le gouvernement de dix villes. » Un autre vint et dit: - « Seigneur, votre mine en a produit cinq autres. » - « Eh bien! prends le gouvernement de cinq villes. » Un troisième s’étant approché à son tour: - « Seigneur, dit-il, voici votre mine. Je l’ai tenue enveloppée dans un linge. Je vous redoutais en effet, parce que vous êtes un homme dur, reprenant ce que vous n’avez pas donné et moissonnant où vous n’avez pas semé. » - « Méchant serviteur! s’écria le roi, c’est de ta propre bouche que je tire ta sentence. Puisque tu savais que je suis un homme dur, reprenant ce que je n’ai pas donné et moissonnant où je n’ai pas semé, pourquoi n’as-tu pas mis mon argent à la banque, afin qu’à mon retour je le retire avec les intérêts? » Puis, s’adressant à ceux qui l’entouraient: - « Enlevez-lui sa mine, et donnez-le à celui qui en a dix. » - « Je vous le déclare, reprit le roi, il sera donné à celui qui a déjà, et il sera dans l’abondance. Mais à celui qui n’a point, on lui enlèvera même ce qu’il a… Quant à mes ennemis, quant à ceux qui ne m’on pas voulu pour roi, qu’on les amène ici, et qu’on les mette à mort en ma présence. »
guérison des DEUX AVEUGLES
À LA SORTIE DE JÉRICHO
Comme Jésus et Ses Disciples sortaient de Jéricho, suivis d’une foule immense, deux aveugles, assis le long du chemin, ayant entendu dire que c’était Lui qui passait, s’écrièrent: « Seigneur, Fils de David, ayez pitié de nous! » Or l’un des deux était le mendiant Bartimée, fils de Timée. La foule les reprenait vivement et leur imposait silence; mais ils criaient de plus fort en plus fort: « Seigneur, Fils de David, ayez pitié de nous! » Jésus S’arrêta et demanda qu’on les fît venir. On appela donc les aveugles: « Prenez confiance! leur dit-on. Levez-vous, Il vous appelle. » A ces mots, ils se levèrent, et, rejetant leurs manteaux, ils accoururent vers Jésus: « Que voulez-vous que Je fasse pour vous? » leur dit-Il. - « Seigneur, que nos yeux soient ouverts! » Ému de compassion, Jésus toucha leurs yeux. Aussitôt ils virent, et ils marchèrent à Sa suite. Pour Lui, précédant Ses Disciples, Il continua de monter vers Jérusalem.
Repas d'adieu chez Simon le lépreux
Six jours avant la Pâque, Jésus arrivait à Béthanie, où était mort Lazare, qu’Il avait ressuscité. Il fut invité à souper chez Simon le Lépreux. Marthe s’occupait du service. Lazare, son frère, était l’un des convives. Pendant le repas, Marie prit, dans un vase d’albâtre, une livre de parfum, du nard le plus pur et le plus précieux, elle en oignit les pieds du Sauveur qui était à table et les essuya de ses cheveux, puis, brisant le vase, elle en répandit le contenu sur la tête de Jésus. La maison entière fut embaumée par l’arome de ce parfum. A cette vue, l’un des Disciples, Judas Iscariote, celui qui devait Le trahir, fit cette réflexion: - « Pourquoi n’avoir pas vendu ce parfum trois cents deniers, qu’on aurait distribués aux pauvres? » Il parla ainsi, non qu’il s’inquiétât des pauvres; mais c’était un voleur; il tenait la bourse et gardait ce qu’on y déposait. Quelques autres Disciples, entraînés par l’exemple de Judas, mais plus sincères que lui, se révoltèrent, eux aussi, devant une telle prodigalité: « Pourquoi cette inutile dépense? dirent-ils. On aurait pu vendre très cher ce parfum, et le prix, on l’aurait donné aux pauvres. » Et ils frémissaient d’indignation contre Marie. Jésus prit la parole: « Laissez cette femme! pourquoi lui causez-vous de la peine? C’est une bonne oeuvre qu’elle accomplit envers Moi. Des pauvres, vous en avez toujours parmi vous, et vous leur ferez du bien quand vous le voudrez. Mais Moi, vous ne M’aurez pas toujours. Cette femme a fait pour Moi ce qu’elle a pu. En répandant sur Mon corps ce parfum, elle a préludé à Ma sépulture. En vérité Je vous le dis: dans le monde entier, partout où sera prêché cet Évangile, on racontera ce qu’elle vient de faire, et on louera sa mémoire. » Dès qu’on sut à Jérusalem que Jésus était à Béthanie, une grande multitude de Juifs s’y rendirent, non seulement à cause de Jésus, mais aussi pour voir Lazare, qu’Il avait ressuscité d’entre les morts. Or les Princes des prêtres, considérant qu’il y avait là, pour beaucoup de Juifs, un motif de s’éloigner d’eux et de croire en Jésus, conçurent le dessein de faire mourir Lazare lui-même.
JOUR DES RAMEAUX, Entrée triomphale
I.—À BETHPHAGÉ
Le lendemain du Sabbat, Jésus Se rendit à Jérusalem. Comme Il approchait de Bethphagé, non loin de Béthanie, sur le mont des Oliviers, Il envoya deux de Ses Disciples: « Allez à ce village, qui est au devant vous, leur dit-Il. En y entrant, vous trouverez une ânesse, attachée avec son ânon, sur lequel personne encore ne s’est assis. Déliez-les et amenez- les-Moi. Et si quelqu’un vous demande: « Que faites-vous là? pourquoi les détachez-vous? » vous répondrez: « Le Seigneur en a besoin. » Et aussitôt, on vous permettra de les emmener. » Les envoyés partirent et firent ce que Jésus leur avait ordonné. Ils trouvèrent les animaux, attachés dehors, à la porte, entre deux chemins, et les délièrent. « Que faites-vous? leur dirent les maîtres qui étaient là, et pourquoi détachez-vous cet ânon? » - « Le Seigneur en a besoin », répondirent-ils. On les laissa faire. Ils amenèrent à Jésus l’ânesse et son petit; puis, étendant leurs manteaux sur l’ânon, ils y firent asseoir le Seigneur.
II.—LE TRIOMPHE
La foule immense qui était dans la ville, pour la fête, apprenant que Jésus venait à Jérusalem, accourut au-devant de Lui jusqu’à la descente du mont des Oliviers. Les uns coupaient des branches d’arbre et en jonchaient le chemin, les autres, en grand nombre, étendaient leurs manteaux sur Son passage, d’autres portaient des rameaux de palmier; et tous les Disciples, transportés d’une vive allégresse, se mirent à chanter, à pleine voix, les louanges de Dieu, au souvenir de tous les prodiges dont ils avaient été les témoins: « Hosannah! criaient-ils. Béni soit Celui qui vient au nom du Seigneur, le Roi d’Israël! Béni soit le Règne de David notre père, qui va commencer! Hosannah au Fils de David! Paix et gloire au plus haut des cieux! » Les foules qui précédaient et celles qui suivaient le Seigneur, poussaient les mêmes acclamations. Les nombreux témoins qui L’avaient vu ressusciter Lazare et L’appeler hors du tombeau, attestaient ce miracle dont le bruit attirait la multitude au-devant de Jésus. Or, tout ceci eut lieu afin que fût réalisée la parole du Prophète: « Dites à la fille de Sion: « Ne crains pas, Fille de Sion! Voici que ton roi vient à toi, plein de douceur, assis sur une ânesse, puis sur l’ânon de celle qui porte le joug. » Les Disciples ne comprirent point ceci tout d’abord; mais lorsque Jésus fut glorifié, ils se souvinrent que toutes les choses, accomplies à Son égard, étaient écrites de Lui.
III.—LE DÉPIT DES PHARISIENS
Cependant, du milieu de la foule, quelques Pharisiens dirent à Jésus: « Maître, imposez donc silence à Vos Disciples! » - « Je vous le déclare, répondit-Il, s’ils se taisent, les pierres mêmes crieront. »
IV.—JÉSUS PLEURE SUR JÉRUSALEM
Quand Jésus fut près de Jérusalem, voyant cette ville, Il pleura sur elle: « Ah! toi aussi, S’écria-t-Il, que ne sais-tu reconnaître, du moins en ce jour qui t’est encore donné, ce qui pourrait t’apporter la paix! Mais maintenant ces choses sont cachées à tes yeux… Viendront sur toi des jours où tes ennemis t’environneront de tranchées; ils t’enfermeront et te presseront de toutes parts… Ils te renverseront par terre, toi, et tes enfants, qui sont au milieu de toi; ils ne te laisseront pas pierre sur pierre, parce que tu n’as pas su connaître le temps où Je t’ai visitée. »
V.—ENTRÉE DE JÉSUS À JÉRUSALEM
DEUXIÈME EXPULSION DES VENDEURS DU TEMPLE
Enfin Jésus entra dans Jérusalem. Toute la ville fut en émoi; on se demandait: « Quel est celui-ci? » La foule répondait: « C’est Jésus! le Prophète de Nazareth, en Galilée. » Il pénétra dans le Temple de Dieu, et Se mit à chasser tous ceux qui vendaient et achetaient dans le Lieu saint. Il renversa les tables des changeurs et les sièges des vendeurs de colombes, Il ne souffrit pas qu’on transportât aucun ustensile par le Temple, et Il S’écriait: « N’est-il pas écrit: « Ma Maison sera appelée une Maison de prière, dans toutes les nations? » Mais vous, vous en avez fait une caverne de voleurs. » Alors des aveugles et des boiteux s’approchèrent de Lui, dans le Temple, et Il les guérit. Les Princes des Prêtres et les Scribes, ayant appris ce qu’Il venait de faire, délibérèrent entre eux, sur le moyen à prendre pour Le faire périr. Ils Le craignaient de plus en plus, parce que tout le peuple admirait Sa doctrine et se tenait comme suspendu à Ses lèvres, tandis qu’Il parlait. Et ils ne surent que Lui faire.
VI.—LA LOUANGE DES ENFANTS
Ils furent transportés d’indignation, à la vue des merveilles qu’Il accomplissait, et des enfants qui criaient dans le Temple: « Hosannah au Fils de David! » - « Entendez-vous, s’écrièrent-ils, ce que disent ceux-là! » - « Oui, sans doute, répondit Jésus. N’avez-vous jamais lu cette parole: « Vous avez mis la louange parfaite dans la bouche des enfants et de ceux qui sont à la mamelle? » Et Jésus les quitta; pendant qu’ils se disaient entre eux: « Vous voyez que nous ne gagnons rien! Tout le monde court à Lui. »
VII.—GENTILS QUI VEULENT VOIR JÉSUS
Il se trouvait quelques Gentils, parmi ceux qui étaient montés au Temple pour adorer, au jour de la solennité. Ils s’approchèrent de Philippe, qui était de Bethsaïde, en Galilée, et lui firent cette prière: « Seigneur, nous voulons voir Jésus! » Philippe alla le dire à André; puis André et Philippe l’ayant dit ensemble à Jésus, Il fit entendre ces paroles: « L’heure est venue où le Fils de l’homme doit être glorifié!... En vérité, en vérité, Je vous le déclare: Si le grain de froment jeté en terre n’y meurt, il reste seul et stérile; mais s’il meurt, il porte un fruit abondant.
Celui qui, dans ce monde, aime sa vie, la perdra. Celui qui hait sa vie en ce monde, la conserve pour la vie éternelle. Qu’il Me suive, celui qui veut Me servir. Là où Je suis, doit être également Mon serviteur. Quiconque se sera dévoué à Mon service, Mon Père l’honorera. »
VIII.—LE TROUBLE DE JÉSUS, LA VOIX DU CIEL
« Maintenant, Mon âme est troublée... Et que dirai-Je?… Mon Père, sauvez-Moi de cette heure!... Mais, c’est pour cette heure que Je suis venu!... O Père! glorifiez Votre Nom! » Du ciel une voix se fit entendre: « Je L’ai glorifié, et Je Le glorifierai encore. » Dans la foule qui était là et qui avait entendu, les uns disaient: « C’est un coup de tonnerre. » - « Non, reprenaient les autres, c’est un Ange qui Lui a parlé. »
Jésus leur dit: « Ce n’est pas pour Moi, mais pour vous, que cette voix s’est fait entendre. Maintenant, c’est la condamnation du monde; maintenant le Prince de ce monde va être chassé. Et Moi, quand J’aurai été élevé de terre, J’attirerai tout à Moi! » En parlant ainsi, Il faisait allusion au genre de mort qui Lui était réservé. La foule répondit: « Nous savons, par la Loi, que le Christ demeure à jamais. Comment pouvez-vous dire: « Il faut que le Fils de l’Homme soit élevé? » Quel est ce Fils de l’Homme? » - « La Lumière est encore au milieu de vous pour un peu de temps, dit Jésus. Marchez pendant que vous avez la Lumière, afin que vous ne soyez point surpris par les ténèbres. Celui qui marche dans les ténèbres ne sait où il va. Tandis que vous avez la Lumière, croyez en la Lumière, de sorte que vous soyez des enfants de la Lumière. »
X.—ENDURCISSEMENT DES JUIFS
C’était donc en vain que Jésus avait fait tant de miracles sous leurs yeux; ils ne croyaient pas en Lui! Ainsi se réalisait la parole du Prophète Isaïe: « Qui a cru, Seigneur, à ce que nous avons fait entendre?... Et qui a su reconnaître Celui qui est le Bras de Dieu? » Non! ils ne pouvaient croire, car Isaïe avait dit également: « Leurs yeux seront aveuglés et leurs coeurs seront endurcis, de sorte que leurs yeux ne voient point, que leurs coeurs ne comprennent point; qu’ils soient dès lors incapables de se retourner vers Moi et que Je ne puisse les guérir. » Tel fut le langage d’Isaïe, quand Jésus lui apparut dans Sa gloire, et que le Prophète parla de Lui. Néanmoins, parmi les principaux d’entre les Juifs, beaucoup croyaient en Lui. Mais, à cause des Pharisiens, ils n’en laissaient rien paraître, de peur d’être expulsés de la synagogue. Ainsi ils sacrifiaient la gloire de Dieu au respect humain.
X.—SUPRÊME EXHORTATION
Alors Jésus éleva la voix: « Celui qui croit en Moi, S’écria-t-Il, ne croit pas seulement en Moi, mais en Celui qui M’a envoyé; et celui qui Me voit, voit Celui qui M’a envoyé. Moi, qui suis la Lumière, Je suis venu en ce monde afin que toux ceux qui croient en Moi, ne demeurent point dans les ténèbres. Pour celui qui entend Ma parole et ne la garde point, ce n’est point Moi qui le juge; car Je ne suis pas venu pour juger le monde, mais pour le sauver. Celui qui Me méprise et n’accepte pas Mes paroles trouvera qui le juge: la doctrine que J’ai enseignée sera son juge. Elle le condamnera au dernier jour.
Car ce n’est pas de Moi-même que J’ai parlé; mais le Père, qui M’a envoyé, M’a Lui-même commandé de parler, et M’a prescrit ce que Je devais dire. Et Je sais que Son commandement, c’est la vie éternelle. Donc, ce que Je dis, Je le dis comme le Père Me l’a fait entendre. » Sur ces paroles, Jésus les laissa. Puis, le soir venu, après avoir examiné toutes choses, Il S’éloigna de la ville, et reprit avec onze Apôtres, le chemin de Béthanie. Il y passa la nuit.
LUNDI SAINT
I.—LE FIGUIER MAUDIT
Le lendemain, dès le point du jour, comme Jésus sortait de Béthanie avec Ses Disciples pour revenir à Jérusalem, Il eut faim. Ayant remarqué, de loin, sur la route, un figuier couvert de son feuillage, Il S’en approcha pour voir si, peut-être, Il n’y trouverait point quelques fruits, bien que ce ne fût pas encore la saison des figues; Il n’y trouva que des feuilles. Alors Il dit au figuier: « Que jamais personne ne mange de ton fruit, et que jamaisil n’en naisse de toi! » Les Disciples entendirent et remarquèrent ces paroles.
II.—LE SANHÉDRIN DEMANDE À JÉSUS RAISON DE L’ACTE D’AUTORITÉ ACCOMPLI, LA VEILLE, DANS LE TEMPLE
Étant arrivé à Jérusalem, Jésus monta au Temple. Comme Il Se promenait dans les galeries extérieures, enseignant le peuple et lui annonçant la Bonne Nouvelle, les Princes des prêtres, les Docteurs de la loi et les Anciens se réunirent et s’approchèrent de Lui: « De quel droit Lui dirent-ils, fais-Tu toutes ces choses, et qui T’a donné ce pouvoir? Répons! » Jésus leur dit: « Et Moi aussi Je vais vous poser une question, et, si vous pouvez la résoudre, Je vous dirai de quel droit J’agis ainsi. Le Baptême de Jean, d’où venait-il? Du ciel ou des hommes? Répondez! » En eux-mêmes ils pensèrent: Si nous répondons qu’il venait du ciel, Il nous dira: « Pourquoi donc n’y avez-vous pas cru? » Si nous répondons qu’il venait des hommes, nous avons à craindre que tout ce peuple ne nous lapide. (Tous, en effet, tenaient Jean pour un vrai Prophète.) Aussi ne purent-ils que dire: « Nous ne le savons pas. » - « Et Moi, repartit Jésus, Je ne vous dirai pas non plus en vertu de quelle autorité Je fais ces choses. »
III.—PARABOLE DES DEUX FILS
Ensuite Il leur parla en paraboles: « Que vous en semble? Un homme avait deux fils;
s’adressant à l’aîné, il lui dit: « Mon fils, allez aujourd’hui travailler à ma vigne. » - « Je ne veux pas! » répliqua celui-ci; puis, touché de repentir, il y alla. S’adressant à l’autre, il lui fit le même commandement: « J’y vais, Seigneur », répondit ce dernier. Et il n’y alla point. Lequel des deux a fait la volonté du père? » - « Le premier », avouèrent-ils. - « Eh bien! Je vous le dis en vérité, les Publicains et les courtisanes vous précéderont dans le Royaume de Dieu. Jean est venu à vous, dans la voie de la justice, et vous n’avez pas cru en lui. Mais les Publicains et les courtisanes y ont cru. Et vous, devant cet exemple, vous ne vous êtes point repentis, vous ne vous êtes point déterminés à croire en lui. »
IV.—PARABOLE DES VIGNERONS HOMICIDES
« Écoutez une autre parabole, dit Jésus à la foule. Un père de famille planta une vigne, l’entoura d’une haie, y creusa un pressoir et y bâtit une tour. Puis il la loua à des vignerons, et s’en alla, pour longtemps, en un pays lointain. Lorsque vint la vendange, il envoya aux vignerons l’un des serviteurs, pour en recevoir le produit de la vigne. L’ayant saisi, les vignerons le frappèrent et le renvoyèrent sans rien lui donner de ce qu’ils devaient. Il leur envoya un autre serviteur: ils le blessèrent à la tête, l’abreuvèrent d’outrages, et le renvoyèrent également les mains vides.
