Saint Maximin d'Aix... et de Rennes !

Découverte presque incroyable du troisième apôtre de la Bretagne, le premier en réalité, qui fut auparavant le premier évêque de Provence, saint Maximin d’Aix, l’intendant du domaine de Béthanie, l’ami de saint Lazare et de sainte Marthe, mais surtout de sainte Marie-Madeleine. Est-ce à dire que la grande dévotion à Marie-Madeleine dans le diocèse de Rennes vient de là? Nous ne pouvons l’affirmer avec certitude, mais enfin nous pouvons d’ores et déjà en formuler l’hypothèse, et indiquer les éléments qui la confortent.

C’est toujours par le RP Albert Le Grand que nous avons cette précieuse indication, dont il dit l’avoir reçu de l’un de ses confrères, le Père du Paz, grand historien breton lui aussi, qui en avait découvert la source dans un vieux manuscrit tiré des archives de la cathédrale Saint-Pierre de Rennes. Voici ce qu’il en dit:

« Maximin, disciple de l’apôtre saint Philippe et de l’évangéliste saint Luc, ayant été envoyé en Gaule, vint en Bretagne, et s’arrêta à Rennes, qu’alors on appelait Civitas Rubra, ville rouge, laquelle était située entre les rivières de la Vilaines et de l’Isle. En peu de jours, il y convertit le peuple, et purgea un Temple près de la ville, qui était dédié à la déesse Thétis. Il en brisa l’idole et dédia ce lieu à Dieu, sous l’invocation de la glorieuse Vierge, laquelle chapelle s’appelle encore à présent Notre-Dame de la Cité, située dans l’ancienne cité de Rennes, entre la porte Morlaise et la Maison de Ville; et ce prélat se servit de cette chapelle pour son église cathédrale, ainsi que sept de ses successeurs, jusqu’au temps de saint Lunaire l’an 312, qu’on dédia l’église Saint-Pierre. »

C’est en souvenir de cette cathédrale primitive, aujourd’hui Notre-Dame en Saint-Melaine, que les chanoines de la cathédrale « y disait les petites heures de Notre-Dame, et puis allait réciter les canoniales en la cathédrale».

C’est en ce même souvenir que « nos anciens rois et ducs allaient rendre grâce à Dieu, et faire hommage à la Mère de Dieu, après avoir été couronnés ».

Le RP Albert Le Grand raconte ensuite la vie de son successeur, saint Suffrenius ou Synchronius, qui « fut évêque de Rennes après que Maximin se fut retiré, et commença à siéger l’an 67, la dernière du pontificat de saint Pierre. […] Il continua la conversion des Rennais, ruina un temple dédié à la déesse Isis situé hors de la ville (Abbaye Saint-Georges), purgea la Tour qu’ils nommaient la Vision des dieux, et y fit un oratoire pour la commodité des fidèles, dont le nombre allait croissant de jour à autre, lesquels il gouverna jusqu’à l’an 102. »

Ainsi nous retrouvons cette histoire sainte de Bretagne au premier siècle, dont les monuments sont encore visibles. Et quand nous dirons que saint Maximin fut cinq ans évêque de Rennes, et n’a pu se contenter de demeurer dans cette cité, nous aurons peut-être gagné un peu l’esprit de notre lecteur, et formulerons cette seconde hypothèse, selon laquelle la dévotion des bretons à sainte Anne n’est pas née ex nihilo, mais nous est peut-être bien venue elle aussi comme sainte Marie-Madeleine, de saint Maximin qui reçut entre ses mains le corps de sainte Anne, avant de le confier à saint Auspice son disciple, qui les mit en sûreté à Apt.

Nos amis de Provence étudient cette question… peut-être trouveront-ils des éléments qui corroborent cette tradition bretonne qu’ils ignoraient. Pour le moment, rien n’empêche de le croire! Bien au contraire, ce lien de la Provence à la Bretagne est une merveille dont l’origine pourrait bien être apostolique… de par une décision de saint Pierre!