Il en envoya un troisième. Ils le blessèrent lui aussi, le jetèrent dehors et le tuèrent. Il envoya encore d’autres serviteurs, plus nombreux que les premiers, et ils les traitèrent de même, frappant et lapidant les uns et tuant les autres. Or, le maître de la vigne avait encore un fils qu’il chérissait: « Que ferai-je? se dit-il. Je leur enverrai mon fils bien-aimé; peut-être qu’en le voyant, ils le respecteront. » Et, après tous les autres, il envoya son fils. Mais les vignerons, en voyant le fils, se dirent l’un à l’autre: - « Voici l’héritier! Venez, tuons-le! et l’héritage est à nous! » S’étant donc saisis de lui, ils le jetèrent hors de la vigne et le mirent à mort. » Lorsque viendra le maître de la vigne, que fera-t-il à ces vignerons? » - « Il perdra sans pitié ces misérables, répondit la foule, et il louera sa vigne à d’autres vignerons, qui lui en rendront les fruits au temps voulu. » - « Oui, reprit Jésus. Le Père de famille viendra, il perdra ces vignerons et en mettra d’autres dans sa vigne. » - « A Dieu ne plaise! » s’écrièrent les Juifs, à l’énoncé de cette conclusion. Alors, fixant sur eux Son regard, Jésus leur dit: « N’avez-vous jamais lu dans les Écritures: « La pierre que les constructeurs ont rejetée, est devenue le sommet de l’angle. Ceci est l’oeuvre du Seigneur, oeuvre merveilleuse à nos yeux? » C’est pourquoi Je vous le déclare: Le Royaume de Dieu vous sera enlevé, et il sera donné à un peuple qui lui fera produire ses fruits. Quiconque tombera sur cette pierre s’y brisera, et celui sur qui elle tombera sera broyé. » Les Princes des prêtres et les Pharisiens qui avaient entendu ces paraboles, comprirent que c’était d’eux-mêmes que Jésus parlait, et ils cherchèrent à se saisir de Lui; mais ils craignirent le peuple qui Le considérait comme un Prophète. Ils Le laissèrent alors et s’éloignèrent.
V.—PARABOLE DU FESTIN NUPTIAL
Continuant de parler en paraboles, Jésus reprit en ces termes: « Le Royaume des cieux est semblable à un roi qui célébra les noces de son fils. Il envoya ses serviteurs appeler ceux qui étaient invités aux noces. Mais ceux-ci refusèrent de venir. De nouveau, il envoya d’autres serviteurs, chargés de leur dire de sa part: « Voici que j’ai préparé mon festin. On a tué les bœufs et tous les animaux que j’avais fait engraisser. Tout est prêt; venez aux noces! » Sans tenir nul compte de l’invitation, les conviés s’en allèrent, celui-ci à sa ferme, celui-là à son négoce. D’autres même s’emparèrent des serviteurs, et, après les avoir accablésd’outrages, ils les tuèrent. Ayant appris cela, le roi, outré d’indignation, donna l’ordre à ses soldats d’exterminer ces meurtriers et de brûler leur ville. Puis il dit à ses serviteurs: - « Les noces sont prêtes; mais ceux qui étaient conviés n’en étaient pas dignes. Parcourez donc les carrefours, et appelez aux noces tous ceux que vous rencontrerez. » Les serviteurs se répandirent par les rues, réunirent tous ceux qu’ils trouvèrent, bons et mauvais, et la salle des noces fut remplie de convives. Or, le roi entra pour voir ceux qui étaient à table. remarqué un homme qui n’était point vêtu de la robe nuptiale, il lui dit: - « Mon ami, comment es-tu entré ici, sans la robe nuptiale? » Celui-ci garda le silence. Alors le roi dit à ses serviteurs: - « Liez-lui les pieds et les mains et jetez-le dehors, dans les ténèbres. Là, seront des pleurs et des grincements de dents. Car beaucoup sont appelés; mais peu sont élus. » Ainsi, chacun de ce jours, Il enseignait dans le Temple. Quand venait la nuit, Il sortait de la ville, et Se dirigeait vers le mont des Oliviers.
MARDI SAINT
I.—LE FIGUIER DESSÉCHÉ
Le lendemain matin, les Disciples virent, en passant, le figuier de la veille, desséché jusque dans ses racines. Pleins d’étonnement, ils se disaient: « Comme il a séché vite! » Et Pierre, se ressouvenant de la parole de Jésus, s’écria: « Maître, le figuier que vous avez maudit, voilà qu’il est mort! »
- « Ayez foi en Dieu, répondit Jésus. Je vous le dis en vérité, si vous aviez assez de foi pour ne pas hésiter en vous-mêmes, non seulement vous feriez comme Je viens de faire à ce figuier, mais, si vous disiez même à cette montagne: « Lève-toi et jette-toi dans la mer! » il en serait ainsi. Oui, si quelqu’un dit à cette montagne: « Lève-toi et jette-toi dans la mer! » cela se fera, pourvu qu’il n’y ait aucune hésitation dans son coeur, et qu’il croie qu’il lui suffit de commander pour que cela se fasse. C’est pourquoi Je vous le déclare: Tout ce que vous demanderez dans la prière, croyez que vous l’obtiendrez, et vous serez exaucés. Mais, lorsque vous vous disposez à prier, pardonnez d’abord, si vous avez quelque chose contre quelqu’un, afin que votre Père qui est dans les cieux vous pardonne aussi vos péchés. Si vous ne pardonnez point, votre Père qui est dans les cieux ne vous pardonnera point non plus vos péchés. »
II.—PERFIDE QUESTION DES HÉRODIENS. LE DENIER DE CÉSAR
Réduits au silence, les Pharisiens s’étaient concertés pour trouver le moyen de surprendre Jésus dans Ses paroles. Se tenant eux-mêmes en observation, ils Lui envoyèrent, avec des Hérodiens, quelques-uns de leurs disciples qui, feignant d’être justes, Lui tendraient des pièges par leurs questions insidieuses, afin de Le livrer aux magistrats et au pouvoir du Gouverneur. S’étant donc approchés de Jésus, ceux-ci Lui dirent: « Maître, nous savons que Vous parlez en toute droiture, et que Vous enseignez la voie de Dieu dans la vérité, sans Vous inquiéter de qui que ce soit; car Vous ne considérez point la qualité des personnes; dites-nous donc ce qu’Il vous semble de ceci: « Est-il permis, oui ou non, de payer le tribut à César? » Jésus, pénétrant leur malice et leur duplicité: « Hypocrites! leur dit-Il, pourquoi Me tentez-vous? Montrez-Moi la monnaie du tribut, que Je la voie. » Ils Lui présentèrent un denier. « De qui est cette image? demanda-t-Il, de qui est cette inscription? » - « De César », répondirent-ils. - « Rendez donc à César, leur dit Jésus, ce qui est à César, et à Dieu, ce qui est à Dieu. » Ne pouvant incriminer cette réponse devant le peuple, ils en admirèrent l’habileté, gardèrent le silence et se retirèrent.
III.—DÉCONVENUE DES SADUCÉENS
Ce même jour, des Saducéens (ceux qui nient la résurrection) vinrent Lui poser cette question:
« Maître, Moïse a écrit dans notre Loi: « Si un homme meurt sans laisser de fils, que son frère épouse sa veuve et suscite au défunt une postérité. » Or, il y avait parmi nous sept frères. Le premier, ayant pris une femme, mourut sans enfants, et laissa sa femme à son frère; le second, l’ayant prise, mourut également sans enfants. Il en fut de même du troisième. Enfin tous les sept prirent cette femme et ne laissèrent point de postérité. La femme mourut la dernière de tous. Au temps de la résurrection, quand tous auront recouvré la vie, auquel des sept appartiendra-t-elle? car tous les sept l’ont eue pour épouse. » - « Vous êtes dans l’erreur, leur répondit Jésus, et vous ne comprenez ni les Écritures, ni la puissance de Dieu. Les enfants du siècle présent prennent des épouses ou sont donnés en mariage. Mais ceux qui seront trouvés dignes du siècle à venir, à la résurrection des morts, ne prendront point, les uns des femmes, les autres des maris; car ils ne pourront plus mourir. Ils seront donc comme les Anges dans le ciel; ils seront les enfants de Dieu, puisqu’ils seront les enfants de la résurrection. Quant à la résurrection des morts, elle est enseignée par Moïse lui-même. N’avez-vous point lu dans le livre de Moïse comment, au buisson ardent, Dieu lui dit, ainsi qu’à vous: « Je suis le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob? » Or, Dieu n’est point le Dieu des morts, mais des vivants; tous vivent devant Lui. Donc vous êtes dans une grande erreur. » Le peuple, qui entendait tout cela, était émerveillé d’une telle science; et même quelques Scribes élevant la voix, s’écrièrent: « Maître! Vous avez bien dit! » Pour les Saducéens, ils n’osèrent plus Lui poser d’autres questions.
IV.—DERNIER ÉCHEC DES PHARISIENS
Les Pharisiens, ayant appris que Jésus avait réduit les Saducéens au silence, se groupèrent; et l’un d’eux, Scribe et Docteur de la Loi, témoin de la discussion précédente et de la belle réponse de Jésus, s’approcha et Lui posa cette question, dans le dessein de L’embarrasser: « Maître, quel est le plus grand commandement de la Loi, le premier de tous les commandements? » Jésus lui répondit: « Écoute, ô Israël: « Le Seigneur ton Dieu est le seul Dieu; et tu aimeras le Seigneur ton Dieu, de tout ton coeur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toutes tes forces. » Tel est le premier et le plus grand commandement. Le second est semblable au premier: « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » Aucun commandement n’est plus grand que ces deux-là. Ils renferment toute la Loi et les Prophètes. » - « Fort bien! Maître, reprit le Scribe. Vous êtes dans la vérité, en disant que Dieu est un, et qu’il n’y a pas d’autre Dieu que Lui, qu’on doit L’aimer de tout son coeur, de tout son
esprit, de toute son âme, de toutes ses forces, et qu’aimer son prochain, comme soi-même, vaut mieux que tous les holocaustes et tous les sacrifices. » Voyant que ce Scribe avait parlé avec sagesse, Jésus lui dit: « Tu n’es pas loin du Royaume de Dieu! » Et nul, parmi les Pharisiens, n’osa plus L’interroger. Tandis qu’Il continuait d’enseigner dans le Temple, ils se réunirent autour de Lui. A Son tour Jésus les interrogea: « Que vous semble du Christ? leur demanda-t-Il. De qui est-Il le Fils? » - « De David », répondirent-ils. - « Comment donc, reprit Jésus, en S’adressant à la foule, faut-il entendre ce qu’enseignent les Scribes quand ils disent que le Christ est Fils de David? David lui-même, en effet, sous l’inspiration de l’Esprit-Saint, l’appelle son Seigneur, lorsqu’il dit au Livre des Psaumes: « Le Seigneur a dit à mon Seigneur. Asseyez-vous à Ma droite, jusqu’à ce que Je fasse de vos ennemis l’escabeau de vos pieds. » Donc, si David appelle le Christ son Seigneur, pour quelle raison et de quelle manière est-Il son Fils? » Nul ne put Lui répondre et ne s’aventura plus, dès ce jour, à Lui adresser des questions. Mais toute la foule du peuple L’écoutait avec joie.
V.—RÉQUISITOIRE CONTRE LES PHARISIENS
Alors Jésus, voyant tout le peuple attentif, dit à la multitude et à Ses Disciples: « Les Scribes et les Pharisiens sont assis sur la chaire de Moïse, observez donc et faites tout ce qu’ils vous disent; mais méfiez-vous d’eux avec soin, et ne les imitez pas dans leurs œuvres; car ce qu’ils disent, ils ne le font pas. Ils attachent sur les épaules des autres des fardeaux pesants et intolérables qu’ils ne veulent pas même remuer du doigt. Toutes leurs œuvres, ils le font pour être vus des hommes, portant de plus larges phylactères et des franges plus apparentes, comme ils affectent de marcher avec de longues tuniques. Ils aiment les premières places dans les festins et les premiers sièges dans les synagogues. Ils aiment qu’on les salue dans les lieux publics et que les hommes leur donnent le nom de Rabbi. Pour vous, ne désirez point d’être appelés maîtres, car vous n’avez qu’un seul Maître, et vous êtes tous frères. N’appelez non plus personne, ici-bas, votre père, car vous n’avez qu’un Père, qui est dans les cieux. Qu’on ne vous appelle point non plus docteurs, car vous n’avez qu’un seul Docteur, qui est le Christ. Le plus grand parmi vous sera votre serviteur; car quiconque s’élèvera sera abaissé et quiconque s’abaissera sera élevé.
Malheur donc à vous, Scribes et Pharisiens hypocrites! parce que vous fermez aux hommes le Royaume des cieux. Vous n’entrez point, et ceux qui se présentent pour entrer, vous les en empêchez. Malheur à vous, Scribes et Pharisiens hypocrites! Parce que vous dévorez les maisons des veuves par les formules allongées de vos feintes prières. Pour cela, vous subirez un jugement plus rigoureux.
Malheur à vous, Scribes et Pharisiens hypocrites! Qui courez les mers et la terre pour faire un prosélyte; et, quand il l’est devenu, vous en faites un fils de la Géhenne deux fois pire que vous.
Malheur à vous, guides aveugles! Vous dites: « Si un homme jure par le Temple, ce n’est rien; mais s’il jure par l’or du Temple, il doit ce qu’il a juré. » Insensés et aveugles! Lequel est le plus grand, de l’or, ou du Temple qui sanctifie l’or? Vous dites encore: « Si un homme jure par l’autel, ce n’est rien; mais s’il jure par l’offrande, placée sur l’autel, il doit ce qu’il a juré. » Aveugles! lequel est le plus grand, de l’offrande, ou de l’autel qui sanctifie l’offrande? Oui, quiconque jure par l’autel,
jure en même temps par l’autel et par tout ce qui est sur l’autel Et quiconque jure par le Temple, jure à la fois et par le Temple et par Celui qui en fait Sa demeure. Et quiconque jure par le ciel, jure à la fois par le trône de Dieu, et par Celui qui siège sur ce trône.
Malheur à vous, Scribes et Pharisiens hypocrites! Vous acquittez la dîme de la menthe, de l’anis, du cumin, de la rue et des moindres graines, et vous abandonnez les points les plus graves de la Loi: la justice, l’amour de Dieu, la miséricorde et la foi. Ces choses, il fallait les accomplir et ne pas omettre les autres. Guides aveugles! vous arrêtez au filtre un moucheron, et vous avalez un chameau. Malheur à vous, Scribes et Pharisiens hypocrites! Vous purifiez le dehors de la coupe et du plat, et, au dedans, vous êtes pleins de rapines et de souillures. Pharisien aveugle! nettoie d’abord le dedans de la coupe et du plat, puis tu auras soin que le dehors soit également purifié. Malheur à vous, Scribes et Pharisiens hypocrites! Parce que vous ressemblez à des sépulcres blanchis. A l’extérieur, ils ont une belle apparence; mais, à l’intérieur, ils sont pleins d’ossements de morts et de toute sorte de pourriture. Ainsi, au dehors, vous paraissez justes aux yeux des hommes; mais au dedans, vous êtes pleins d’hypocrisie et d’iniquité. Malheur à vous, Scribes et Pharisiens hypocrites! Vous élevez des tombeaux aux Prophètes, vous ornez les monuments des justes, et vous dites: « Si nous avions vécu au temps de nos pères, nous n’aurions pas été leurs complices pour verser le sang des Prophètes. » Ainsi vous témoignez vous-mêmes que vous êtes les fils de ceux qui ont tué les Prophètes. Comblez, vous aussi, la mesure de vos pères!
Serpents! Race de vipères! comment éviterez-vous la condamnation de la Géhenne? Et voici que Moi-même Je vous envoie des Prophètes, des Sages et des Docteurs. Mais vous massacrerez et crucifierez les uns, vous flagellerez les autres dans vos synagogues, vous les poursuivrez de cité en cité, en sorte que, sur vous, retombera tout le sang innocent répandu sur la terre, depuis celui du juste Abel, jusqu’à celui de Zacharie, fils de Barachie que vous avez tué entre le temple et l’autel. En vérité, Je vous le déclare: tous ces crimes retomberont sur cette génération. Jérusalem! Jérusalem! qui tues les Prophètes et qui lapides ceux qui te sont envoyés, combien de fois ai-Je voulu rassembler tes enfants, comme la poule rassemble ses petits sous ses ailes, et tu ne l’as point voulu! Et voici que votre maison, abandonnée, restera déserte! Je vous le déclare: Vous ne Me verrez plus, jusqu’à ce vous disiez: « Béni soit Celui qui vient au nom du Seigneur! »
VI.—L’OBOLE DE LA VEUVE
Jésus S’assit ensuite en face du tronc destiné aux offrandes pour l’entretien du culte. Et Il regardait comme la foule jetait son argent dans le tronc. Des riches, en grand nombre, se faisaient gloire d’y jeter de larges offrandes. A son tour, vint une pauvre veuve; Jésus la vit jeter deux petites pièces de monnaie, de la valeur d’un denier. Il appela Ses Disciples et leur dit: « En vérité, Je vous le déclare: Cette pauvre veuve a donné plus que tous ceux qui ont mis dans le tronc du Temple. Tous ont donné de leur abondance; mais elle, c’est de son indigence même qu’elle a donné; elle a mis tout ce qu’elle possédait, tout ce qu’elle avait pour vivre. »
VII.—ANNONCE DE LA RUINE DU TEMPLE
Jésus venait de sortir du Temple, et Il S’en allait. Ses Disciples s’approchèrent de Lui pour Lui faire remarquer la structure de cet édifice. « Maître, Lui dit l’un d’eux, voyez donc quelles pierres et quelles constructions! » Et les autres vantaient ses larges assises et son ornementation, fruit de tant d’offrandes. « Vous voyez toutes ces constructions magnifiques, répondit Jésus, vous voyez tout cela? Eh bien! Je vous le dis en vérité, des jours viendront où cet édifice sera entièrement détruit; on n’y laissera pas pierre sur pierre. »
VIII.—SUR LE MONT DES OLIVIERS JÉSUS PRÉDIT LES MALHEURS DES TEMPS FUTURS
Ils arrivèrent sur le mont des Oliviers, et Jésus S’assit en face du Temple. Pierre, Jacques, Jean et André, s’approchèrent de Lui, et L’interrogèrent à l’insu des autres: « Quand ces choses arriveront-elles? Dites-le-nous, Maître. A quel signe verra-t-on qu’elles vont s’accomplir? Comme aussi, quel sera le signe de Votre avènement et de la consommation des siècles? » En réponse à leur question, Jésus commença ainsi: « Prenez garde que personne ne vous séduise; car le jour approche où plusieurs viendront en Mon Nom et diront: « C’est moi le Christ! Le temps est arrivé. » Et ils en séduiront un grand nombre; mais vous, ne les suivez point. Vous entendrez parler de guerres et de bruits de guerre, de combat, de séditions, gardez-vous alors de vous épouvanter, de vous troubler, et même de craindre; car il faut qu’il en soit ainsi d’abord, mais ce ne sera pas encore la fin » Et Il ajouta: « On verra se soulever nation contre nation, royaume contre royaume. Il y aura, en divers lieux de grands tremblements de terre, des pestes, des famines, des signes terribles dans le ciel et de grands prodiges: Ce ne sera là encore que le commencement des calamités. Mais, avant que tout cela n’arrive, on se saisira de vous, on vous persécutera, on vous accablera de tribulations, on vous jettera en prison, on vous traduira devant les tribunaux, on vous flagellera dans les synagogues, on vous tuera. Prenez donc bien garde à vous! Vous paraîtrez devant les rois et les gouverneurs, à cause de Moi et de Mon Nom. Et cela vous arrivera, afin que vous Me rendiez témoignage devant eux. Gravez bien ceci au fond de vos cœurs: Lorsqu’ils vous traîneront et vous livreront ainsi, ne vous préoccupez point ni de ce qu’il faudra dire, ni de la manière de répondre. Ce qui vous sera inspiré à l’heure même, vous le direz. Je mettrai sur vos lèvres une parole, une sagesse à laquelle vos ennemis ne pourront rien répondre, ni rien opposer. Ce n’est pas vous qui parlerez, c’est l’Esprit-Saint, l’Esprit de votre Père qui parlera en vous. En ce temps-là, beaucoup failliront, se trahiront et se détesteront les uns les autres. Le frère livrera son frère à la mort, et le père, son fils; les enfants se soulèveront contre leurs parents et les feront mourir. Vous-mêmes vous serez livrés par vos parents, par vos frères, vos alliées et vos amis, et ils en immoleront plusieurs d’entre vous. Vous serez en haine à tous à cause de Mon Nom. Mais, pas un cheveu ne tombera de votre tête sans récompense. Par votre patience, vous sauverez vos âmes. Alors il s’élèvera beaucoup de faux prophètes. Ils en séduiront un grand nombre, et, à cause de la recrudescence l’iniquité, la charité de beaucoup se refroidira. Mais celui qui persévérera jusqu’à la fin sera sauvé. Cet Évangile du Royaume sera prêché dans le monde entier, et en témoignage à toutes les nations, et c’est seulement alors que viendra la fin.
IX.—ANNONCE DE LA RUINE DE JÉRUSALEM
Quand vous verrez Jérusalem investie par une armée, sachez que sa ruine est proche; et quand vous verrez dans le Lieu saint, là où elle ne devait pas être, l’abomination de la désolation, prédite par le Prophète Daniel, que celui qui lit, comprenne! Alors, que ceux qui sont en Judée fuient vers les montagnes; que ceux qui sont dans la ville s’en éloignent; que ceux qui sont dans les régions voisines n’y entrent point; que celui qui est sur la terrasse se garde, en descendant, d’entrer dans sa maison, pour emporter quelque chose; que celui qui est dans la campagne, ne revienne point pour prendre son vêtement. Rappelez-vous la femme de Loth! Ce seront là les jours de la vengeance, où s’accomplira tout ce qui est écrit. Malheur à celle qui, en ces jours-là seront nourrices, ou sur le point d’être mères! Priez pour que votre fuite n’arrive pas en hiver, ni le jour du sabbat. Il y aura des tribulations telles, qu’il n’y en a pas eu de semblables, depuis le commencement du monde jusqu’alors, et qu’il n’y en aura jamais. Grande sera la détresse de ce pays, et la colère sera sur ce peuple. Ils tomberont sous le tranchant du glaive, ou ils seront emmenés captifs parmi toutes les nations. Jérusalem sera foulée aux pieds par les païens, jusqu’à ce que les temps des nations soient accomplis. Et si le Seigneur n’abrégeait ces jours, nul ne serait sauvé; mais Il les abrégera à cause des élus qu’Il S’est choisis.
X.—ANNONCE DE L’AVENEMENT DU FILS DE L’HOMME AU DERNIER JOUR
Si quelqu’un vous dit alors: « Le Christ est ici », ou « Il est là », ne le croyez point. Car il s’élèvera de faux christs et de faux prophètes, ils feront de grands prodiges et des choses étonnantes, de manière à séduire, s’il était possible, les élus eux-mêmes. Soyez donc sur vos gardes, maintenant que Je vous ai prédit toutes choses. Viendront des temps où vous désirerez voir un seul jour du Fils de l’Homme, et vous ne le verrez pas. Si l’on vous dit: « Voici que le Christ est dans le désert », n’y allez point; « Le voici dans l’intérieur de la maison », ne le croyez point. Comme l’éclair qui jaillit du ciel illumine soudainement l’espace, et brille de l’Orient à l’Occident, ainsi en sera-t-il de la venue du Fils de l’Homme. » - « Seigneur, demandèrent les Apôtres, où cela se passera- t-il? » Jésus répondit: « Partout où sera le Corps, là se ressembleront les aigles. Aussitôt après la tribulation de ces jours-là, il y aura des phénomènes prodigieux dans le soleil, dans la lune et dans les étoiles. Le soleil s’obscurcira, la lune ne donnera plus sa clarté, les étoiles tomberont du ciel, et les vertus des cieux seront ébranlées. Dans le monde entier, les nations seront consternées au bruit confus de la mer et des flots; et les hommes sécheront de frayeur, dans l’attente des choses qui devront arriver à tout l’univers. Alors paraîtra dans le ciel le signe du Fils de l’Homme. Toutes les tribus de la terre pousseront des cris de douleur; et elles verront le Fils de l’Homme venant sur les nuées du ciel, avec une grande puissance et une grande majesté. Il enverra Ses anges avec une trompette à la voix retentissante, et ils rassembleront Ses élus des quatre vents, de toutes les extrémités de l’horizon. Lorsque ces choses commenceront à se produire, levez la tête et regardez, car votre délivrance est proche. » Puis Il leur fit cette comparaison: « Voyez le figuier et tous les autres arbres; quand leurs branches s’attendrissent, que les feuilles viennent de naître et que les fruits se montrent, vous en augurez que l’été est proche. Ainsi, quand vous verrez toutes ces choses, sachez que le Règne de Dieu est proche, qu’il est à la porte. Je vous le dis en vérité: Cette génération ne passera point que toutes ces choses n’arrivent. Le ciel et la terre passeront; mais Mes paroles ne passeront point.
XI.—VIGILANCE ET PRIÈRE CONTINUELLES DANS L’ATTENTE DU FILS DE L’HOMME
Quant au jour et à l’heure, nul ne sait rien, ni les Anges du ciel, ni le Fils; le Père seul les connaît. Il en sera de l’avènement du Fils de l’Homme, comme aux jours de Noé. Dans les jours qui précédèrent le déluge, les hommes mangeaient, buvaient et se mariaient jusqu’au moment où Noé entra dans l’arche. On ne connut point l’approche du déluge. Il vint et les engloutit tous. Tel sera l’avènement du Fils de l’Homme. Ce fut de même au temps de Loth; les hommess’occupaient à manger, à boire, à vendre, à planter, à bâtir. Mais dès que Loth fut sorti de Sodome, la pluie de feu et de soufre tomba du ciel et les extermina tous. Ainsi en sera-t-il au jour où le Fils de l’Homme paraîtra. De deux qui seront dans un champ, l’un sera pris pour le Royaume des élus, l’autre sera laissé dans son péché; de deuxfemmes qui moudront ensemble, l’une sera prise, l’autre sera laissée; de deux qui seront dans le même lit, en cette nuit-là, l’un sera pris, l’autre laissé. Prenez donc garde! Veillez et priez! car vous ne savez quand ce temps doit venir. Prenez garde! encore une fois, de crainte que vos cœurs ne s’appesantissent dans l’intempérance, l’ébriété et les embarras des affaires de cette vie, et que ce jour-là ne fonde sur vous soudainement. Il tombera comme un filet sur tous ceux qui habitent la face de la terre. Soyez sur vos gardes, veillez et n’interrompez jamais votre prière! afin d’être jugés dignes d’échapper à tout ce qui doit arriver, et de paraître avec confiance devant le Fils de l’Homme. Lorsqu’un homme quitte sa maison et entreprend un lointain voyage, il charge ses serviteurs de leurs divers emplois et recommande au portier de veiller. Veillez, vous aussi, puisque vous ne savez quand reviendra le maître de la maison, si ce sera le soir, à minuit, au chant du coq, ou dans la matinée. Veillez, de crainte qu’arrivant à l’improviste, il ne vous trouve endormis. Or, ce que Je vous dis à vous, Je le dis à tous: Veillez!
XII.—PARABOLE DES DIX VIERGES
Alors il en sera du Royaume des cieux, comme de dix vierges, qui, la lampe à la main, sortirent pour aller au-devant de l’époux et de l’épouse. Cinq d’entre elles étaient folles et cinq étaient sages. Or les cinq folles, en prenant leurs lampes, n’emportèrent point d’huile; mais les sages, avec leurs lampes, prirent de l’huile, chacune dans un vase. Comme l’époux tardait, elles s’assoupirent toutes, puis s’endormirent. Au milieu de la nuit, un grand cri se fit entendre: - « Voici l’époux qui arrive! Allez au-devant de lui! » Toutes les vierges se levèrent et garnirent leurs lampes. Et les folles dirent aux sages: - « Donnez-nous de votre huile, car nos lampes s’éteignent. » - « Peut-être n’y en aurait-t-il pas assez pour nous et pour vous, répondirent les sages; allez plutôt chez les marchants, et achetez-en pour vous. » Pendant qu’elles y allaient, l’époux arriva. Celles qui étaient prêtes, entrèrent avec lui dans la salle des noces; et la porte fut fermée. Bien après, les autres vierges arrivèrent: - « Seigneur! Seigneur, criaient-elles, ouvrez-nous! » Mais l’époux répondit:- « En vérité, je vous le déclare, je ne vous connais point! » Veillez donc! puisque vous ne savez ni le jour ni l’heure.
XIII—PARABOLE DES CINQ TALENTS
Il en sera encore du Royaume des cieux, comme d’un homme qui, partant pour un long voyage, appela ses serviteurs et leur confia ses biens. A l’un il donna cinq talents; à l’autre, deux; à un troisième, un seul; à chacun selon ce qu’il pouvait faire; et aussitôt après, il partit. Celui qui avait reçu cinq talents, alla les faire valoir, et en gagna cinq autres; de même, celui qui en avait reçu deux, en gagna deux autres; mais celui qui n’en avait reçu qu’un seul, s’en alla creuser la terre, et y enfoui l’argent de son maître. Longtemps après, le maître de ces serviteurs, étant revenu, leur fit rendre leurs comptes. Celui qui avait reçu cinq talents, se présenta d’abord et lui en remit cinq autres: - « Seigneur, dit-il, vous m’aviez confié cinq talents; en voici cinq de plus que j’ai gagnés. » - « Très bien! bon et fidèle serviteur, lui dit son maître; puisque tu as été fidèle en peu de chose, je t’établirai sur beaucoup. Entre dans la joie de ton maître! » Celui qui avait reçu deux talents vint ensuite: - « Seigneur, dit-il, vous m’aviez donné deux talents; en voici deux autres que j’ai gagnés. » - « Très bien! bon et fidèle serviteur, lui dit son maître. Puisque tu as été fidèle en peu de chose, je t’établirai sur beaucoup. Entre dans la joie de ton maître. » A son tour, se présenta celui qui n’avait reçu qu’un talent: - « Seigneur, dit-il, je sais que vous êtes un homme exigeant: Vous moissonnez, où vous n’avez point semé, et vous recueillez, où vous n’avez point semé, et vous recueillez où vous n’avez rien répandu. C’est pourquoi, pénétré de crainte, je suis allé cacher en terre votre talent. Tenez! voici ce qui vous appartient. » - « Méchant et paresseux serviteur! s’écria le maître, tu savais que je moissonne où je n’ai point semé, et que je recueille où je n’ai rien répandu, il fallait donc placer mon argent chez des banquiers et à mon retour, j’aurais retiré ce qui m’appartient avec les intérêts. Prenez-lui donc ce talent et donnez-le à celui qui en a dix; car on donnera à celui qui possède, et il sera dans l’abondance; mais à celui qui ne possède point, on lui enlèvera même ce qu’il paraît avoir. Quant à ce serviteur inutile, jetez-le dehors, dans les ténèbres; là seront des pleurs et des grincements de dents.
XIV.—LE DERNIER JUGEMENT
Quand le Fils de l’Homme viendra dans Sa majesté, environné de tous les Anges, Il S’assiéra sur le trône de Sa gloire. Devant Lui seront rassemblés toutes les nations. Il séparera les uns d’avec les autres, comme le berger sépare les brebis d’avec les boucs. A Sa droite, Il placera les brebis; à Sa gauche, le boucs. Alors, le Roi S’adressant à ceux qui seront à Sa droite: - « Venez, les bénis de Mon Père! leur dira-t-Il; possédez le Royaume qui vous a été préparé dès l’origine du monde!Car J’ai eu faim, et vous M’avez donné à manger; J’ai eu soif, et vous M’avez donné à boire; J’étais sans asile, et vous M’avez recueilli; sans vêtements, et vous M’avez vêtu; malade, et vous M’avez visité; en prison, et vous êtes venus à Moi. » - « Seigneur! Lui répondront les justes, quand nous est-il arrivé de Vous voir ayant faim, et de Vous avoir nourri? Ayant soif, et de vous avoir désaltéré? De Vous voir sans asile et de Vous avoir recueilli? sans vêtements, et de Vous avoir vêtu? Et quand nous est-il arrivé de Vous voir malade ou en prison, et de Vous avoir visité? » Et le Roi leur répondra: - « En vérité Je vous le dis: Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces petits, qui sont Mes frères, c’est à Moi-même que vous l’avez fait! » Il dira ensuite à ceux qui seront à Sa gauche: - « Retirez-vous de Moi, maudits! Allez au feu éternel, préparé pour le démon et pour ses anges! Car J’ai eu faim, et vous ne M’avez point donné à manger; J’étais sans asile, et vous ne M’avez point recueilli; sans vêtements, et vous ne M’avez point vêtu; malade et en prison, et vous ne M’avez point visité. » - « Seigneur, Lui répondront-ils, eux aussi, quand donc nous est-il arrivé de Vous voir ayant faim ou soif, sans asile ou sans vêtements, malade ou en prison, et de ne point Vous avoir assisté? » Il leur répondra: - « En vérité Je vous le dis: Chaque fois que vous ne l’avez point fait à l’un de ces plus petits, c’est à Moi-même que vous ne l’avez point fait. » Et ils s’en iront à l’éternel supplice, tandis que les justes iront à l’éternelle vie. » La fête des azymes qu’on appelle la Pâque était proche; aussi quand il eut achevé tous ces discours, Jésus dit à Ses Disciples: « Vous savez que la Pâque sera célébrée dans deux jours. Alors le Fils de l’Homme sera livré pour être crucifié. »
MERCREDI SAINT
I. - JÉSUS À BÉTHANIE
Le lendemain, dès le matin, tout le peuple se portait vers le Temple, pour entendre Jésus. Mais ce jour-là, Il ne vint pas à Jérusalem. Il passa ces dernières heures à Béthanie dans la prière, et en de suprêmes épanchements avec Sa divine Mère, avec Ses Disciples, et la famille aimée qui Lui offrait l’hospitalité.
II.—DERNIER CONSEIL DU SANHÉDRIN
En ce même temps, les Princes des prêtres, les Scribes et les Anciens du peuple s’étaient réunis dans le palais du Grand- Pontife, appelé Caïphe, et ils délibéraient sur les moyens de s’emparer de Jésus par ruse, et de Le faire mourir. Ils redoutaient surtout le peuple; aussi disaient-ils: « Que ce ne soit point durant la fête, de peur qu’il ne s’élève quelque tumulte dans la foule. »
III.—LE PACTE DE TRAHISON
Alors Satan entra dans Judas, surnommé l’Iscariote, l’un des Douze. L’Apôtre alla trouver les Princes des prêtres et les magistrats et leur dit: « Que voulez-vous me donner?... et je vous Le livrerai! » Ils furent ravis de cette offre, et convinrent de trente pièces d’argent. Judas promit... Il s’entendit ensuite avec eux, sur les moyens de saisir Jésus, loin de la foule. Et, dès lors, il cherchait une occasion favorable de Le livrer entre leurs mains.
LA CÈNE
I—PRÉPARATION DE LA CÈNE
(Saint Matthieu 26, 17-19; Saint Marc 14, 12-16; Saint Luc 22, 7-13.)
Le premier jour des azymes, jour auquel la Loi prescrivait d’immoler l’agneau pascal, les Disciples s’approchèrent de Jésus et Lui dirent: «Où voulez-Vous que nous allions Vous préparer le repas de la Pâque?» Jésus envoya deux de Ses Disciples, Pierre et Jean: «C’est vous, leur dit-Il, qui nous préparerez la Pâque. Allez à la ville. En y entrant, vous rencontrerez un homme portant une cruche d’eau. Suivez-le jusqu’à la maison où il se rendra; quelque part qu’il entre, vous direz au maître de la maison: «Voici le message du Maître: Mon temps est proche; c’est chez toi que Je ferai la Pâque avec Mes Disciples. Où est la salle où Je pourrai manger avec eux l’agneau pascal?» «Alors il vous montrera un grand cénacle, orné de tapis: préparez-y ce qu’il nous faut.» Ils allèrent donc à la ville, comme Jésus le leur ordonnait; ils trouvèrent toutes choses comme Il l’avait annoncé; et ils préparèrent la Pâque.
II—LA PÂQUE LÉGALE COMMENCÉE
(Saint Matthieu 26, 20; Saint Marc 14, 17; Saint Luc 22, 14- 16.)
Sur le soir, Jésus vint à Jérusalem avec les Douze et, l’heure étant arrivée, Il Se mit à table avec eux. Alors Il leur dit: «J’ai désiré, d’un désir ardent, de manger cette Pâque avec vous, avant de souffrir; car, Je vous l’annonce, désormais Je ne la mangerai plus jusqu’à ce qu’elle soit accomplie dans le Royaume de Dieu.»
Lavement des pieds
Avant le jour solennel de la Pâque, Jésus sachant que Son heure était venue de passer de ce monde à Son Père, comme Il avait aimé les Siens qui étaient dans le monde, Il les aima jusqu’à la fin. La cène pascale était commencée; et déjà le démon avait mis au cœur de Judas Iscariote la résolution de Le trahir. Jésus qui savait que le Père a tout remis entre Ses mains, et que, sorti de Dieu, Il va retourner à Dieu, Jésus Se lève de table, dépose Ses vêtements et, prenant un linge, Il le met autour de Lui. Puis Il verse de l’eau dans un bassin et commence à laver les pieds de Ses Disciples, les essuyant avec le linge attaché à Sa ceinture. Il arrive donc à Simon-Pierre: «Quoi, Seigneur! s’écrie Pierre. Vous!... me laver les pieds!... à moi!... » - « Ce que Je fais, lui dit Jésus, tu ne le comprends pas maintenant; mais plus tard tu le comprendras. » - « Non! proteste Pierre, jamais Vous ne me laverez les pieds! » - « Si Je ne te lave, tu n’auras point de part avec Moi.» Alors, Simon répondit:
«Seigneur! non seulement les pieds mais encore les mains et la tête. » – « Celui qui a été lavé, reprit Jésus, n’a besoin que de se laver les pieds pour être entièrement pur. Et vous, vous êtes purs; mais non, pas tous!» Il savait qui Le trahirait; c’est pourquoi Il ajouta: «Vous n’êtes pas tous purs.» Après leur avoir lavé les pieds, Il reprit Ses vêtements et, S’étant remis à table: «Savez-vous, leur dit-Il, ce que Je viens de faire à votre égard? Vous M’appelez Maître et Seigneur, et vous dites bien : Je le suis en réalité. Si donc Je vous ai lavé les pieds, Moi, le Maître et le Seigneur, vous devez, vous aussi, vous laver les pieds les uns aux autres. Car Je vous ai donné l’exemple, afin que vous fassiez, à votre tour, ce que J’ai fait Moi-même pour vous. «En vérité, en vérité, Je vous le dis : le serviteur n’est pas plus grand que son maître, ni l’Apôtre plus grand que Celui qui l’a envoyé. Si vous comprenez ces choses, mettez-les en pratique, et vous serez bienheureux. «Ce n’est pas de vous tous que Je parle. Je connais ceux que J’ai choisis. Mais il faut que s’accomplisse cette parole de l’Écriture: «Celui qui mange le pain avec Moi, lèvera le talon contre Moi.» «Dès à présent, Je vous avertis de ces choses, et avant qu’elles arrivent, afin qu’après leur réalisation, vous croyiez à ce que Je suis. «En vérité, en vérité, Je vous le déclare, quiconque reçoit celui que J’aurai envoyé, Me reçoit Moi-même; et quiconque Me reçoit, reçoit Celui qui M’a envoyé.»
Dénonciation du traître
Après avoir dit ces paroles, Jésus Se troubla dans Son esprit. Et tandis que Ses Disciples étaient à table et continuaient le repas, Il leur fit entendre cette déclaration: «En vérité, en vérité, Je vous le dis, l’un de vous Me trahira!... Et celui-là mange avec Moi!» Les Disciples se regardaient l’un l’autre, accablés de tristesse et d’effroi, ne sachant de qui Il parlait. Et chacun de dire à Jésus:
«Est-ce moi, Seigneur?» Jésus répondit: «C’est l’un des Douze! Oui, il y en a un qui met sa main dans le plat avec Moi, et qui doit Me trahir. Le Fils de l’Homme S’en va, selon ce qui a été prédit de Lui. Mais malheur à l’homme par lequel Il sera livré!... Mieux vaudrait pour cet homme qu’il ne fût jamais né!» Alors Judas, le traître, prit à son tour la parole et demanda: «Est-ce moi, Rabbi? - « Tu l’as dit!» Ensuite Jésus prit la coupe, rendit grâces et dit: «Recevez-la, et partagez entre vous. Car Je vous le dis: Je ne boirai plus de ce produit de la vigne jusqu’à ce que le Royaume de Dieu soit arrivé. Mais, avec vous, Je le boirai, toujours nouveau, dans le Royaume de Mon Père.»
Institution de l'Eucharistie Institution du Sacerdoce
Le repas durait encore, quand Jésus prit du pain et, après avoir rendu grâces, Il le bénit, le rompit et le donna à Ses Disciples, en disant: «Prenez et mangez: CECI EST MON CORPS, qui est livré pour vous.» De même, prenant la coupe, à la fin du repas, Il rendit grâces, la bénit et la présenta à Ses Disciples en disant: «Buvez-en tous, car CECI EST LE CALICE DE MON SANG, le sang de la nouvelle alliance, qui sera répandu pour vous et pour un grand nombre, en rémission des péchés. FAITES CECI EN MÉMOIRE DE MOI, toutes les fois que vous le boirez.»
JÉSUS DÉNONCE LE TRAÎTRE À SAINT JEAN ET IL LE CONGÉDIE
(Saint Luc 22, 21-23;Saint Jean 13, 23-32.)
Ensuite Jésus fit entendre ces paroles: «Voici pourtant que la main de celui qui doit Me trahir est avec Moi, à cette table!...» Au comble de l’inquiétude et de la douleur, les Apôtres se demandaient lequel d’entre eux serait capable de faire cela. Or à ce moment, l’un des Disciples, celui que Jésus aimait, reposait sur le sein de Jésus. Simon-Pierre lui demanda par signe: «De qui parle-t-Il?» Et ce Disciple, s’étant penché sur la poitrine de Jésus, Lui dit: «Qui est-ce? Seigneur.» - « Celui à qui Je vais présenter du pain trempé», répondit Jésus, à voix basse. Il trempa du pain et le donna à Judas, fils de Simon Iscariote. Dès que Judas eut mangé ce pain, Satan entra en lui. «Ce que tu fais, lui dit Jésus, fais-le vite!» Aucun de ceux qui étaient à table ne comprit le sens de cette parole. Comme Judas tenait la bourse, quelques-uns pensèrent que Jésus lui avait dit: «Achète ce dont nous avons besoin pour le jour de la fête», ou qu’Il lui avait ordonné de faire une aumône aux pauvres. Aussitôt après avoir pris le pain, Judas sortit. Il était nuit. A peine fut-il parti que Jésus reprit: «Maintenant, le Fils de l’Homme est glorifié, et Dieu est glorifié en Lui. Et parce que Dieu est glorifié en Lui, à Son tour Il Le glorifiera en Lui-même. Et ce sera bientôt qu’Il Le glorifiera.»
DERNIÈRE DISCUSSION DES APÔTRES SUR LA PRÉSÉANCE
(Saint Luc 22, 24-30.)
Alors il y eut un débat entre les Apôtres sur celui d’entre eux qui semblait être le plus grand. Mais Jésus leur dit: «Les rois des nations dominent sur leurs sujets, et ceux qui ont puissance sur les autres se font appeler bienfaiteurs. Qu’il n’en soit pas ainsi parmi vous. Mais que celui de vous qui est le plus grand, soit comme le moindre, et que celui qui tient le premier rang, soit comme celui qui sert. «Lequel est en effet le plus grand, de celui qui est assis à table ou de celui qui sert? N’est-ce pas celui qui est à table?… Et Moi, cependant, Je suis au milieu de vous comme celui qui sert. «Ah! pour vous, qui êtes constamment demeurés avec Moi dans Mes épreuves, Je vous prépare à Mon tour un Royaume, comme Mon Père Me l’a préparé. Dans Mon Royaume, vous mangerez et boirez à Ma table, et vous y siégerez sur des trônes pour y juger les douze tribus d’Israël.»
DISCOURS APRÈS LA CÈNE
(Saint Jean 13, 33-38;Saint Luc 22, 31-38.)
«Mes petits enfants! Je ne suis plus avec vous que pour un peu de temps. Vous Me chercherez; mais Je vous répète maintenant à vous-mêmes ce que J’ai dit aux Juifs: «Où Je vais, vous ne pouvez venir.» «Je vous donne un commandement nouveau, c’est de vous aimer les uns les autres, comme Je vous ai aimés. Oui, ayez ce même amour, les uns pour les autres. Et voilà le signe auquel tous reconnaîtront que vous êtes Mes Disciples: c’est la dilection que vous aurez les uns pour les autres. - « Seigneur, reprit alors Simon-Pierre, où donc allez-Vous? » - « Où Je vais, répondit Jésus, tu ne peux Me suivre présentement; plus tard, tu Me suivras. - « Et pourquoi, demanda Pierre, ne puis-je Vous suivre à présent?... Je donnerai ma vie pour Vous!... Avec Vous, Seigneur, je suis prêt à aller et en prison et à la mort! » - « Tu donneras ta vie pour Moi!... ô Pierre, en vérité, en vérité Je te le dis: aujourd’hui même, avant que le coq ait chanté deux fois, tu M’auras renié trois fois! «Simon! Simon! voilà que Satan a demandé à vous passer au crible comme du froment. Mais Moi, J’ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille point. Et toi, une fois converti, soutiens et affermis tes frères.» Et Jésus dit à tous: «Quand Je vous ai envoyés sans bourse, sans sac et sans chaussure, avez-vous manqué de quelque chose? » - « De rien », dirent-ils. - « Maintenant, reprit Jésus, que celui qui a une bourse la prenne, et son sac de même; et que celui qui n’a point d’épée, vende sa tunique pour en acheter une. Car, Je vous le dis: il faut encore que se réalisent en Moi les paroles de l’Écriture: «Il a été mis au rang des scélérats.» Or les oracles qui Me regardent seront bientôt accomplis.» Ils répondirent: «Seigneur, voici deux épées. » - « C’est assez!» dit-Il.
LES DERNIÈRES RECOMMANDATIONS
(Saint Jean 14, 1-31; 15, 1-17)
I—L’UNION À JÉSUS PAR LA FOI, L’ESPÉRANCE ET LA PRIÈRE
«Que votre cœur ne se trouble point!... Vous croyez en Dieu, croyez de même en Moi… «Il y a une multitude de demeures dans la Maison de Mon Père. S’il n’en était pas ainsi, Je vous l’aurais dit; Je vais vous préparer une place. Je M’en vais donc; mais, quand Je vous aurai préparé une place, Je reviendrai et Je vous prendrai avec Moi, afin que vous soyez, vous aussi, là où Moi-même Je suis.
Au reste, vous savez où Je vais, et vous en savez la voie? - « Seigneur, répondit Thomas, nous ne savons où Vous allez; comment donc en saurions-nous la voie?» Jésus leur dit : «C’est Moi qui suis la voie, la vérité et la vie. Nul ne vient au Père que par Moi. Si vous M’aviez connu, vous auriez bien certainement connu Mon Père. Mais bientôt vous Le connaîtrez; et même vous L’avez déjà vu. » - « Seigneur, s’écria Philippe, montrez-nous le Père, et cela nous suffit. - « Eh quoi! dit Jésus, depuis si longtemps que Je suis avec vous, vous ne Me connaissez pas encore?... Philippe, qui Me voit, voit aussi Mon Père. Comment peux-tu Me dire: «Montrez-nous le Père»? «Ne croyez-vous point que Je suis dans le Père, et que le Père est en Moi? Les paroles que Je vous dis, ce n’est pas de Moi-même que Je vous les dis. Et Mes œuvres, c’est le Père, demeurant en Moi, qui les accomplit. Encore une fois, ne croyez-vous point que Je suis dans le Père, et que le Père est en Moi? Croyez-le du moins à raison des œuvres elles-mêmes. «En vérité, en vérité, Je vous le dis: celui qui croit en Moi fera lui aussi les œuvres que Je fais; il en fera de plus grandes encore, parce que Je vais au Père; et tout ce que vous demanderez au Père, en Mon Nom, Je le réaliserai, afin que le Père soit glorifié dans le Fils. Et si vous Me demandez à Moi-même quelque chose, en Mon Nom, Je le ferai.
II—L’UNION À JÉSUS PAR L’AMOUR
«Si vous M’aimez, gardez Mes commandements. «Et Moi Je prierai le Père, et Il vous donnera un autre Consolateur qui demeurera toujours avec vous. C’est l’Esprit de vérité que le monde ne peut recevoir, parce qu’il ne Le voit point et ne Le connaît point. Mais vous, vous Le connaîtrez, parce qu’Il demeurera avec vous et sera en vous. «Non, Je ne vous laisserai point orphelins, Je viendrai à vous. «Encore un peu de temps, et le monde ne Me verra plus; mais vous, vous Me verrez, parce que Je vis et que vous vivrez aussi. C’est en ce jour-là que vous connaîtrez que Je suis en Mon Père, et que vous êtes en Moi, et que Je suis en vous! «Celui qui reçoit Mes commandements et les observe, voilà celui qui M’aime. Or, celui qui M’aime sera aimé de Mon Père; et Moi également Je l’aimerai et Je Me manifesterai à lui.» Jude, un autre que l’Iscariote, Lui dit: «D’où vient, Seigneur, que Vous Vous manifesterez à nous et non pas au monde? » - « Si quelqu’un M’aime, lui répondit Jésus, il gardera Mes enseignements, et Mon Père l’aimera, et Nous viendrons à lui, et Nous établirons en lui Notre demeure. Celui qui ne M’aime point ne garde point Mes paroles. Or, les
enseignements que vous avez entendus ne sont point de Moi, mais de Celui qui M’a envoyé, du Père.
III—L’UNION À JÉSUS DANS L’ESPRIT-SAINT
« Je vous ai dit ceci, tandis que Je demeurais avec vous. Mais l’Esprit-Saint, le Consolateur que le Père enverra en Mon Nom, vous enseignera toutes choses et vous rappellera tout ce que Je vous aurai dit.
IV—L’UNION À JÉSUS DANS LA PAIX ET DANS LA JOIE
«Je vous laisse Ma paix, Je vous donne Ma paix ! Je ne vous la donne pas comme le monde la donne. Que votre coeur ne se trouble donc pas, qu’il ne craigne point! «Vous venez de M’entendre dire: «Je M’en vais, et Je reviens à vous.» Si vous M’aimiez, vous seriez certainement dans la joie de ce que Je vais au Père, car le Père est plus grand que Moi. «Je vous dis ceci maintenant, avant que la chose arrive, afin que vous croyiez, quand elle sera arrivée. Désormais, Je ne M’entretiendrai plus longtemps avec vous, car voici venir le prince de ce monde, bien qu’en Moi rien ne lui appartienne. «Mais pour que le monde sache que J’aime le Père et que J’accomplis le commandement du Père, levez-vous, sortons d’ici.
V. L’UNION NÉCESSAIRE ET INTIME AVEC JÉSUS POUR TOUTES LES OEUVRES SAINTES, SURTOUT POUR LES OEUVRES DE CHARITÉ CHRÉTIENNE
«Je suis la vraie Vigne, et Mon Père est le Vigneron. Tout sarment qui ne fructifiera pas en Moi, Il le retranchera; et celui qui fructifiera, Il l’émondera pour qu’il fructifie davantage. «Pour vous, vous avez été déjà émondés et purifiés par les paroles que Je vous ai dites. «Demeurez donc en Moi, et Moi en vous! Comme le sarment ne peut lui-même porter de fruit, s’il ne demeure sur la vigne, ainsi, ni vous non plus, si vous ne demeurez en Moi. «Je suis la Vigne, vous êtes les sarments. «Celui qui demeure en Moi, et Moi en lui, celui-là porte beaucoup de fruit; car, sans Moi vous ne pouvez rien faire. «Celui qui ne demeure pas en Moi sera jeté dehors, comme le sarment, et il séchera, et on le ramassera et on le jettera au feu, et il brûle. «Si vous demeurez en Moi, et si Mes paroles demeurent en vous, vous demanderez tout ce que vous voudrez, et vous l’obtiendrez. «Ce qui glorifie Mon Père, c’est que vous portiez beaucoup de fruit et que vous deveniez Mes Disciples. «Comme le Père M’a aimé, ainsi Moi-même Je vous ai aimés. Demeurez dans Mon amour! «Vous demeurerez dans Mon amour, si vous gardez Mes commandements, comme Moi-même, Je demeure dans l’amour de Mon Père, en gardant Ses commandements. «Je vous ai dit ces choses, afin que Ma joie soit en vous et que votre joie soit complète. «Or Mon commandement est celui-ci: Aimez-vous les uns les autres comme Moi-même Je vous ai aimés. «Nul ne peut avoir un plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis. Et c’est vous qui êtes Mes amis, si vous faites ce que Je vous commande. Désormais Je ne vous appellerai plus Mes serviteurs, car le serviteur ne sait pas ce que fait son maître. Je vous ai donné le nom d’amis, parce que tout ce que J’ai appris de Mon Père, Je vous l’ai fait connaître. «Ce n’est pas vous qui M’avez choisi; c’est Moi qui vous ai choisis et vous ai institués pour que vous alliez, que vous rapportiez du fruit et que votre fruit demeure. Pour cela, tout ce que vous demanderez au Père en Mon Nom, Il vous le donnera. «Par-dessus tout, ce que Je vous commande, c’est de vous aimer les uns les autres.
LE TESTAMENT DE LA CONSOLATION
(Saint Jean 15, 18-27; 16, 1-24.)
I—CONSOLATION ET JOIE DANS LES PERSÉCUTIONS
«Si le monde vous hait, sachez qu’il M’a haï avant vous. Si vous étiez du monde, le monde aimerait ce qui serait à lui. Mais, parce que vous n’êtes pas du monde, et que Je vous ai séparés du monde, c’est pour cela que le monde vous hait. Souvenez-vous de la parole que Je vous ai dite: «Le serviteur n’est pas plus grand que son maître.» S’ils M’ont persécuté, ils vous persécuteront aussi; s’ils ont gardé Ma parole, ils garderont aussi la vôtre. Mais ils vous feront tout cela à cause de Mon Nom, parce qu’ils ne connaissent point Celui qui M’a envoyé. «Si Je ne fusse pas venu et que Je ne leur eusse point parlé, ils ne seraient point coupables; mais maintenant, ils n’ont point d’excuse de leur péché. Celui qui Me hait, hait également Mon Père. Si Je n’avais point fait, au milieu d’eux, des œuvres que nul autre n’a faites, ils n’auraient point de péchés; mais maintenant ils les ont vues, et ils Me haïssent, Moi et Mon Père. Ainsi se réalise la parole qui est écrite dans leur loi: «Ils M’ont haï sans sujet ». «Lorsque viendra le Consolateur que Je vous enverrai du Père, l’Esprit de vérité qui procède du Père, Il rendra témoignage de Moi. Et vous aussi, vous Me rendrez témoignage, parce que vous êtes avec Moi, dès le commencement. «Je vous ai dit ces choses, pour que vous ne soyez point scandalisés. «Ils vous chasseront des synagogues, et l’heure vient où quiconque vous fera mourir, croira faire une oeuvre agréable à Dieu. Ils vous traiteront ainsi, parce qu’ils ne connaissent ni le Père ni Moi. «Je vous ai dit ces choses, afin que l’heure étant venue, vous vous souveniez que Je vous les ai dites. Je ne vous les ai pas dites, dès le commencement, parce que J’étais avec vous. Et maintenant, Je vais à Celui qui M’a envoyé, et nul d’entre vous ne Me demande: «Où allez-Vous?» Mais, parce que Je vous ai dit ces choses, votre cœur s’est rempli de tristesse.
II—CONSOLATION DANS LA VENUE PROCHAINE DE L’ESPRIT-SAINT
«C’est pourtant la vérité que Je vous dis: il vous est avantageux que Je M’en aille. Car si Je ne M’en vais pas, le Consolateur ne viendra point à vous, tandis que si Je M’en vais, Je vous L’enverrai. «Lorsqu’Il sera venu, Il convaincra le monde qu’il y a eu péché, qu’il y avait justice et qu’il y aura jugement. «Qu’il y a eu péché, parce qu’ils n’ont pas cru en Moi. «Qu’il y avait justice, parce que Je vais à Mon Père et que vous ne Me verrez plus. «Et qu’il y aura jugement, parce que le prince de ce monde est déjà jugé. «J’aurais encore beaucoup de choses à vous dire; mais vous n’êtes pas en état de les porter à présent. Quand sera venu cet Esprit de vérité, Il vous enseignera toute vérité, car Il ne dira rien de Lui-même; Il ne fera que révéler ce qu’Il entendra, et Il vous annoncera ce qui doit arriver. C’est Lui qui Me rendra gloire, parce que ce qu’Il vous annoncera, Il le recevra de ce qui
est à Moi. «Tout ce qui est au Père, est à Moi; c’est pourquoi Je vous ai dit: ce qu’Il vous annoncera, Il le recevra de ce qui est à Moi.
III—CONSOLATION DANS LES TRIOMPHES QUI COURONNERONT LA LUTTE
«Un peu de temps et vous ne Me verrez plus; et encore un peu de temps et vous Me reverrez, parce que Je vais à Mon Père.» Les Disciples se demandèrent l’un à l’autre: «Que veut-Il dire?...: «Un peu de temps et vous ne Me verrez plus, puis encore un peu de temps et vous Me reverrez parce que Je vais à Mon Père?...» Que signifie cette parole: «Un peu de temps»? Nous ne savons ce qu’Il veut dire...» Voyant qu’ils voulaient L’interroger, Jésus reprit: «Vous vous demandez l’un à l’autre, ce que signifie cette parole: «Un peu de temps et vous ne Me verrez plus, et puis encore un peu de temps et vous Me reverrez.» «En vérité, en vérité, Je vous le dis: vous pleurerez et vous gémirez, et le monde se réjouira; et vous, vous serez dans la tristesse, mais votre tristesse se changera en joie.
«La femme aussi est dans la tristesse quand elle enfante, parce que son heure est venue: mais dès qu’elle a enfanté un fils, elle oublie sa douleur, dans la joie qu’elle éprouve de ce qu’un homme est venu au monde. «Et vous aussi, vous voilà maintenant dans la tristesse. Mais Je vous verrai de nouveau: alors votre coeur se réjouira, et nul ne vous ravira votre joie.
V—CONSOLATION DANS L’EFFICACITÉ DE LA PRIÈRE
«En vérité, en vérité, Je vous le dis, ce que vous demanderez à Mon Père en Mon Nom, Il vous le donnera. Jusqu’à présent, vous n’avez rien demandé en Mon Nom. Demandez et vous recevrez, et vous serez au comble de la joie.
CONCLUSION DU DISCOURS
(Saint Jean 16, 25-33)
«Tout cela, Je vous l’ai dit en paraboles. Vient l’heure où Je ne vous enseignerai plus en paraboles, mais où Je vous parlerai ouvertement de Mon Père. En ce jour vous demanderez en Mon Nom, et Je ne vous dis point que Je prierai le Père pour vous; car le Père aussi vous aime, parce que vous M’avez aimé et que vous avez cru que Je suis sorti de Dieu. «Je suis sorti du Père et Je suis venu dans le monde: maintenant Je quitte le monde et Je retourne au Père. - « C’est maintenant, s’écrièrent les Disciples, que Vous parlez ouvertement et sans aucune figure. C’est maintenant que nous connaissons que Vous savez toutes choses et qu’il n’est pas besoin que l’on Vous interroge. Aussi nous croyons que Vous êtes sorti de Dieu. » - « Vous croyez maintenant? dit alors Jésus. Voici venir l’heure, déjà même elle est venue, où vous vous disperserez, chacun de votre côté, et où vous Me laisserez seul!... Seul, non Je ne le suis pas, puisque le Père est avec Moi. «Je vous ai dit ces choses, pour que vous trouviez en Moi votre paix. Dans le monde vous serez pressurés par la tribulation. Mais ayez confiance!... J’ai vaincu le monde!... »
PRIÈRE SUPRÊME DE JÉSUS À SON PÈRE
(Saint Jean 17, 1-26.)
I—JÉSUS PRIE POUR LUI-MÊME
Ainsi parla Jésus; puis levant les yeux au ciel, Il dit: «Père, voici l’heure!… «Pour que Votre Fils Vous glorifie, glorifiez Votre Fils, selon la puissance que Vous Lui avez conférée sur toute chair, afin qu’Il donne la vie éternelle à tous ceux que Vous Lui avez livrés. «La vie éternelle, c’est de Vous connaître, Vous seul vrai Dieu, et Celui que Vous avez envoyé, Jésus-Christ! «Sur la terre, Je Vous ai glorifié; l’oeuvre que Vous M’avez chargé d’accomplir, Je l’ai achevée. «Et maintenant, ô Père, glorifiez-Moi Vous-même de cette gloire que J’ai eue en Vous avant l’existence du monde.
II—JÉSUS PRIE POUR SES DISCIPLES
«J’ai manifesté Votre Nom aux hommes que Vous avez séparés du monde, et que Vous M’avez donnés. Ils étaient à Vous, et Vous Me les avez donnés; et ils ont gardé Votre parole. Maintenant ils savent que tout ce que Vous M’avez donné vient de Vous. Je leur ai dit les paroles que Vous-même M’avez dites, et ils les ont reçues. Ils ont, en toute vérité, reconnu que Je suis sorti de Vous, ils ont cru que Vous M’avez envoyé. «C’est pour eux que Je prie! Je ne prie point pour le monde; mais pour ceux que Vous M’avez donnés, parce qu’ils sont à Vous. Car tout ce que J’ai est à Vous, et tout ce qui est à Vous est à Moi: Je suis glorifié en eux. «Bientôt J’aurai quitté le monde; mais eux, ils restent dans le monde, et Moi, Je retourne à Vous. «Père saint! par Votre Nom, conservez ceux que Vous M’avez donnés, afin qu’ils soient un comme Nous le sommes. «Tandis que J’étais avec eux, Je les conservais par Votre Nom. Ceux que Vous M’avez donnés, Je les ai gardés et pas un seul d’entre eux n’a péri, si ce n’est le fils de perdition, en qui s’est réalisée l’Écriture. Mais maintenant Je retourne vers Vous. «Toutes ces choses, Je les dis pendant que Je suis encore en ce monde, pour qu’ils aient en eux-mêmes la plénitude de Ma joie.
«Je leur ai transmis Votre parole, et le monde les a pris en haine, parce qu’ils ne sont point du monde. «Je ne Vous demande point de les retirer du monde, mais de les préserver du mal. «Ils ne sont point du monde, comme Moi-même Je ne suis point du monde. «Sanctifiez-les dans la vérité, c’est Votre parole. «De même que Vous M’avez envoyé dans le monde, ainsi Je les ai Moi-même envoyés dans le monde. «Et Moi-même Je Me sanctifie pour eux, afin qu’ils soient, eux aussi, sanctifiés dans la vérité.
III—JÉSUS PRIE POUR TOUS LES FIDÈLES
«Ce n’est pas seulement pour eux que Je prie, mais aussi pour ceux qui, par leur parole, croiront en Moi. «Que tous ils ne soient qu’un! Comme Vous, Père, êtes en Moi, comme Moi, Je suis en Vous: ainsi qu’ils soient un en Nous! afin que le monde croie que Vous M’avez envoyé. «Si Je les ai associés à la gloire que J’ai reçue de Vous, c’est pour qu’ils soient un, comme Nous-mêmes Nous sommes un. «Moi en eux et Vous en Moi! Qu’ils soient ainsi consommés en un! afin que le monde reconnaisse que c’est Vous qui M’avez envoyé, et que Vous les avez aimés du même amour dont Vous M’avez aimé. «Père! ceux que Vous M’avez donnés, Je veux que là où Je suis, ils soient eux-mêmes avec Moi! Je veux qu’ils contemplent la gloire que Vous M’avez donnée! Car Vous M’avez aimé avant la constitution du monde. «Père juste! Le monde ne Vous a point connu! Mais Moi, Je Vous ai connu, et ceux-ci ont compris que Vous M’avez envoyé. Je leur ai manifesté Votre Nom; Je le leur ferai connaître encore, afin que l’amour dont Vous M’avez aimé soit en eux, et que Moi-même Je sois en eux!
PASSION DE NOTRE-SEIGNEUR JÉSUS-CHRIST
DU CÉNACLE À GETHSÉMANI
(Saint Matthieu 26, 30-35; Saint Marc 14, 26-31; Saint Luc 22, 39; Saint Jean 18, 1.)
Après ces paroles, Jésus récita l’hymne d’action de grâces; puis Il sortit et, selon Sa coutume, Il Se dirigea de l’autre côté du Cédron, vers le mont des Oliviers. Alors Il dit à Ses Disciples qui Le suivaient: «Cette nuit même, Je serai votre scandale, et tous vous succomberez, car il est écrit: «Je frapperai le Pasteur et les brebis du troupeau seront dispersées.» Mais, après que Je serai ressuscité, Je vous précéderai en Galilée.» Pierre se récria: «Et quand même tous se scandaliseraient à Votre sujet, moi, jamais je ne serai scandalisé! Aujourd’hui, cette nuit même, reprit Jésus, avant le deuxième chant du coq, tu M’auras renié trois fois. Je te le déclare en vérité.» Et Pierre de protester avec un redoublement d’énergie: «Quand il me faudrait mourir avec Vous, je ne Vous renierai point!» Tous les autres tinrent le même langage.
Agonie du Seigneur
De l’autre côté du torrent du Cédron se trouvait une villa, avec un jardin, du nom de Gethsémani. Jésus y entra avec Ses Disciples. Comme Il y venait souvent prier avec eux, ce lieu était connu de Judas, qui Le trahissait. Alors Jésus dit à Ses Disciples: «Asseyez-vous ici, pendant que J’irai plus loin pour prier. Priez vous-mêmes, pour ne point entrer dans la tentation.» Il prit seulement avec Lui Pierre et les deux fils de Zébédée, Jacques et Jean, et Il commença à être saisi d’effroi et de dégoût, de tristesse et d’angoisses. «Mon âme est triste jusqu’à la mort, disait-Il; demeurez ici et veillez avec Moi.» Puis, Il S’éloigna d’eux, à la distance d’environ un jet de pierre et, S’étant agenouillé la face contre terre, Il pria pour que, s’il se pouvait, l’heure qui allait venir passât loin de Lui. «Mon Père, disait-Il, s’il est possible! et tout Vous est possible, éloignez de Moi ce calice. Cependant, que Votre Volonté se fasse, et non la Mienne!» Il interrompit Sa prière, pour aller vers Ses Disciples; Il les trouva qui dormaient, accablés par la tristesse. «Simon, tu dors!» dit-Il à Pierre. Tu n’as donc pu veiller une heure avec Moi!» Puis, S’adressant aux deux autres: «Quoi! vous dormez! ainsi, vous n’avez pu veiller une heure avec Moi!... Levez-vous, veillez et priez pour ne pas entrer en tentation; car, si l’esprit est prompt, la chair est faible.» De nouveau Il S’éloigna et reprit la même prière: «Mon Père! si ce calice ne peut passer sans que Je le boive, que Votre Volonté s’accomplisse!» Il revint encore vers Ses Disciples: Il les trouva dormant toujours; leurs yeux étaient appesantis par le sommeil et ils ne savaient ce qu’ils Lui répondaient. Les ayant laissés, Il S’en alla et pria pour la troisième fois, redisant les mêmes paroles. Il était tombé en agonie et Sa prière se faisait de plus en plus pressante. Il Lui vint une sueur, comme de gouttes de sang, ruisselant jusqu’à terre. Alors un Ange, venu du ciel, Lui apparut et Le fortifia. Une troisième fois, Il retourna vers Ses Disciples:
«Dormez maintenant, leur dit-Il, et reposez-vous!... Mais, c’est assez!... L’heure est venue!... Voici que le Fils de l’Homme va être livré aux mains des pécheurs... Levez-vous!… Allons!... Celui qui doit Me trahir approche!...
baiser de judas
Il parlait encore lorsque parut Judas Iscariote, l’un des Douze. Il était accompagné d’une cohorte. En outre, les souverains Pontifes, les Princes des prêtres, les Scribes, les Anciens du peuple et les Pharisiens avaient envoyé leurs valets avec des lanternes, des torches et des armes. Tout autour s’agitait une foule nombreuse, munie d’épées et de bâtons. Or le traître leur avait donné ce signe: «Celui que je baiserai, c’est Lui! Saisissez-Le et prenez vos précautions pour L’emmener.» Judas s’avança donc... puis, hâtivement il s’approcha de Jésus: «Salut, Maître!» Lui dit-il. Et il Le baisa… «Ami, lui dit Jésus, qu’es-tu venu faire?... Judas!... Tu trahis le Fils de l’Homme par un baiser!...»
arrestation
De l’autre côté du torrent du Cédron se trouvait une villa, avec un jardin, du nom de Gethsémani. Jésus y entra avec Ses Disciples. Comme Il y venait souvent prier avec eux, ce lieu était connu de Judas, qui Le trahissait. Alors Jésus dit à Ses Disciples: «Asseyez-vous ici, pendant que J’irai plus loin pour prier. Priez vous-mêmes, pour ne point entrer dans la tentation.» Il prit seulement avec Lui Pierre et les deux fils de Zébédée, Jacques et Jean, et Il commença à être saisi d’effroi et de dégoût, de tristesse et d’angoisses. «Mon âme est triste jusqu’à la mort, disait-Il; demeurez ici et veillez avec Moi.» Puis, Il S’éloigna d’eux, à la distance d’environ un jet de pierre et, S’étant agenouillé la face contre terrante. Il Lui vint une sueur, comme de gouttes de sang, ruisselant jusqu’à terre. Alors un Ange, venu du ciel, Lui apparut et Le fortifia. Une troisième fois, Il retourna vers Ses Disciples:
«Dormez maintenant, leur dit-Il, et reposez-vous!... Mais, c’est assez!... L’heure est venue!... Voici que le Fils de l’Homme va être livré aux mains des pécheurs... Levez-vous!… Allons!... Celui qui doit Me trahir approche!...
Il parlait encore lorsque parut Judas Iscariote, l’un des Douze. Il était accompagné d’une cohorte. En outre, les souverains Pontifes, les Princes des prêtres, les Scribes, les Anciens du peuple et les Pharisiens avaient envoyé leu
Jésus, sachant tout ce qui devait Lui arriver, Se présenta devant les satellites et leur dit: «Qui cherchez-vous? Jésus de Nazareth!» crièrent-ils. Il répondit: «C’est Moi!» Au milieu d’eux se tenait Judas, qui Le trahissait. Dès que Jésus leur eut dit: «C’est Moi!» ils reculèrent et tombèrent à la renverse. De nouveau, Jésus leur demanda: «Qui cherchez-vous? Jésus de Nazareth!» répétèrent-ils. «Je vous l’ai dit: c’est Moi! reprit Jésus. Puisque c’est Moi que vous cherchez, laissez aller ceux-ci.» Ainsi s’accomplissait la parole que Lui-même avait dite:«De ceux que Vous M’avez donnés, Je n’en ai perdu aucun.» Les hommes de la cohorte s’approchèrent aussitôt, mirent la main sur Jésus et s’assurèrent de Lui. Pressentant ce qui allait advenir, ceux qui L’entouraient s’écrièrent: «Seigneur! si nous frappions de l’épée?» Et, sans attendre la réponse, Simon-Pierre qui avait une épée, la tira du fourreau, en frappa un valet du Grand-Prêtre, et lui coupa l’oreille droite. Ce valet se nommait Malchus. «Laissez cet homme venir jusqu’ici», dit Jésus. Puis Il toucha son oreille et le guérit. S’adressant alors à Pierre: «Remets ton épée dans le fourreau, car tous ceux qui prendront l’épée, périront par l’épée... Ne faut-il pas que Je boive le calice que Mon Père M’a donné?... Crois-tu que Je ne puisse invoquer Mon Père, qui M’enverrait aussitôt plus de douze légions d’anges?... Mais comment s’accompliraient les Écritures, qui annoncent qu’il en doit être ainsi?...» Se tournant ensuite vers la troupe, au milieu de laquelle se trouvaient des Princes des prêtres, des Gardes du Temple et des Anciens: «Pour Me prendre, leur dit-Il, vous êtes venus avec des épées et des bâtons, comme si J’étais un brigand. Cependant, tous les jours, Je Me tenais assis au milieu de vous, pour enseigner dans le Temple, et vous n’avez pas mis la main sur Moi. Mais maintenant, c’est votre heure, c’est l’heure de la puissance des ténèbres. «Or, tout ceci s’est fait pour l’accomplissement de ce qui est écrit dans les Prophètes.» Alors les hommes de la cohorte, leur Commandant, et les satellites des Juifs se jetèrent sur Jésus et Le garrottèrent. En ce moment, Ses Disciples, tous à la fois, L’abandonnèrent et s’enfuirent. Un jeune homme qui était là, couvert seulement d’un drap, voulut suivre Jésus; les satellites le saisirent; mais, laissant le drap entre leurs mains, il s’échappa ainsi.
JÉSUS DEVANT ANNE
S’étant saisis de Jésus, ils Le conduisirent d’abord chez Anne. C’était le beau-père de Caïphe, Grand-Prêtre de cette année-là. Simon-Pierre avait suivi Jésus de loin, ainsi qu’un autre Disciple. Cet autre Disciple, qui était connu du Pontife, était entré, avec Jésus, dans le vestibule du palais. Pierre était resté dehors, debout près de la porte. Le Disciple connu du Pontife sortit alors, parla à la portière et le fit entrer. Le Pontife interrogea Jésus sur Ses Disciples et sur Sa Doctrine. «J’ai parlé publiquement au monde, répondit Jésus. Toujours J’ai enseigné dans les synagogues et dans le Temple, où tous les Juifs s’assemblent, et Je n’ai rien dit en secret. Pourquoi M’interrogez-vous? Interrogez ceux qui M’ont entendu; ceux-là savent ce que J’ai dit.» Sur cette réponse, un des valets qui étaient de service donna un soufflet à Jésus: «Est-ce ainsi, Lui cria-t-il, que Tu parles au Grand-Prêtre? Si J’ai mal parlé, dit Jésus, montre en quoi J’ai eu tort; mais si J’ai bien parlé, pourquoi Me frappes-tu?» Anne ordonna que Jésus fût conduit, avec Ses chaînes, au Grand-Prêtre Caïphe. C’était celui-là même qui avait donné ce conseil aux Juifs: «Qu’il est avantageux qu’un seul homme meure pour le peuple.
JÉSUS DEVANT caïphe
Tous les Prêtres, les Scribes et les Anciens du peuple s’étaient rassemblés chez Caïphe. Or les Grands-Prêtres et tout le Conseil cherchaient un faux témoignage contre Jésus pour Le faire mourir, et ils n’en trouvaient point. Plusieurs, il est vrai, avaient fait de mensongères dépositions; mais leurs témoignages étaient contradictoires. Les deux derniers qui se présentèrent, déposèrent ainsi:
«Nous Lui avons entendu dire: «Je puis détruire ce temple, bâti de la main des hommes et, en trois jours, en rebâtir un autre qui ne sera pas fait par la main des hommes.» Toutefois leurs assertions ne s’accordaient point. Alors le Grand-Pontife, se levant au milieu de l’assemblée, voulut lui-même interroger Jésus: «N’as-Tu rien à répondre, Lui demanda-t-il, à ce que ceux-ci déposent contre Toi?» Jésus garda le silence et ne donna aucune réponse. Le Grand-Pontife Lui posa encore cette question: «Es-Tu le Christ? le Fils du Dieu béni? Dis-le-nous! Je T’en adjure par le Dieu vivant!
Tu l’as dit, Je le suis!... répondit Jésus. Et, Je vous le déclare, vous verrez un jour le Fils de l’Homme, assis à la droite de la Puissance divine et venant sur les nuées du ciel.» Alors le Grand-Pontife déchira ses vêtements. «Il a blasphémé! s’écria-t-il. Qu’avons-nous encore besoin de témoins?... Vous avez entendu le blasphème: que vous en semble?» Et tous de répondre: «Il mérite la mort!»
reniement de pierre
Il faisait froid. Les satellites et les valets avaient allumé du feu au milieu de la cour et, rangés autour du brasier, assis ou debout, ils se chauffaient. Pierre s’était assis au milieu d’eux et il se chauffait, attendant l’issue de cette affaire. Survint la servante du Pontife, chargée de garder la porte. Ayant aperçu l’Apôtre qui se chauffait, elle s’approcha de lui et le considéra avec attention. «En voici un, dit-elle, qui était avec le Nazaréen.» Puis, le regardant bien en face: «Oui, tu étais avec Jésus de Galilée!» Pierre le nia devant tout le monde: «Femme, je ne Le connais pas!... je ne sais... je ne puis
comprendre ce que tu dis.» Alors, il sortit de la cour, se dirigeant vers le vestibule; mais, comme il y arrivait, une autre servante le remarqua et cria aux valets: «Celui-ci était certainement avec Jésus de Nazareth!» Un instant après, un serviteur le rencontre: «Et toi aussi, lui dit-il, tu es de ces gens-là?» A ce moment le coq chanta. Pierre revient auprès du foyer et, se tenant debout, il se remet à se chauffer. «N’étais-tu pas de Ses Disciples?» lui demandent les valets. Une seconde fois, il le nie avec serment: «Non! vous dis-je, non! je ne connais aucunement cet homme!» Environ une heure après, ceux qui étaient là, lui dirent: «Assurément, tu es de la bande, car tu es de Galilée: ton langage te trahit.» L’un des valets du Pontife, parent de celui à qui Pierre avait coupé l’oreille, l’accusa à son tour: «Ne t’ai-je pas vu dans le jardin avec Lui?» Pierre le nia encore, et il se mit à faire des imprécations, à multiplier les serments et les protestations: «Non! répéta-t-il, je ne connais pas cet homme-là: je ne sais ce que vous voulez dire!» Et le coq chanta pour la seconde fois. Jésus passait au même moment. Il Se tourna vers Pierre et Il arrêta sur lui Son regard. Alors Pierre se ressouvint de la parole que le Seigneur lui avait dite: «Avant que le coq ne chante deux fois, tu Me renieras trois fois.» Il sortit et, une fois dehors, il fondit en larmes amères.
LES OUTRAGES DES VALETS
ET DES SATELLITES
Et Jésus fut conduit au cachot des condamnés. Alors, ceux qui étaient chargés de Le garder, se firent un jeu de Le meurtrir de coups. Ils Lui crachaient au visage, ils Lui couvraient les yeux d’un voile et L’accablant de soufflets: «Christ! disaient-ils, devine qui T’a frappé?» Ils Lui firent subir enfin toutes sortes d’outrages en vomissant contre Lui les plus abominables blasphèmes.
VENDREDI SAINT
JÉSUS DEVANT LE SANHÉDRIN
(Saint Matthieu 27, 1; Saint Marc 15, 1; Saint Luc 22, 66-71.)
A la naissance du jour, les membres du Conseil: Grands-Prêtres, Princes des prêtres sans exception, Scribes, Anciens du peuple, se réunirent en toute hâte, pleins de haine contre Jésus, et dans le dessein de Le condamner à mort. Ils Le firent comparaître devant leur assemblée, et Lui dirent: «Déclare-nous si Tu es le Christ! Si Je vous le dis, vous ne Me croirez point, répondit Jésus. Si à Mon tour Je vous interroge, vous ne Me donnerez point de réponse et ne Me rendrez point la liberté. Et pourtant, désormais le Fils de l’Homme siégera à la droite de la Puissance de Dieu.» Et tous ensemble: «Tu es donc le Fils de Dieu? Vous le dites, Je le suis!» répondit Jésus. Alors ils s’écrièrent: «Qu’avons-nous encore besoin de témoignage? Nous venons de l’entendre de Sa propre bouche.»
LES REMORDS ET LE SUICIDE DU TRAÎTRE
(Saint Matthieu 27, 3-10.)
Voyant que Jésus était condamné, Judas, le traître, poussé par le remords, rapporta aux Princes des prêtres et aux Anciens les trente pièces d’argent. «J’ai péché, dit-il, en livrant le sang du Juste! Que nous importe? C’est ton affaire!» Là-dessus, Judas jette les pièces d’argent dans le Temple, il sort et va se pendre. Les Princes des prêtres ramassèrent l’argent. «Il n’est point permis, dirent-ils, de le verser dans le Trésor, parce que c’est le prix du sang.» Plus tard, après en avoir conféré ensemble, ils achetèrent, de cette somme, le champ d’un potier, pour la sépulture des étrangers. C’est pourquoi ce champ fut appelé, dans leur langue: Haceldama, c’est-à-dire le Champ du Sang, nom qui lui est resté jusqu’à ce jour. Ainsi fut réalisé l’oracle du Prophète: «Ils ont pris les trente pièces d’argent, prix auquel fut estimé, par les Fils d’Israël, Celui dont ils ont supputé la valeur. Et ils les ont données pour le champ d’un potier, comme le Seigneur me l’a fait voir.»
JÉSUS DEVANT PILATE
(Saint Matthieu 27, 2, 11-14; Saint Marc 15, 1-5; Saint Luc 23, 1-4; Saint Jean 18, 28-38.)
Dès que Jésus Se fut déclaré le Fils de Dieu, tous les membres du Conseil se levèrent en foule et, après L’avoir fait garrotter, ils L’emmenèrent pour Le livrer au Gouverneur Ponce-Pilate. On était encore au matin. Les Juifs n’entrèrent point dans le prétoire, dans la crainte de contracter une souillure légale et de ne pouvoir manger la Pâque. Pilate vint donc à eux sur le seuil de son prétoire; il leur demanda: «Quelle accusation portez-vous contre cet homme?» Ils répondirent: «Si ce n’était pas un malfaiteur, nous ne vous L’aurions pas livré. Prenez-Le vous-mêmes alors, dit Pilate, et jugez-Le selon votre Loi. Il ne nous est plus permis d’infliger la peine de mort à personne», repartirent les Juifs. Il fallait en effet que s’accomplît la parole de Jésus, annonçant de quelle mort Il devait mourir. Et les Juifs commencèrent à formuler leurs accusations: «Cet homme, nous L’avons trouvé bouleversant notre nation, défendant de payer le tribut à César, et S’arrogeant le titre de Christ-Roi.» Pilate rentra dans le prétoire et fit venir Jésus, qui Se tint debout devant lui: «Est-ce que Tu es le Roi des Juifs? Lui demanda-t-il. Parles-tu de toi-même, lui dit Jésus, ou d’après ce que
d’autres t’ont rapporté de Moi? Est-ce que je suis Juif, moi? répliqua Pilate. Ta nation, Tes prêtres Te traduisent à mon tribunal: qu’as-Tu fait? Ma royauté, répondit Jésus, ne vient pas de ce monde. Si Ma royauté venait de ce monde, Mes hommes n’auraient pas manqué de combattre, pour M’éviter de tomber entre les mains des Juifs. Non, pour l’heure présente, Mon Royaume n’est pas
d’ici. Tu es donc Roi? fit Pilate. Tu le dis, Je suis Roi!... Je suis né, Je suis venu en ce monde pour rendre témoignage à la Vérité. Quiconque est du parti de la Vérité entend Ma voix. Qu’est-ce que la vérité?» dit le Gouverneur. Et, sur cette question, il retourna dehors, vers les Princes des prêtres et la foule des Juifs et leur dit: «Je ne trouve, en cet homme, aucun sujet de condamnation.» Alors les Princes des prêtres et les Anciens multiplièrent leurs accusations; Jésus gardait le silence. «N’entends-Tu pas, s’écria Pilate, combien de témoignages ils accumulent contre Toi? N’as-Tu rien à répondre?» Mais Jésus ne lui adressa pas même un seul mot, ce qui causa au Gouverneur un profond étonnement.
JÉSUS DEVANT HÉRODE
(Saint Luc 23, 5-12.)
Cependant les Juifs insistaient avec véhémence, et criaient: «Il soulève le peuple par les doctrines qu’Il sème, depuis la Galilée, où Il a commencé, jusque dans toute la Judée, et même jusqu’ici.» Pilate entendant nommer la Galilée, demanda si cet homme était Galiléen. Dès qu’il eut appris que Jésus était de la juridiction d’Hérode, il Le renvoya devant ce prince, qui se trouvait alors à Jérusalem. Hérode, en voyant Jésus, éprouva une vive satisfaction. Depuis longtemps il désirait Le connaître, à raison de tout ce qu’on lui avait rapporté de Lui, et parce qu’il espérait Lui voir opérer quelque prodige. Il se mit donc à Lui poser une multitude de questions. Jésus ne lui répondit rien. Or, les Princes des prêtres et les Scribes se tenaient là, debout, ne se lassant pas de L’accuser. Hérode, avec sa garde, couvrit Jésus de mépris. Il Le fit affubler d’une robe blanche et s’en amusa. Puis il Le renvoya à Pilate. Et, de ce jour, Hérode et Pilate devinrent amis, d’ennemis qu’ils étaient auparavant.
BARABBAS
Saint Matthieu 27, 15-23, 26; Saint Marc 15, 6-15; Saint Luc 23, 13-25; Saint Jean 18, 39-40.)
Pilate fit approcher les Princes des prêtres, les magistrats et le peuple, et leur adressa ces paroles:
«Vous m’avez présenté cet homme, comme soulevant la nation; voilà cependant que je L’ai interrogé devant vous, et je n’ai trouvé en Lui aucun sujet de condamnation sur les chefs dont vous L’accusez. Hérode, à qui je vous ai renvoyés, n’a rien relevé non plus. Il n’y a donc rien d’établi contre Lui, qui mérite la mort. C’est pourquoi je vais Lui faire infliger un châtiment et Le mettre ensuite en liberté.» Or, c’était l’usage, au jour de la fête, que le Gouverneur leur accordât la délivrance d’un prisonnier, qu’eux-mêmes lui désignaient. Un malfaiteur insigne, appelé Barabbas, se trouvait alors en prison. Il était enchaîné avec les séditieux, pour avoir tué un homme dans une révolte. En ce moment, le peuple se présenta devant le prétoire et réclama la grâce que le Gouverneur accordait toujours. Ayant fait approcher la foule, Pilate prit la parole et dit: «C’est la coutume que je vous délivre un prisonnier, à la fête de la Pâque, voulez-vous que j’élargisse le Roi des Juifs?… Lequel voulez-vous, de Barabbas ou de Jésus, qu’on appelle le Christ?»
Il savait bien, en effet, que les Grands-Prêtres ne Le lui avaient livré que par envie. Cependant sa femme lui envoya dire, tandis qu’il siégeait sur son tribunal: «Ne vous commettez pas dans la cause de ce Juste, car aujourd’hui j’ai souffert étrangement en songe, à Son sujet.» Mais les Pontifes, les Princes des prêtres et les Anciens avaient travaillé le peuple, et l’avaient excité à réclamer l’élargissement de Barabbas et la mort de Jésus. Aussi, quand le Gouverneur renouvela sa question: «Lequel des deux voulez-vous que je vous délivre?» Ce fut une explosion unanime dans la foule:
«Barabbas! Non pas Celui-ci, mais Barabbas! Enlevez Celui-ci et donnez-nous Barabbas! Mais que ferai-je de Jésus, de ce Roi des Juifs, appelé le Christ?» répliqua Pilate. Tous redoublèrent leurs cris: «Qu’Il soit crucifié! Mais enfin, quel mal a-t-Il donc fait?» insista le Gouverneur. Les Juifs criaient toujours plus fort: «Qu’Il soit crucifié!» Pilate était décidé à délivrer Jésus. Il leur parla de nouveau. Mais les clameurs devenaient de plus en plus violentes: «Crucifiez-Le! Crucifiez-Le!» Une troisième fois il leur dit: «Qu’a-t-Il fait de mal? Je ne trouve rien en Lui qui mérite la mort; je Le châtierai donc, puis je Le renverrai.» Mais ils s’acharnaient et demandaient à grands cris, qu’Il fût crucifié, et leurs vociférations s’élevaient toujours plus menaçantes. Alors Pilate, voulant donner satisfaction au peuple, fit élargir Barabbas, le prisonnier rebelle et assassin qu’ils réclamaient, et abandonna Jésus à leur merci.
Flagellation et
Couronnement d'épines
Pilate prit Jésus et Le fit d’abord flageller. Ensuite, les soldats Le traînèrent dans la cour du prétoire, réunissant autour de Lui la cohorte entière. L’ayant dépouillé de Ses vêtements, ils Le couvrirent d’un manteau de couleur écarlate. Puis ils tressèrent une couronne avec des épines, et l’enfoncèrent sur Sa tête. Dans Sa main droite, ils mirent un roseau. Après quoi, faisant devant Lui des génuflexions dérisoires, ils Le raillèrent en répétant: «Salut! Roi des Juifs!» Ils Lui donnaient des soufflets, Lui crachaient au visage et, prenant le roseau, ils Lui en assénaient des coups sur la tête.
« Ecce homo » et condamnation
Quand les soldats romains eurent fini de s’amuser de Jésus ils Le conduisirent au prétoire. Pilate sortit de nouveau, et dit au peuple: «Voici que je vous Le présente encore une fois, pour que vous sachiez bien que je ne trouve en Lui aucun sujet de condamnation.» Et Jésus parut en effet, portant la couronne d’épines et couvert du manteau écarlate. «Voilà l’Homme!» dit Pilate. Dès qu’ils Le virent, les Pontifes et les satellites jetèrent ce cri: «Crucifiez-Le! Crucifiez-Le! Prenez-Le donc vous-mêmes, et crucifiez-Le! S’écria Pilate. Quant à moi je ne Le trouve nullement condamnable. Nous avons une Loi, répliquèrent les Juifs et, selon notre Loi, il faut qu’Il meure! parce qu’Il Se donne comme le Fils de Dieu.» A cette parole, Pilate fut encore saisi d’un plus grand effroi. Étant rentré dans le prétoire, il dit à Jésus: «D’où viens-Tu?» Jésus ne lui fit aucune réponse. «Tu ne me parles pas? reprit Pilate. Ignores-Tu que j’ai le pouvoir de Te faire crucifier, et que j’ai aussi le pouvoir de Te délivrer? Tu n’aurais sur Moi aucun pouvoir, répondit Jésus, si tu ne l’avais reçu d’En-Haut. Et c’est ce qui aggrave le crime de celui qui Me livre à toi.»
Plus que jamais Pilate cherchait à délivrer Jésus. Mais les Juifs redoublèrent leurs clameurs: «Si tu Le délivres, tu n’es pas l’ami de César: car quiconque se fait roi, s’élève contre César.» Pilate, entendant ces cris, fit amener Jésus dehors, et s’assit sur son tribunal, au lieu appelé en grec: Lithostrotos (estrade de pierre) et en hébreu: Gabbatha (la terrasse). On approchait de la sixième heure (midi) de la veille de la Pâque. Pilate dit aux Juifs: «Voici votre Roi! A mort! à mort! crucifiez-Le! Crièrent-ils. Quoi donc? reprit Pilate, crucifierai-je votre Roi?» Les Pontifes répliquèrent: «Nous n’avons d’autre roi que César!» Pilate, voyant qu’il ne gagnait rien, et que le tumulte allait croissant, se fit apporter de l’eau et, se lavant les mains devant le peuple, il dit: «Je suis innocent du sang de ce Juste; vous en répondrez!» Et tout le peuple de vociférer: «Que Son sang retombe sur nous et sur nos enfants!» Alors Pilate ordonna qu’il fût fait selon la volonté des Juifs, et il leur abandonna Jésus pour être crucifié. Après s’être encore joués de Lui, les soldats Lui arrachèrent le manteau écarlate, Lui rendirent Ses vêtements et L’entraînèrent hors de la ville pour Le crucifier.
La voie du Calvaire
Jésus, chargé de Sa croix, Se mit donc en marche vers le lieu appelé Calvaire, ou en hébreu Golgotha. Après Lui marchaient deux malfaiteurs, qui allaient subir la peine de mort.
Une foule immense suivait, ainsi que des femmes qui pleuraient et se lamentaient. Jésus Se retourna vers elles. «Filles de Jérusalem, ne pleurez pas sur Moi, dit-Il; mais pleurez sur vous-mêmes et sur vos enfants. Voici venir des jours où l’on dira: «Heureuses les stériles! heureuses les entrailles qui n’ont point engendré et les mamelles qui n’ont point allaité»... Alors on criera aux montagnes: «Tombez sur nous!» et aux collines: «Ensevelissez-nous!» Car, si l’on traite ainsi le bois vert, que sera-ce du bois sec?»
On arriva au Calvaire; là, on Lui présenta une coupe de vin mêlé de myrrhe et de fiel. Jésus y porta les lèvres, mais Il refusa de boire.
Jésus tombe pour la troisième fois.
Jésus tombe pour la seconde fois.
Véronique essuie le visage de Jésus.
Réquisition de Simon de Cyrène.
Jésus rencontre sa mère.
Jésus tombe pour la première fois.
Jésus est crucifié au Mont du Crâne
Alors ils Le crucifièrent... On était encore dans la troisième heure. Ils crucifièrent avec Lui les deux voleurs, l’un à Sa droite, l’autre à Sa gauche, et Jésus au milieu. Ainsi s’accomplit la parole de l’Écriture: «Il a été mis au rang des scélérats.» Pilate avait écrit lui-même l’inscription indiquant la cause du supplice de Jésus; il la fit mettre au haut de la croix. Elle portait ces mots: JÉSUS LE NAZARÉEN, ROI DES JUIFS Beaucoup de Juifs lurent cette inscription, parce que le lieu où fut crucifié Jésus était près de la ville. Elle était rédigée en trois langues: en hébreu, en grec et en latin. Aussi les Pontifes des Juifs avaient-ils réclamé auprès de Pilate: «N’écrivez pas: «Roi des Juifs», lui avaient-ils dit; mais bien: «Cet homme Se prétend le Roi des Juifs». « Ce que j’ai écrit, je l’ai écrit», avait répliqué Pilate. Et Jésus disait: «Père, pardonnez-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font!» Après L’avoir crucifié, les soldats s’étaient emparés de Ses vêtements, et en avaient fait quatre parts, une pour chacun. Comme la tunique était sans couture et d’un seul tissu, depuis le haut jusqu’en bas, ils se dirent les uns aux autres: «Ne la déchirons point, mais tirons au sort à qui elle appartiendra.» Alors se réalisait ce que dit le Prophète: «Ils se sont partagé Mes vêtements et ils ont tiré Ma robe au sort.» Ainsi avaient fait les soldats; puis, s’étant assis, ils Le gardaient. Tout autour, se tenait une grande foule de peuple, avec les chefs, regardant Jésus et Le raillant. Les passants aussi Le blasphémaient; ils Lui disaient, en branlant la tête: «Eh bien! Toi qui détruis le Temple de Dieu et le rebâtis en trois jours, sauve-Toi donc Toi-même! Si Tu es le Fils de Dieu, descends de la croix!» Les Pontifes, les Princes des prêtres, les Scribes et les Anciens L’accablaient également de leurs moqueries: «Il a sauvé les autres, se disaient-ils entre eux, et Il ne peut Se sauver Lui-même! S’Il est le Christ, le Roi d’Israël, qu’Il descende maintenant de la croix! et alors nous croirons en Lui. Il a mis en Dieu Sa confiance: que maintenant Dieu Le délivre, s’Il L’aime! N’a-t-Il pas dit: «Je suis le Fils de Dieu?» Les soldats eux-mêmes ne Lui épargnaient pas leurs insultes: ils s’approchaient de la croix et Lui offraient du vinaigre en Lui disant: «Sauve-Toi donc, si Tu es le Roi des Juifs!» Il n’y avait pas jusqu’aux voleurs, crucifiés avec Lui, qui ne Le couvrissent de leurs sarcasmes. Mais bientôt, tandis que l’un des deux continuait de blasphémer en disant: «Si Tu es le Christ, sauve-Toi! et nous avec Toi!» L’autre le reprit hautement en ces termes: «N’as-tu donc aucune crainte de Dieu, toi qui subis le même tourment? Pour nous, c’est justice; nous recevons la peine méritée par nos crimes. Mais Celui-ci n’a fait aucun mal.» Puis, s’adressant à Jésus: «Seigneur, Lui dit-il, souvenez-Vous de moi quand Vous serez arrivé dans Votre Royaume!» Jésus lui répondit: «En vérité Je te le déclare: aujourd’hui même tu seras avec Moi dans le Paradis.» Près de la croix, se tenaient debout, Sa Mère, et la sœur de Sa Mère, Marie, femme de Cléophas, et Marie-Madeleine. Jésus regarda Sa Mère et, debout près d’Elle, le Disciple qu’Il aimait, et Il dit à Sa Mère: «Femme, voilà Votre fils!» Puis Il dit au Disciple: «Voilà ta Mère!» Et dès lors le Disciple La recueillit dans sa demeure. On était dans la sixième heure, quand Jésus fut crucifié; et depuis la sixième heure jusqu’à la neuvième, (trois heures) les ténèbres se répandirent sur le monde entier. Le soleil avait perdu toute sa lumière. Vers la neuvième heure, Jésus fit entendre ce cri, d’une voix déchirante: «Eli! Eli! lamma sabacthani!» Ce qui signifie: «Mon Dieu! Mon Dieu! Pourquoi M’avez-Vous donc abandonné?» «Le voilà qui appelle Élie», dirent quelques-uns de ceux qui étaient là. Voyant que les oracles des Prophètes étaient accomplis, Jésus réalisa le dernier. Il dit:
«J’ai soif!» Il y avait là un vase plein de vinaigre. L’un des gardes courut prendre une éponge, l’imbiba de vinaigre, et l’attachant à une tige d’hysope, il l’éleva jusqu’aux lèvres de Jésus. Les autres disaient: «Laisse donc! Nous verrons si Élie vient Le délivrer. Laissez-moi vous-mêmes! répliqua celui qui Lui offrait le vinaigre. C’est justement pour voir si Élie viendra Le descendre de la croix.» Jésus aspira le vinaigre, et dit: «Tout est consommé!» Puis Il S’écria d’une voix forte: «Père! Je remets Mon âme entre Vos mains!» En prononçant ces paroles, Il inclina la tête et Il expira…
LES PRODIGES QUI SUIVENT LA MORT DE JÉSUS. LES SAINTES FEMMES
(Saint Matthieu 27, 51-56; Saint Marc 15, 38-41; Saint Luc 23, 45-49.)
Soudain, le voile du Temple se déchira par le milieu, depuis le haut jusqu’en bas; la terre trembla, les rochers se fendirent, des sépulcres s’ouvrirent, et plusieurs corps de saints, qui étaient morts, se levèrent. Sortant ressuscités de leurs tombeaux, ils vinrent dans la Ville Sainte et apparurent à un grand nombre après la résurrection de Jésus.Le Centurion qui se tenait en face de la croix, entendant le cri puissant de Jésus au moment où Il expirait, et voyant tout ce qui arrivait, rendit gloire à Dieu et s’écria: «Cet Homme était vraiment le Fils de Dieu!» Et ceux qui gardaient Jésus avec lui, saisis d’effroi au spectacle du tremblement de terre et des autres prodiges, dirent à leur tour: «Oui! cet homme était un Juste! C’était bien le Fils de Dieu!» Et toute la foule, accourue pour voir mourir Jésus, dans le saisissement que lui causaient toutes ces choses, retournait à Jérusalem en se frappant la poitrine. Quant à ceux qui étaient de la connaissance de Jésus, ils se tenaient debout, à l’écart, observant de loin ce qui se passait. De loin aussi, regardaient les femmes qui avaient suivi Jésus depuis la Galilée. Parmi celles-ci se trouvaient Marie-Madeleine, Marie, mère de Jacques le Mineur et de Joseph et Salomé, qui L’avaient accompagné et servi, lorsqu’Il était en Galilée. Il y en avait encore beaucoup d’autres qui étaient venues avec Lui jusqu’à Jérusalem.
LE COUP DE LANCE
(Saint Jean 19, 31-37.)
C’était la veille du sabbat. Pour que les corps ne demeurassent pas en croix le lendemain, qui était le sabbat le plus solennel, les Juifs sollicitèrent Pilate d’ordonner qu’on rompit les jambes aux suppliciés et qu’on enlevât leurs corps. Des soldats vinrent donc, et rompirent les jambes du premier larron et de l’autre qui avaient été crucifiés avec Lui. Arrivés à Jésus, et constatant qu’Il était mort, ils ne Lui brisèrent pas les jambes. D’un coup de lance, l’un d’eux Lui ouvrit le côté, et aussitôt, il en sortit du sang et de l’eau. Celui qui l’a vu en rend témoignage, et son témoignage est vrai, et il sait qu’il dit la vérité, afin que vous croyiez vous aussi. Tout se passa ainsi pour que fût réalisée cette parole de l’Écriture: «Vous ne briserez aucun de Ses os»; et cette autre: «Celui qu’ils ont transpercé, ils Le verront!»
La mise au tombeau
Comme on était au soir, arriva Joseph, riche habitant d’Arimathie, ville de Judée. C’était un homme bon et juste, qui attendait lui aussi le Royaume de Dieu, car il était Disciple de Jésus, mais en secret, par crainte des Juifs. Décurion fort estimé, il n’avait consenti, ni au complot, ni aux actes des autres. Il était allé droit à Pilate et lui avait réclamé hardiment le corps de Jésus. Pilate, surpris qu’Il eût sitôt succombé, avait fait venir le Centurion et lui avait demandé si vraiment Jésus était déjà mort. Sur la réponse affirmative du Centurion, il avait ordonné que le corps fût remis à Joseph. Nicodème, celui qui, dès le commencement, avait visité Jésus durant la nuit, était venu également, apportant un mélange de myrrhe et d’aloès, du poids d’environ cent livres. Joseph, qui avait acheté un linceul de toile très fine, détacha Jésus de la croix; puis tous deux Le couvrirent du linceul, L’enveloppèrent de bandelettes avec des parfums et L’ensevelirent, selon la coutume des Juifs. Près de l’endroit où Jésus avait été crucifié, se trouvait un jardin, et dans ce jardin, un sépulcre appartenant à Joseph. Ce sépulcre, creusé dans le roc, était neuf et n’avait encore servi à personne. Comme le jour préparatoire au Grand Sabbat finissait, et que ce sépulcre était proche, ils y déposèrent le corps de Jésus. Enfin, ayant roulé ensemble une grosse pierre à l’entrée du monument, ils s’éloignèrent, lorsque déjà les étoiles commençaient à luire. Assises en face du sépulcre, Marie-Madeleine, Marie, mère de Joseph, ainsi que les femmes qui étaient venues de Galilée avec Jésus, considéraient le tombeau, et virent de quelle manière on y plaça le corps du Seigneur. Elles se retirèrent ensuite, dans l’intention de préparer les aromates et les parfums; mais, fidèles à la Loi, elles demeurèrent en repos durant toute la journée du Sabbat.
SAMEDI SAINT
Le lendemain, jour du Sabbat, les Princes des prêtres et les Pharisiens s’étant réunis, allèrent trouver Pilate: « Seigneur, lui dirent-ils, nous nous sommes souvenus que, de Son vivant, ce séducteur a dit: « Après trois jours, Je ressusciterai. » Ordonnez donc que le sépulcre soit gardé jusqu’au troisième jour, de peur que Ses Disciples ne viennent L’enlever furtivement, et ne disent au peuple: « Il est ressuscité d’entre les morts. » Cette dernière tromperie serait encore pire que la première. » - « Vous avez des gardes, dit Pilate; allez, et surveillez-Le comme vous savez le faire. » Ils s’en allèrent, fermèrent soigneusement le sépulcre, apposèrent les scellés sur la pierre et placèrent des gardes.
de La Résurrection à l'ascension
La Résurrection
Et voici qu’au matin du troisième jour, il y eut un violent tremblement de terre. Un Ange du Seigneur descendit du ciel; s’approchant de la pierre, il la renversa et s’assit dessus. Son visage brillait comme l’éclair, son vêtement resplendissait comme la neige. Frappés de terreur et d’épouvante, les gardes étaient comme morts.
Apparition de deux anges
aux saintes femmes
Or, le soir du sabbat, quand le lever des étoiles avait commencé le jour suivant, Marie-Madeleine, Marie, mère de Jacques et Salomé, étaient allées acheter des aromates pour embaumer Jésus. Le lendemain, de grand matin, avant que les ténèbres fussent dissipées, elles se dirigèrent vers le tombeau; elles portaient les aromates qu’elle avaient préparés. Chemin faisant, elles se disaient l’une à l’autre: « Qui nous ôtera la pierre qui ferme l’entrée du tombeau? » Marie-Madeleine arriva la première, et vit que la pierre était renversée. Aussitôt elle courut vers Simon-Pierre et vers cet autre Disciple que Jésus aimait: « Ils ont enlevé le Seigneur du sépulcre, s’écria-t-elle, et nous ne savons où ils L’ont mis! » Cependant les autres femmes arrivèrent à leur tour, lorsque le soleil se levait. Elles regardèrent et virent également que le bloc de rocher, qui était énorme, avait été roulé en arrière. Étant entrées dans le sépulcre, elles n’y trouvèrent point le corps du Seigneur Jésus: elles en furent consternées. Mais voilà que, debout à côté d’elles, apparurent deux hommes, vêtus de robes resplendissantes. Tout effrayées, elles courbaient leurs fronts vers la terre: « Pour vous, leur dit l’Ange, qui était assis à la droite, ne craignez point! Je sais que vous cherchez Jésus de Nazareth
qui a été crucifié. Pourquoi voulez-vous trouver Celui qui est vivant, au milieu des morts?... Il n’est plus ici! Il est ressuscité, comme Il l’a dit!... Venez et regardez l’endroit où le Seigneur était déposé... Rappelez-vous ce qu’Il vous disait lorsqu’Il était encore en Galilée: « Il faut que le Fils de l’Homme soit livré entre les mains des pécheurs, qu’Il soit crucifié, et qu’Il ressuscite le troisième jour. » Et maintenant, allez, sans retard, apprendre à Ses Disciples et à Pierre qu’Il est ressuscité. Il sera avant vous en Galilée. Là vous Le verrez, comme Lui-même vous l’a dit… Voilà le message que j’avais à remplir auprès de vous. » Elles se ressouvinrent alors des paroles de Jésus, et tout émues et tremblantes de crainte et de joie, elles sortirent en hâte du tombeau, et l’effroi les empêcha de rien dire à personne.
PIERRE ET JEAN AU TOMBEAU
Cependant Pierre et l’autre Disciple, avertis par Madeleine, étaient partis aussitôt, et tous deux s’étaient mis à courir pour aller au sépulcre. Mais l’autre Disciple courut plus vite que Pierre et arriva le premier au monument. S’étant penché, il vit les linges posés à terre; mais il n’entra pas. Pierre, qui le suivait, arriva bientôt et pénétra dans le sépulcre. Il s’inclina et vit les linges posés à terre et aussi le suaire qui couvrait la tête de Jésus, plié et placé, non avec les linges, mais dans un lieu à part. Alors le Disciple, qui était arrivé le premier, entra à son tour. Il vit et il crut.
Ils ne comprenaient pas encore, en effet, l’Écriture annonçant que Jésus devait ressusciter d’entre les morts. Les Disciples rentrèrent chez eux, et Pierre demeurait tout surpris de ce qui était arrivé.
Apparition à Marie-Madeleine
Quand les soldats romains eurent fini de s’amuser de Jésus ils Le conduisirent au prétoire. Pilate sortit de nouveau, et dit au peuple: «Voici que je vous Le présente encore une fois, pour que vous sachiez bien que je ne trouve en Lui aucun sujet de condamnation.» Et Jésus parut en effet, portant la couronne d’épines et couvert du manteau écarlate. «Voilà l’Homme!» dit Pilate. Dès qu’ils Le virent, les Pontifes et les satellites jetèrent ce cri: «Crucifiez-Le! Crucifiez-Le! Prenez-Le donc vous-mêmes, et crucifiez-Le! S’écria Pilate. Quant à moi je ne Le trouve nullement condamnable. Nous avons une Loi, répliquèrent les Juifs et, selon notre Loi, il faut qu’Il meure! parce qu’Il Se donne comme le Fils de Dieu.» A cette parole, Pilate fut encore saisi d’un plus grand effroi. Étant rentré dans le prétoire, il dit à Jésus: «D’où viens-Tu?» Jésus ne lui fit aucune réponse. «Tu ne me parles pas? reprit Pilate. Ignores-Tu que j’ai le pouvoir de Te faire crucifier, et que j’ai aussi le pouvoir de Te délivrer? Tu n’aurais sur Moi aucun pouvoir, répondit Jésus, si tu ne l’avais reçu d’En-Haut. Et c’est ce qui aggrave le crime de celui qui Me livre à toi.»
Plus que jamais Pilate cherchait à délivrer Jésus. Mais les Juifs redoublèrent leurs clameurs: «Si tu Le délivres, tu n’es pas l’ami de César: car quiconque se fait roi, s’élève contre César.» Pilate, entendant ces cris, fit amener Jésus dehors, et s’assit sur son tribunal, au lieu appelé en grec: Lithostrotos (estrade de pierre) et en hébreu: Gabbatha (la terrasse). On approchait de la sixième heure (midi) de la veille de la Pâque. Pilate dit aux Juifs: «Voici votre Roi! A mort! à mort! crucifiez-Le! Crièrent-ils. Quoi donc? reprit Pilate, crucifierai-je votre Roi?» Les Pontifes répliquèrent: «Nous n’avons d’autre roi que César!» Pilate, voyant qu’il ne gagnait rien, et que le tumulte allait croissant, se fit apporter de l’eau et, se lavant les mains devant le peuple, il dit: «Je suis innocent du sang de ce Juste; vous en répondrez!» Et tout le peuple de vociférer: «Que Son sang retombe sur nous et sur nos enfants!» Alors Pilate ordonna qu’il fût fait selon la volonté des Juifs, et il leur abandonna Jésus pour être crucifié. Après s’être encore joués de Lui, les soldats Lui arrachèrent le manteau écarlate, Lui rendirent Ses vêtements et L’entraînèrent hors de la ville pour Le crucifier.
APPARITION DE JÉSUS AUX SAINTES FEMMES
Jésus était donc ressuscité au matin du jour qui suivait le sabbat, et Sa première apparition avait été pour Marie- Madeleine, de laquelle Il avait chassé sept démons. Or, pendant que les saintes femmes retournaient hâtivement à Jérusalem, pour dire aux Disciples ce qu’elles avaient vu, voilà que soudain Jésus Se présenta devant elles: « Je vous salue! » dit-Il. Aussitôt elles tombent à Ses pieds, les embarrassant et L’adorent. « Ne craignez pas! ajouta Jésus; mais allez dire à Mes frères qu’ils se rendent en Galilée: là ils Me verront. »
INCRÉDULITÉ DES APÔTRES
Marie-Madeleine était accourue vers les Disciples. Elles les avait trouvés dans les larmes et les gémissements. « J’ai vu le Seigneur, s’était-elle écriée, et voici ce qu’Il m’a dit! » Vainement leur avait-elle affirmé qu’Il vivait, qu’elle L’avait vu; ils ne la croyaient pas. Peu après, Jeanne, Marie, mère de Jacques et les autres qui étaient avec elles, arrivèrent en hâte et tout heureuses, près des Onze et de ceux qui les entouraient, et leur racontèrent ce qu’elles avaient vu. Leurs récits parurent aux Apôtres l’effet du délire, et ils ne le crurent pas. Cependant Jésus apparut à Pierre; il apparut ensuite à Jacques.
RETOUR DES GARDES À JÉRUSALEM
Dès que les femmes eurent quitté le Tombeau, quelques- uns des gardes retournèrent à la ville, et racontèrent aux Princes des prêtres tout ce qui s’était passé. Ceux-ci se réunirent en conseil avec les Anciens du peuple, et, après en avoir délibéré, ils remirent aux soldats une forte somme d’argent, et leur imposant cette consigne: « Dites que Ses Disciples sont venus, durant la nuit, et l’ont enlevé tandis que vous dormiez. Et si le Gouverneur vient à savoir quelque chose, nous le gagnerons et nous vous mettrons à l’abri de toute peine. » Les soldats prirent l’argent et firent ce qu’on leur avait dit. Et cette fable se répandit parmi les Juifs et se répète encore aujourd’hui.
Apparition aux disciples d'Emmaüs
Et voilà que le même jour, deux d’entre les Disciples allaient à une bourgade, appelée Emmaüs et située à soixante stades de Jérusalem. Chemin faisant, ils s’entretenaient de tout ce qui venait de se passer. Or, tandis qu’ils discouraient et se communiquaient mutuellement leurs pensées, Jésus Lui-même les rejoignit et Se mit à marcher avec eux. Il ne Se montra pas sous Sa forme ordinaire, et ils avaient comme un voile devant les yeux qui les empêchait de Le reconnaître.« De quoi vous entretenez-vous ainsi en marchant, leur demanda-t-Il, et d’où vient votre tristesse? » L’un d’eux, nommé Cléophas, Lui répondit: « Etes-Vous donc tellement étranger dans Jérusalem, que Vous n’ayez point appris ce qui s’y est passé en ces derniers jours? » - « Qu’est-ce donc? » leur dit-Il. - « Au sujet de Jésus de Nazareth, reprirent-ils. C’était un Prophète, puissant en oeuvres et en paroles, devant Dieu et devant tout le peuple. Et toutefois les Grands-Prêtres et nos Chefs L’ont fait condamner à mort, et on L’a crucifié. Nous espérions, nous autres, que c’était Lui qui serait le Libérateur d’Israël. Et maintenant voilà aujourd’hui le troisième jour que tout cela s’est passé. Il y a bien quelques femmes d’entre les nôtres qui nous ont bouleversés en nous racontant des choses étranges. Avant le jour, elles sont allées au Sépulcre, et, n’ayant plus trouvé Son corps, elles sont venues nous dire que même des Anges leur ont apparu, et leur ont assuré que Jésus est vivant. Alors quelques-uns des nôtres se sont rendus au Tombeau; ils ont constaté que les choses étaient bien telles que les femmes les ont racontées; mais Lui, ils ne L’ont point trouvé. » - « O hommes sans intelligence, leur dit Jésus, ô coeurs lents à croire tout ce que les Prophètes ont annoncé! Ne fallait-il pas que le Christ souffrît toutes ces choses, et qu’ainsi Il entrât dans Sa gloire? » Et, parcourant tous les Prophètes, en commençant par Moïse, Il leur expliqua tout ce que les Écritures ont raconté du Christ. Ce fut ainsi que les Disciples arrivèrent à la bourgade où ils se rendaient. Jésus feignit d’aller plus loin. Mais ils Le pressèrent de leurs instances: « Demeurez avec nous, dirent-ils, car il se fait tard, et déjà le jour baisse. » Il entra donc avec eux. Et voici que, pendant qu’ils étaient à table, Jésus prit le pain et le bénit; puis, l’ayant rompu, Il le leur présenta. Alors leurs yeux s’ouvrirent et ils Le reconnurent. Mais Il disparut à leurs regards. Et ils se disaient l’un à l’autre: « N’est-il pas vrai que notre coeur était tout brûlant en nous-mêmes, lorsqu’Il nous parlait en chemin, et qu’Il nous révélait le sens des Écritures? » Et, se levant sur l’heure même, ils retournèrent à Jérusalem,
Apparition aux Apôtres
Institution de la Confession
A Jérusalem, le soir du même jour, qui était le premier de la semaine, les Onze étaient réunis en un même lieu, et, avec eux, d’autres Disciples. Les portes étaient fermées, par crainte des Juifs. Les deux Disciples, arrivant d’Emmaüs, furent accueillis par cette parole: « Le Seigneur est vraiment ressuscité, et Il est apparu à Simon. » A leur tour, ils racontèrent ce qui leur était arrivé en route, et comment ils avaient reconnu Jésus à la fraction du pain. Mais quelques-uns se refusaient toujours à croire. Les Disciples poursuivaient leur récit, lorsque Jésus parut tout à coup, Se tint au milieu d’eux et leur dit: « La paix soit avec vous!... C’est Moi!... Ne craignez point! » Dans leur trouble et leur frayeur, ils croyaient voir un esprit: « Pourquoi ce trouble? reprit Jésus, et pourquoi de telles pensées viennent-elles dans vos coeurs? Voyez Mes mains et Mes pieds... C’est bien Moi! Touchez et voyez: un esprit n’a ni chair ni os, comme vous voyez que J’en ai. » Et Il leur montrait Ses mains, Son côté et Ses pieds. Les Disciples furent au comble de la joie, en revoyant leur Maître; mais comme ils ne pouvaient en croire leurs yeux et que le saisissement les mettait hors d’eux-mêmes, Jésus leur dit: « Avez-vous ici quelque chose à manger? » Ils Lui présentèrent un morceau de poisson grillé et un rayon de miel. Et lorsqu’Il eut mangé sous leurs yeux, prenant ce qui restait, Il le leur distribua. Puis Il leur dit une seconde fois: « La paix soit avec vous! Comme Mon Père M’a envoyé, Moi-même Je vous envoie. » Ensuite Il souffla sur eux et Il ajouta: « Recevez le Saint-Esprit! » Les péchés sont remis à ceux à qui vous les remettrez; ils sont retenus à ceux à qui vous les retiendrez. »
HUIT JOURS APRÈS
Or, Thomas, surnommé Didyme, l’un des Douze, n’était pas avec les autres quand Jésus leur apparut. « Nous avons vu le Seigneur! » lui dirent les Disciples. Il leur répondit: « Si je ne vois dans Ses mains l’ouverture faite par les clous, et si je ne mets mon doigt dans cette ouverture, et ma main dans Son côté, je ne croirai point! » Huit jours après, les Apôtres étaient encore dans le même lieu, et Thomas avec eux. Les portes étaient fermées. De nouveau, Jésus apparut, debout au milieu d’eux:
« La paix soit avec vous! » dit-Il. Puis, S’adressant à Thomas: « Place ici ton doigt: voici Mes mains. Approche ta main, et mets-la dans Mon côté... Et ne sois plus incrédule, mais fidèle! » - « Mon Seigneur et mon Dieu! » s’écria Thomas. - « Parce que tu M’as vu, tu as cru, Thomas. Bienheureux ceux qui n’ont point vu et qui ont cru. »
Jésus apparaît au bord du Lac
I. SECONDE PÊCHE MIRACULEUSE
Les Onze étaient retournés en Galilée. Jésus leur apparut de nouveau sur les bords du lac de Tibériade; et voici en quelles circonstances: Simon-Pierre, Thomas, surnommé le Jumeau, Nathanaël, de Cana en Galilée, les deux fils de Zébédée et deux autres de Ses Disciples, se trouvaient ensemble. Simon-Pierre leur dit: « Je vais pêcher. » - « Nous y allons avec toi », répondirent les autres. Ils sortirent et montèrent dans une barque; mais, cette nuit-là, ils ne prirent rien. Dès le point du jour, Jésus parut sur le rivage, sans que les Disciples Le reconnussent. De loin, Il leur demanda: « Mes enfants!, n’avez-vous rien à manger? » - « Non », dirent-ils - « Lancez le filet à droite de votre barque, et vous trouverez. » Ils lancèrent donc le filet; et ils ne pouvaient plus le retirer, tant il était chargé de poissons. Alors le Disciple que Jésus aimait dit à Pierre: « C’est le Seigneur! » Simon-Pierre, apprenant que c’était le Seigneur, se couvre de sa tunique (car il s’en était dépouillé), et se jette à l’eau. Comme la barque n’était éloignée du rivage que d’environ deux dents coudées, les autres Disciples abordèrent à la rame, traînant après eux le filet plein de poissons.
Dès qu’ils furent descendus à terre, ils virent des charbons allumés, un poisson dessus, et du pain.
Et Jésus leur dit: « Apportez de ces poissons que vous venez de prendre. » Simon-Pierre courut à la barque et tira le filet à terre; il contenait cent cinquante-trois gros poissons, et, malgré ce poids
énorme, il ne rompit point. « Venez et mangez », dit alors Jésus. Ils s’assirent; mais aucun d’eux n’osa Lui demander: « Qui êtes-vous? » Ils savaient bien, en effet, que c’était le Seigneur. Jésus, S’étant approché, prit du pain et le leur donna. Il leur distribua pareillement le poisson. C’était la troisième fois que Jésus apparaissait à Ses Disciples réunis, depuis Sa résurrection d’entre les morts.
II.—LA PRIMAUTÉ DE PIERRE. SON MAGISTÈRE UNIVERSEL
Lorsque le repas fut terminé, Jésus dit à Simon-Pierre: « Simon, fils de Jean, M’aimes-tu plus que ceux-ci? » - « Oui, Seigneur, Vous savez que je Vous aime! » répondit Pierre. - « Pais Mes agneaux! » dit alors Jésus. Une seconde fois, Jésus lui dit: « Simon, fils de Jean, M’aimes-tu? » - « Oui, Seigneur, Vous savez que je Vous aime! » répondit encore Pierre. - « Pais Mes agneaux! » Une troisième fois, Il lui posa la même question: « Simon, fils de Jean, M’aimes-tu? » Tout contristé de ce que Jésus lui demandait pour la troisième fois: « M’aimes-tu? » Pierre répondit: « Seigneur, Vous savez toutes choses; Vous savez donc que je Vous aime! » Alors Jésus dit: « Pais Mes brebis! »
III.—JÉSUS PRÉDIT À PIERRE LE MARTYRE
Jésus ajouta: « En vérité, en vérité, Je te le dis: Quand tu étais jeune, tu te ceignais toi-même, et tu allais où tu voulais. Mais, quand tu seras vieux, tu étendras les mains, et un autre te ceindra et te conduira où tu ne voudrais pas aller. » Jésus parlait ainsi pour faire connaître par quel genre de mort Pierre devait glorifier Dieu. « Suis-moi! » poursuivit Jésus. Pierre, s’étant retourné, vit venir, derrière eux, le Disciple que Jésus aimait, le même qui, pendant la Cène, avait reposé sur Sa poitrine, et Lui avait dit: « Seigneur, quel est celui qui doit Vous trahir? » En l’apercevant, Pierre dit à Jésus: « Et celui-ci, Seigneur, qu’en adviendra-t-il? » Jésus répondit: « Si Je veux qu’il demeure ainsi, jusqu’à ce que Je vienne, que t’importe? Pour toi, suis-moi! »Le bruit courut donc, parmi les frères, que ce Disciple ne mourrait point. Or, Jésus n’avait point dit: « Il ne mourra point », mais: « Si je veux qu’il demeure ainsi, jusqu’à ce que Je vienne, que t’importe? » C’est ce même Disciple qui rend ici témoignage de ces choses, et qui les a consignées dans cet écrit; et nous savons que son témoignage est vrai.
Jésus apparaît sur une colline
Les onze Apôtres allèrent ensuite sur une montagne de Galilée où Jésus leur avait ordonné de se rendre. Là, Il apparut à plus de cinq cents Disciples à la fois. Ils se prosternèrent en Sa présence et L’adorèrent. Quelques-uns cependant hésitaient encore. Jésus S’approcha des Onze, et leur fit entendre ces paroles: « Toute puissance M’a été donnée dans le ciel et sur la terre. Allez donc! Parcourez le monde entier! Prêchez l’Évangile à toute créature, enseignez toutes les nations, baptisez-les, au Nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, et apprenez-leur à observer absolument tout ce que Je vous ai commandé. Celui qui croira et sera baptisé, sera sauvé; mais celui qui ne croira pas, sera condamné. Tels sont les signes qui accompagneront ceux qui auront cru: En Mon Nom, ils chasseront le démons, ils parleront des langues nouvelles, ils saisiront impunément les serpents, et s’ils boivent quelque poison mortel, il ne leur nuira point; ils imposeront les mains sur les malades, et ils seront guéris. Et voici que Je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la consommation des siècles. » Ainsi, Jésus Se montra fréquemment à Ses Disciples, après Sa mort, et leur donna un grand nombre de preuves de Sa résurrection. Il leur apparut durant quarante jours, leur parlant du Royaume de Dieu.
Jésus apparaît aux Onze
Enfin, Jésus apparut aux Onze, comme ils étaient à table, dans Jérusalem. Il leur reprocha leur incrédulité et la dureté de leurs cœurs, parce qu’ils avaient refusé de croire à ceux qui L’avaient vu ressuscité. Puis Il ajouta: « Voici que sont réalisées les paroles que Je vous ai dites, lorsque J’étais encore avec vous. Ainsi fallait-il que s’accomplissent les oracles qui Me concernent, dans la loi de Moïse, dans les Prophètes et dans les Psaumes. » En ce moment Il leur ouvrit l’esprit et leur donna l’intelligence des Écritures. Ensuite Il leur dit: « C’est ce qui était écrit. Oui, le Christ devait souffrir, et le troisième jour, ressusciter d’entre les morts. Et maintenant, il faut que la pénitence et la rémission des péchés soient prêchées, en Son Nom, à tous les peuples, en commençant par Jérusalem. Or, c’est vous qui êtes les témoins de ces choses. Bientôt Je vais envoyer en vous Celui que Mon Père a promis. Vous demeurerez dans Jérusalem jusqu’à ce que vous soyez revêtus de la force d’En-Haut, que Je vous ai annoncée. Jean a baptisé dans l’eau; mais vous, vous serez, sous peu de jours, baptisés dans l’Esprit-Saint. » Ceux qui se trouvaient assemblés, Lui demandèrent: « Seigneur, est-ce en ce moment, que Vous allez rétablir le Royaume d’Israël. » - « Ce n’est pas à vous, répondit Jésus, de connaître les temps et les moments que le Père a marqués dans Sa puissance. Mais vous recevrez la vertu de l’Esprit-Saint qui surviendra en vous; et vous Me rendrez témoignage dans Jérusalem, dans toute la Judée, dans la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre. »
L'Ascension
Après ces paroles, Jésus conduisit Ses Disciples hors de Jérusalem, dans la direction de Béthune. Arrivé sur le mont des Oliviers, Il leva les mains et les bénit. Tandis qu’Il les bénissait, Il monta au ciel en leur présence. Bientôt une nuée vint Le dérober à leur regards. Et Il entra dans le ciel, où Il est assis à la droite de Dieu. Les Disciples Le cherchaient encore des yeux, S’élevant vers le ciel; et voilà que deux hommes, vêtus de blanc, parurent debout près d’eux et leur dirent: « Hommes de Galilée, pourquoi restez-vous ici, les yeux toujours fixés vers le ciel? Ce même Jésus qui vient de
S’élever du milieu de vous dans le ciel, en descendra un jour, de la même manière que vous L’avez vu y monter. » Alors, après s’être prosternés dans l’adoration, les Disciples quittèrent le mont des Oliviers, et rentrèrent à Jérusalem, l’âme inondée de joie. Chaque jour, ils étaient dans le Temple, louant Dieu et Le bénissant. Amen! Plus tard, ils sont allés prêcher par tout l’univers, et le Seigneur, travaillant avec eux, confirma leur parole par les miracles qui l’ont suivie.
* * *
Il est encore une multitude de choses que Jésus a faites et qui ne sont pas consignées dans ce Livre. Si on les écrivait en détail, le monde entier ne serait pas capable de contenir tous les volumes qu’elles exigeraient. Mais ces choses ont été écrites afin que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et qu’en croyant, vous ayez la vie en Son Nom. Amen!
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